#Rugby – Fed1 / S.Magnat (CS Beaune): « Avancer tranquillement, sereinement, comme de bons vieux bourguignons »

Ce lundi, nous avons échangé avec Sebastien Magnat, le manager des bleus et blancs du CS Beaune. Après avoir fait monter les « viticulteurs » en fédérale 1, il y a deux saisons, et pour ce second exercice dans l’élite fédérale, l’originaire de Villefranche sur Saône, mène sa troupe en bon « père tranquille « . Focus sur un club et un coach aux ambitions mesurées, mais qui ne manquent pas de se structurer pas à pas, avec cette maturation lente qui fait l’apanage des grands crus .

Crédit photo CS Beaune – Stephanie Maufoux
Sébastien Magnat, vous êtes le manager des « viticulteurs » du CS Beaune, première question, on va rentrer, on va dire, dans le vif du sujet . Comment fait-on pour être entraîneur du CS Beaune quand on habite à Villefranche-sur-Saône et qu’on est originaire d’un des clubs, on va dire rivaux en Bourgogne du CS Beaune ? (Rires)
Ce n’est pas du tout un problème.(Rires) Ce n’est qu’une histoire de vins entre le Beaujolais et le Bourgogne sachant que, de mon côté, je préfère de loin les vins de la vallée du Rhône. Ca ne me pose pas du tout de problème de ce côté là, ce n’est qu’une histoire d’identité régionale un peu différente. Aucun souci de ce côté là en tous cas. 
Alors, j’imagine que vous voyez avec joie Villefranche arrivé dans la poule du CS Beaune. Ca va faire des derbys en plus, ça fait partie de la littérature de cette Fédérale 1, ces derbys hauts en couleurs ? 
C’est d’abord une vraie satisfaction parce que je connais très bien ce club de Villefranche. C’est un club qui travaille bien, beaucoup et qui mérite sa place en Fédérale 1 donc tant mieux pour eux. De mon côté, en plus, ça me fait un déplacement très court parce-que j’y habite. Et puis ça fera un vrai derby, une belle opposition, comme beaucoup dans cette poule là et bien entendu, je leur souhaite le meilleur sauf contre nous bien évidemment. 
On parle de Villefranche mais il y a aussi d’autres clubs bourguignons qui brillent en Fédérale 1. Je pense au Stade Dijonnais, je pense aussi à Mâcon qui a eu le titre en Du Manoir. Comment ça se passe pour le CS Beaune pour exister au milieu de tous ces clubs de Fédérale 1 en Bourgogne ? 
D’abord, on n’est pas du tout dans le même travail que le Stade Dijonnais ou que l’AS Mâcon qui sont eux des structures complètement professionnelles et qui n’ont pas du tout les mêmes objectifs, les mêmes moyens. Nous, on essaie de garder de la pluri-activité, on est dans quelque chose de complètement différent. On n’a pas du tout les mêmes objectifs, on essaie d’exister dans ce domaine là, dans un secteur où bien évidemment le Stade Dijonnais est le club phare. Mais on essaie toujours de proposer des choses un peu différentes pour essayer d’exister puis pour vraiment essayer d’exister une saison de plus en Fédérale 1. 
Crédit photo CS Beaune – Stephanie Maufoux
Parlons-en de cette Fédérale 1. Saison 2017-2018 où vous faîtes un brillant parcours en Fédérale avec une demi-finale face au futur champion de France Bédarrides-Chateauneuf-du-Pape. Ca s’est joué à un cheveu, à quelques blessures d’aller décrocher ce bouclier. Vous arrivez de Fédérale 2, qui est un championnat quasiment amateur rien qu’amateur pour venir dans cette Fédérale 1 qui se professionnalise de plus en plus. Première saison réussie avec un maintien mais ça a dû quand même être de haute volée, ce maintien qui a été acquis ? 
Oui, on a été capables d’aller se le chercher vraiment parce-que notre belle saison en Fédérale 2 avait été très positive avec une montée et plein de gros moments et de bons moments. Mais, en même temps, elle nous avait laissé beaucoup, beaucoup de blessés, de joueurs très fatigués avec une intersaison très courte. Donc une première phase aller en Fédérale 1 compliquée avec beaucoup, beaucoup de défaites mais des défaites de peu, avec un groupe amoindri. Et puis, une deuxième partie de saison vraiment très positive, on a été en capacité d’aller chercher des matches dans les dernières minutes. Je pense notamment à Vienne, je pense notamment à Chambéry ce qui nous a permis de nous maintenir, d’obtenir une belle 7e place ce qui était au-delà des objectifs qu’on s’était fixés donc on est très satisfaits de cette première saison en Fédérale 1.
Sportivement, comment avez-vous réussi à faire tendre ce groupe qui est, on ne va pas dire quasiment resté inchangé mais l’ossature est restée la même, d’un semi-amateurisme à un semi-professionnalisme qui se fait en Fédérale 1. Ca a dû quand même être assez complexe ?
Oui, bien évidemment, c’est très compliqué parce-qu’on n’a pas le même degré de préparation, on n’a pas le même degré d’investissement des joueurs mais ça c’est logique et on le savait par avance. Maintenant, nous, on s’est fixé un double objectif d’avoir un projet de jeu très ambitieux où on essaie de créer beaucoup de choses, de mettre beaucoup de volume de jeu et je pense que les joueurs, dans ce projet de jeu là, ils y prennent beaucoup de plaisir. Ils ont adhéré complètement à ce qu’on voulait mettre en place, du coup ça a tiré le groupe vers le haut. Et, au milieu de tout ça, des joueurs qui n’avaient jamais connu la Fédérale 1, qui n’avaient jamais joué plus haut que la Fédérale 2 se sont mis au niveau. Mais, ce n’était pas une surprise parce-que j’ai un groupe de joueurs qui travaille, qui s’investit, qui prend, je pense, beaucoup de plaisir dans ce qu’il fait donc les résultats s’en ressentent. On se prend  » pas la tête « , on sait où on est, on sait qu’on mérite d’être là et on a envie d’y rester le plus longtemps possible. Parce-que cette division de Fédérale 1, même si elle est un peu particulière, entre le semi-amateurisme et le semi-professionnalisme, je crois qu’on y prend, encore une fois, beaucoup de plaisir. Et puis, c’est très agréable de jouer contre de très, très belles équipes de Fédérale 1 qu’on a eu la chance de jouer l’année dernière et qu’on aura la chance de jouer cette année. Je prends l’exemple de de Massy ou du Stade Dijonnais. 
Crédit photo CS Beaune – Stephanie Maufoux
En parlant de Massy, le calendrier vous a réservé une bonne surprise. La réception de Massy d’entrée de jeu, pour commencer cette saison 2019-2020, vous commencez plein fer comme on dit ? 
On commencera sans aucune pression mais avec le plaisir de recevoir cette équipe de Massy. C’est sûrement la plus belle équipe qui va se présenter sur le terrain de Beaune depuis que le club existe. C’est une réception qu’on fait avec beaucoup de plaisir, beaucoup d’enthousiasme et puis sans aucune pression parce-que bien évidemment, cette équipe n’a pas du tout les mêmes objectifs, les mêmes moyens et qu’on n’aura vraiment rien à perdre si ce n’est d’essayer de faire le meilleur résultat possible. En tous cas, ce sera une « mise en bouche » qui nous permettra de prendre la température de groupe là, notamment en terme d’état d’esprit parce-que bien évidemment, ça va être un match où, comme on dit de temps en temps, ça risque de piquer très forts pour mes joueurs parce qu’ils vont être confrontés à un niveau de jeu qui va être très, très élevé. 
Et puis, il y a cette poule 1 où vous êtes reversés, une poule Nord/nord-Est. Elle est assez costaud, même si elle laisse place pour faire de beaux résultats, mais il y a des équipes comme Dijon, Chambéry ou Mâcon, tenant en titre du du Manoir, qui vont vouloir confirmer cette saison ? 
Je pense que toutes les poules de Fédérale 1 sont relevées quand on est comme nous un ex-promu et une équipe amateur. Oui, c’est une poule relevée, il y Mâcon, Chambéry, je crois qu’il ne faudra pas oublier Vienne qui sort d’une saison compliquée l’année dernière mais qui a un vrai potentiel. Et bien sûr, les ogres Dijonnais et Massicois qui seront, je pense, bien au-dessus dans cette poule là. En plus, les promus, on sait ce que c’est d’être promus. Il y a 4 promus dans la poule, on l’a été l’année dernière et on s’aperçoit que de plus en plus de promus sont en capacité d’exister et de se maintenir. Ils sont sur une dynamique de montée, il sont sur une dynamique hyper positive donc ce seront aussi de sérieux concurrents au maintien. 
Et on l’a vu, les promus peuvent plus qu’exister puisqu’avec Lannemezan dans la poule 2 qui était allé décrocher un accessit en du Manoir, on voit qu’on peut être promu ou une équipe qui découvre depuis peu la Fédérale 1 et avoir de l’ambition. Ca vous a pas donné un peu des idées, ce ticket en du Manoir qu’a pu arracher Lannemezan ? 
En tous cas, nous, on est sur notre objectif : ça sera d’essayer de faire mieux que l’année dernière où on a fini 7es. Mais mieux, d’abord en gagnant plus de matches que la saison dernière et surtout en étant en capacité d’essayer de prendre plus de points contre les grosses équipes, les grosses écuries de notre poule, ce qui n’a pas été le cas la saison dernière. Nous, l’objectif, c’est toujours de faire mieux. Je pense qu’on a un groupe qui est supérieur quantitativement et qualitativement à ce qu’on avait l’année dernière. Donc,  on va tout mettre en œuvre pour essayer d’être un tout petit peu plus ambitieux. Mais toujours sans oublier ce qu’on est ni d’où on vient et que, si on est capable de faire ça, on prendra encore une fois beaucoup de plaisir. Et on fera ça toujours avec l’ambition de produire beaucoup de choses. Ce sera vraiment mon seul objectif de la saison. 
Crédit photo CS Beaune – Stephanie Maufoux
Je vois que, même si on n’est pas dans le football mais dans le rugby, on reste en Bourgogne. Vous avez repris un peu pour vous l’adage de Guy Roux  » d’abord le maintien, après on voit « . 
Ah, mais bien évidemment (rires) ! Pour Guy Roux, je pense que ça ne correspondait pas forcément à l’effectif qu’il avait en place. Nous, on est complètement conscients que, l’année dernière, encore une fois, on finit à une très, très belle 7e place mais ça s’est joué à très peu de choses entre la 7e et la 11e. Ca peut être le cas cette année encore, on sait à coup sûr qu’on ne peut absolument pas se relâcher, on sait à coup sûr qu’il ne faudra absolument pas manquer d’humilité autrement on sera en grandes difficultés. Vraiment l’objectif, et c’est tout sauf de la langue de bois, c’est le maintien. Ce club là, il a besoin de se maintenir pour continuer à avancer tranquillement, sereinement, comme c’est vrai peut-être  » de bons vieux bourguignons « . Mais, en tous cas, c’est juste la réalité du moment et c’est vraiment très important que la club arrive encore à se maintenir une année de plus en Fédérale 1 pour continuer à avancer. 
J’imagine que, pour acquérir ce maintien pour une seconde année d’affilée, vous avez dû vous armer, vous étoffer, au sein de ce mercato. Alors, on sait bien que Beaune n’a pas les moyens d’un Albi, d’un Narbonne ou d’un Dijon pour recruter à tour de bras. Mais, vous pouvez nous présenter un peu quelles sont les nouvelles recrues au CS Beaune ? 
Déjà, la priorité N°1, c’était d’essayer de travailler dans la continuité ce qui a complètement été le cas puisque, concrètement, on a quasiment perdu aucun joueur qu’on souhaitait conserver donc ça, c’était vraiment la très, très grosse satisfaction. Après, le recrutement est un mix de joueurs confirmés notamment sur le cinq de devant où on avait vraiment besoin de plus-value et en parallèle, de jeunes joueurs avec des potentiels intéressants, qui ont envie de goûter à cette Fédérale 1, qui sortent d’espoirs ou qui sortent de clubs de Fédérale 1 où ils jouaient peu voire pas du tout. Donc, un petit peu revanchards mais surtout de jeunes joueurs et en parallèle, des joueurs un peu plus confirmés qui vont, je l’espère, nous permettre de tendre vers un peu plus haut. 
On imagine par contre que vous allez devoir recruter un nouvel arrière. On a vu « l’affaire Paddy Dewhirst« (Cf article en lien). Vous avez des pistes sur ce nouvel arrière qui doit arriver ? 
Cette affaire là, elle a été tellement médiatisée à ma grande surprise que du coup, oui, on a forcément beaucoup de pistes puisqu’il y a encore pas mal de solutions dans  » le marché des joueurs « . On va le remplacer tranquillement même si on aurait préféré qu’il soit là parce-que notre préparation aurait été plus simple. Mais on va le remplacer sans problème. 
Allez, dernière question. Quel est le bien qu’on peut souhaiter au CS Beaune cette année à part le maintien ? Aller gagner un des derbys ? 
On a déjà gagné l’année dernière puisqu’on a battu Mâcon. Je suis pas un « homme de derbys », je n’y attache pas plus d’importance que cela. C’est surtout continuer à progresser, continuer à prendre du plaisir avec un groupe de joueurs qui vit très bien. Si on fait cette saison là, on atteindra les clous en terme d’objectifs sportifs. Mais, humainement, on y aura trouvé notre compte aussi et la saison sera complètement réussie et ce, même si on est dans un milieu qui se professionnalise de plus en plus. 
Comme on dit,  » quand on n’a pas de pétrole, on a des idées  » et à Beaune, en plus, vous avez du vin
On a des idées et puis du vin même si ce n’est pas le vin qui fait gagner des matches. Et c’est malheureusement pas le vin qui amène beaucoup financièrement. 
Crédit photo CS Beaune – Stephanie Maufoux
Oui, mais ça aide à égayer les 3es mi-temps on va dire
En tous cas, ça permet aux 3es mi-temps d’être de qualité, avec du vin de qualité. Je crois savoir qu’il y a beaucoup d’équipes qui sont toujours très contentes de venir se déplacer à Beaune parce qu’elles savent que les après matches sont toujours de qualité. Ca fait partie aussi d’un état  d’esprit et encore de certaines valeurs du rugby actuel ce qui est plutôt aussi intéressant à mon avis. 
Tout à fait. Pour conclure, la patte Magnat en 3 mots ? 
Plaisir, exigence et jeu!
 Propos recueillis par Loïc Colombié

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