Lors de l’habituelle photo officielle de début de saison, Arnaud Méla est arrivé avec un cadeau surprise, une ultime recrue surprise : le capitaine de la sélection espagnole Lucas Guillaume, seconde ligne de son état. Nous en avons profité pour balayer avec le coach du Sporting Club Albigeois, toutes les questions d’actualités (Recrutement, match amicaux, adversaires, calendrier, état d’esprit et bien sur adhésion populaire.).

Arnaud, avec la photo officielle aujourd’hui, on va dire que c’est le top départ de cette seconde partie de cette phase de préparation. On va faire un petit check-point à mi-parcours de la préparation de cet an III en Fédérale 1.
On a attaqué la seconde phase. Ils étaient partis en vacances plutôt quand même fatigués car ça a été assez dur. Je leur avais demandé aussi quand même d’être sérieux pendant les vacances. Ils sont revenus, ils étaient déjà bien physiquement. Ils ont tous progressé sur le test de retour donc c’était déjà un signe fort sur l’état d’esprit parce qu’ils auraient pu aussi faire un peu cool 10 jours et revenir, pas repartir à zéro, mais se retrouver à bosser dur pour récupérer quelque chose qu’on avait acquis dix jours avant. Donc, l’état d’esprit est là, on bosse bien, on est peut-être même, je pense, un peu en avant sur l’année dernière. On est en avance sur le rugby, on a intégré le rugby assez tôt et du coup, on est bien. Dans le timing, on est bien pour le moment.
Vont arriver les matches amicaux. D’abord Blagnac en challenge Vaquerin puis Lavaur à domicile pour fini avec un morceau de choix, Cognac-Saint-Jean-d’Angely. Tu as quand même un peu changé la méthode. Les matches amicaux, l’année dernière, n’avaient pas une adversité aussi forte ?
Ce n’est pas évident quand même. L’année dernière aussi, j’avais essayé de faire avec une Pro D2 mais en fait, on commence quasiment nos matches amicaux quand eux commencent leur championnat. Donc, les dates sont définies très tôt à l’avance. L’année dernière, j’avais été un peu déçu de la confrontation avec les espoirs d’Agen surtout. Je pensais qu’il y allait avoir un niveau autre. je savais que dans l’aspect physique ça allait être dessous mais je pensais qu’il y allait avoir plus vitesse, qu’ils nous mettraient à mal sur le rythme et c’est sûr que ce match là ne nous a pas servi pour le début de saison. Cette année, j’ai réussi à tomber d’accord avec Hamacek et on va finir avec Cognac-Saint-Jean d’Angely, qui est un gros morceau, qui a recruté fort. Ils ont été en finale donc c’est une équipe qui va être dur à manœuvrer. J’espère que ça va nous servir et qu’on sera prêt pour le premier match.
Et puis, ce sera un match amical qui aura quelques petits airs de Jean-Prat même si on est en début de saison ?
Bien sûr oui, ça va être un match d’équipes de haut de tableau je pense. Ils ont beaucoup d’intensité physique, ils ont pas mal de joueurs îliens qui gagnent beaucoup de duels. Il est sûr que cela va être pour nous un match référence déjà pour commencer, un match amical référence.
Entre la dernière fois qu’on t’a eu en interview et aujourd’hui, il y a eu le calendrier qui est tombé avec un premier match à la piaule comme on dit contre le Stade Bagnerais. C’est quand même le top pour commencer de commencer à la maison ?
Bien sûr, commencer à la maison, c’est bien. Je pense que le public sera en attente pour ce match d’ouverture d’une bonne prestation de notre part. J’espère qu’on sera prêt, enfin, on sera prêt, c’est sûr. J’espère qu’on va arriver une bonne dynamique très tôt dans la saison pour que, si le peu de gens qui ont eu un sentiment un peu d’injustice en fin de saison se disent » tiens, on va aller voir le premier match » et bien, il ne faut pas qu’on loupe cette entrée. Ca sera un match capital pour nous et pour l’ensemble de la ville et du SCA.

Vous disiez justement que les joueurs sont prêts, les joueurs sont bien. La saison passée est complètement derrière et la désillusion est passée ?
Après, il faut tourner la page. On a ruminé pendant un moment mais il faut tourner la page. Il faut s’en servir et il est sûr que ça nous servira. C’est un levier de motivation, un levier de temps quand ce sera un peu difficile dans les mois d’hiver et bien, je pourrai remettre une couche là-dessus. Les joueurs ont voulu relever ce défi et ce challenge de se redonner une chance d’aller en Pro D2. Je pourrai leur mettre une petite piqûre de rappel de temps en temps en disant qu’on n’est pas passé loin. Que ce n’est pas spécialement, vu l’engagement et le match qu’on a fait, le SCA qui a décidé de ne pas y aller. Donc, j’espère qu’ils vont s’en servir. On va tourner la page, on va se remotiver et je sais que les joueurs, on le voit, sont prêts à relever ce défi.
Ce genre de levier, être un peu le vilain petit canard, les mal-aimés, l’équipe pas invitée, c’est quelque chose d’un peu « Béchusien » ? Eric Béchu aurait adoré actionner ce levier là.
Oui, avec Eric, on a toujours été les petits. Il s’en est tout le temps servi, il a toujours comparé les joueurs de poste à poste ou les budgets des équipes. Il s’est toujours servi de ça, des injustices, il adorait ça. Moi aussi, après, malgré tout, j’ai été aussi plus ou moins l’équipe qui joue le maintien même si de temps en temps on avait des ambitions de 6e place. Nous, les joueurs, on savait très bien qu’il fallait déjà jouer le maintien. On était plus ou moins le petit, c’est une position qui est plus ou moins facile à manager puisqu’on voit toujours les choses meilleures ailleurs. Donc, je vais essayer de m’appuyer là-dessus. Pour les joueurs aussi c’est bien, c’est motivant. Je pense qu’ils vont être prêts et ils auront de la mémoire.
Même question qu’à Jérémy Wanin l’autre jour : la frontière est ténue entre levier de motivation et rengaine. Il va falloir que tu arrives à doser ce levier ?
Oui mais il n’y a pas que ça. Je leur rappellerai aussi en fin de saison quand on aura des matches couperet. Non, le levier de cette saison, c’est de continuer à progresser. On arrive à faire des belles choses mais, sur des matches importants, on n’a pas réussi au match à Rouen, à jouer des coups simples, des ballons de récup. On a fait un bon match défensif mais on n’a pas réussi à jouer ces 4/5 ballons de turn-over qu’on a eu donc, il faut qu’on progresse là-dessus encore. Notre conquête, elle n’a pas été non plus … En touche, ça a été, en mêlée, on eu du mal quand même donc il faut aussi qu’on progresse encore. Après, il faut aussi qu’on arrive à jouer, sur des matches couperet, un peu plus libérés et se sortir de cette pression. Donc, il faut qu’on arrive à les faire jouer un peu plus relâchés.
Tu nous parlais de rebond en terme de popularité du Sporting, lié à cette défaite face à Rouen qui a été vécue comme une injustice à Albi. Tu penses que, si vous démarrez pied au plancher dès le premier match, ça peut vraiment créer une dynamique populaire comme on l’a connue il y a quelques saisons et que le public jaune et noir, le peuple jaune et noir revienne au soutien dans les rucks ?
J’espère ! Je ne suis pas d’ici mais le peu de gens que je vois ici, que je ne croise pas tous les jours, ne me parlent que de ça. Je me dis que, le premier match de la saison, si j’étais Albigeois et que j’avais un peu lâché le morceau depuis deux, trois ans, je me dirai : » Tiens, je vais aller voir un peu comment ils sont quand même parce-qu’ils ont mérité quelque chose « . Si on ne les déçoit pas ce jour là, sûrement qu’ils viendront la fois d’après.
Ce qu’attendait le public aussi avec impatience, c’était le recrutement. On avait déjà fait le point à mi-parcours. Entre temps, il y a de nouvelles têtes qui sont arrivées. Je pense à Benjamin Petre, à Guillaume Cazes et puis, à un tout petit dernier, qui est arrivé ce matin comme un cheveu sur la soupe, jour de la photo officielle. Tu peux nous en parler un petit peu ?
C’est Lucas Guillaume. C’est un joueur de 29 ans donc il a déjà un peu d’expérience. Il a joué à Aix, il a commencé au centre de formation de Montpellier puis il est parti en Angleterre deux ans. C’était son premier entraînement ce matin mais on a déjà vu qu’il était passé dans les mains des anglais parce qu’il avait des attitudes sur les skills très précises, très propres. Après, il a joué à Narbonne et en fait, quand il a joué à Narbonne, il a aussi joué avec l’équipe d’Espagne. C’est ce fameux match avec les histoires entre l’Espagne et la Belgique et il fait partie des joueurs punis par la commission Européenne. Du coup, il avait rebondi en Espagne et il jouait à Madrid. Cela faisait deux, trois mois que je regardais des matches de lui. On avait perdu Jérôme Dufour, Russlan Boukerou et on avait rentré que Sabri El Goul. Comme Sabri a un genou un peu délicat, j’ai eu besoin de me rassurer avec un joueur supplémentaire. C’est un joueur qui porte bien le maillot, c’est un bon joueur de rugby qui est très intelligent. En touche aussi, c’est un bon élément. Ca fait un petit bout de temps que je regardais ses performances. On l’a fait signer, enfin, il va signer aujourd’hui car ça a été décidé hier soir.
Il arrive un peu comme Simon Pardakhty, le couteau entre les dents, revanchard ?
Lui aussi a une situation personnelle assez délicate parce-que, quand il a pris cette suspension, Narbonne qui n’était pas très bien financièrement, en a profité pour le licencier. Donc, c’est un joueur qui a envie de prouver au rugby français qu’il avait sa place, il jouait en Pro D2, qu’il avait sa place en Pro D2. Ca fait trois mois que le championnat espagnol est fini, il est arrivé ce matin, il a fait un test de Bronco, il a fini meilleure performance des avants, devant des 3es lignes, comme Calas, comme Faret. Il est arrivé prêt physiquement, prêt à en découdre.
Et tu nous parles un petit peu de Benjamin Petre et Guillaume Cazes ?
Benjamin, j’ai joué avec lui trois ans. C’est un joueur qui est un joueur très puissant, c’est une prise de milieu de terrain, c’est un joueur très direct avec un gabarit très solide. Il a pas eu beaucoup de chance dans sa carrière parce que, quand il est arrivé avec nous, il s’est mis très en forme physiquement et il a enchaîné les blessures. Il ne s’est pas blessé souvent mais quand il s’est blessé, ça a duré longtemps. Il s’est fait un croisé, derrière ça il a repris, il s’est fait une luxation de la cheville à Pau en marquant un essai. Donc, le croisé, c’est 6 mois, derrière il a repris 6/7 mois. Il est revenu à nouveau très en forme puis il se fait cette luxation de la cheville et il est arrêté 8 mois. Il est à nouveau revenu, il s’est fait une hernie dans le dos. Il est revenu l’an dernier, il était bien, il était apte mais il ne rentrait plus trop dans les papiers du manager briviste. Il y a aussi un côté psychologique au rugby et quand tu vois que cela ne passe pas, il a un peu lâché le morceau aussi parce qu’il sentait qu’il n’était pas trop regardé ni valorisé. Donc, il a laissé passé la saison comme ça et j’en ai profité pour le récupérer parce que du coup, comme partout, quand un joueur ne joue pas, si tu ne le connais pas personnellement, tu peux vite l’oublier. Moi, ça faisait un petit bout de temps que je regardais, je voyais bien qu’il ne faisait pas de feuille de match. La seule qu’il a fait à la fin, c’était à Oyonnax. Ils ont été gagnés, il avait fait une bonne prestation. C’est un joueur qui va être précieux pour nous, pour le milieu de terrain. Ca nous permet d’avoir des registres un peu différent que Gaëtan Bertrand.
Après, j’ai rentré Guillaume Cazes, c’est un prêt que m’a fait Oyonnax. Ca fait un mois et demi que son agent me parlait de lui. J’étais aussi sur un ou deux autres arrières. On a fini par faire affaire avec Guillaume. C’est un joueur accrocheur sur un terrain, c’est un joueur qui ne lâche rien. J’ai vu 4/5 matches des espoirs, il a joué beaucoup en espoirs l’an dernier, il a joué un match en Pro D2 je crois. Avant, il avait joué des matches un peu en Pro D2 à Narbonne. C’est un joueur qui lâche pas le morceau, un joueur qui croit que tous les ballons qu’il prend, il a l’impression qu’ils sont bons donc c’est un joueur qui se donne à 100%, défensivement aussi. C’est un jeune qui va, j’espère, venir soulager non pas nos vieux mais Benjamin Caminati a pas mal joué aussi depuis deux ans donc mettre un peu plus de rotations.
22 ans, qui vient d’un club de Pro D2 avec peu de temps de jeu et un peu les mêmes caractéristiques, ça ressemble un peu à Toto Lacelle. On peut lui souhaiter la même réussite ?
Oui, bien sûr .C’est un joueur comme ça qui va être plein d’énergie. C’est un jeu totalement différent de Toto qui était beaucoup plus rusé, fin, dans l’évitement. Guillaume, c’est un joueur qui attaque fort les intervalles avec de la vitesse. Il a un jeu un peu comme Benjamin Lapeyre, moi je compare à un jeu comme ça où il va s’arracher sur tous ses coups. C’est un ailier qui a du gaz sur 20 mètres, qui est très tonique, ailier ou arrière. Donc, c’est un joueur qui aura du temps de jeu cette année et j’espère qu’il laissera une trace de son passage ici.
Dernière question : Narbonne, Dijon qui s’équipent fort, Bourg qui arrive à conserver quasiment 90% de son effectif, ça t’inspire quoi ? Il va y avoir du lourd, tout le monde l’année dernière parlait d’une Fédérale 1 à deux vitesses. Cette année, c’est très homogène en tête de gondole on va dire.
Il y a aussi Cognac. Il y a des équipes qui se sont équipées, qui vont être prêtes. Après, il y a deux équipes qui ont recruté fort. Je crois que Narbonne, c’est 15 joueurs, un peu plus de 15 joueurs. C’est pas évident, il faut arriver aussi à créer un groupe parce-que, parfois, des individualités, ça ne fait pas tout. La continuité, c’est quelque chose qui est quand même agréable pour un entraîneur et un projet de jeu.. Bourg-en-Bresse, bien sûr, vont être dans la continuité d’un jeu dynamique et jamais trop ralenti. Je pense qu’ils seront quand même moins bons que l’an dernier parce-qu’ils ont quand même perdu des cadres. Mais, on sait à quoi s’attendre. Après, dans les équipes, on a aussi Dax qui sera là aussi je pense.
Tout comme Bourgoin, les historiques sont toujours là
Et Massy aussi. Massy qui a quand même l’habitude de gérer cette situation là. Il va y avoir 6, 7, 8 équipes qui vont se tirer la bourre et la première place nationale va être difficile à atteindre.
Pour finir, comme d’habitude, le mot d’ordre pour cette fin de prépa ?
Pour les joueurs, qu’ils finissent leur mission préparation physique donc qu’ils fassent leur boulot et qu’ils aillent le chercher un peu au fond. Ca leur rendra service sur les premiers matches amicaux. On va voir dès la semaine prochaine, normalement, ils devraient être un peu mieux physiquement. Après, vivement le premier match de la saison qu’on puisse voir un peu comment le Stadium est garni.
Et lâcher les chevaux ?
Et lâcher les chevaux, voilà (rires)
Propos recueillis par Loïc Colombié