Focus sur le choc de cette 21e journée de Nationale, le derby entre Carcassonne et Albi au Stadium Municipal d’Albi. Pour nous parler de ce match entre les dauphins tarnais du championnat et des Audois cinquièmes, on est allé à la rencontre tre Romain Manchia, le capitaine des cathares jaunes et noirs. Ce varois qui a passé l’ensemble de sa carrière pro dans l’Aude (Narbonne puis Carcassonne) nous a jeté un regard sur sa carrière, sur cette saison du côté de la cité et bien entendu sur la rencontre dece vendrdi soir au Stadium d´Albi (19h30).
On dit souvent que tu es l’un des plus audois des carcassonnais mais en fait, à la base, tu es varois ?
C’est ça, à la base, je suis de Draguignan où j’ai fait mon école de rugby avant de faire ma formation à partir de cadet à Toulon puis d’atterrir à Narbonne où j’ai signé mon premier contrat professionnel et joué 5 ans. Je suis ensuite parti à Carcassonne et c’est maintenant ma 6e année ici.
On peut dire que pour toi, l’Aude est maintenant une terre d’accueil et d’adoption ?
Oui, bien sûr. Ça fait maintenant 11 ans que je suis ici, c’est une région qui me plaît beaucoup et qui vit bien rugbystiquement aussi.
Carcassonne est un club qui aura compté dans ta carrière et la preuve, c’est que tu fais partie des joueurs qui sont restés lorsque vous êtes descendus de Pro D2 à Nationale l’année dernière ?
Absolument, c’est un club qui a beaucoup compté dans ma carrière. Christian Labit était revenu me chercher quand on était malheureusement descendu avec Narbonne, c’était une période assez compliquée car une descente avec un club est toujours difficile à vivre. Il est donc venu me chercher et ensuite, j’ai vraiment vécu de bons moments à Carcassonne avec des rencontres et des mecs formidables, on a fait de belles saisons dont l’apogée a un peu été ce barrage contre Nevers en Pro D2 mais malheureusement, on est descendu pour un point l’année d’après. Ça a encore été un moment difficile à vivre mais malgré tout, j’avais fait le choix de rester là-bas pour aider le club et apporter ma pierre à l’édifice pour essayer de remonter en Pro D2.
L’an passé, vous êtes passé du tutoiement du firmament à l’enfer du bas de classement. Comment est-ce que vous l’avez vécu car la » redescente » a quand même dû être compliquée ?
Oui, c’était une saison très compliquée car l’année d’avant, comme tu l’as dit, on avait un peu atteint l’apogée et les objectifs que le club se fixait depuis un petit moment. On talonnait ce Top 6 en Pro D2 depuis deux ou trois saisons, on est arrivé à faire un barrage à Nevers, on avait une équipe avec vraiment de la qualité, des mecs exceptionnels sur et en-dehors du terrain. On a perdu beaucoup de monde à l’intersaison et l’année qui a suivi a été très compliquée à digérer, on a aussi eu des pépins, des mecs qui sont partis en cours de saison comme Tim Agaba ainsi que des blessés. Ça a été une saison compliquée mais malgré tout, on vient mourir à un petit point pour la descente, le dénouement a été assez cruel lors de la dernière journée mais c’est comme ça. Peut-être que sur la saison, on ne méritait pas non plus de rester en Pro D2 au vu de nos matchs.
Tu nous disais avoir mal vécu ta 1ère descente avec Narbonne. Est-ce qu’avec l’expérience, tu as un peu mieux vécu cette descente-là et fait abstraction des choses ?
Une descente, ça fait quand même toujours mal. Ce sont des moments qui sont très difficiles à vivre pour un club mais aussi pour nous, joueurs, car ce sont des remises en question, des contrats à renégocier. Ce sont des choses compliquées, on se remet beaucoup en question, on se demande de quoi demain va être fait donc oui, une descente est toujours difficile dans une carrière de rugby. Il faut essayer d’arriver à rebondir du mieux possible, les deux descentes étaient complètement différentes puisqu’à Narbonne, j’étais quand même assez jeune quand on est descendu et j’ai donc pu rebondir assez rapidement et ensuite, tout s’est enchaîné avec Carcassonne. Là, on va dire que je suis plus à la fin qu’au début de ma carrière et sur celle-là, ça a été le choix de rester à Carcassonne et d’essayer, pourquoi pas pour une fin de carrière, de faire remonter le club en Pro D2.
Tu découvres la Nationale, tu n’avais aucun visu sur cette division puisque tu n’avais jamais joué à cet échelon-là. Qu’en pensais-tu avant d’y jouer et qu’en penses-tu maintenant que tu en as un peu » usé » ?
Ce que j’en pensais en voyant les matchs, c’est qu’il y avait quand même des matchs de bon niveau, on voit que les deux équipes qui sont montées l’année dernière tiennent quand même bien la route, voire même plus, en Pro D2. C’est un championnat qui se densifie d’année en année mais j’ai l’impression que malgré tout le professionnalisme qu’on entend, ça reste quand même un championnat un peu amateur, je pense à l’arbitrage qui, malheureusement, n’a pas de vidéo et sur des matchs cruciaux ou un peu tendus, ça peut faire pencher la balance. Je trouve que cette division manque quand même un peu de professionnalisme mais au niveau des matchs, il y a des matchs et des équipes de haut niveau, on voit qu’il y a de plus en plus de joueurs qui viennent finir leurs carrières ou inversement, qui viennent se lancer pour ensuite viser plus haut. On voit cette année que tout se tient, c’est quand même un championnat très homogène et il y a de bons matchs de rugby à jouer malgré tout.
Comment est-ce que tu analyses votre saison jusqu’à présent ?
Au niveau comptable, on va dire qu’elle est positive puisqu’on n’est encore jamais sorti du Top 6 depuis le début de la saison mais le plus compliqué est d’y rester et d’y être jusqu’à la fin de l’année, ce qui est l’objectif. On a aussi des hauts et des bas, on est capable de faire des bons matchs et de belles choses tout comme on est capable ensuite de s’éteindre complètement et de passer à côté. On est un peu sur courant alternatif cette année, peut-être parce qu’il y a eu beaucoup de remaniement à l’intersaison, peut-être à cause d’un manque de confiance et de liant mais on ne peut pas non plus se cacher derrière ça car je pense qu’on a quand même des joueurs qui ont du talent individuellement. Pour se qualifier, il va falloir que l’on mette les bouchées doubles car on voit que ça pousse fort devant et que les mecs comme les clubs ne nous attendront pas.
Face à Bourgoin la semaine dernière, vous vous êtes resserré autour de l’état d’esprit pour passer un mauvais cap ?
On sortait de 4 matchs sans victoire parce qu’il y avait ce nul à Chambéry mais on avait pris une belle leçon la semaine d’avant contre Nice. On devait donc se racheter à la maison et on savait que Bourgoin venait chercher quelque chose puisqu’ils se sont relancés depuis un petit moment et qu’ils visaient ce Top 6 donc c’était un peu ou nous ou eux. On a très mal démarré le match, à un moment donné, à la 35e minute, on était à 15 à 3 donc un peu au pied du mur et on se dit » si on rentre à 15-3 à la mi-temps, le match est quasiment plié « . On arrive donc à faire cet effort et à marquer un essai juste avant la mi-temps qui nous redonne beaucoup de confiance et on fait une 2e période qui, je trouve, est bonne par rapport à la 1ère où on a été dominé par les Berjalliens. Je trouve qu’on fait une 2e mi-temps beaucoup plus propre et beaucoup plus précise pour arriver à gagner ce match.
Que t’inspire ce match face à Albi ? Une odeur de phases finales comme on le disait avec Jean-Marc Aué ?
Oui, une odeur de phases finales mais surtout un gros match contre une belle équipe. Ça fait maintenant 5 ans qu’Albi est en Nationale donc je pense qu’ils connaissent parfaitement la division, ils sont dans le dernier carré tous les ans et ce n’est pas anodin. Là, ils sont encore invaincus chez eux cette année, ils sont performants, c’est une équipe qui est stable, qui a de bonnes individualités mais aussi un gros collectif qui joue bien au rugby, une belle conquête et qui joue bien au rugby derrière. C’est une équipe très costaude de ce championnat qui a de grandes ambitions donc j’espère que ça sera un beau match de rugby.
Qu’est-ce qu’on peut retenir du match aller que vous aviez remporté ?
On peut retenir qu’on avait fait une 1ère mi-temps super propre, on les avait pris un peu sur la conquête, leur point fort, et un peu sur l’engagement. Malgré tout, on n’arrivait pas à scorer ni à les détacher donc ils sont revenus en 2e mi-temps avec d’autres intentions, ils ont poussé, poussé. On a gagné mais ça a été un match âpre et il faudra grandement se méfier de cette équipe.
Est-ce qu’on peut dire que ce match est l’un des derniers tickets pour Carcassonne pour espérer le Top 2 et que, si vous perdez, ça sera compliqué d’être dans le Top 2 à la fin de la saison ?
Bien sûr, c’est clair. Déjà, en perdant chez nous contre Nice, on s’est tiré une balle dans le pied pour ce Top 2 et c’est vrai que ce vendredi soir, si on venait à perdre, ça serait quasiment terminé, toujours pour le Top 2 car Albi s’envolerait et que Nice est déjà loin devant, Narbonne pousse aussi derrière pour y être. Il faut donc être réaliste, oui, si on perd contre Albi, ça sera très, très compliqué pour rentrer dans le Top 2.
En quelques mots, que représente Carcassonne pour toi ?
Pour moi, c’est un état d’esprit, c’est un club qui n’a pas beaucoup de moyens mais qui fait du bon boulot avec les moyens qu’il a. On voit que c’est quand même un club où beaucoup de très bons joueurs sont passés et qui a réussi à vivre 12 années en Pro D2 avec, comme je l’ai dit, des moyens financiers qui sont très bas par rapport aux autres équipes. C’est un club avec un bel état d’esprit, c’est un peu comme une famille.
Merci et on te souhaite un bon match ce vendredi soir au Stadium Municipal d’Albi
Merci beaucoup.
Propos recueillis par Loïc Colombié
Article en partenariat avec
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