À l’aube de cette 21eme journée de Nationale, Mathieu Bonello s’est présenté en conférence de presse hebdomadaire du SC Albi (2eme) pour nous parler du choc face à Carcassonne (ce vendredi à 19h30 au stadium) et évoquer aussi le revers du week end dernier en terre hyeroise (26-20).
Juste après la défaite à Hyères-Carqueiranne La Crau, tu nous avais fait un constat à chaud où tu nous avais parlé d’un manque d’investissement et dit que tu avais été déçu par tes hommes. A froid, est-ce que le constat est le même, même salle, même ambiance ?
Oui mais comme je te l’avais dit aussi, il y a eu des séquences dans le match, des séquences qui ont été bien même si, dans l’ensemble, il y a eu un manque d’investissement qui est indéniable. Je ne mets pas tout le monde dans le même sac non plus et, comme je l’ai dit, certains joueurs ont repris du temps de jeu et le maillot. Comme on arrive vers la fin, quand on a le maillot, il faut le garder et pour le garder, il faut être bon, enfin, ce que je regarde le plus, ce n’est pas être bon ou mauvais, c’est être généreux et donner pour ce maillot.
Comment se fait-il que l’on passe de la fierté au retour de Narbonne malgré la défaite la semaine dernière à une retombée dans les travers une semaine après ? C’est ça qui déçoit un peu
Si j’avais les réponses à ta question, j’utiliserais mes solutions pour y remédier. Ça arrive aussi, il faut accepter que, parfois, on passe à côté et qu’avec ce championnat-là où tu sors 3 fois, tu es obligé de t’investir et qu’à l’extérieur, il faut s’investir à 200%. On a fait des choix, on a aussi continué à faire ce turn-over et pour moi, ça a peut-être été l’une des raisons de vite s’acclimater à l’équipe et si tu as le maillot, même si ça fait un ou deux week-ends que tu ne joues pas, il faut vite se mettre dedans car il ne reste plus beaucoup de matchs.
On peut dire qu’on est à la croisée des chemins de la saison pour les dernières places à grignoter et à prendre ?
Bien sûr. Il va nous rester 5 matchs à jouer, et pas 6 comme certains, il est indéniable qu’il n’en reste plus beaucoup pour prendre des points et de deux pour pouvoir prendre le maillot. Les points des matchs, ce n’est pas notre fixette, l’objectif est d’être dans les 6 et on bataillera pour être dans les 6 et y rester, c’est plus la performance individuelle qui, forcément, nourrit le collectif.
Quand on voit le classement, il y a quand même de grandes chances que vous soyez dans les 6 donc on est plus sur la question de savoir dans quel ordre vous y serez ?
Je ne sais pas, il y a encore trop de matchs pour savoir. Quand on aura fini ce bloc, je pourrai te le dire mais tant qu’il n’est pas terminé, je ne peux pas me prononcer.
On va quand même parler points car, quand tu vois les résultats qu’il y a eu ce week-end, est-ce qu’il n’y a pas encore plus de regrets de ne pas avoir fait basculer la situation à Hyères-Carqueiranne La Crau ?
En étant transparent avec mon analyse depuis le début de la saison, il y a beaucoup de regrets sur plein de matchs et c’est un sentiment qui est assez détestable quand tu es coach, encore plus pour les joueurs, et je l’espère. Je pense que les résultats dont tu parles et celui de ce week-end contre Hyères-Carqueiranne La Crau est bien sûr une énorme déception, je dis que l’adversaire a le droit de le gagner parce qu’il est déterminé, meilleur que toi, que tu es moins bon rugbystiquement ce jour-là mais ce qui me pose problème, c’est qu’on n’a pas vraiment joué avec nos armes. A certains moments, on a pensé que de mettre le maillot allait suffire et quand on arrive en fin de saison, c’est ça ma grosse déception. Je ne le regarde pas trop par rapport au classement mais plutôt à la performance que l’on fait le week-end sauf que je m’aperçois que cette année, sur beaucoup de matchs, on est peut-être l’une des équipes qui a ramené le plus de bonus défensifs de la division mais pas de victoire ce qui veut dire aussi beaucoup de choses dans un sens comme dans l’autre. Honnêtement, on a des regrets et j’espère qu’on ne les aura pas fin Avril.
Tu nous parles souvent de se fédérer autour d’un projet commun, d’un projet de vestiaire et d’un projet collectif. Là, vous avez joué contre un club qui, on ne va pas se mentir, jouait sa vie et ils vous ont justement un peu montré comment se fédérer autour d’un projet et laisser sa santé sur le terrain ?
Exactement, ils nous ont donné une leçon et bravo à eux. Je les félicite, il n’y a rien à dire et c’est à nous de travailler.
Est-ce que tu vas t’en servir comme exemple pour tes joueurs en leur disant » regardez, c’est ça quand on est vraiment ensemble » ?
Non, je ne peux pas comparer les situations des clubs, chacun a son expérience. C’est juste dire que ce qu’ils font, c’est avec des valeurs qui sont belles et bravo à eux au vu de la situation délicate dans laquelle ils sont, il n’y a rien à dire, on a juste à se taire. C’est se regarder nous, ce qu’on ait, ce qu’on fait au SCA et quand tu es dans ce club, nous ne sommes que de simples joueurs ou simples entraîneurs mais par contre, le rugby est le même de la 1ère division jusqu’en bas. Ce sont les valeurs de don de soi, de courage et sur un terrain, il faut donner de sa personne sinon, à la fin, tu n’as pas le résultat qui est au bout. J’ai juste envie de revenir à ce qui avait fait notre force dans notre club c’est à dire la solidarité.
Quand il y a un gros qui arrive, on a souvent l’impression que le SCA est toujours là dans les grands rendez-vous. Là, c’est Carcassonne et c’est quand même un gros ?
C’est même un très gros mais aujourd’hui, on n’est pas en capacité ni de regarder qui que ce soit ni de faire les fanfarons sur quoi que ce soit. Je l’ai dit après le match, je pense qu’on doit se taire, travailler, être humbles, investis et dans notre projet de club, c’est ce qui est le plus important à mes yeux. Que l’on ait tel club ou tel club face à nous, il ne va nous rester que des gros morceaux mais au moins, qu’on n’ait pas de regrets à la fin, j’en ai marre des regrets.
Est-ce que c’est un match qui peut faire basculer votre fin de saison, que ce soit positif ou négatif ?
Oui mais ce sont les 3 matchs qui vont arriver chez nous, quand tu sors 3 fois, il est indéniable que tu as envie de bien t’en sortir sur les 3 matchs qui vont arriver chez toi. Je demande aux joueurs qu’ils fassent le meilleur match qu’ils peuvent, qu’ils fassent de leur mieux, je leur parle très rarement de ce que ça peut être, de tel résultat ou de tel résultat, c’est ça que l’on travaille cette année et j’ai envie qu’ils le comprennent, c’est quelque chose qui est déterminant dans mes discours. On le dit souvent, bien sûr que l’on regarde les résultats et bien sûr que l’on regarde les points, quand tu passes parfois à la glace et que tu as fais un match énorme, héroïque alors que les autres ont été meilleurs mais par contre, tu n’as pas le droit de passer par moment à côté de ton investissement.
Carcassonne est 5e mais avec un match en retard et n’est plus exempt de rencontre, on peut donc s’attendre à une équipe qui va venir avec les dents longues. Comme en plus, ils ont perdu chez eux contre Nice, il faut qu’ils rattrapent des points ?
Oui mais je crois qu’à la fin, tout le monde veut prendre des points donc je ne me permets pas d’analyser leur situation, nous, on doit travailler dans les semaines qui arrivent et ce n’est pas que ce match-là, c’est ce qui va arriver. Il reste en gros un mois de compétition où on jouera vraiment et sur une saison de 10 mois, ce n’est rien et il faut que l’on donne le meilleur de nous-mêmes chaque semaine, on n’est plus en Octobre ou en Novembre.
Est-ce que le match aller à Carcassonne fait partie des matchs qui t’ont laissé des regrets ?
J’ai envie de dire que je pense que oui, dans la physionomie du match mais ils l’ont gagné, ils ont été meilleurs que nous, quand l’adversaire te gagne, il a été meilleur que toi, bravo à eux et il faut accepter le score final. Concernant le scénario du match, ce qu’on a pu y mettre dedans et comment on a pu le jouer, on a quand même beaucoup d’axes d’amélioration et il faudra que l’on soit bien meilleur.
Vous avez souhaité continuer le turn-over et le roulement de joueurs à Hyères-Carqueiranne La Crau. Est-ce que là, étant donné qu’il reste 5 matchs et que les phases finales approchent quand même, ce n’est pas le moment de réduire ce roulement ?
Bien sûr, je crois que le moment est peut-être venu, je vais de façon sûre le réduire après la fin du bloc, pour avant, je ne sais pas encore mais bien sûr que je le réduirai à la fin de ce bloc-là. Dans le fait de ne pas le réduire hyper tôt, il y a le défaut de ne pas avoir de cohésion d’équipe mais par contre, ce qui est bien, c’est que ça laisse toujours le joueur dans le fait de pouvoir prendre le maillot et surtout, ça crée cette concurrence de se dire » putain, j’ai la chance de donc il faut que je la prenne « . Il est certain qu’en fin de saison, on a besoin de se rapprocher de l’équipe qui est type mais attention, encore une fois, il faut aussi avoir du gasoil dans un mois et demi si on a la chance d’être qualifiés donc on ne peut pas tout jeter dans ces matchs-là.
Est-ce que, justement, tu juges la cohésion de l’équipe suffisante aujourd’hui ?
On a une cohésion d’équipe, on a un groupe vraiment incroyable où ils s’entendent hyper bien entre eux. Il y a un groupe de joueurs qui vit bien et je le vois, c’est indéniable, un staff qui s’entend bien, c’est hyper fluide et c’est vrai mais j’aimerai qu’ils s’aident plus quand c’est la galère, quand c’est dur, quand c’est le copain qui prend ma place. La plupart du temps, c’est fait, ils s’aident car ils savent qu’il y a du temps de jeu pour tout le monde mais j’aimerai que quand il y a un copain qui est en difficulté ou en galère, et pas forcément au même poste, ils soient encore plus dans l’unité, surtout quand ça barde et qu’on est dans des moments un peu plus hostiles ou difficiles. C’est le travail que j’essaye d’apporter et qu’il sera important de faire.
On se rapproche des play-offs. Est-ce que tu sens quelque chose monter du côté des joueurs, l’adrénaline, ces senteurs printanières qui arrivent ?
Je vais te répondre oui et non et ce n’est pas pour faire de la langue de bois mais oui, je l’ai senti et non, je ne l’ai pas senti samedi. C’est le paradoxe car je sens que depuis qu’on a repris le bloc, avec le forfait et donc un match en moins, les joueurs se rendent compte qu’il n’y en a plus beaucoup. Tu sens qu’ils vont tout faire pour aller dans ces phases finales, mais comme je le dis, tant que le ticket ne sera pas validé et qu’on ne sera pas sûr d’y être, on n’y est pas, mais en contrepartie, cet enthousiasme, cette envie et cette excitation qui sont différents d’une saison, car même quand tu prépares un gros match de la saison, ça n’est pas pareil, on ne les a pas eus sur le match. Ça, ça m’a ennuyé et là, je sens que les ai mis dans cette optique-là d’être dans ce plaisir d’aller chercher quelque chose, d’aller chercher une qualif car une qualif, c’est toujours important, sur 14 clubs, 13 maintenant, il n’y en aura que 6 donc je leur demande vraiment. J’ai un groupe qui est incroyable, qui a pris les choses en main dans son jeu et autres mais il faut arriver à tout mettre ensemble, le jeu ne peut pas être que le jeu et cette adrénaline des phases finales qui commence à monter doit y être.
Je te pose cette question une ou deux fois par saison mais est-ce que tu penses au prépa mental car c’est peut-être le moment de l’injecter dans le staff ?
C’est vrai que, pour moi, c’est un truc qui est super bénéfique, vraiment. Est-ce qu’on peut, est-ce qu’on ne peut pas ? Il faut voir aussi avec les moyens du bord mais je suis convaincu que oui, ça peut aider les joueurs qui en ont besoin.
Est-ce que ça peut être le petit détail qui peut faire basculer les play-offs ?
Oui, je suis d’accord et parfois, les joueurs ont aussi parfois d’un support et de parler, pas seulement aux coachs ou aux prépas. Le mental est hyper important dans le rugby et je suis pour mais après, est-ce qu’on pourra le mettre ? Je suis moins sûr.
Quel est le mot d’ordre pour la rencontre contre Carcassonne ?
C’est continuer. Sans parler de points, il faut continuer à avancer à chaque match par ce qu’on peut présenter, proposer ou faire, ne pas faire trois pas pour reculer de deux, ce qu’on vient un peu de faire. Ça n’enlève rien à ce qu’on a fait avant mais là, on doit être capable d’avancer. Sur la fin, on doit toujours avancer sur les matchs les uns après les autres.
Propos recueillis par Loïc Colombié
Article en partenariat avec
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