#InfoMagSport – Enquête / Rugby – (Nationale et Nationale 2) : Coup de froid sur les finances des clubs.

En août 2023, lors de notre classement des budgets de Nationale, nous avions noté une importante inflation budgétaire dans l’antichambre de la Pro D2. Une inflation qui par effet de capillarité s’est aussi propagée à la Nationale 2 et aux divisions en dessous (Fédérale 1 et Fédérale 2). Mais il est à constater, quelques mois seulement après notre publication dans ces mêmes colonnes que, la situation est plutôt au refroidissement, tant du fait d’une surenchère financière s’avérant mortifère que par un contexte économique national morose. En effet, le rugby hexagonal arrive dans un grand coup de froid financier et la partie visible de l’iceberg commence à poindre. Selon nos informations comptabilisées, environ une grosse vingtaine de clubs (de la federale 2 à la Nationale) voit les instances de contrôle (A2R) émettre à leur encontre, des recommandations au conseil de discipline de la commission de contrôle de régulation financière. Selon les éléments que nous avons collectés un club de Nationale, et six de Nationale 2 se seraient vus ces dernièrs jours être interrogées plus en profondeur par les instances financières au sujet de leurs bilans arrêtés au 30 juin 2023. Enquête sur une situation globale qui pourrait être bien plus alarmante dans les mois à venir, quand les gendarmes financiers de l’ovalie fédérale éplucheront les comptes d’une saison 2023/2024 s’annonçant des plus périlleuses sur le plan économique.

 

 Nationale : Nice questionné par l’A2R.,

D’après nos informations, le Stade Niçois aurait eut à se justifier sur certains critères FFR d’éligibilité à la montée. Toujours selon nos sources, l’immobilisation sur plusieurs années d’une somme sur la holding (considérée par les azuréens comme des fonds propres au 30 juin 2023), était le sujet sur la table. En clair, les instances du rugby français ont questionné les dirigeants niçois, ces derniers ayant apportés des éléments supplémentaires à l’A2R. Regis Brandinelli, Président du Stade Niçois nous a déclaré : «Le club est structuré avec un budget raisonnable pour pouvoir perdurer sereinement dans une division compliquée et sans droits TV.»

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Les autres clubs de nationale en mode prudence .

Après l’onde de choc blagnacaise il y a deux semaines, les langues se sont déliées dans toute la Nationale sur la situation économique tendue ou fragilisée de chacun. La prudence est de rigueur dans les états majors. Pour exemple , le président de Tarbes, Lionel Terré (qui devrait quitter son poste au printemps) déclarait dans nos colonnes le 31 décembre 2023 : «vouloir finir la saison convenablement tant au niveau budgétaire que sportivement »

Quant à Alain Roumegoux, le président du SC Albi, ce dernier abondait, lui aussi dans nos colonnes début février 2024, sur la raison et la prudence budgétaire, entre autre en réaxant la politique sportive future du club Tarnais sur la jeunesse et la formation : «On est resté raisonnables ce qui permet d’assurer l’avenir.»

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Du côté de Chambéry, malgré un club en dynamique via, entre autres, l’utilisation de son flambant neuf stade (lui assurant de nouvelles recettes) et un modèle économique vertueux basé sur la diversification des partenariats, des sources proches du club nous confiaient qu’aux pieds des Alpes, le sang froid restait de mise, car le contexte économique de 2024, exigeait là aussi de la … prudence. Un credo de raison partagé de Massy à Narbonne en passant par les promus périgourdin et viennois tant l’exemple Blagnacais a démontré l’incertitude des lendemains.

À l’US Carcassonne, suite à l’examen des comptes arrêtés au 30 juin 2023, les dirigeants audois suivaient un plan d’accompagnement qui selon nos sources sera échu d’ici quelques semaines . Les ex pensionnaires de Pro D2, qui avaient dû se réorganiser et faire front financièrement suite à leur relégation, ont respecté là aussi un leitmotiv de prudence budgétaire qui leur permettra avec quasi certitude d’être dans les clous économiques avant les playoffs.

Seuls Suresnes et Bourgoin, semblent actuellement dans une certaine sérénité financière, du fait de leur structuration autour d’un actionnariat majoritaire fort. A Bourg, beaucoup pensaient que l’arrivée de Dominique Louis, permettrait d’être dans le même cas que les berjaliens et les altosequanais.

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Mais le passé (2016) et un litige juridique (de 419 000 euros) entre l’association et son ancienne régie pub (RSP) est venu ébranler certaines certitudes. L’association des violets est donc en péril et par effet de bord la SASP. Une situation que l’homme fort du rugby bressan va très sûrement prendre à bras le corps dans les jours et semaines à venir .

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Un club de nationale proche du même destin que Blagnac ?

La SAS Blagnac Rugby a déposé de façon subite voire brutale, fin janvier, son bilan auprès du tribunal de commerce ainsi qu’une demande de forfait général auprès de la FFR. Verra-t-on un autre club emboîter le pas des caouecs avant le terme de la saison? Rien n’est moins sûr, mais des échos persistants font état de problèmes financiers du côté du RC Hyeres Carqueiranne la Crau depuis le départ de son ex président à l’été 2023.

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Les actuels solides 9 eme de Nationale s’accrochent et se débattent financièrement pour terminer cette saison, enchaînant les économies d’échelle et les rustines de fortunes diverses pour sauver le travail effectué depuis une décennie (voyant le club accéder successivement à la fédérale 1 et à la Nationale). Une situation à flux tendu qui n’empêche pas, pour le moment, les Varois de tenir dignement leur rang sur le terrain.

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Les répercussions économiques du forfait de Blagnac.

Le forfait général pour le moins ubuesque de la SAS Blagnac Rugby, entraîne aussi des effets de bords économiques sur l’ensemble de la division. Tout d’abord en rebattant les cartes au classement, obligeant des clubs à envisager les lucratifs playoffs à domicile avec moins de certitudes que les semaines précédentes (Narbonne par exemple). Mais d’autres clubs comme Perigueux, Chambéry et Albi y voient aussi des pertes de recettes substantielles en billetteries et/ou en réceptifs.

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Certaines sources du côté de la cité épiscopale tarnaise parlent d’une perte de recettes d’au minimum 25 000 euros du fait de la non tenue du derby face à Blagnac. Le directeur général du SC Albi, Jean Jacques Veyrac, le confirmait début février lors d’une conférence de presse, par les mots suivants : «Il y a un coût très important pour Albi d’avoir le dernier match à domicile face à Blagnac en moins. »

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Pour Chambéry et Perigueux, c’est le même constat, car les Caouecs devaient, là aussi, être leur dernière réception en phase régulière devant leur public. En Savoie, on parle de 600 repas déjà vendus, qui ne pourront être replacés sur une autre rencontre, mis à part en playoffs, si d’aventure les chambériens (actuel 5eme) venaient à se qualifier .

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À Périgueux, une grande fête du rugby devait être organisée au Dantou, lors de cette 26eme et dernière journée d’une première saison en Nationale réussie. Alors que les équipes événementielles et commerciales étaient déjà à l’ouvrage, l’annulation de ces festivités laisse s’envoler des perspectives de recettes non négligeables .

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Mais une chose est sûre, malgré des rentrées qui disparaissent avec le forfait général Blagnacais, tout ces clubs ressentent une profonde compassion avec les dirigeants et joueurs Caouecs, tant le sort des hauts garonnais, peut devenir le lot commun de nombres de clubs en Nationale dans un avenir proche ou lointain.

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Nationale 2 : Quatre clubs devant le conseil de discipline.

Toujours selon nos sources, 4 clubs de Nationale 2 seront convoqués en conseil de discipline de l’A2R fin février 2024. En effet, Macôn et La Seyne en Poule 2, tout comme Cognac et Bassin d’Arcachon en poule 1 vont devoir passer devant le gendarme financier suite à l’examen des comptes arrêtés au 30 juin 2023.

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Le cas du Bassin d’Arcachon, qui était en plan d’accompagnement la saison passée, serait étudié pour non respect du dit plan, ce qui pourrait valoir une rétrogradation dans les cas les plus extrêmes. Bien entendu, les sanctions peuvent être moins lourdes allant de l’acquittement, du retrait de points à l’interdiction de phases finales .

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Actuel 6eme de la poule et qualifiable en playoffs , le club girondin qui dispose d’un budget de 2 millions était reconnu depuis le début de saison, comme une grosse écurie financière. Joint téléphoniquement ce jeudi, le co-président du RCBA, Didier Carpentey, nous a déclaré : «Je ne souhaite pas communiquer actuellement, tant que je n’ai pas des éléments supplémentaires et complémentaires  sur le sujet».

Du côté de Cognac, après un retrait de 2 points et 4 points pour des non-respects d’obligations concernant l’école de rugby et le centre d’entraînement labellisé (appel toujours en cours) et la non-attribution de 2 points de bonus administratifs pour envoi trop tardif à la FFR d’éléments administratifs (au delà du 15 octobre 2023),voilà que maintenant, le volet financier serait scruté chez les cognaçais par les instances . Un péril de plus pour des charentais luttant actuellement pour leur maintien. Joint par téléphone, Jean Charles Vicard, le nouveau président du Cognac Rugby Charente (qui a hérité de cette situation au 1er juillet en reprenant le club), n’a pas souhaité faire actuellement de commentaires, attendant d’abord, d’avoir les résultats des appels en cours.

Du côté de l’Est de la France, le cas de l’US Seynoise n’étonne guère, et la convocation devant le conseil de discipline concernant l’état des finances au 30 juin 2023, viendrait corroborer notre article datant de cet été ( https://le-mag-sport.com/2023/07/18/infomagsport-rugby-nationale-2-la-seyne-sur-mer-en-peril/), faisant état d’une situation alarmante du côté de la rade de Toulon. Malgré le projet de nouvelle gouvernance dans le club varois, les dirigeants devront, selon nos sources, tout d’abord répondre à la fin du mois du bilan financier de la saison dernière devant l’ex DNACG FFR.

Quant à l’AS Mâcon, son cas est le plus surprenant voire paradoxal. Qualifié de gros budget de la poule la saison dernière, couplé au basculement sur un mode d’entraînement professionnel avec l’arrivée de Julien Veniat, les bourguignons avaient dès l’été 2023 et leur maintien acquis de justesse, baissé la voilure et ré-opté pour une structuration autour de la pluri activité.

Actuel leaders de la poule Est, les taureaux mâconnais qui disposent cette saison d’un budget réduit de 25% (baisse de 600 000 euros) par rapport au dernier exercice, vont selon nos informations, devoir répondre de cet atterrissage financier auprès du conseil de discipline fin février 2024. Le president Piguet, joint par téléphone nous a déclaré sur la situation dans le club de Saône Et Loire : «Après retraitement de nos comptes au 30 juin 2023, on est en dépassement de 27 000 euros à cause du non remboursement des JJSS (sécurité sociale) de la période Covid. Je suis confiant sur la situation car on a resserré les boulons et on dispose d’un budget positif au 31/12/2023. En outre, on a économisé 600 000 euros cette saison sur la masse salariale et les frais de fonctionnement.»

Nationale 2 : Deux clubs en plan de redressement.

Toujours en Nationale 2, les clubs gersois de Auch et Fleurance seraient en plan d’ accompagnement d’après nos informations. Une situation qui viendrait corroborer la lettre ouverte produite par ces clubs, dénonçant le coup exorbitant d’une participation à la Nationale 2 pour des structures comme elles, aux ressources budgétaires limitées, les deux clubs gascons allant jusqu’à brandir la menace de produire en fin de saison : une demande officielle de relégation auprès de la FFR.

De nombreux clubs de Nationale 2 en grande souffrance ou en réduction de voilure.

La Nationale 2 mixant tant des clubs quasi pros, quasi semi pros, voire quasi amateurs, voit son microcosme de souffrances devenir des plus hétéroclites. David Bellucci, ex président et actuel dirigeant de l’AS Bedarrides Chateauneuf du Pape, nous confiait récemment : «Si la nouvelle gouvernance de la FFR maintient certaines obligations en vigueur, cela tuera à moyen terme le rugby de village.» et de rajouter dans le sens de la lettre d’Auch et de Fleurance : «Sans compter le coût excessif du championnat espoirs, qui est une ineptie aussi bien sportive qu’économique. » Mais dans le Vaucluse, dans ce pays de confluences, on va tenter de faire converger les petits ruisseaux pour boucler le budget.

À Aubenas ou dans d’autres clubs de l’Est de la France, on envisage clairement des baisses de budgets significatives pour la saison prochaine, tandis qu’à Dijon, on s’habitue à vivre avec un budget bien plus modeste (environs 1,4 millions) que les plus de 2 millions qui étaient monnaie courante sous l’ère de l’ex président Verney.

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Dans les clubs à petits budgets, (comme Lannemezan et Saint Jean de Luz), on serre les boulons comme a l’accoutumée, mais le statut de petit Poucet financier de la division leur a appris à faire avec peu . Tandis que du côté de Graulhet, Nîmes, Langon ou de Salles, on se lance dans la diversification des ressources et le développement de projets de club novateurs à l’instar de Niort quelques années auparavant.

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Reste au milieu de cela, Rennes et Marcq en Baroeul qui s’adossent à des métropoles certes économiquement attractives mais où les deux sports rois sont le Football et le Vélo. Structurés professionnellement et avec un objectif commun de monter, les Chtis et les Bretons, ont pas mal de ressemblance dans leur émergence récente.

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Autre club ambitieux, qui via l’arrivée de Romain Détré en cours de saison, souhaite rapidement passer un cap sportif et économique : l’USA Limoges. Mais l’essor économique limougeaud ne serait il pas l’arbre qui cache la forêt de souffrances silencieuses d’autres clubs ? L’avenir et le devenir de cette compétition naissante le diront.

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Un bastion et un promu de fédérale 1 en danger?

Toujours selon les éléments glanés durant cette enquête sur les finances des clubs de Nationale et Nationale 2, il semblerait que Bergerac (Fédérale 1) soit convoqué à la fin du mois à l’instar du Bassin d’Arcachon, pour non respect du plan d’accompagnement la saison dernière.

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Le club béarnais d’Oloron, serait lui, notifié d’un passage devant le conseil de discipline pour des explications plus approfondies sur les comptes de la saison passée (arrêté à fin juin). Un bastion et un club illustre qui devrait répondre, là aussi sous quinzaine, devant l’instance suprême financière de la FFR.

Quelle perspective pour les modèles économiques de Nationale et Nationale 2.

Un effet de plafonnement dû à des ressources minces (peu de billetteries, pas de droits TV) et un contexte économique général peu florissant, sont venu ces dernier mois, rappeler les fantômes d’un passé récent (Fédérale 1 Élite) tout en stoppant l’inflation budgétaire galopante qu’avait engendrée la période post Covid. Mais quelles solutions subsistent pour cette terre des entre-deux monde du rugby Français, et que cette dernière puisse trouver un modèle économique pérenne?

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Certains évoquent la baisse des obligations et du coût de la formation, quand d’autres avancent la quête de droits commerciaux ou TV nouveaux , tandis que certains parlent de réglementation tendant vers un statut pro. Quelles perspectives pour ces championnats (Nationale / Nationale 2) à l’attrait sportif indiscutable mais dont le devenir économique chancelle?

https://www.atoutcles.com

La Nationale doit elle devenir exclusivement pro? La Nationale et la Nationale 2 doivent elle avoir un Salary Cap? Faut-il réduire la Nationale 2 à une seule poule de 12 ou 14 ? Le naming, les droits TV chimères or not chimères ? Quel statut pour les joueurs ? Le rugby vit-il au dessus de ses moyens ? Doit on interdire le dumping budgétaire en cours de saison? La pluriactivité est elle le remède financier au professionnalisme caché, ou une véritable conviction et un art de vivre ?

De nombreuses questions auxquelles les nouvelles équipes en place autour de Florian Grill vont devoir s’atteler à répondre rapidement, s’ils ne veulent pas voir le modèle sportivo-socio-économique des deux Nationales prendre un grand coup de gel engendrant son effondrement. Affaire à suivre …

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Article rédigé par Loïc Colombié

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Un commentaire sur “#InfoMagSport – Enquête / Rugby – (Nationale et Nationale 2) : Coup de froid sur les finances des clubs.

  1. La course à l’échalote, un rituel annuel où se distinguent ceux ayant les moyens de progresser (une minorité) de ceux dont le budget est ajusté pour maintenir leur niveau, malgré les difficultés. Il y a également ceux qui trichent dans leur comptabilité pour demeurer à un niveau financier qui n’est pas le leur, jusqu’à ce qu’ils soient démasqués et ramenés à la réalité. Cette dynamique perdure depuis 30 ans, bien connue des dirigeants de clubs qui, conscients de cette réalité, laissent faire… Il est impératif de protéger les écoles de formation en ne concentrant pas toutes les ressources financières sur les équipes seniors, pour satisfaire la vanité de quelques-uns. Si la formation est négligée, chacun devrait demeurer à sa place et évoluer au niveau où il peut pratiquer notre beau sport, de la 4ème série jusqu’au Top 14.

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