Celui qui a illuminé les terrains de rugby de sa vista durant quasi deux décennies, que ce soit à Castres, Albi, Perpignan, Pau, Biarritz, Provence Rugby ou pour finir Graulhet, va mettre fin à sa carrière à 37 printemps. Kevin Boulogne a annoncé lundi à Jérome Montbroussous le nouveau co-président de Graulhet qu’il ne poursuivrait pas l’aventure sportive et humaine en Nationale 2, dans la capitale du cuir la saison prochaine. Focus sur la carrière de ce Lorrain ayant la particularité d’être natif de Libourne (Gironde), et dont le parcours qui l’ aura vu tant à l’ouverture qu’au poste de 1/2 de mêlée ou à l’arrière connaître 5 divisions hexagonales(Top 14 / Pro D2 / Nationale / Nationale 2 /Fédérale 1) et 2 formats de coupes d’Europe différents ( Heineken Cup et Challenge Européen) et se faire affublé une réputation de magicien du ballon ovale.
Repéré sur un coup de chance par un certain … Christophe Urios.
Comme souvent dans le sport et dans une carrière, l’aventure commence par un clin d’œil du destin qui donne un certain romantisme aux histoires que les joueurs de rugby peuvent écrire avec leur sport. Pour Kevin Boulogne tout a commencé par hasard lors d’une demi finale crabos entre Castres et Massy à laquelle participait son grand frère sous les couleurs tarnaises.
Ce jour là, le jeune adolescent qu’est «Kéké » voit le buteur du CO louper plusieurs pénalités en coin et les tarnais échouer à se qualifier en finale du championnat de France pour 2 points. Une fois la partie terminée et alors que comme bon nombre de proches des joueurs, il vient au devant de son frère pour le congratuler, le très jeune Kevin Boulogne voit un ballon qui traîne sur le pré.
Inconsciemment, une envie le démange, tenter de passer la pénalité du même endroit d’où a échoué le coéquipier de son frangin. Pieds nus, l’innocence de l’adolescence en bandoulière, Kevin Boulogne se met à taper des pénalités et à les enquiller comme des perles devant le regard subjugué d’un observateur avisé et pas comme les autres… Christophe Urios.
En effet l’entraîneur de l’équipe première du Castres Olympique est sur le bord du terrain pour superviser la jeunesse Castraise. Voyant se buteur en herbe et en culotte courte opérer des coups de pied avec autant de facilité, l’actuel coach de Clermont décide de faire rentrer Kevin Boulogne dans les rangs du club de la sous préfecture. La belle histoire pouvait commencer.
L’épopée Albigeoise du Top 14
Après un premier match en Top 14 avec le Castres Olympique, la carrière de Kevin Boulogne va vraiment prendre un essor dans le club voisin et rival du Sporting Club Albigeois. Tout juste montée en Top 14, le SCA vie une épopée hors du temps sous la férule d’Eric Bechu et Daniel Blach. Kevin Boulogne va vivre chez les jaunes et noirs, 4 premières saisons (2006-2010) qui seront les lettres de noblesse du club de la cité épiscopale.
Aux côté des Philippe Guicherd, Arnaud Méla, Fred Manca, Vincent Clément, Seb Pages, Yogane Corréa, Boris Stankovich et autres, ce jeune lorrain un brin troublion sûr et en dehors du terrain va participer à une aventure flirtant entre utopie et magie. Deux maintiens successifs, une relégation administrative rocambolesque en Pro D2 et une remontée directe en Top 14 feront naître entre Kevin Boulogne et la terre cathare un amour inconditionnel.
Avec le départ d’Eric Bechu (avec qu’il entretenait une relation ambiguë d’enfant terrible du club mais pas dénué d’une très grande affection) et la fin de l’aventure dans le gotha du rugby hexagonal pour le SCA, Kevin Boulogne a décidé de voguer vers de nouveaux cieux.
De Perpignan à Pau en passant par Biarritz et Provence Rugby .
C’est donc à Perpignan que le natif de Libourne va continuer son parcours en top 14 chez les vice Champion de France en titre. Adulé par le bouillant public catalan, Kevin Boulogne gardera une grande affection pour ce club historique avec lequel il jouera 30 matchs entre 2010 et 2012.
Nouvelle étape à l’été 2012 pour Kevin Boulogne avec la signature dans un autre bastion du Rugby hexagonal : la section paloise. Finaliste de Pro D2 malheureux face à Brive en 2013 et demi finaliste face à La Rochelle en 2014, la parenthèse béarnaise le verra marquer la bagatelle de 177 points et faire 40 apparitions avec le maillot palois.
Blessure et Carriere entre parenthèses.
Après une saison à Biarritz puis à Provence Rugby toujours dans l’antichambre du Top 14, la carrière de ce magicien du ballon ovale va connaître un coup d’arrêt en 2016. Blessé aux cervicales, les médecins l’obligent à mettre prématurément un termes à sa carrière. A seulement 30 ans, voilà que Kevin Boulogne se voit obligé de raccrocher les crampons une première fois.
Retour à Albi sur le banc des entraîneurs
Après ce coup du sort, Kevin Boulogne revient au bercail Albigeois et se retrouve propulsé en cours de saison sur le banc du SCA lors de la rocambolesque saison 2016-2017. Alors que le club se débat pour se maintenir en Pro D2 et que les joueurs ont lancé un putsch contre leurs coachs, le voilà qu’il vient aux côtés de Julien Guiard, Vincent Clément, Flo Wiiedzorek et Jean Christophe Bacca au chevet d’un Sporting Club Albigeois bien malade et en proie à une grave crise interne.
La saison suivante (2017-2018) voit Arnaud Méla accompagné de Jérémy Wanin tenter de faire remonter les jaunes et noirs. Le seconde ligne international va intégrer son ancien coéquipier au sein du staff. Mais lors de la saison suivante un rebond heureux va venir éclairer le destin de Kevin Boulogne.
Retour sur les terrains
Alors qu’il entame sa seconde année comme coach adjoint d’Arnaud Méla, au gré d’une tentative de demande de licence amateur à Marssac en série , Kevin Boulogne voit avec joie que les nouvelles réglementations médicales lui permettent dorénavant de rejouer.
Ne faisant ni une ni deux, Kevin Boulogne fait un retour fracassant sur les pelouses de fédérale 1 en Janvier 2019. Participant activement avec le SC Albi a l’homérique et polémique demi finale d’accession perdue face à Rouen, puis participant aux tentatives infructueuses de 2020 (Covid) et 2021 (Bourg), l’ancien comme le surnommait ses coéquipiers fut le métronome du SCA lors des 2 dernières saisons d’Arnaud Méla en tant que manager.
Mais l’histoire avec Albi se terminera de façon paradoxale. Alors qu’il s’inscrivait durablement dans le club via l’association et un poste de coordinateur des équipes jeunes et de l’école de rugby, et qu’il pensait faire une dernière saison sous cette tunique qui lui colle à la peau, l’arrivée de Mathieu Bonello au poste de manager va rebattre les cartes pour Kevin Boulogne.
La pige Graulhetoise
En effet non conservé par l’ex coach des avants de Massy, Kevin Boulogne va quitter l’équipe première du SCA, sans avoir pu faire un adieu au public. Une situation qu’il vivra comme un déchirement. Mais l’amitié qu’il entretient depuis une décennie avec Jean Christophe Bacca (Coach du SCG) et un serment qui liait les 2 hommes permettra à Kevin Boulogne de faire un dernier tour de piste à Graulhet.
En fidèle héritier des figures mythiques à son poste (Guy Laporte et Benoit Bellot) ayant porté le maillot rouge et noir, Kevin Boulogne par sa maestria et son vécu va dès la reprise de la saison 2021-2022 enchanter le public de Pelissou et la Fédérale 1, tout en participant à une épopée au cœur d’un groupe de copains.
En étant un des principaux architectes de la montée en Nationale 2 aux côtés des Léo Durand, Cédric Soulet, Olivier Regnier et Jérome Montbroussous, celui qui a trouvé dans la capitale du cuir un seconde famille, s’est vu devenir un des chouchous du public centre tarnais.
Cette saison lors de la première année des Graulhetois dans la naissante division semi professionnelle Nationale 2, l’expérience et le sens du jeu de l’ex 10 du SCA ne fut pas de trop pour mener le SCG jusqu’au maintien. Malgré une fracture ouverte au mois de février, Kevin Boulogne est revenu à tant pour participer aux 3 derniers matchs des Graulhetois et vivre l’apothéose du match du maintien devant un public graulhetois fort nombreux et en verve.
Le sentiment du devoir accompli en lui, la lucidité sur l’exigence croissante que va demander l’ambitieux projet graulhetois porté par les 2 nouveaux présidents (Jérome Montbroussous et Renaud Martinet), « le vieux », « papy Boulogne » comme le chambre ses camarades a décidé de raccrocher les crampons pour se consacrer à sa famille et à son poste chez les voisins Albigeois.
Celui qui a été élu meilleur joueur tarnais de fédérale la saison dernière par nos confrères de la dépêche, va donc laisser un vide sur les pelouses du rugby Tarnais, tant ses réactions d’après match, sa joie de vivre communicative était proportionnelle à son talent ou à son autodérision. Mais comme a l’accoutumée avec Kevin Boulogne, cette retraite pourrait ne pas être dépourvue de soubresaut. Rien de surprenant pour quelqu’un qui s’auto définit non sans humour comme un escroc du rugby .
Car a l’image de son jeu imprévisible, Kevin Boulogne ne s’interdira certainement pas de rechausser les crampons pour une pige, si l’appel de la patrie rouge et noire s’en faisait sentir. Une chose est certaine, la carrière de Kevin Boulogne est a son image : jamais avare d’un contre-pied ou d’un ultime tour de magie de cet illusionniste de l’ovalie.
Article rédigé par Loïc Colombié
Article en partenariat avec
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