#Rugby – Nationale 2 / Florent Agro (Bedarrides Chateauneuf du Pape) : «Périgueux se voyait déjà nous mettre 30 points chez nous!»

En amont du grand défi qui attend l’AS Bédarrides-Châteauneuf du Pape en déplacement à Périgueux pour le 1/4 de finale retour de Nationale 2, nous sommes allés à la rencontre de l’un des cadres du vestiaire, le vice-capitaine Florent Agro. Cet enfant du Vaucluse est revenu sur la victoire (16-14) la semaine dernière et espère voir l’aventure de ce club d’irréductibles gaulois perdurer quelques semaines de plus.

 

Crédit photo Yves IMPINNA

 

Tu es un pur produit de la formation vauclusienne et même quasiment de l’ASBC puisque tu as commencé à Châteauneuf du Pape-Orange ? 

 

C’est ça, c’était le CORC avant, Châteauneuf-Orange Rugby Club. J’ai fait mes classes de rugby là-bas avant de partir à Aix-en-Provence. 

 

On a l’impression que dans le Vaucluse, ce petit passage à Aix-en-Provence est presque un passage obligé pour tous les jeunes qui ont un peu d’ambition et pour essayer de tâter du rugby pro ? 

 

C’était le club le plus proche de chez moi et j’étais allé y faire un entraînement et une détection qui s’étaient bien passés. Du coup, j’avais terminé mes classes jeunes à Aix-en-Provence, en Reichel dont j’avais intégré l’équipe. Ça remonte un peu car je ne suis plus tout jeune mais je devais avoir 18 ou 19 ans. 

 

Du coup, tu as tout connu avec Bédarrides-Châteauneuf du Pape, la montée de Fédérale 2 à Fédérale 1 puis le passage en Nationale 2. Tu as connu toutes les étapes qui ont permis à Bédarrides-Châteauneuf du Pape de grandir et d’arriver à la place où il est à savoir dans les 8 meilleures équipes de Nationale 2 ? 

 

Exactement. Je suis arrivé en Fédérale et à l’époque, l’équipe était mal, c’était l’année où on n’était pas loin de descendre mais avec le gros travail fait par les présidents et les dirigeants du club, on a commencé un petit peu à remonter une belle équipe pour ensuite finir champions de France en 2018, accéder à la Fédérale 1, se maintenir de nouveau et arriver en Nationale 2. On nous annonçait un parcours tumultueux et être relégables mais, au final, on se retrouve en 1/4 de finale de championnat de France de Nationale 2. 

 

Avant de parler du match de demain et de celui du week-end dernier, on va parler du rugby vauclusien. Comment est-ce que tu le qualifierais et le définirais ? 

 

Le premier mot qui me vient à l’esprit est raide (rires). Tout le monde le dit mais Bédarrides-Châteauneuf du Pape et le Vaucluse en général sont connus pour leurs tempéraments un petit peu rugueux mais on va dire que c’est l’histoire qui a fait cette notoriété-là. Même si je n’ai pas connu, mon père jouait aussi au rugby dans le département, il a joué à Bédarrides et les anciens joueurs nous disent que c’était toujours assez raide et Bédarrides est connu dans la France pour ça. On essaye aussi d’effacer un petit peu cette image-là en jouant et en proposant d’autres choses que le combat et l’agressivité même si ça fait partie de notre cœur et de nos valeurs. On essaye maintenant de proposer un rugby un peu plus joueur et je pense que c’est en mêlant les deux qui sont très complémentaires qu’on a pu faire une belle saison cette année. 

 

On va revenir sur le match de la semaine dernière face à Périgueux. C’était l’équipe favorite à l’accession en Nationale, elle est venue à Bédarrides-Châteauneuf du Pape avec l’ensemble de ses armes et, une fois de plus, vous avez réussi à faire taire les pronostiqueurs ? 

 

Tout à fait. Comme je le disais, si on part du début de la saison, on est avant-dernier budget et on nous annonçait relégable et finalement, on s’est très vite hissé en tête de tableau, on a aussi été premiers quelques semaines. On se retrouve contre Périgueux, 1er national, qu’on présentait comme l’ogre de la division, et je suis sûr que c’est une très belle équipe puisqu’on les a joués, mais dans le sport, il y a aussi d’autres choses que le talent et notamment l’envie. Au final, avec tout ce qu’on a pu entendre de la part de cette équipe, tout ce qu’on nous annonçait sur cette équipe, ça a réveillé Bédarrides-Châteauneuf du Pape dans le sens où plus c’est dur, plus on prend plaisir. On l’a encore vu la semaine dernière à l’entraînement, je l’ai vu lors du match contre Périgueux, ça a été très difficile mais, comme je l’ai dit aux gars cette semaine, on ne les connaissait pas, ils n’étaient pas dans notre poule, on les a craints, on a eu peur mais la crainte fait sortir de belles choses. La crainte motive et la peur transcende du coup, on était un peu transcendés dans ce match-là. C’est aussi à l’envie qu’on a pu rivaliser et même les battre, battre cette équipe de Périgueux qui, selon ses dires, se voyait déjà un peu nous mettre 30 points chez nous. Ça les a fait un peu tomber de leur piédestal, maintenant, on les connaît et on va là-bas avec des ambitions.

 

Quels sont pour toi les points forts et les points faibles de cette équipe de Périgueux ? 

 

Ils ont évidemment des points forts et des points faibles comme tout le monde. C’est une équipe qui est très forte devant avec une grosse densité, derrière, ce sont des joueurs qui ont beaucoup de vélocité et beaucoup de pattes qui se retrouvent. Par contre, et c’est peut-être dû à leur poule, lorsqu’ils sont dans une situation difficile, délicate et qu’ils déjouent un petit peu, ils s’envoient un peu les ballons sur la gueule. De ce qu’on a vu, ça a un peu été le cas mais c’est aussi parce qu’on est monté très fort et qu’on les agressait tout de suite. On a essayé de mettre un gros pressing défensif et de fait, on a un peu cassé leur jeu et ils ont eu du mal à proposer ce qu’ils auraient dû proposer, selon leurs dires. Leur point fort, c’est que c’est une équipe assez complète et leur point faible, c’est peut-être que lorsqu’ils sont confrontés à une équipe qui les fait déjouer, ils ne savent justement plus quoi faire. 

 

On peut quand même se dire que ça ne sera pas la même limonade ce dimanche à Périgueux et que vous allez être attendus de pied ferme ? 

 

Exactement et c’est aussi ça qui est plaisant. J’en parlais avec un supporter qui me disait  » lorsque c’est difficile et encore plus difficile, Bédarrides-Châteauneuf du Pape se révèle « . On peut jouer des équipes qui ont un moins bon niveau, qui sont dernières, avant-dernières et qui vont aussi nous mettre en difficulté et face à une équipe comme Périgueux qui a fini 1ère nationale et invaincue sur les matchs retours, on se met à leur niveau voire on essaye de les surpasser. Donc, quel que soit l’adversaire, on essaye toujours de rivaliser, que ce soit en haut ou en bas et plus c’est dur, plus on prend plaisir. Ca va être difficile là-bas, peut-être qu’ils vont nous gagner et peut-être qu’ils seront champions de France, on verra bien, mais ce qui est sûr, c’est que s’ils nous battent, c’est qu’ils auront été les meilleurs ce jour-là. En tous cas, on donnera tout, vraiment tout pour faire quelque chose là-bas. 

 

Quand on vous écoutait parler après le match, que ce soit les joueurs ou les dirigeants, vous vous définissiez comme une équipe de  » carac « . Qu’est-ce que ça veut dire ? 

 

Comme je le disais tout à l’heure, on nous annonçait relégables en début de saison, avant-dernier budget et on jouait le maintien, qui était l’objectif du club mais on va gagner le premier match à Marcq-en-Barœul puis à Rumilly avant de prendre un point de bonus à Aubenas. On est donc une équipe qu’on n’attendait pas, on n’a pas de stars, on est juste une bande de copains et on se retrouve actuellement en 1/4 de finale du championnat de France avec déjà un pied en demi-finale. On se qualifie de carac car il n’y a pas de stars, pas de mecs surpayés, on n’a pas d’infrastructures comme d’autres équipes, pas de salle de musculation, notre bain de glace est dans une poubelle mais on est en 1/4 de finale. C’est ce qui nous définissait parce-que ça a souvent été des matchs à l’arraché dans la saison, des points chopés au dernier moment ou autres et tout ça, on le doit à nos valeurs de ne rien lâcher, de morts de faim, de carac. 

 

Le week-end dernier, le public des Verdeaux a fait le taf, vous a soutenu et est venu nombreux autour du terrain. Le plus beau que vous puissiez leur faire est de leur offrir un  » extraball  » à savoir une manche supplémentaire en allant en demi-finale ? 

 

C’est ça et le 16e homme sur le terrain, ce sont eux, nos supporters. On sait qu’ils sont toujours présents, ils sont là, il y a une ferveur vraiment immense autour de notre équipe et ça s’est ressenti tout au long de la saison. C’est d’ailleurs le cas même autour car je vois des personnes qui habitent à 20 / 25 / 30 minutes d’ici et plus proches d’autres équipes mais qui viennent quand même nous supporter et ça c’est beau. Ça fait maintenant 10 ou 11 ans que je suis au club et j’ai pu le voir que ce soit dans la défaite ou dans la victoire. Je me rappelle du titre de 2018, quand on était arrivé au village, il y avait des milliers et des milliers de personnes qui nous attendaient, que ce soit des sportifs, des rugbymen ou des gens qui ne connaissent même pas le rugby. On a fait parler du village, le petit club gaulois de Bédarrides qui était champion de France et là, c’est un peu la même chose, on se retrouve en Nationale 2 avec un pied en demi et cette équipe-là est venue nous supporter dimanche dernier. Ce que j’entends dire, c’est qu’ils cherchent par tous les moyens à choper un bus et des mini-bus pour venir nous supporter à Périgueux sachant que ça fait 7 heures de bagnole. Donc c’est beau et si on peut leur faire ce cadeau, ça n’en sera que mieux. 

 

On va finir avec la question humour et décalée : Mathias Daminiani a commenté deux matchs avec nous, est-ce que tu penses que le petit Mathias peut faire une reconversion en tant que journaliste commentateur ?

 

Je pense qu’il a une carrière à faire et en plus, il a une très belle voix, très sexy. Il est très pertinent dans ses commentaires et je trouve qu’il a bien su rebondir quand il y a eu 2 / 3 extras et qu’il a dû prendre le micro. Donc, il y a une carrière à réfléchir, à poser les choses mais peut-être qu’il y a un truc à faire dans ce domaine (rires).

Propos recueillis par Loïc Colombié

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