#Rugby – Nationale / Benoit Trey (Blagnac) : «On n’est pas là par hasard!»

En amont des matchs de barrage de Nationale qui vont permettre à deux clubs de rejoindre Dax et Valence-Romans, focus sur les Caouecs qui vont recevoir un bastion du rugby hexagonal dans leur antre d’Ernest Argeles. Le président des Hauts-Garonnais nous a accordé un entretien pour nous parler de cette saison qui l’emplît de fierté. Entre les féminines qui ont décroché leur première coupe de France, et leurs homologues masculin tenant la dragée haute aux écurie de Pro de Nationale, Benoit Trey voit son projet de club basé sur la pluri-activité arrivé à maturité et porter ses fruit. Mais au delà du présent, le Blagnac Rugby ne s’interdit pas à quelques heures d’accueillir Bourgoin de rêver plus haut et de faire rentrer cette année de centenaire du club, dans les grandes pages de l’histoire des Caouecs.

 

Crédit photo : LFV – Blagnac Rugby

 

Je disais un président aux anges car pour Blagnac, c’est une magnifique saison 2022 / 2023. Comme on le dirait pour le vin, c’est une très belle cuvée ? 

 

Je dirai même un grand cru. On est très fier de cette belle saison, en termes d’alignement des planètes, on a tout qui est en train de se produire. C’est une belle réussite,  on a des anciens qui font leur saison, une saison extraordinaire pour les anciens, on a les jeunes qui suivent le chemin des anciens, on a les recrues de cette année qui se sont complètement fondues dans le groupe. On a donc en effet un groupe qui vit très bien, qui est en pleine réussite, qui est sain et franchement, ça fait plaisir car c’est un bonheur que de vivre à leur côté. On est très fiers et cette semaine fait partie des semaines dont on rêve quand on se lance dans un projet de club et d’une saison que de préparer un quart de finale à la maison. On est très heureux aussi par rapport à ce qu’a vécu le groupe puisqu’on a quand même vécu l’annonce de la maladie de Mattéo Ibanez et le groupe aurait pu s’abîmer, non pas se diviser mais un peu se disperser mais au contraire, il s’est soudé et ça nous a rendus encore plus forts et avec tout ça, c’est l’un des secrets de la réussite et en effet, nous sommes très fiers aujourd’hui. 

 

Une réussite qui ne tombe pas du ciel non plus, ça vient récompenser des années de travail et entre autres, la montée en Nationale depuis trois ans ?

 

Je dirai même encore plus loin, quand j’ai pris la présidence il y a 7 ans, on a lancé un projet  » Cap 2022  » avec le point GPS un peu plus loin avec  » Génération Caouecs 2025 « . En effet, on n’est pas là par hasard, je rappelle qu’il y a eu un quart de finale à domicile en 2019 avec Bourgoin également donc, quelque part, on réécrit l’histoire. A ceux qui se demandent comment Blagnac est là, c’est parce-que Blagnac a travaillé et travaille depuis longtemps dans l’ombre des clubs autour mais aussi dans celle des clubs de Nationale. C’est la réussite de tout un groupe et de tout un club, de tout un staff parce qu’on a travaillé sur la longueur, sur le long terme, sur la confiance aux hommes mais avant tout, on a travaillé sur l’aventure humaine et on va dire qu’on récoltera les fruits samedi, peu importe le résultat. En tous cas, on va savourer car c’est un travail de longue date qui est concrétisé.

 

Tu nous parlais de l’année 2019, année où en quart de finale, vous aviez reçu Bourgoin, on se souvient aussi de la petite anecdote avec l’éclairage, un match qui, comme on dit, restera dans les annales. Il y avait aussi eu une demi-finale qui avait amené Blagnac dans le Top 4, parle nous de ce remake contre Bourgoin et peut-être de cet objectif d’être de  nouveau dans le Top 4 de la division 3 française ? 

 

De toute façon, c’est un 1/4 de finale à la maison et quoi qu’il arrive, c’est historique, c’est un 1/4 de finale historique que nous ont offert les garçons. C’était en 2019, c’était il y a 4 ans, ça n’arrive pas chaque année, on a provoqué le fait d’être là et de jouer ce 1/4 à la maison. Les joueurs travaillent et s’entraînent pour vivre ces moments-là donc peu importe l’avant, ça va être le petit clin d’œil de la même équipe mais quoi qu’il arrive, c’est un 1/4 de finale du championnat de France dans la même division. Ce match de 2019 est en effet rentré dans les annales puisqu’il y a eu une coupure d’électricité à la 10e minute, on a rallumé la lumière 13 minutes après mais pour moi, au niveau du ressenti, c’était un arrêt de 4 heures. J’ai souffert (rires), on a beaucoup vibré et il y a eu ce match retour également dantesque dans un temps hivernal, il pleuvait, il grêlait, on a tout eu à l’époque sur ce 1/4 de finale aller / retour. Ce sont en effet de bons souvenirs qui vont revenir puisqu’on avait gagné et qu’on était passé en 1/2 finale. Sur ces demi-finales, on était là aussi l’outsider, on n’était pas du tout favoris mais on n’est jamais plus forts que quand on nous annonce perdants. Tout est possible, on est dans une galvanisation de groupe et dans une aventure humaine, on est capable de gagner tout le monde, avec bien évidemment toute l’humilité qu’il faut avoir dans ces moments-là. C’est comme ça qu’on s’est construit, dans l’humilité et ce n’est pas maintenant qu’on va se croire arrivés mais par contre, de par le fait d’avoir battu tout le monde, les joueurs se sont dit un certain nombre de choses et ça commence dès samedi. 

 

En 2019, lors du 1/4 de finale, était aussi née une amitié qui a été pérennisée avec ton homologue de Bourgoin, Henri-Guillaume Gueydan. Quand tu vois où en était son club il y a 4 ans de cela et où il en est aujourd’hui, il a bien bossé ? 

 

Ça fait partie des présidents que j’affectionne particulièrement. On se comprend, on se porte beaucoup de conseils entre nos deux clubs, il y a un gros, gros respect et ce n’est pas parce qu’on est plus petit , qu’on a un plus petit budget et qu’on n’a peut-être pas son histoire même si on est centenaire que Bourgoin ne nous porte pas dans son cœur, bien au contraire. Au-delà des points, car le match est ce qu’il est et on en pris 40, l’accueil que l’on a eu par la direction lors de l’avant-dernier match, comme ils nous l’ont dit  » on ne le fait qu’avec vous, on ne le fait qu’avec Blagnac « . Leur vision colle, le temps qu’ils prennent pour se structurer me parle aussi et, en effet, ça fait partie des clubs que je dirai ami et je suis vraiment très fier et très heureux, du fond du cœur, que ce soient eux qui soient là samedi pour fêter ensemble cette magnifique saison et ces années de travail. 

 

On peut le dire, vous êtes à 3 matchs de la Pro D2 ? Il faut d’abord passer Bourgoin puis il y aura ensuite les demi-finales aller et retour face à Dax mais si d’aventure, l’épopée vous amène jusqu’à la Pro D2, est-ce que Benoît Trey et l’ensemble du club de Blagnac accepterons la montée en Pro D2 ? 

 

Je dirai que, quand on a lancé le projet il y a 7 ans, c’était de mettre l’alchimie nécessaire à une réussite sportive et le club s’est toujours dit que si cette réussite sportive se produisait, on ferait en sorte de l’accompagner au niveau de la structure, du fonctionnement et du budget. C’est en train d’arriver, peut-être un peu plus vite que prévu puisqu’on était plutôt sur du moyen terme mais à la question  » est-ce que Blagnac va y aller ? « , en tout cas, Blagnac ne va pas s’échapper. A l’image des joueurs, on ne va rien lâcher, la fenêtre de tir est étroite mais on va s’y engouffrer, en tous cas au maximum, pour faire en sorte que l’on puisse tomber les armes à la main ou, au contraire, passer ce cap en même temps que le sportif. Encore une fois, humilité, dans l’ordre des choses, c’est d’abord le sportif qui va et qui peut nous y amener. Depuis le mois d’Avril, ça fait en effet partie des sujets que l’on a en tête en coulisses au niveau du club, on en parle et on n’a surtout pas balayé d’un revers de la main ce sujet de Pro D2, bien au contraire. Ca ne dépendra pas de nous, on sait que sur le papier, en Juin / Juillet de l’année dernière 2022, on n’était pas invité car dans notre organisation, on a fait de la pluriactivité une philosophie et un ADN donc forcément, quand on est socialement organisé comme ça, on n’est pas dans les clous pour monter. Par contre, ce que l’on sait, c’est qu’il y a une fenêtre de tir, on nous l’a confirmé et on sera visité par la LNR le 11 Mai, on a jusqu’à la fin Mai pour fournir un certain nombre de garanties et un projet, projet que l’on présentera fin Mai si le sportif nous y emmène. Et si on tombe, on tombera les armes à la main avec les joueurs mais en tous cas, on prend pas ce sujet-là comme un danger, c’est quelque chose qui, à l’image de notre projet de club, peut être pris comme une aventure humaine. On le regarde de manière apaisée, on est serein dans cette approche d’une éventuelle montée en Pro D2. Comme je l’ai dit aux garçons,  » on montera avec vous « , on montera avec ces garçons-là si jamais ça nous arrive et que tout est validé, on renforcera bien sûr un petit peu avec les quelques milliers d’euro que l’on reçoit de la Ligue quand on monte. On renforcera donc parce qu’on ne va pas les envoyer à l’abattoir mais par contre, on ira avec ces garçons-là car c’est grâce à eux qu’on pourra y aller et qu’on y sera. J’ai fait partie de l’aventure blagnacaise, ni dans la direction ni dans la gouvernance, mais j’étais dans l’équipe à l’époque côté partenariat en 2008 quand le club a accédé en Pro D2 et je sais tout ce qu’il ne faut pas faire. En tous cas, on ne fera pas les mêmes erreurs et on y ira comme on est , un peu comme on a lancé notre projet de club et qu’on s’est lancé dans cette Nationale il y a trois ans où j’avais dit à Bernard Laporte à l’époque  » prenez-nous comme on est et si c’est le cas et que c’est d’abord le critère sportif qui fait qu’on peut y participer, on y sera, vous pourrez compter sur nous « . Ce sera un peu le même état d’esprit pour cette montée en Pro D2 si jamais, encore une fois, le sportif nous y amène. 

 

Comme on le dit au #MagSport, vous êtes un peu une exception sociologique en Nationale avec votre pluriactivité et le cursus mis sur le double projet. Quand on réussit, on a bien sûr des détracteurs car c’est la nature humaine mais qu’est-ce que tu réponds à ces détracteurs qui disent ou émettent un doute sur la sociologie ou la méthodologie blagnacaise ? 

 

Je dirais plutôt des jaloux. Quand on est dans une réussite, on suscite en effet de la jalousie et c’est un peu ce que certains ont comme sentiment à se demander si c’est vrai. Je le confirme, on est dans une démarche de pluriactivité assumée et quand je parle de philosophie, c’est vraiment ça. C’est aussi ce qui fait la force de notre groupe, ce sont des garçons qui sont finalement amis et potes plus que des collègues de travail comme j’aime à le dire et quand ils se retrouvent après des journées de travail, ils se retrouvent entre potes et c’est l’équivalent du rugby champagne ou du rugby loisir qu’on a adoré. On vient se détendre et décompresser après une journée de travail, c’est vraiment comme ça qu’on l’aborde et surtout, au-delà de cet état d’esprit, quand je dis philosophie, c’est vraiment faire en sorte que finalement, on construise des hommes et des femmes à Blagnac puisqu’on a le même format côté filles plus que fabriquer des joueurs ou des joueuses. Voilà ce que je réponds à ces détracteurs-là, plutôt que de valider ou d’abonder à la demande d’un joueur pour quelques centaines d’euro de plus, à Blagnac, on préfère lui trouver un emploi, lui payer une formation et lui donner du temps pour se former et finir ses études mais aussi lui donner du temps pour travailler son double projet. C’est vraiment ça cette notion de double projet, on met un pied en entreprise aux joueurs qui rentrent dans la vie active chez nous en leur trouvant par exemple des emplois à 25h de sorte qu’ils aient le mercredi après-midi ou le mercredi toute la journée pour pouvoir s’entraîner, récupérer, se soigner et travailler leur technique individuelle. C’est assumé et j’invite ceux qui en doutent à venir nous visiter et à rencontrer le staff et les joueurs, vous verrez ce qu’ils font et là, vous vous direz que ce que fait Blagnac, il faut le prendre en exemple au lieu d’en être jaloux. 

 

Tu nous le disais, Blagnac est également un club mixte avec des filles qui tiennent elles aussi le haut du pavé et qui ont glané un premier titre avec cette Coupe de France ? Félicitations

 

Merci. Là aussi, c’est un travail de longue durée et c’est une confiance dans un staff sportif que l’on a installé, un directeur sportif qui est Nicolas Tranier qui fait du bon travail depuis 7 ans et lorsque j’ai pris la présidence du club, j’ai tout de suite souhaité avoir une symétrie dans le fonctionnement entre les filles et les garçons, faire en sorte qu’il y ait des passerelles, une mutualisation de l’ensemble des services, des commissions et des actions. A Blagnac, on est donc vraiment dans un projet total, assumé, à la fois sur le front du rugby féminin, rester au plus haut niveau voire être le meilleur club du rugby français de par sa formation et ses résultats, à l’équivalent symétrique des garçons puisque je rappelle qu’on a aussi eu des titres chez les jeunes depuis deux ans, notamment en espoir. C’est une réelle fierté que de commencer à  » décrocher  » les compteurs puisqu’en 7 ans, c’est 5 demi-finales et 2 finales sans aucun titre mais là, on commence à décrocher le compteur des titres, toujours en toute humilité bien sûr. Ça a commencé dimanche dernier avec quand même une victoire en demi-finale qui a fait du bruit, celle de nos filles de Blagnac au Stade Toulousain qui se sont imposées à Ernest Wallon sur un score de foot, 3-0 mais avec une magnifique victoire. Le bon signal sur cette Coupe de France, c’est la profondeur de l’effectif avec des jeunes comme chez les garçons, on a un groupe de 52 joueuses qui travaillent ensemble depuis le début de la saison et qui, finalement, malgré les 11 joueuses qui ont participé au Tournoi des 6 Nations, est un groupe qui gagne. Je pense que ça risque de faire des étincelles dès la reprise du championnat le 13 Mai à Clermont puisque les 11 joueuses rejoignent le groupe donc le staff a de quoi se gratter la tête pour faire une équipe pour la fin de saison mais en tous cas, c’est une réelle fierté. Pour le coup, et toujours avec l’humilité qu’il faut avoir, on espère qu’il y aura au bout le titre de championnes Elite qu’elles méritent tant le 10 Juin prochain. 

 

Quel est le mot d’ordre présidentiel auprès de tes joueurs pour ces phases finales qui sont haletantes et qui se présentent demain et quel est l’appel au peuple Caouec que Benoît Trey peut peut-être passer ? 

 

C’est le lancement de l’opération  » tous à Ernest Argelès  » ce samedi. Il n’y a plus d’excuse, il n’y a pas d’autre match autour, il faut vraiment que le peuple Caouec se soulève et se lève samedi pour remplir Ernest Argelès. Il y a 4 000 places assises, il faut les remplir, c’est le mot d’ordre aux supporters, aux Caouecs, à tous les Blagnacais et même à tous les amoureux du rugby. Soyez présents car ça va être un match exceptionnel et historique. A mes joueurs, c’est  » régalez-vous, restez comme vous êtes avec cet état d’esprit, abordez ce match comme vous l’avez toujours fait pendant cette saison et advienne que pourra « .  » Régalez-vous « , c’est le mot d’ordre.

Propos recueillis par Loïc Colombié

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