Né dans la Drôme à Valence , mais ayant grandit en Ardèche, Mathieu Nicolas demeura à jamais rugbystiquemen un enfant de la Berjallie. Après des débuts au Rugby Club Eyrieux et un passage à l’US Romans, ce 3/4 aile polyvalent (pouvant jouer à l’arrière comme à l’ouverture) a débarqué au Stade Pierre Rajon en 2005 à tout juste 18ans pour découvrir les joutes de Top 14. Après 4 saisons chez les ciels et grenats, c’est vers le Castres Olympique puis le FC Grenoble que l’originaire du Cheylard a poursuivi sa carrière dans le monde professionnel. Une pige plus tard en Savoie à Chambéry, et revoilà Mathieu Nicolas à Bourgoin en Pro D2. Pierre angulaire du renouveau Berjallien en Fédérale 1 Elite, Fédérale 1 puis Nationale, l’ailier au 13 saisons au CSBJ a décidé de raccrocher les crampons. Célébré comme il se doit par le public de Rajon lors du dernier match des phases régulières face à Blagnac (38-3), Mathieu Nicolas espère refouler une fois de plus la pelouse iséroise synonyme ou d’un barrage à la maison ou d’une demi finale d’accession en Pro D2. Alors que Bourgoin est qualifié en playoffs, celui qui rejoindra l’encadrement des ciels et grenat ne cache pas sa joie d’avoir porté la tunique d’un club où la ferveur, l’ADN guerrier, et l’histoire font un magnifique mélange .

Quelle est l’émotion qui domine ?
C’est du plaisir, je suis vraiment privilégié d’avoir une sortie comme ça. Finalement, très peu de joueurs peuvent finir comme ça, à la maison, devant leur public, leur famille, leurs amis donc j’ai beaucoup de chance. Peut-être que je ne le mesure pas encore mais je suis très heureux d’avoir pu faire cette carrière, je ne pensais pas finir à 36 ans. Finir sur des émotions comme ça, ici, chez moi, avec une belle saison qui nous attend car ce n’est pas fini, c’est ce que j’ai dit, on est au tout début d’une 2e saison qui va être très courte mais hyper intense et ça va être fantastique à jouer. De pouvoir finir comme ça sur une très bonne ascension, ça n’est que du bonheur, à part le temps.

La cerise sur le gâteau aurait été un essai de ta part ?
J’ai voulu mais c’était difficile pour nous, les ailiers avec ce temps.

Ce n’est pas passé loin, on y a cru ?
On y a cru mais le temps était difficile, on est en Avril et on se croirait en plein mois de Janvier (rires). Du coup, ce n’était pas forcément évident pour les ailiers mais marquer un essai était un peu anecdotique, les copains ont vraiment fait le travail et ont fait un match hyper sérieux. A nous maintenant de bien nous concentrer sur le match de Rennes pour après préparer ce barrage qui va se profiler, on ne sait pas encore contre qui on va jouer mais on sera prêt. Pour moi, ça n’est que du bonheur de pouvoir arrêter cette carrière sur une super saison comme celle-ci. Elle peut être très belle voire extraordinaire, c’est l’avenir qui nous le dira mais on va travailler pour et on travaille pour.

Tu as connu beaucoup de hauts et de bas à Bourgoin, on connaît l’histoire du club. Il y a deux ans, l’équipe n’était pas très bien donc comment est-ce que tu mesures le chemin parcouru ? Tu vas quand même finir sur une qualif voire peut-être plus donc comment est-ce que tu mesures le travail depuis deux ans avec le nouveau staff et le nouveau groupe ?
C’est vrai qu’avec le club, on est descendu très bas il y a 5 ans. Le club se structure petit à petit, il s’est bien structuré maintenant au niveau extra-sportif et on sait que le sportif est ce qu’il y a de plus difficile à structurer. Là, je pense qu’on est quand même sur la bonne voie depuis deux saisons, on est en train de monter crescendo. Le travail paye, tout le monde fait un gros travail au niveau du club dans ses structures et, pour avoir connu le club dans des moments beaucoup plus difficiles, là, on est vraiment sereins, le club est vraiment sur de très bons rails. L’objectif était de se qualifier cette année, je pense que c’est fait niveau comptable donc c’est officiel et c’est maintenant à nous de finir le boulot. Vraiment, de pouvoir finir comme ça en laissant le club sur de bons rails, c’est top.

Quelle est maintenant la nouvelle vie de l’ancien joueur de rugby ? Ce n’est pas toi le nouvel entraîneur comme on attend tous ?
Non, non, il n’y a pas de scoop, ce n’est pas du tout moi le nouvel entraîneur (rires). J’ai préparé ma reconversion en parallèle du rugby, j’ai déjà commencé à me lancer dans l’immobilier et la rénovation, ça, c’est ma partie extra-sportive. Je ne sais pas encore, rien n’est défini mais je pense que je vais rester au club, sous quelle forme, c’est trop tôt pour le savoir. Comme je l’ai dit auparavant, on va être en discussion avec le club pour trouver une solution dans laquelle je puisse encore amener au club, je ne sais pas si ce sera au niveau sportif ou extra-sportif mais il y a de grandes chances pour que je reste au club.

Tu disais tout à l’heure que c’est un nouveau championnat qui commence en phases finales. En quoi est-ce un nouveau championnat ? Est-ce que les stratégies de match sont différentes, est-ce qu’on les aborde psychologiquement de manière différente ?
Psychologiquement bien sûr. Il y a d’abord le match de Rennes mais ensuite, le barrage sera à élimination directe, ça passe ou ça ne passe pas donc il y a un enjeu et des attentes qui sont différents et il faudra que l’on bascule dans un nouveau mode. On a fait le plus dur, il ne faut pas se relâcher ni se dire qu’on est arrivé car non, on est au début de quelque chose de nouveau, un nouveau sprint. Je pense que l’avantage de notre effectif est qu’on est quand même nombreux cette année donc les coaches ont pu faire beaucoup de turn-over et on a la chance de ne pas avoir trop de blessés pour ce sprint. Ce qui est important, c’est qu’on a un groupe qui est fourni, il y a une émulation qui se crée, tout le monde veut jouer, ça se tire la bourre, on sent que ça monte en intensité aux entraînements et ce n’est que du plus pour le club.

Dans ces approches de matchs couperets, c’est là que des joueurs comme toi d’expérience vont, j’imagine, être importants ?
Oui, il faut que nous, les joueurs avec plus d’expérience, on serve. On avait déjà vécu un barrage contre Blagnac ici, il y a 4 ans, presque dans les mêmes conditions d’ailleurs et on n’avait pas réussi à passer contre eux. Pour le petit clin d’œil, ce serait bien qu’on tombe contre eux en barrage, ça nous permettrait d’avoir notre revanche. Ce sont des matchs qui ne sont pas faciles mais qu’on doit aborder avec beaucoup de détermination donc on a hâte d’y arriver car, connaissant le club, je sais qu’il va y avoir un engouement particulier et qu’on va vivre des émotions que beaucoup n’ont jamais connues. On joue au rugby pour ça et, comme je leur disais, on a de la chance de jouer dans ce club avec une telle ferveur donc il faut savoir savourer ces moments et en être reconnaissants car on est des privilégiés de jouer ici à Bourgoin. Ce n’est que du plus.

Propos recueillis par Fred Charvet

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