Pour sa première saison professionnelle, l’ albigeois était engagé dans le Paris-Roubaix, dont le vainqueur est l’ étincelant Mathieu Van der Poel.

Jean-Pierre Danguillaume* avait eu cette phrase prémonitoire à l’ endroit de Gilbert Duclos-Lassalle la veille du premier Paris-Roubaix disputé par le béarnais en 1978, sous le légendaire maillot à damiers de la Peugeot : » Si demain tu arrives avant que les portes du Vélodrome ne ferment, alors tu pourras prétendre être devenu coureur cycliste » .

On connaît la suite pour Gibus, il terminait son premier Paris-Roubaix, pour enfin entrer dans la légende avec sa première victoire 14 ans après sa première participation à presque 38 ans.

Nathan Vandepitte, élève appliqué au St Juery Olympique, puis sous les couleurs du Team Gersois le Culture Vélo Racing U19, avait remporté le challenge Madiot en juniors. Il est considéré comme un grand espoir du cyclisme tricolore, alors que son patronyme rappelle ses origines outre- Quiévrain.

Sans connaître de transition, il est engagé par le Wallonie-Bruxelles Développement Team en 2019. Une première expérience mitigée, loin de sa famille, et de ses repères sportifs.

De retour au bercail sous les couleurs de l’ OCF en 2020, l’équipe réserve du Team Bingoal reprend l’Albigeois en 2021. On le voit alors à son avantage dans le Omloop Het Nieuwsblad espoirs (3éme), aux Championnats des Flandres (9éme), dans la classique Bruxelles-Zepperen (14éme) ou encore au Grand Prix de Fourmies (15éme).

En 2022, il connaît un succès d’étape au Province Cycling Tour et obtient 11 Top 10. Fin 2022, il est enfin intégré dans la formation WB Bingoal une équipe Continentale Pro Belge

Un début de saison à l’Étoile de Bessèges, puis au Tour des Alpes Maritimes et du Var, et un enchaînement de courses comme La Samyn, Kuurne Bruxelles-Kuurne, Tour de Drenthe. Il avait montré le bout de son nez lors du GP Jean Pierre Monséré (24éme) et lors de la Bredene Koksijde Classic (13éme).

Contre toute attente , il est engagé dans la classique Reine aux côtés de Guillaume Van Keirsbulck vainqueur du Paris Roubaix juniors en 2009 et du Samyn en 2017 ou de Ludovic Robeet vainqueur en 2021 de la classique Nokere-Koerse.

Au terme des 256 km de course, et après avoir affronté 29 secteurs pavés, l’ homme qui vit au-dessus d’ Albi, sur les coteaux bien connus des cyclistes du dimanche, entre Bellegarde et Marsal, arrive 22 minutes après le petit-fils de Poupou.

Qu’ importe sa place au classement, (130éme), le jeune coureur est arrivé avant la fermeture des portes du vélodrome roubaisien dans un gruppetto en compagnie de Geoffrey Soupe et Edvald Boasson-Hagen.

Un exploit qui n’est pas sans rappeler celui d’un autre albigeois, Stéphane Poulhies en 2006. Alors jeune professionnel sous les couleurs AG2R Prévoyance et pour sa première expérience sur le pavé nordiste, il avait pris l’échappée matinale, avant d’accrocher les roues des favoris du jour Tom Boonen, Juan-Antonio Flécha, Fabio Baldato, ou encore Stuart O’Grady le vainqueur de cette édition. Stéphane Poulhies termine son premier Paris-Roubaix au 22éme rang et avec le titre honorifique de premier français devant Frédéric Guesdon (25éme), vainqueur de l’édition 1997.

Nathan Vandepitte est bel et bien entré par la grande porte dans le peloton professionnel. Il égale dans la performance son aîné albigeois, reste à être patient et à polir le diamant brut, pour entrer comme Gibus dans la légende de l’enfer du Nord.

Le Borgne.
* Figure et personnage truculent du cyclisme des années 70, Jean-Pierre Danguillaume possède à son palmarès des succès de prestige. Chez les amateurs, il collectionne plus de 120 succès dont le classement général de la Course de La Paix en 1969.

Professionnel de 1970 à 1978, il remporte 7 étapes du Tour de France, et termine aux Mondiaux 1975 derrière le hollandais Hennie Kuiper et du belge Roger De Vlaeminck.

Il est considéré comme le capitaine de route idéal pour Bernard Thévenet en montagne et pour lancer les sprints de Jacques Esclassan. L’influence de Jean-Pierre Danguillaume au sein de la Peugeot, est comparée à « l’influence de Joseph Bruyère au sein de la Molteni l’équipe de Merckx » par Pierre Chany.

Article rédigé par Le Borgne

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