Retrouvez l’intégralité de la conférence de presse de Mathieu Bonello, le manager du SC Albi (4eme), à quelques heures du derby occitan de la 23eme journée de Nationale face à Tarbes (4eme).
On va reprendre sur ta phrase après le match après Valence-Romans où tu as dit » on a perdu une bataille mais pas la guerre « . C’est toujours le sentiment qui prédomine quelques jours après cette défaite face au VRDR ?
Oui, bien sûr. Il reste 4 matchs, il faut que l’on apprenne beaucoup du match de vendredi, on n’a pas fait notre meilleur match de la saison et bravo à Valence-Romans, ils ont fait un bon match. Il n’y a rien à dire sur le score et sur le match.
Selon toi, est-ce que c’est la maturité tactique de VRDR qui les a fait basculer du bon côté ?
On n’a pas maîtrisé le match sur la stratégie et beaucoup de paramètres. Il est sûr qu’ils ont l’expérience de jouer ces matchs-là mais c’est aussi à nous de gagner et de prendre de l’expérience de ces rencontres, on le savait, et je vous l’avais annoncé, ce n’était pas un match » à la vie à la mort » donc on continue. On apprend toujours beaucoup dans les défaites donc il faut savoir apprendre.
C’était le premier match un vendredi soir. Comment est-ce que ça s’est passé pour appréhender le match, est-ce que c’est positif, négatif ?
C’est vrai que ça change, la semaine est différente, on n’a pas l’habitude mais ce n’est pas une excuse. Je trouve que c’est bien et intéressant de jouer le vendredi soir même s’il est certain que les semaines sont plus courtes ou différentes et qu’il faut les préparer différemment.
Ce week-end, on revient à la maison donc une maison imprenable ?
Imprenable, je ne sais pas mais il n’en reste plus beaucoup au Stadium, il n’en reste que deux et après, on verra. On doit avoir beaucoup d’énergie dans notre stade, ne pas être abouti est une chose mais il faut qu’on ait beaucoup d’énergie et là, il faut qu’on s’excite un peu. Ça fait longtemps qu’on n’a pas joué au Stadium, du fait d’être sorti deux fois coup sur coup chez deux gros, le premier et le second, donc ça va nous faire du bien de retrouver le Stadium. C’est pour ça que je compte sur nos supporters et notre stade pour nous aider sur cette fin de saison.
Sur l’orgueil aussi après cette défaite ?
Oui, bien sûr, on prépare les matchs du mieux que l’on peut, on n’aime pas perdre mais ça fait aussi partie d’une saison. Ils ont été meilleurs que nous, il n’y a rien à dire, pas d’excuse à trouver, ils ont été meilleurs et bravo à eux. Maintenant, et comme je vous l’ai dit, il ne reste plus beaucoup de matchs, il y en 4 et, comme on le sait, tu as fait toute une saison pour jouer ces derniers matchs donc tu dois avoir le plaisir de jouer au rugby.
La gestion de ces 4 matchs se fera dans la continuité pour justement garantir ces automatismes ?
Non, pas forcément. Je vais peut-être faire différemment, je vais réfléchir et je vais voir car il y a des joueurs qui ont aussi performé et qui jouent un peu moins donc je vais peut-être les relancer. Comme je l’ai dit, la règle est la même depuis le début de la saison et sera toujours la même à mes yeux et à ceux d’Alex à savoir » prend le maillot et quand tu l’as, garde le « . Il y en a qui méritent de rejouer, d’autres un peu moins, il y en a aussi qui ont marqué des points dans d’autres matchs donc je vais également redistribuer les cartes à certains postes.
L’infirmerie se vide, on a vu avec plaisir le retour de Pierre Roussel. Est-ce qu’il y a d’autres retours à prévoir ?
Elle se vide mais elle va aussi se remplir car il y a eu de la casse le week-end dernier et on n’est pas à l’abri que ça arrive dans la semaine mais c’est vrai qu’elle se vide et c’est bon signe. Passons ce bloc de 4 et on verra où on en est avec le nombre de blessés après ces matchs.
Pour faire beaucoup de rotations, tu peux aussi abattre la carte fraîcheur car les dernières semaines vont s’enchaîner surtout si vous passez par les barrages ?
Je crois aussi que sur cette saison, avec les blessures, on n’a parfois pas pu tourner sur certains postes, non par choix car j’aime faire tourner mais parce qu’on n’a pas pu. Les joueurs ont performé mais ont aussi beaucoup matché donc peut-être qu’ils ont été un peu fatigués, il y en d’autres qui reviennent et on va essayer d’agencer et de gérer un peu ce temps de jeu. On a également pris pas mal de vacances quand il y a eu les semaines de coupure, pas forcément les choses obligatoires mais les joueurs s’étaient investis et les méritaient donc j’espère qu’il y aura de la fraîcheur dans ces dernières semaines.
Tarbes peut toujours prétendre au Top 6 car la porte n’est pas encore fermée pour eux. Ce sont des gens qui vont venir chez vous avec des ambitions donc il va falloir les recevoir » dignement « , en parlant positivement, et être à la hauteur de leurs ambitions ?
Depuis le début de la saison, je ne regarde pas les adversaires, je vous l’ai dit, je regarde le match suivant mais je regarde surtout mon équipe depuis le début. J’ai fait ce credo depuis qu’on a commencé au mois de Septembre et c’est le même, on se concentre sur nous et on a de quoi le faire vu le dernier match qu’on a joué. On a besoin de se focaliser sur nous et je trouve qu’on est beaucoup mieux quand on se focalise sur nous que quand on parle trop de l’adversaire. Ça, ça me sert aussi pour l’avenir et là, on s’est focalisé sur nous, peu importe l’adversaire qu’on aura, on sait qu’un gros match nous attend samedi. On le sait mais comme celui de vendredi prochain et tous ceux qui vont rester, les points valent cher donc on sait qu’on aura un gros adversaire samedi mais, en tous cas, on doit bien se préparer nous.
Est-ce que tu jettes un petit œil au classement ?
Bien sûr, maintenant, je le regarde et ce, tant qu’on ne sera pas qualifiés dans les 6. L’objectif premier était d’être dans les 6, on essayera de finir à la meilleure des places mais je crois aussi qu’il faut construire les choses petit à petit et ne pas vouloir s’enflammer. On a fait de belles série, on a été en confiance, on est en confiance, on a perdu un match mais la saison n’est pas encore finie. Le classement est ce qu’il est, il faut accepter celui qu’on a, si on a ces points-là, c’est qu’on les a mérités, on ne les a pas volés et si on n’en a pas plus, c’est qu’on ne les a pas mérités. C’est aussi là-dessus qu’on regarde, on ne s’enflamme pas ni dans un sens ni dans l’autre, ni quand c’est moins folichon ni quand c’est top, on essaye d’être modérés mais par contre de toujours avancer.
Au match aller, vous aviez un peu eu un déficit d’engagement et de solidarité face à Tarbes, ce qui avait été rédhibitoire. Vous savez déjà qu’il y a cet axe-là, vous ne pouvez pas passer à côté car cette équipe de Tarbes va venir solidaire et combative pour faire un coup au Stadium ?
Tu me dis ça toutes les semaines quand on est au Stadium (rires). Les équipes se déplacent pour gagner et quand nous on se déplace, on essaye de faire du mieux que l’on peut. Le match aller est loin, on ne regarde pas celui-là mais on sait qu’on a besoin de s’investir et de faire un gros match. On va se préparer mais on sait qu’il y aura un gros adversaire ce week-end.
Est-ce que tu vas regarder les matchs des autres équipes car certaines vont se croiser pour la course pour les qualifs ou directement pour les demi-finales donc des équipes qui vont obligatoirement y laisser des plumes ?
Moi, ce que je regarde, c’est le jour où je serai dans les 6 qualifiés sûr.
Tu n’en es pas loin ?
Oui mais tant que ce n’est pas mathématiquement fait, je veux qu’on soit dans les 6 et quand on sera dans les 6, on pourra regarder » où on peut finir « . C’est ça qui m’importe aujourd’hui et c’est l’objectif que m’a donné le club.
Sur quoi est-ce que tu vas mettre l’accent cette semaine vu que tu trouves qu’il y a eu quelques déficits vendredi dernier ? Sur quoi est-ce que tu as voulu vraiment les recentrer ?
Sur nous et notre jeu. On a aussi besoin de prendre le jeu à notre compte, des aléas dans un match, ça arrive, des bas, des moments faibles, ça arrive à toutes les équipes mais par contre, il faut également que l’on soit capable d’imposer notre rugby comme on a pu le faire sur plein de matchs. On s’est focalisé sur nous et notre production.
Mais aussi sur être » tueurs » car, par exemple, si vous mettez le groupé pénétrant, le match vrille totalement dans l’autre sens ?
Tu as deux occases coup sur coup et à ce niveau de gros matchs, tu dois les mettre au fond. Même si c’est une belle équipe, et sûrement la plus belle équipe du championnat à qui on a eu affaire vendredi si ce n’est la meilleure, on doit être capable de prendre des points à chaque fois que l’on rentre dans la zone de marque. Là, on a eu un déficit ce week-end qu’on n’a pas eu sur les autres matchs donc on ne remet rien en question mais ça nous fait juste dire qu’il faut que l’on continue à travailler et à travailler de la meilleure des façons pour essayer de progresser. On a encore de la marge pour être plus efficaces.
Il y a aussi le temps de latence pour passer le Sporting du mode hiver en mode été ?
Il est sûr qu’il va aussi falloir passer dans les beaux jours et c’est bien pour le rugby, je suis aussi pour ça. On a également des points forts et des points faibles comme toutes les équipes mais, en tous cas, on essaye de produire un rugby un peu plus complet que ce qu’on a pu faire au tout, tout début de saison. Il faut aussi accepter que ça prenne du temps mais il n’y a pas d’excuse.
Est-ce que tu sens quand même que ce rugby plus complet se met en place ?
Bien sûr, on le voit à l’entraînement, c’est de mieux en mieux mais c’est normal. Quand tu es entraîneur, il faut accepter, c’est soit tu fermes la boutique mais tu le sais et tu ne viens pas te plaindre soit tu te dis » je vais agrandir la boutique, l’améliorer, je sais que je suis capable de peut-être perdre un peu de ronds pour faire les travaux mais derrière, ça va me rapporter parce qu’il va y avoir du monde qui va rentrer dans ma boutique « . On a aussi fait ce truc-là avec Alex, on l’a fait évoluer depuis quelques mois et il faut accepter que l’on passe par des matchs un peu non aboutis ou avec un peu de déchets. Je sens à l’entraînement que c’est de mieux en mieux, les joueurs se trouvent plus et c’est en jouant qu’ils vont se trouver mais aussi créer cette confiance.
On entend parler dans la presse de » football total » ou de » cyclisme total « . Est-ce qu’on va bientôt passer au » rugby total » ?
Total, je ne sais pas mais en tous cas, je pense que dans le rugby, on ne peut plus gagner qu’avec un seul secteur et qu’il faut quand même avoir plusieurs cordes à son arc. Tout ne progresse pas comme on voudrait ou, en tous cas, aussi vite que l’on voudrait mais moi, je veux aussi que les joueurs soient contents et ce n’est pas en fermant la boutique qu’ils le seront. Quand tu joues au rugby, oui, c’est notre passion, oui, c’est tous les jours, oui, c’est notre métier mais il ne faut pas oublier qu’on joue et qu’on entraîne dans un sport qui est magnifique et qu’on adore. J’ai envie que les joueurs soient heureux et ils ne peuvent pas l’être si tu fermes trop le jeu.
Dans la pratique et dans l’entraînement, est-ce que tu arrives à casser la routine c’est à dire à ne pas être que dans la répétition pour justement les garder en éveil ?
On essaye de varier les exercices, les thèmes mais aussi ce qu’on peut leur proposer en salle afin d’évoluer. C’est hyper important mais ce qui est tout aussi important, c’est de mettre de la vie dans ces entraînements et de ne pas être tout le temps stéréotypés ou répétitifs. C’est le plus dur car il y a les matchs, qu’il y a peu de temps, qu’ils s’entraînent déjà beaucoup et on ne peut pas leur en rajouter plus.
Quels sont les points forts aujourd’hui ?
Je ne sais pas, les gens qui voient les matchs connaissent mes points forts. Aujourd’hui, on a des points forts mais on a aussi l’ADN du club et de l’équipe qui est forcément son jeu d’avants, on ne va pas se mentir, mais pas que, les 3/4 se mettent de plus en plus en osmose. Il faut aussi accepter que l’on évolue et que ça prenne plus devant, ce n’est pas que c’est plus dur ou plus facile devant ou derrière mais il faut aussi un temps d’adaptation et on veut essayer d’être plus varié.
Il y a aussi les adversaires car on a vu que le niveau montait chaque année
Oui, la Nationale est dure, costaude et engagée. Franchement, il faut être armé.
Quels sont l’état d’esprit et le mot d’ordre pour ce week-end ?
Du plaisir. Il ne reste plus beaucoup de matchs, les joueurs rangeront bientôt leurs maillots, leurs shorts et leurs crampons dans les vestiaires pour trois mois et, en fait, il faut qu’ils se régalent et pour se régaler au rugby, il faut se préparer.
Il y a le jeu mais est-ce que tu penses que le plaisir peut aussi faire la différence sur une fin de saison ?
Oui, j’en suis convaincu car sans ça, tu n’as pas ton supplément d’âme ni cette petite étincelle. Comme je l’ai dit, on sort de chez deux gros, le premier et le second, on en a gagné un sur deux et tout le monde aurait signé pour ça. Même si on dit que l’appétit vient en mangeant, je crois que les fins de saison, avec l’odeur des phases finales, le changement d’heure, il fait beau, doivent amener de l’énergie mais aussi rendre l’équipe euphorique. Par contre, il faut mettre les choses dans l’ordre et d’abord bien se préparer pour être comme ça.
Propos recueillis par Loïc Colombié
Article en partenariat avec
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