En amont de la 23e journée de Nationale qui va voir le derby occitan se dérouler au Stadium Municipal d’Albi puisque les Ours Tarbais (7eme) débarquent en terre tarnaise, Fabien Fortassin, le manager du Stado Tarbais Rugby nous a livré un entretien pour nous parler de cette rencontre. Outre le beau challenge qui attend le Stado face à des Albigeois 4eme du championnat, celui qui dirigera l’écurie dromoise de VRDR la saison prochaine nous a aussi évoqué le plaisir pris autour de ce groupe tarbais dont l’apanage est de ne se fixer aucune limite. Malgré la proximité au classement, Fabien Fortassin estime que les bigourdans ne bataillent pas dans la même cours que le club de la cité épiscopale, mais gageons que cela n’empêchera point cette surprenante équipe du TPR de tenter de jouer un mauvais tour au SCA.

Ce derby porte très, très bien son nom cette année puisque ça va être un vrai choc entre prétendants aux 6 premières places ?
C’est clair que c’est un match de haut de tableau, pour prétendants, c’est à voir, nous, on fait un peu office de caillou dans la chaussure. Personne ne nous attendait trop à ce niveau, je ne suis pas en train de te dire qu’on ne veut pas plus mais, objectivement, on ne bataille malgré tout pas dans la même cour qu’Albi. On fera notre maximum pour les embêter mais ce qui est sûr, c’est qu’ils auront peut-être plus de pression que nous pour qui ça ne peut être qu’une bonne surprise.

Cette année, il y a pas mal de cailloux dans la chaussure car Dax, qui a un budget médian de la Nationale, Blagnac et Tarbes, qui ont l’un des plus petits budgets, sont invités dans la danse des potentiels accédants à la Pro D2. Ça montre quand même quelque chose qui, au-delà du budget, est la vitalité sportive de cette Nationale ?
C’est bien, ça montre aussi que c’est la continuité et la stabilité qui sont aussi récompensées car, si tu regardes, ce sont trois effectifs qui ont peu évolué sur les dernières saisons et qui ont des ossatures qui travaillent ensemble depuis quelques années. Je pense que dans ce sport, la continuité paye toujours.

On va parler du dernier match du Stado Pyrénées Rugby avec déjà un petit épiphénomène puisque ce match a été déplacé. L’actualité du moment, à savoir les grèves, est venue percuter l’actualité de la Nationale et Suresnes ne pouvant pas être là le samedi, vous avez déplacé le match au dimanche et vous avez fini avec un score de parité qui ne faisait pas vos affaires ?
Complètement. Loin de moi et loin de nous l’idée de se réfugier derrière ça mais, ce qui est sûr, c’est que ça a influencé par rapport aux conditions de jeu car les conditions étaient hyper agréables samedi soir alors que le dimanche, malheureusement, il y avait beaucoup, beaucoup de vent, ce qui est très rare à Tarbes, et ça a été très compliqué de jouer au rugby. Forcément, ça a un peu nivelé les valeurs et d’autant plus que, sans être trop, trop méchant, on a été un peu imbéciles et on s’est un peu mis des bâtons dans les roues en dégoupillant et en prenant un carton rouge rapidement.

Vous loupez en plus une occasion de passer devant Bourgoin. Le CSBJ avait un peu le match inverse de vous puisqu’ils menaient 20-7 à la mi-temps avant de se faire rattraper par Bourg-en-Bresse 20 à 20. Du côté de Tarbes, il y avait l’occasion de repasser devant Bourgoin et de re-rentrer dans le Top 6 ?
C’est certain mais c’est un week-end qui avait malgré tout mal démarré puisque ce match nul entre Bourgoin et Bourg-en-Bresse ne nous arrangeait clairement pas. J’aurai sincèrement préféré que l’une des deux équipes gagne car si Bourgoin avait gagné, on aurait eu la possibilité de nous rapprocher de Bourg-en-Bresse et si ça avait été l’inverse, on aurait eu la possibilité de prendre un petit peu d’écart sur Bourgoin. Donc, dès le vendredi soir, ce match nul ne nous arrangeait pas suivi de la continuité des événements dont tu as parlé, le report du match et notre contre-performance du dimanche mais pour cette dernière, on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes.

Maintenant, du fait de ce constat, vous êtes un peu obligés de venir tenter crânement votre chance à Albi pour essayer de faire un coup et de revenir dans le bal des 6 ?
J’ai envie de te dire que ça aurait aussi été le cas même si on avait battu Suresnes car même si ça avait été le cas, on n’aurait eu qu’un ou deux points d’avance sur Bourgoin. C’est ce que je dis depuis quelque temps, de toute façon, si on veut être dans ces 6, il ne faut quasiment plus perdre de matchs. Je pense qu’on n’a plus notre destin en main et que ça va être très compliqué, je veux dire par là que le résultat de Suresnes ne change pas les ambitions qu’on aurait eues en venant à Albi.

A l’aller, Albi était venu tomber à Tarbes. Est-ce que des enseignements de ce match aller vont devoir être réédités par Tarbes pour refaire la même recette ?
J’ai le souvenir d’un match qu’on avait tactiquement très bien maîtrisé, on avait fait preuve de beaucoup de lucidité dans notre jeu et de beaucoup de maîtrise. On en a parlé cette semaine car la maîtrise, c’est clairement ce qui nous a manqué la semaine dernière contre Suresnes et ce jour-là, contre Albi, on avait fait une belle performance dans l’aspect tactique du jeu et dans la maîtrise de la pression. Je me souviens aussi qu’on s’était beaucoup, beaucoup envoyé défensivement où on avait été très solides donc bien sûr que le match aller est à prendre en exemple pour aborder ce match retour même si ça ne sera pas la même.

Une analyse de la situation actuelle du Sporting Club Albigeois ?
Je pense qu’ils sont clairement à leur place. Ils ont eu une période où je les sentais vraiment monter en puissance, ils ont eu ce petit coup d’arrêt à Valence-Romans mais ça reste le VRDR qui est en feu en ce moment. On sait très bien à quoi on s’attend là-bas, beaucoup de combat, un gros défi physique, ça ne va pas être facile, c’est loin de le dire (rires). Les Albigeois sont en place, grosse défense, grosse conquête, ils sont assez froids dans leur gestion de matchs, ils usent, ils usent et souvent, on plie, on plie et on finit par casser. On verra, on essayera de casser le plus tard possible.

Tu nous parles d’Albi à Valence-Romans, Valence-Romans, ta future terre d’attache. Qu’est-ce qui t’a donné la flamme dans le projet drômois pour quitter tes terres natales de Bigorre et aller direction la Drôme et ce club qui a de grandes ambitions ?
Tu as tout dit, la réponse est dans ta question. Ce sont le projet, les ambitions, les infrastructures, les responsabilités que l’on me donne donc une belle opportunité pour moi qui suis jeune entraîneur, une opportunité qui était difficilement refusable malgré tout le bonheur et le plaisir que je prends à Tarbes cette saison. Je ne sais pas si une telle opportunité se serait représentée dans un futur proche donc, après trois belles années à Tarbes, je pense que c’était le moment d’évoluer et de voir ce que mon travail pouvait donner dans d’autres conditions.

Quatre ans de contrat, c’est aussi un gage de confiance et, comme tu le dis, un gage pour travailler dans la sérénité et la continuité ?
Oui, à l’image de ce que fait Valence-Romans depuis quelques années puisque Johann Authier, l’actuel, est resté 6 ans là-bas. Ce sont des présidents qui travaillent vraiment, qui font les choses dans l’ordre, petit à petit, sans se précipiter, en réfléchissant mûrement toutes leurs décisions. Ils sont toujours sur la même longueur d’onde, ils savent qu’ils ont des moyens, des possibilités, des objectifs élevés mais ils savent aussi que le sport n’est pas facile et qu’il y a des impondérables qui font que, parfois, on n’arrive pas toujours aux objectifs fixés. Ils savent faire preuve de patience et de lucidité sur les choses et j’espère que je saurais leur rendre cette confiance.

Il y a quand même dû y avoir un moment fort en émotions lorsque tu as annoncé à ton groupe que tu partais l’année prochaine à VRDR et même quand tu l’as annoncé à ton président ?
Fort en émotions, oui et non. Quand je l’ai annoncé, il restait 6 ou 7 matchs, je savais que la saison n’était pas finie donc peut-être qu’il y en aura un peu plus dans quelques semaines.

Maintenant, tu dois croquer à pleines dents tes derniers jours au stade Maurice Trélut ?
Comme je te l’ai dit, c’est une année vraiment extraordinaire que l’on passe cette saison avec Romain et avec mes joueurs et bien sûr que l’on essaye de tout faire pour la finir du mieux possible. D’ailleurs, c’est aussi dans ce sens-là que l’on a préparé cette semaine un peu spéciale sur un gros match à Albi. Mercredi, toute l’équipe est partie se faire une petite sortie en montant et on a déjeuné en haut du Tourmalet dans une petite auberge entre nous, enfermés en 4 murs et on a passé un bon moment qui, je pense, va compter dans cette fin de saison.

Vous êtes entraînés pour gravir des sommets ?
Exactement, c’est bien dit (rires).

On te remercie et on te souhaite une bonne fin de saison avec les Ours Tarbais
Merci beaucoup.

Propos recueillis par Loïc Colombié

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