#Rugby – Nationale 2 / Grégory Maiquez (Stade Métropolitain) : «Bourg, c’était vraiment mes plus belles années de rugby!»

On va faire un tour dans la vallée du Rhône et dans l’agglomération lyonnaise au Stade Métropolitain, l’association entre Rillieux-la-Pape et de l’ex-ASVEL, Villeurbanne. On a un vieux limier du rugby français et fédéral, de la Pro D2, de la Fédérale et bien sûr de la Nationale 1 et 2, Grégory Maiquez

 

Crédit photo Stephanie Maufoux – Le #MagSport

 

Quand on parle de toi, on peut allégrement parler de l’un des tauliers de la division Nationale 2 car, à 37 ans et avec le parcours que tu as, tu as vu du chemin ? 

 

Un taulier de la Nationale 2, je ne sais pas car c’est une division qui vient d’être créée mais c’est vrai que Nationale 1 et Fédérale confondues, j’ai quelques matchs au compteur. 

 

Contrairement à la légende urbaine qui te prend pour un pur produit de la vallée du Rhône, que nenni puisque tu arrives du Sud-Ouest et de Toulouse étant donné que tu es toulousain d’origine. Comment est-ce qu’un petit Toulousain s’est retrouvé à débarquer en Bourgogne, à Chalon-sur-Saône ? 

 

C’est très simple. J’étais en jeunes au Stade Toulousain, club dans lequel j’ai fait mes classes de cadet jusqu’à espoir mais c’était plutôt compliqué de franchir le cap pour jouer en première. A l’époque, il y avait un partenariat entre Chalon-sur-Saône et le Stade Toulousain et, à l’époque, le manager de Chalon de l’époque avait contacté Michel Marfaing qui s’occupait du centre de formation du Stade en lui demandant s’il n’y avait pas un demi de mêlée qui serait susceptible de jouer en Fédérale 1 à l’époque. Il avait pensé à moi et, du coup, on était rentré en contact comme ça, ça s’est fait assez rapidement. 

 

Qu’as-tu pensé de cette première expérience dans le rugby senior à Chalon-sur-Saône ? 

 

Ça a été une superbe expérience, d’une parce-que je quittais un peu le nid familial ce qui était tout nouveau pour moi et un peu difficile, d’autant plus qu’à la base, je ne savais pas vraiment situer Chalon-sur-Saône sur la carte. Je pensais que ça n’était pas hyper loin de chez moi et après avoir bien vérifié, c’était quand même assez loin. En termes de rugby, on nous apprenait beaucoup de choses à l’époque au Stade Toulousain dans le jeu et la technique mais pour tout ce qui était combat, pour ma part, ça n’était pas trop dans les cahiers et arrivé à Chalon-sur-Saône, découvrant un peu ce jeu de Fédérale 1 de l’époque puisque qu’on est en 2006-2007 donc ça date, ça m’a fait un peu drôle. Au début, j’avais l’impression de changer un peu de sport. 

 

Malheureusement, ce club de Chalon-sur-Saône a ensuite explosé en vol. C’est peut-être quelque chose qui te fait mal au cœur de voir où en est ce club aujourd’hui ? 

 

Carrément car c’est le premier club dans lequel j’ai été professionnel. J’ai vraiment vécu 4 belles saisons, même si la dernière s’est terminée par un dépôt de bilan mais un dépôt de bilan tardif après une défaite en fin de saison, en quart de finale. Après avoir échoué trois fois en quart de finale et une fois en demi d’accession contre Lannemezan en 2009, je retiens quand même 4 belles années et j’ai eu la chance de tomber dans un très bon club de Fédérale 1 à l’époque. Il y avait quand même plus de 40 clubs et j’ai eu de la chance de tomber dans un club qui était ultra compétitif, avec de l’ambition. Malheureusement, ça a été mal géré financièrement, le club a déposé le bilan après ces 4 échecs successifs mais je continue de regarder où ils sont même s’ils étaient remontés en Fédérale 1 il n’y a pas si longtemps que ça et qu’ils ont refait les mêmes erreurs. Le club avait re-déposé le bilan et là, du coup, ils sont en Fédérale 2 avec Rillieux qui est en partenariat avec nous au Stade Métropolitain et ils sont dans la même poule. Il y a un match que l’on a joué où Chalon jouait en lever de rideau donc c’était assez sympa de voir ça. 

 

Cette aventure de voir Chalon exploser en vol a dû t’enlever un brin d’innocence car quand on est jeune et qu’on commence le rugby, on pense que le sport est le challenge, le défi sportif et une bande de copains mais quand on arrive dans le rugby semi-pro ou pro, il n’y a pas que ça puisqu’il y a aussi une donne financière ?

 

Oui, c’est ça. Quand on est dans les équipes de jeunes, et encore plus à l’époque, il n’y a pas vraiment de pression de résultats, c’est pour ça qu’on est plus dans la  » jouerie  » et le plaisir mais en pro, il y a des partenaires et des actionnaires qui mettent de l’argent dans le club et quand les objectifs ne sont pas atteints ou autres, il peut arriver ce qui est arrivé à Chalon. Des partenaires en ont ras le bol, ne mettent plus les fonds et le club se retrouve avec des trous et un dépôt de bilan, ça a été choquant et surprenant pour moi de voir ça. La chance que j’ai eu est que c’est arrivé en fin de saison et que je n’ai pas eu une saison perdue car je sais qu’il y a d’autres clubs dans lesquels s’est arrivé en milieu de saison et où là, c’est beaucoup plus compliqué. Moi, c’est quand même arrivé fin Mai donc on va dire que c’était moins violent.

 

Après cette aventure, comme beaucoup de joueurs de Chalon, tu es parti chez le  » frère ennemi « , l’AS Mâcon. Comment s’est passée cette intégration chez le rival mâconnais, est-ce qu’il y avait un gang des chalonnais dans le vestiaire ? 

 

Non car, en fait, je n’avais jamais joué contre Mâcon avec Chalon car ils étaient en Fédérale 2. En gros, quand Chalon a déposé le bilan, Mâcon montait de Fédérale 2 à Fédérale 1 et lors de la dernière année de Chalon, Richard Hill était l’entraîneur mais sur les deux saisons et demi précédentes, c’était Jean-Henri Tubert qui entraînait et c’est lui qui prenait Mâcon qui montait. Donc, quand il y a eu le dépôt de bilan de Chalon, lui qui avait été remercié une année avant a forcément récupéré pas mal de chalonnais à Mâcon. 

 

Dont Guillaume Aguilar par exemple ?

 

Oui il y avait Guillaume Aguilar, Nicolas Rondet, moi mais aussi d’autres Chalonnais qui étaient partis ailleurs entre-temps et qu’il avait entraîné avant.

 

Après Mâcon s’est ouverte la grande histoire de ta vie et de ta carrière de rugbyman avec ton passage à Bourg-en-Bresse où là, tu as tout connu, l’accession en pro D2, la relégation, la remontée. Ce passage chez les violets bressans est quand même un moment fort de ta carrière ? 

 

Il y a aussi eu des titres de champion de France. C’est une chance d’être champion de France, c’est tellement rare, et de l’être deux fois en 10 ans est quand même très, très beau. Ça peut paraître simple quand on y est mais quand on se retourne sur ce qui est arrivé 10 ans après, on se rend compte que c’était quand même de très, très belles années. Forcément, c’est une trace indélébile dans ma vie, je me suis marié pendant cette période-là, j’ai ma fille qui est née là-bas et en termes de rugby, de jouer les premiers rôles tous les ans avec, comme tu l’as dit, deux accessions en Pro D2 en trois ans avec certes la dernière descente mais avec un nombre de points supérieurs à 60 ce qui n’était jamais arrivé dans l’histoire de la Pro D2. Je pense que c’était vraiment mes plus belles années de rugby.

 

Quels sont ton meilleur et ton pire moment à Bourg ? 

 

Franchement, mon plus beau moment, même si c’est un peu perso et que ça peut faire  » boulard « , est le match de 2012 contre Lille. C’était la demi-finale d’accession en aller / retour et le match aller était à Bourg, il n’y avait pas les bonus avec trois essais à cette époque et en fait, sur la dernière action du match, il y a un ballon qui traîne et je fais coup de pied rasant à suivre pour moi-même. Le ballon est en train de rouler, on est à la course, j’arrive et j’aplatis dans l’en-but ce qui nous a fait passer à 26-3 ou 26-6, un truc comme ça soit quasiment 20 points d’avance pour le match retour. Et là, le bruit du stade m’a fait quelque chose en moi, c’était incroyable, je pense la fusion qu’il y a eu dans le stade à ce moment-là était même plus forte que quand on a été champions de France trois semaines après contre Bourgoin. Il s’est passé un truc dans le stade qui était vraiment incroyable et pour moi, même s’il y en a franchement eu beaucoup, c’était l’un des moments les plus forts. J’ai rarement réentendu ce bruit dans le stade lors des années qui ont suivi puisqu’il s’est passé 8 ans derrière mais c’était vraiment incroyable. Pour le pire moment, ce ne sont pas forcément les descentes mais pour moi, ça a été l’année après la descente de 2013, la première fois où on était monté en Pro D2. L’année 2014 / 2015 a été un peu compliquée parce qu’on avait une grosse équipe en Pro D2 mais les 3/4 de l’équipe étaient partis à l’intersaison et quand tu descends, tu es forcément attendu de partout et on était attendu comme la grosse équipe de Pro D2 alors qu’on était tout juste équipés pour être une équipe correcte de Fédérale 1. Du coup, ça donnait des matchs qui n’étaient pas ouf, le stade n’était pas plein, l’ambiance était étrange, c’était un peu une année de transition et donc l’année que j’ai un peu le moins  » aimé  » sur les 10 ans. Je n’ai pas de moment ultra précis, de moment arrêté à part peut-être Béziers quand tu gagnes avec le point de bonus offensif et que tu apprends que tu ne te maintiens pas alors que tu arrives à battre Béziers qui jouait pour être dans les 6. Tu les bats avec le bonus offensif, eux qui étaient venus pour rentrer dans les 6 et que tu t’aperçois que, grâce à un bonus défensif d’Aurillac à Nevers, tu descends, c’était assez cruel. Ça aussi, c’était quand même assez dur.

 

Il y a un paradoxe avec Bourg-en-Bresse car c’est une ville qui vit rugby mais pourtant, il y a aussi du foot à très, très haut niveau. Il y a de la concurrence dans cette ville de Bourg-en-Bresse entre le foot et le rugby mais pourtant, Verchère est toujours plein ?

 

Il y a aussi le basket puisque la JL joue la Coupe d’Europe. Bourg est une ville de rugby et même si le foot était en Ligue 2 à une époque, il y avait toujours plus du monde au stade car, quand ils sont montés en Ligue 2, c’est aussi ce qui a permis au rugby de se développer encore plus puisque le stade a été entièrement refait avec de la pelouse hybride. La ville avait mis beaucoup de moyens pour développer le stade et, du coup, on était dans des structures énormes mais il y avait toujours plus de monde au rugby qu’au foot alors qu’on était dans une division en-dessous, si on compare le foot et le rugby.  Les gens aiment le rugby dans cette ville et ils adorent aller au stade. 

 

La fin de cette belle page violette à l’USBPA s’est bien terminée pour toi avec cette remontée en Pro D2 et cette demi-finale d’accession face au Sporting Club Albigeois et ce titre de champion de France ? 

 

Avec en plus la finale contre Narbonne. 

 

C’était un véritable happy end après une purge de spectateurs, ces derniers ayant été interdits de stade pendant toute la saison à cause du Covid, et c’était le premier match avec enfin du public dans le stade ? 

 

C’est vrai. J’étais hors groupe pour ce match d’Albi mais je l’ai vécu comme si j’avais été sur le terrain, il y avait une effervescence qui revenait avec le retour des gens, même s’il y avait une jauge limitée qui, je pense, n’avait pas du tout été respectée (rires). C’était énorme de terminer sur ça et j’ai quand même eu la chance de participer à la finale, j’ai un peu pris ça comme un cadeau que le club m’a fait. Terminer sur un titre et une montée, ça ne pouvait pas être mieux même si j’aurais aussi aimé finir sur quelque chose que je n’avais pas fait à savoir monter en Pro D2 et s’y maintenir. Mais, quand je vois comment ça s’est passé, je me dis que je préfère finir comme j’ai fini plutôt que de finir sur une descente si j’étais resté une année de plus, ça aurait peut-être eu un petit goût amer. 

 

La légende dit que, durant cette demi-finale, il y a eu une causerie très importante à la mi-temps de votre capitaine Dupont. On le rappelle, Albi avait mis un gros défi physique sur la première période, sort devant à la pause et, grosso modo, le capitaine dit  » on renverse la table, on envoie tout bouler, on lâche tout, on lâche les chevaux  » ? 

 

J’y étais et c’est vrai qu’il s’est dit des mots forts. Individuellement, on n’avait peut-être pas forcément la meilleure équipe sur ces années-là mais il se dégageait quelque chose collectivement et il s’est vraiment passé un truc à la mi-temps, on avait peut-être un peu peur de se lâcher et quand la pression de la première période est retombée et qu’on s’est dit  » de toute façon, qu’est-ce qu’on a à perdre ? « , ça a tout lâché. Ça a donné cette 2e mi-temps de fou qu’on connaît, c’était vraiment incroyable, ce n’était plus la même équipe qui était sur le terrain. 

 

Passons maintenant au dernier chapitre de ta carrière, le Stade Métropolitain. Qu’est-ce qui t’a amené à relever le défi de ce nouveau club ? 

 

En Janvier de mon année à Bourg, les entraîneurs et les dirigeants me convoquent pour me dire qu’en gros, ce serait ma dernière année et que je ne serai pas prolongé. J’ai trouvé ça plutôt correct de me l’annoncer aussi tôt afin de bien pouvoir profiter des 6 derniers mois dans mon club et j’étais parti pour me dire que j’allais peut-être rentrer vers chez moi dans le Sud et y trouver un club pour finir ma carrière. Ma vie loin de chez moi était pour le rugby et c’était Bourg-en-Bresse, je ne me voyais pas rester ici et jouer pour un autre club mais Julien Lestang, le manager du Stade Métro m’a contacté fin Janvier ou début Février, assez tôt en tous cas. Franchement, il m’a tenu un discours où je sentais qu’il me voulait vraiment, il voulait un joueur d’expérience et, en fait, je me suis senti vraiment désiré. Dans son discours et sa façon de jouer, on a un peu la même philosophie du rugby et je me suis dit  » pourquoi ne pas tenter l’expérience ? « . Avec ma femme et ma fille, ça nous faisait déménager à Lyon, une ville qu’on aime bien aussi et on est parti pour deux ans de plus. J’étais content de me dire que je pouvais continuer à jouer au rugby et se sentir désiré comme ça était également assez plaisant. Il y avait d’autres clubs avec qui j’étais en contact comme Blagnac via Bruno Raynaud par exemple mais ils se sont manifestés trop tard, j’avais déjà donné mon accord verbal, je suis assez droit et quand je donne ma parole, je m’engage et ce, même si Blagnac était vers chez moi. Je ne regrette pas du tout mon choix, cela fait un an et demi que je suis ici et je me régale vraiment, le groupe est bonnard, c’est jeune, ça s’envoie et c’est tout ce que j’aime dans le rugby. 

 

Quelle est ton analyse de cette première saison en Nationale 2 pour le Stade Métropolitain ? Les voyants sont pour l’instant au vert mais il faut rester vigilant car les play-off ne sont pas encore dans la poche ? 

 

On peut même presque voir le maintien car c’est incroyable (rires) ! Dans cette poule, les points ne se tiennent à rien, on voit que ceux qui sont dans la zone de relégation ne lâchent rien, idem pour ceux qui sont en haut et ceux qui sont au milieu veulent rentrer dans les 6. Ça se bat à tous les niveaux et on voit que tout le monde ne peut pas être invaincus à domicile, ce qui est quand même très rare, donc il faut être vigilant et prendre un maximum de points quand ça se présente pour, de une, s’assurer déjà d’être dans les 6 et ensuite, si on est dans les deux, ce sera encore mieux. L’objectif du club est forcément de finir dans les 6, ça serait vraiment dommage d’avoir été dans les 6 toute la saison et d’en sortir sur la fin. 

 

Pour toi, ce serait quand même une belle chose. Tu as connu des play-off de Fédérale 1, de Fédérale 1 Elite, de Nationale et la Pro D2 donc connaître des play-off de Nationale 2 d’accession en Nationale, ça peut quand même être une belle histoire ? 

 

Oui, carrément ! Je suis quelqu’un de compétiteur et, forcément, ce que je veux est d’aller le plus loin possible, ce serait cool de participer à ces phases finales avec le Stade Métro. 

 

A 37 ans, quel va être le tournant que tu donnes à ta carrière ? On sait que tu arrives en fin de contrat cette saison donc, une pige d’un an de plus au Stade Métropolitain, un retour dans le rugby du Sud-Ouest ou un arrêt de carrière ? 

 

Quoi qu’il arrive, il n’y aura pas d’arrêt de carrière. Oui, je suis en fin de contrat, on est en discussion avec le club pour prolonger ce qui est le souhait des deux parties, il faut que l’on tombe d’accord ensemble. Si ça ne se fait pas, je n’ai pas envie d’arrêter, je me sens bien, je pense que j’ai encore à donner donc, quoi qu’il arrive, je jouerai encore au rugby l’année prochaine. 

 

Où s’inscrira ta vie après ta fin de carrière, dans la vallée du Rhône ou dans le Sud-Ouest ? 

 

Dans le Sud, sud-est ou sud-ouest mais ça sera dans le Sud quoi qu’il arrive. 

 

On te remercie pour nous avoir fait cette interview grand format pour parler de l’ensemble de ta carrière et on te souhaite encore de belles joutes rugbystiques pendant un ou deux ans de plus

 

Merci beaucoup.

Propos recueillis par Loïc Colombié

Article en partenariat avec

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s