A quelques jours d’un match crucial pour le Stade Dijonnais et sa survie en Nationale 2, un déplacement à Aubenas qui va valoir son pesant d’or pour les deux équipes, on est avec Thomas Lacroix, le demi de mêlée dijonnais

Tu as ouvert une session bourguignonne et dijonnaise dès cet été avec un nouveau défi que tu es venu relever mais le rugby et Thomas Lacroix, c’est une histoire d’amour qui dure depuis longtemps et qui a commencé en région parisienne ?
Exactement, j’ai commencé en région parisienne à Mantes-la-Jolie puis je suis parti à Saint-Nazaire pour suivre ma formation et un an à Tulle pour finir mes études. Ensuite, il y a eu un an à Saint-Médard en Fédérale 1 avant d’atterrir à Aubenas et à Dijon cette année.

Parle-nous un peu de tes débuts en région parisienne. On sait que le rugby parisien a aussi un fort ADN ?
J’y ai fait toute mon école de rugby, c’est un club avec beaucoup de valeurs ce qui m’a permis d’apprendre beaucoup sur ce côté-là et sur le côté rugbystique. C’est un club humain avec beaucoup de valeurs.

Toi qui as connu le rugby du sud-est, du nord-est, du sud-ouest et le rugby parisien, qu’est-ce qui diverge entre ces terres de rugby ?
Là, je ne saurai pas te dire (rires). Peut-être la culture, le rugby est forcément un peu plus reconnu dans le sud tandis que c’est plus le foot dans le nord, c’est tout ce que je pourrai te dire.

Aubenas est le club que vous allez affronter ce week-end et tu as passé trois saisons en Ardèche. Qu’est-ce que tu peux nous dire sur ce club ?
J’ai vraiment passé trois superbes années car c’est un club familial avec un chaudron, c’est connu pour ça, le stade Dugradus, c’est quelque chose avec des supporters toujours présents. J’ai passé une super première année de Nationale avec Mariano Taverna et Yann Rave avec qui j’ai super bien accroché, qui m’ont donné ma chance et qui m’ont donné ma chance de jouer des matchs en Nationale. La dernière année a forcément été un peu plus compliquée avec la descente qui nous a beaucoup embêté parce qu’on était un bon groupe dans un club familial avec des mecs qui s’entendaient bien et ça nous a tous fait un peu chier de, déjà se séparer parce-que les mecs allaient à droite et gauche, mais surtout de laisser le club dans cet état-là.

Qu’est-ce qui t’a amené à signer à Dijon, l’autre club qui descendait de Nationale à Nationale 2 ?
C’est Thomas Koehler qui m’a appelé et il a su trouver les bons mots car j’ai de suite accroché avec lui. Les infrastructures du club sont vraiment top, il y a aussi tout ce qui était projet, un gros projet forcément avec des anciens qui avaient du vécu et de l’expérience plus des recrues qui allaient être pas trop mal donc tout ça m’a fait signer à Dijon l’année suivante.

Si on t’avait dit cet été qu’Aubenas serait 9e ex-aequo à 4 journées de la fin et Dijon avant-dernier, tu n’y aurais pas cru ?
Non, je n’y aurai pas cru du tout. C’est ce qui est bien, c’est le rugby, des équipes que l’on n’auraient pas cru sur la première partie du tableau qui y sont et, au final, deux grosses équipes qui descendent de Nationale et qui sont avant-dernière et avant-avant-dernière de Nationale 2. C’est forcément un peu bizarre mais c’est comme ça, c’est le rugby.

Toi qui connais Dugradus, vous vous attendez peut-être à une réception un peu chaud bouillante car ça va quasiment être un match pour le maintien ?
Exactement. Ça va déjà être une réception chaud bouillante pour nous car on est un peu blessés dans notre ego, ce n’est pas forcément la saison que l’on voulait faire, on a tous les moyens pour faire une belle saison donc on est un peu frustrés là-dessus. Pour Aubenas aussi ça va être le match de la mort et ils doivent l’attendre avec impatience car s’ils gagnent contre nous, ils s’éloignent de la zone rouge et le maintien est plus qu’assuré pour eux et en plus, ils se permettent de rêver pour accrocher une place en phases finales.

Comment est-ce qu’on en est arrivé là du côté de Dijon ?
C’est peut-être la confiance car, encore une fois, on avait toutes les clés pour faire une belle saison. Il y a une grosse partie des joueurs qui sont restés qui se rappelaient de la saison dernière donc on perd vite confiance en nous et on ne se retrouve pas forcément dans ce qu’on voulait faire. On se rend compte maintenant, et même avant, qu’on a de la chance qu’il reste 5 matchs pour prouver le contraire et, tout simplement, sauver notre saison car tout le monde est blessé et vexé de cette situation.

On va parler du dernier match à domicile face à Vienne. On est à la 79e, vous menez 17 à 13, vous pensez avoir fait le plus dur et vous prenez un groupé pénétrant de 20 mètres avec un essai de pénalité et victoire 17 à 20 de Vienne. J’imagine que ça a dû être dur à accepter ?
C’est plus au niveau comptable que c’est dur à accepter car sur la prestation, on sait déjà depuis le début de l’année qu’on n’est pas capable de gagner avec plus de 7 points d’avance. Je pense qu’à part Graulhet, toutes les équipes qui sont venues chez nous ont pris un point de bonus défensif donc on sait très bien qu’on n’est pas capable de tuer des matchs. Là, c’est le maul porté mais ce sont surtout les sorties de camp avant qui nous font perdre le match tout comme la mêlée où on a un peu pêché et ce dernier groupé pénétrant est juste l’image de la saison où on n’arrive pas à bien finir. On se met toujours en insécurité parce qu’on n’arrive pas à sécuriser le match.

Avant ce match crucial face à Aubenas, qu’est-ce que vous vous êtes dit entre joueurs ? » Opération commando, on renverse la table et on met les tripes sur le terrain » ?
Clairement, c’est ça, on s’est rappelé les promesses de cet été, où on voulait aller et où on est actuellement. Ce n’est pas du tout ce qu’on s’était dit donc on n’a pas forcément envie de se mentir, je pense qu’il y a un bon groupe. Ce n’est pas s’amuser à compter les points et à regarder ce que font les autres équipes mais c’est se concentrer que sur nous. Il reste 5 matchs et si on peut gagner les 5, on ira le faire.

On sait aussi que tu es international algérien. Est-ce que tu peux nous parler de cette aventure en équipe nationale avec une phase de qualification pour la Coupe du Monde qui a été malheureuse pour vous mais qui a dû être une belle expérience ?
Franchement, c’était une expérience incroyable. En plus, ça s’est fait un peu par hasard, ce sont les grands-parents du côté de ma mère qui sont algériens et on avait deux internationaux, Yassine Jarmouni et Alexis Renou qui jouaient à Aubenas qui m’ont dit que je pouvais venir et y aller. Du coup, je suis venu par hasard et j’ai de suite pris le truc, j’ai su saisir l’opportunité et je me suis régalé, ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance d’avoir une situation comme ça et j’étais content de pouvoir la saisir.

Est-ce que ça t’a permis de grandir dans ton jeu de rugbyman ?
Grandir rugbystiquement oui mais surtout grandir humainement parce qu’il y a des mecs incroyables, ça te fait connaître des mecs d’un peu partout. C’est franchement super et on ne peut en sortir que grandi, c’est certain.

Est-ce que l’expérience que tu as acquis lors de ces matchs internationaux peut te servir dans des matchs cruciaux comme celui d’Aubenas qui arrive ou qui sont à haute tension ?
Oui, forcément. Le match à plus haute tension a été celui contre le Kenya que l’on perd de deux points et qui a vraiment été un chassé-croisé. Parfois, quand des matchs sont serrés comme on a actuellement à Dijon, on ne peut que s’en inspirer.

Quel va être le mot d’ordre pour cette fin de saison dijonnaise ?
Tout lâcher pour ne pas avoir de regrets car, pour le moment, on en a énormément. Encore une fois, comparé à ce qu’on s’était dit entre joueurs au début de saison, ce n’est pas ce qui était convenu et du coup, on n’a pas envie de laisser le club comme ça ni nous, pour notre honneur, de rester comme ça donc c’est tout lâcher pour ces 5 matchs. On va les prendre les uns après les autres et ne pas réfléchir au niveau des points mais tout lâcher sur le terrain.

Propos recueillis par Loïc Colombié

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