#Rugby – Nationale / Mathieu Bonello (Albi) : «Dax a pratiquement dominé le championnat de A à Z. !»

Retrouvez l’intégralité de la conférence de presse du manager du Sporting Club Albigeois, Mathieu Bonello en amont du choc de la 21eme journée de Nationale entre les leaders du championnat, l’US Dacquoise et les tarnais du SCA (3eme).

Crédit photo Jacques Massine – Le #MagSport

Analyse à froid de cette victoire contre Suresnes et, comme tu l’as dit à chaud, il n’y a pas eu que du bon mais vous avez quand même bien fait le taf et vous avez avancé dans votre saison ? 

 

C’est vrai qu’on a eu 30 minutes un peu difficiles où je trouve qu’on a déjoué, ce n’était pas la stratégie de match, on a joué petits bras. Après, quand on a un peu pris le large, grâce aussi à notre conquête qui nous a aidé, ça nous a mis dans le match et j’ai trouvé qu’on avait fait 50 bonnes minutes, surtout en 2e mi-temps où on a été sérieux et on a construit le match. Cette équipe de Suresnes n’a rien lâché et comptablement, c’est bien mais on sait tous que les matchs sont difficiles. 

 

C’est un peu également une victoire  » placebo  » qui vous permet de reprendre de la confiance pour aller défier ce qui se fait de mieux, Dax ? 

 

Bien sûr. On avait confiance, on a confiance, ça s’est joué à pas grand-chose sur les deux matchs d’avant où on fait match nul pour l’un et où on perd d’un point pour l’autre où ça se joue à la 84e. C’est à nous aussi de pousser pour que la pièce tombe du bon côté mais il est certain que ça fait du bien dans la confiance des joueurs de marquer des essais avec des passes et avec du jeu même si, attention, tout n’a pas été parfait. 

 

L’année dernière, il y avait une équipe, Massy, qui, comme Dax survolait le championnat. Tu les avais à peu près rencontré à la même période, voire même un peu plus tôt en Janvier et à peu près dans le même contexte mais est-ce que tu as changé en interne ta façon d’appréhender ce match ? 

 

Je ne compare pas par rapport à l’année dernière mais c’était bien plus tôt. J’ai envie de dire que ce sont les leaders incontestés, ils ont beaucoup de points d’avance, ils sont sûrs d’être en demi donc nous, on va y aller pour faire un bon match. On sait très bien que les matchs qui vont arriver sont tous difficiles et qu’il n’en reste plus beaucoup. 

 

Dax est une équipe qui tourne très peu et qui a un effectif qui est plus réduit que d’autres formations. Est-ce qu’il y a un but de  » matraquage physique  » si on peut dire le comme ça pour essayer de les marquer d’entrée de jeu et peut-être, pourquoi pas, essayer de faire un coup là-bas ? 

 

Je ne sais pas, je ne connais pas trop leur effectif. Je connais le mien, je sais qu’on avait quand même pas mal de blessés, ça commence à revenir petit à petit donc je me consacre vraiment à moi et à l’équipe. Derrière, il y aura de nouveau une pause et comme je vous ai dit la semaine dernière, je vais jusqu’au bout des deux matchs qu’il y avait, à savoir Suresnes et Dax et après la pause, on sera plus dans une gestion de regarder les autres équipes. J’ai envie qu’on se consacre à nous parce qu’aujourd’hui, on n’oublie pas que Dax a pratiquement dominé le championnat de A à Z.

 

Tu disais que tu regarderais le classement après mais par contre, on rentre dans le dernier quart du championnat. On peut quand même considérer que les deux prochains déplacements chez le leader et chez le dauphin pourraient conditionner beaucoup de choses après en fonction des résultats et que tu vas justement regarder le classement soit vers le haut soit en se disant  » attention  » ? 

 

Tout le monde a perdu à Dax donc si on y perd, ça sera un club de plus qui aura chuté là-bas. Je pense vraiment que ça débutera dans les 5 derniers matchs, c’est là que le championnat se jouera, les équipes vont également se jouer entre elles donc je crois que ce match n’est pas d’une importance primordiale mais ce n’est que mon avis. 

 

Après Bourgoin, on a beaucoup parlé de répétition générale avant les play-off. C’est pareil pour Dax, c’est une répétition à balles réelles, grandeur nature ? 

 

Non, comme je le dis, je suis dans cette analyse de dire  » pas encore « . Quand on reviendra dans deux semaines, là oui, on sera vraiment au bord de savoir où on va finir, quel classement on aura à peu près et tu verras un peu où tu te situes. On a encore du chemin pour être parmi les meilleurs, je trouve qu’on a progressé à des moments dans la saison et qu’on a un peu stagné à d’autres. Dans l’ensemble, je suis assez content des productions que l’on fait même si on voudrait vraiment que ce soit abouti, il faudrait que l’on fasse un bilan. Fin Mars / début Avril, quand on sera au démarrage de ce bloc de 4, je pense que le championnat sera là donc non, je ne peux pas le présenter comme une répétition à balles réelles. Il y aura un autre contexte, des joueurs des deux côtés qui ne seront peut-être pas là ou blessés et on sait qu’il y a encore des matchs derrière. 

 

Tu parlais de progression et, justement, depuis le début de l’année, vous avez beaucoup, beaucoup progressé sur vos prestations à l’extérieur. Quand on regarde sur le début d’année, vous étiez un petit peu non pas timorés mais vous aviez du mal et là, on sent qu’à l’extérieur, même si le résultat de Bourgoin, par exemple, n’est pas celui espéré, le contenu est vraiment très, très solide ? 

 

C’est ça. J’en avais déjà parlé une fois et j’y reviens, le problème est qu’on veut toujours parler de l’extérieur et qu’on n’en oublie parfois la maison. C’est pour ça que depuis qu’on est plus consistant à l’extérieur, je nous trouve moins consistants à la maison, non, pas moins consistants parce qu’on l’est mais moins propres à la maison. Ça, ça m’embête parce-que je vous ai toujours dit que quand tu restes imbattable chez toi, tu as déjà fait une grosse part du boulot donc ça m’embête d’être  » meilleur à l’extérieur et un peu plus timoré à la maison « . Je suis quand même convaincu qu’à l’extérieur, ça construit les équipes parce-que c’est quand même toujours hostile, à la maison, tu peux passer en n’étant pas à 120% mais à l’extérieur, si tu n’es pas à 200, ça ne passe pas car il y a toujours le public, des décisions, des ci, des ça. Je trouve qu’à l’extérieur, ça renforce aussi l’équipe de savoir qu’elle peut résister dans l’adversité et si je prends l’exemple du dernier match à Bourgoin, c’était un match de haut niveau de Nationale voire de bas de Pro D2, c’était costaud des deux côtés. Je crois que l’équipe a aussi mûri dans ça c’est à dire dans se préparer également à l’extérieur, ce qu’on n’a peut-être pas fait au début de la saison. 

 

Un mot sur Charles Foures que tu as amené à tes côtés pour cette conférence de presse.

 

C’est vrai que Charles est un jeune joueur à un poste où il faut être aguerri et où c’est dur. Depuis que je suis arrivé au club, il fait partie de l’équipe une et pratiquement intégralement même s’il a fait quelques matchs en espoirs parce qu’il en a encore l’âge. C’est un jeune du centre de formation qui est maintenant dans les pas de l’effectif pro et tout le mérite en revient au fait qu’il n’a jamais lâché. Il est vachement à l’écoute et c’est bien pour son histoire et pour le club, il est encore sous nos couleurs l’année prochaine donc je trouve que former est aussi hyper intéressant car, sur ces postes-là, tu arrives à maturité un peu plus tard. Charles essaye tout le temps de donner le meilleur de lui-même sur le terrain mais surtout, il est vachement à l’écoute pour apprendre et pour essayer de faire au mieux. En tous cas, c’est un plaisir de l’avoir en tant que joueur parce-que c’est un jeune joueur qui a un bel avenir devant lui avec un beau potentiel. Ce que j’aime aussi dans ce type de joueur, c’est qu’il y a le Charles en-dehors du rugby et le Charles sur le terrain de rugby, c’est l’opposé et c’est ça qui fait sa force (sourire). Quand il rentre sur un terrain, il a en tout cas toutes les qualités pour réussir. 

 

François Fontaine à l’ouverture, Charly Trussardi à l’aile, tu persistes et tu signes. Ce ne sont plus des alternatives désormais mais des valeurs sûres ?

 

Oui, on essaye déjà de trouver des solutions avec nos blessés parce qu’il faut quand même que l’on ait de la profondeur pour pouvoir passer ces matchs, on a réussi pendant les mois de Novembre / Décembre à le faire. C’est vrai qu’on a senti les choses avec Alex, ça marche parfois mieux que d’autres mais, en tous cas, je trouve que la polyvalence amène forcément du positif, c’est certain. Quand on veut changer de poste, on demande toujours aux joueurs s’ils sont OK pour le faire et, depuis le début de la saison, il n’y en a aucun qui a refusé. Au contraire, ils étaient super contents de pouvoir évoluer à d’autres postes pour pouvoir agrandir un peu leur palette. 

 

Tu es un perfectionniste, tes joueurs sont des perfectionnistes, parfois même un peu tatillons. Quand on voit Bourg-en-Bresse qui, il y a deux semaines, prennent 40 grains à Hyères-Carqueiranne La Crau ou Bourgoin qui en prend 55 à VRDR, tu te dis qu’il vaut parfois mieux gagner 43 à 0 en jouant mal ou pas si mal que ça car l’herbe n’est pas plus verte ailleurs ? 

 

C’est sûr. Je vois que tous les clubs de Nationale ont des trous d’air, je trouve que ce championnat est dur et difficile et qu’au niveau des résultats, on ne peut pas savoir ce qu’il va se passer le week-end. Ça se rapproche du très haut niveau et je trouve que c’est super intéressant d’avoir créé cette Nationale mais je suis parfois surpris des résultats des uns et des autres. On s’aperçoit que si tu ne te prépares pas, c’est dur pour tout le monde donc c’est vrai qu’un entraîneur râle parfois, qu’il n’est pas content et qu’il est exigeant mais on sait tous que la victoire aide à avancer, ça, c’est certain, pour la confiance de tout le monde et pour la sérénité. Donc, parfois, il vaut mieux prendre une petite victoire que de bien jouer et perdre, je le pense.

 

Tu disais tout à l’heure que tu avais des joueurs blessés qui revenaient. Où en sont par exemple Lucas Sperandio et Tuks Vasuinubu ? 

 

Ils vont revenir dans les jours qui approchent. Ils ont déjà repris une partie de l’entraînement, on va voir quand est-ce qu’on les remet mais c’est imminent. On ne va prendre de risque avec personne car il y a une semaine derrière avant un bloc hyper important où il faut aussi que l’on ait nos forces vives. Lucas est revenu de blessure, ça commence à revenir petit à petit donc on est quand même assez content de l’effectif qui va rentrer. 

 

En plus, ce sont des joueurs très importants au niveau de l’expérience ? 

 

Tout le monde est important chez nous ! Je crois que c’est aussi ce qui fait notre force, parfois par choix et d’autres par obligation mais je trouve quand même que l’équipe a assez performé, régulièrement et nous, ça nous permet de gagner en profondeur d’effectif mais aussi de montrer que le poste est ouvert pour tout le monde ce qui est une bonne chose. 

 

Sperandio et Vasuinubu sont le type de joueurs qui peuvent être des  » déverrouilleurs « . Est-ce que tu te demandes si tu dois les relancer dans un match super important avec une plage de repos derrière parce qu’ils vont manquer de rythme ou, au contraire, si tu dois faire tapis et les oublier pour 4 matchs ? 

 

C’est aussi la réflexion que j’ai parfois et que j’aurais à savoir qu’il y a un week-end de repos derrière donc les mecs qui ne sont pas encore totalement remis non pas de leurs blessures mais du rythme et qui ne sont pas prêts, il est sûr que je ne les prendrai pas. Les mecs qui, à mes yeux, sont prêts ont besoin de rugby car il faut aussi savoir qu’il ne faudra pas qu’un match à un joueur qui revient de blessure après si longtemps. Il lui en faudra 2, 3, 4, 5 avant d’être bon donc est-ce qu’on a le temps de le faire ? Je le crois, il reste 6 matchs et on a encore le temps. Les préparer pour dire  » il ne reste que deux matchs « , non, ce n’est pas mieux donc, si le mec est à 100%, mon choix est de le relancer dès que je le peux même s’il y a une pause derrière qui va justement lui permettre de continuer à travailler mais aussi d’être très précautionneux. Depuis Janvier, il y a beaucoup de joueurs qui sont revenus de blessure que je n’ai pas pris pendant 15 jours / 3 semaines pour les préparer à être aptes physiquement. L’erreur que l’on fait souvent, c’est qu’on veut les mettre car oui, ils vont bien, ils sont soignés et autres mais ils n’ont pas fait de match, ils n’ont pas le physique donc ils se re-blessent ailleurs. J’ai pris cette option-là à savoir que si le mec n’est pas à 100% physiquement et que je le vois sur les entraînements, je ne prends pas de risque, je le laisse une semaine ou quinze jours de plus au repos. Si je vois que, potentiellement, tout est rentré dans l’ordre, qu’il a rattrapé physiquement et qu’il a bien bossé, je l’intègre parce qu’il reste peu de matchs. 

 

Quand Albi a affronté Bourg-en-Bresse en 2021 ou Massy en 2022, on a eu le sentiment sur le match couperet qu’ils étaient au-dessus, qu’ils avaient le super pouvoir, que tout leur réussissait et que tout était prêt. Qu’est-ce qu’il vous manque pour arriver dans ces conditions-là en play-off avec la part d’erreurs réduite au minimum ?

 

Oui, quand tu veux aller le plus loin possible, il faut tout avoir. Il faut être bon dans tous les secteurs mais il faut aussi tout avoir, la chance, les joueurs à ta disposition, le moins de blessés possible et la confiance que tu t’es créée toute la saison, je le pense. Quand tu es parfois un peu ric-rac et que tu le fais trop régulièrement, tu arrives à la fin avec moins de certitudes que quand tu as dominé comme avait dominé Massy l’année dernière et écrasé le championnat. Malgré ça, ils se sont dit  » avec tout ce qu’on a fait cette année, on va peut-être pouvoir inverser la vapeur  » donc, pour moi, je pense qu’il faut se créer beaucoup de confiance dans la saison. On a passé une grosse période où on a quand même enchaîné pas mal de victoires qui a créé beaucoup de confiance dans l’équipe donc il faut se servir de ça pour préparer les autres matchs et encore car on n’a rien fait et qu’on n’est pas sûr d’être dans les 6 et qu’il faut donc prendre des points. 

 

Comme Galthié, est-ce que tu as imaginé des scénarios du genre  » on mène de tant de points, on réagit comme ça  » pour rompre un peu l’équipe à tout ce qui peut arriver sur un match ? 

 

On le fait, on essaye aussi de faire autre chose pour préparer l’équipe à des scénarios mais surtout à des choses qui vont se passer sur le terrain. Aujourd’hui, on sait très bien que la maîtrise émotionnelle est hyper importante dans un match à savoir que si tu n’as pas vécu les moments où ça barde, c’est souvent dur de prendre la bonne décision. C’est pour ça qu’on travaille aussi avec nos leaders pour qu’ils soient vachement autonomes et que ce ne soit pas nous qui, à 80 mètres, gueulions de faire tel ou tel choix. 

 

Est-ce la prépa mentale, pour la dernière ligne droite ou pour les play-off, est envisageable ? 

 

Pourquoi pas ? Je pense qu’on n’est pas encore là mais je pense que c’est le rugby de demain. Il y en a déjà certains qui y travaillent mais je pense que c’est encore plus présent dans les clubs, j’en suis sûr, pas chez nous pour l’instant. 

 

Qu’est-ce que t’inspire Dax ? 

 

Ils maîtrisent le championnat de A à Z, ils peuvent gagner partout, ils font une grande saison. Franchement, on va chez un gros club de la poule et ça va être très difficile. 

 

En plus, c’est une vraie opposition de style entre le jeu d’Albi et le jeu de Dax ? 

 

Bien sûr mais franchement, quand tu fais autant de résultats à l’extérieur et que tu caracoles en tête avec beaucoup de points d’avance, bravo. 

 

Le mot d’ordre ? 

Etre concentrés et bien finir ce bloc dans l’esprit, c’est important

Propos recueillis par Loïc Colombié

Article en partenariat avec

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