Défaits au match aller lors d’une rencontre qui avait fait couler un peu d’encre après match, les jaunes et noirs sont déterminés à renverser la vapeur ce samedi dans leur antre du Stadium municipal. En amont de cette 20 eme journée, c’est un Mathieu Bonello combatif que nous avons retrouvé en conférence de presse souhaitant voir ses hommes regoûter à la victoire après le score de parité face à Nice (23-23) et la défaite à Bourgoin (24-23). Les Albigeois (3eme) qui voient arriver une équipe de Suresnes en disette de victoire depuis le début de l’année 2023, sont en éveil à l’aube de la dernière ligne droite et je compte plus laisser échapper des points dans leur fief. Le manager du SC Albi a aussi fait un tour d’horizon de l’actualité dans le club de la cité épiscopale en évoquant brièvement le mercato estival qui se prépare déjà en coulisses.

On revient rapidement sur cette défaite à Bourgoin où il y a quand même eu des signes encourageants au vu du turn-over que tu as fait et de l’état d’esprit qui a été donné face à une équipe de Bourgoin qui a été très guerrière ?
Franchement, il y a des satisfactions et on sait tous qu’avoir des satisfactions, c’est bien mais c’est mieux de gagner les matchs. En tous cas, on est très content de l’esprit qu’on a affiché là-bas et on aurait pu le gagner à la 85e mais on l’a perdu. Il faut apprendre de ce match, je pense que sur l’état d’esprit, dont on est fier, c’est celui affiché cette année et c’est bien pour les matchs qui vont arriver.

Dans les joueurs que tu as relancé, il y en a qui ont gagné des points ?
Bien sûr, il y a des joueurs qui ont gagné des points. Pour gagner des points avec nous, c’est l’état d’esprit que l’on juge en premier et pas la performance rugby mais c’est souvent lié, quand tu es dedans, tu fais de bonnes choses. Il y a des joueurs qui ont montré un beau visage et je vais les récompenser ce week-end.

Malheureusement, de la casse une fois de plus ?
Oui, il y a eu de la casse mais je crois qu’il y en a toujours un ou deux par match. Je pense qu’il faut aussi accepter cette casse-là, elle fait partie du jeu mais on a également des joueurs qui vont revenir, ça fait quelques mois qu’on a de la casse et ça fait partie du jeu.

Tu as de nouveau eu deux semaines de pause. Comment est-ce que tu arrives à jongler avec tout ça et à juguler ces temps morts ?
Je trouve que c’est dommage. J’avais trouvé le rythme de la première partie de saison intéressant, de Septembre jusqu’à Décembre jusqu’à mi championnat, trois matchs en Janvier, c’était aussi intéressant mais maintenant, il aurait fallu faire des blocs conséquents, je pense qu’au moins 4 et 4 auraient été bien. C’est comme ça, il faut accepter ce calendrier, c’est sûrement lié au tournoi aussi et il faut être capable de continuer à s’entraîner tout en donnant un peu de repos aux joueurs mais en s’entraînant. C’est le rythme des matchs, ça casse tout et ça casse un peu certaines dynamiques.

Et même psychologiquement car vous sortez d’un match nul et d’une défaite donc le mieux aurait été de rembrayer de suite ?
Oui mais quand tu regardes les points, tu fais match nul et tu perds d’un point. Ça veut dire que tu n’es pas loin, que tu aurais pu le gagner mais on l’a perdu, ça fait partie de notre histoire cette année, j’avais dit que je ne savais pas quel chemin on prendrait. Bien sûr que quand il y a une défaite, on a de suite envie de remettre le maillot pour gagner mais il a fallu patienter.

Le maillot est face à Suresnes ce week-end, une équipe qui, pour l’instant, est dans une mauvaise dynamique mais on sait que ces équipes-là sont toujours très dangereuses car un jour ou l’autre, il y a un retour de flammes et elles reprennent confiance ?
C’est un adversaire ce week-end au Stadium qu’il va falloir bien aborder. Comme je vous l’ai dit dès le départ, on se focalise beaucoup sur nous et c’est à nous de faire un bon match de rugby ici et d’être hyper sérieux parce qu’il ne reste plus beaucoup de matchs et la fin va vite arriver.

Il y avait eu un gros coup de gueule après Suresnes car tu avais été chafouiné, et le mot est faible, par l’arbitrage. Tu as toujours ce contexte dans la tête ?
Oui, forcément, le match est loin maintenant et ce sera un autre match mais il est sûr que ce match-là est l’un des moments qui m’a un peu » chagriné » dans cette première partie de saison. Samedi sera un tout autre match, c’est à nous de faire un gros match et de bien s’investir.

Tu avais dit, je te cite, » il faudra que l’on soit bien câblé fin Février dans tous les domaines de notre jeu « . On est fin Février donc où est-ce qu’on en est par rapport à ça ?
Je trouve qu’on a bien progressé sur le jeu. On n’a pas ramené énormément de points des deux derniers matchs d’un point de vue comptable, on a eu un peu de mal à redémarrer, on avait peut-être fait une coupure un peu trop longue à mes yeux et on l’a payé cher à la reprise il y a deux matchs mais je trouve qu’on avance dans notre jeu. Ce que je regrette un peu, c’est qu’on progresse dans un secteur mais qu’on va un peu régresser dans un autre et il faut que l’on arrive à être câblé. On arrive à fin Février, on sera peut-être un peu juste pour être câblé sur tous les domaines mais en tous cas, je sens les joueurs progresser dans pas mal de domaines et j’espère que dans la dernière ligne droite de ces deux matchs, on sera vraiment câblé. J’ai donc espoir que ce soit mi-Mars.

En plus, comptablement, malgré ce match nul et cette défaite, ce n’est pas une mauvaise opération car les autres aussi ont trébuché ?
Oui, voilà. C’est aussi ce que j’avais dit, même si tout le monde en rigole, on regarde match après match et moi, je n’accorde pas trop d’importance au classement parce-que je sais qu’on va tous plus ou moins se jouer, il y a des exploits tous les week-end ou des choses qui se passent et je pense que c’est nous et nous seul qui déciderons où on veut finir dans ce classement. Je fais ce pari-là cette année parce-que je me cantonne plus sur notre équipe que sur les équipes que l’on aborde et, pour l’instant, je pense que ça aide aussi l’équipe d’être comme ça. Donc, je ne peux pas d’un côté dire » on ne regarde que nous » et dire de l’autre côté » on regarde aussi ce que font les autres « , je veux que mon équipe soit capable de préparer les matchs les uns après les autres pour faire de bons résultats.

Tu dis ça mais comme tu l’as souligné tout à l’heure, il y a de moins en moins de matchs donc, à un moment, tu vas être plus ou moins contraint de regarder. Si on prend ce week-end par exemple, tout le monde reçoit, Albi, Valence-Romans, Blagnac, Bourg-en-Bresse
Je le regarderai dans la dernière ligne droite qui, pour moi, est après ces deux matchs.

Pas avant ?
Non. Je vais jouer ces deux matchs et après ceux-là, je regarderai réellement le classement, ce sera important de le regarder à ce moment-là pour se situer. D’ici là, on reçoit Suresnes chez nous au Stadium, on sait comment on doit préparer les matchs au Stadium et on ira ensuite chez le leader qui écrase la Nationale et on aura rien à perdre.

A la rigueur, tu es en position de chasseur donc, finalement, ça n’est pas plus mal ?
Oui, je trouve que ce n’est pas plus mal et puis, il y a encore une coupure derrière ces deux matchs. On a fait deux matchs, coupure, on refait deux matchs, encore une coupure donc pour la continuité, regarder le classement, qui fait quoi, pffff … Après oui, il y aura un bloc de 4, un week-end, un match et c’est fini, là oui, je regarderai mais jusque-là, je demande aux joueurs de regarder le match qui va arriver.

Tu vas aller chez ceux qui te précèdent ?
Ça sera un moment charnière mais j’entends et je lis les uns et les autres qui sont classés à d’autres places que la nôtre et je crois que, de la 12e place à la 2e on va dire, tout le monde dit » putain, c’est un match important ce week-end, on va se jouer entre concurrents ou de la qualif ou autre « . Donc, je crois réellement qu’on aura tous de gros matchs à jouer et si tu dois aller en phases finales et que tu mérites d’être dans les 6, il faudra jouer de gros clubs, faire de gros résultats, il faut accepter le calendrier que l’on a et que l’on a eu. Pour l’instant, on a fait le job à 99% à la maison, pour moi, on est dans une bonne dynamique même si sur les deux derniers matchs, je trouve qu’on n’ a pas été payé mais c’est quand même à nous de provoquer le résultat. Il ne faut rien attendre, il faut que ça soit nous qui provoquions les bons résultats.

Dans quelques jours, c’est le printemps et printemps rime avec mercato. Est-ce que tu commences à avancer ?
Si tu parles pour cette année, je suis toujours à la recherche (rires).

Surtout pour l’année prochaine
Oui, bien sûr, on est en train d’y travailler, on est en plein dedans, les joueurs sont aussi au courant. On en prolonge certains, on discute forcément avec d’autres par contre, je sais une chose, je vous l’avais dit l’année dernière et je vous le redis, je vois trop de clubs qui se perdent à préparer l’année prochaine et qui oublient la saison présente, c’est souvent le cas. Forcément, dans ce rugby où aujourd’hui tout est avancé, on le prépare de plus en plus tôt mais pour nous coaches, c’est parfois difficile de faire les deux et c’est dur de ne pas se perdre. Je ne dis pas que j’y arrive tout le temps mais ma priorité, mon unique priorité, est de réussir cette année et de ne pas la galvauder en préparant trop l’avenir.

L’année dernière, tu avais un peu appréhendé le groupe et cette année, tu l’as un peu fait à ta guise. Ça sera stabilité pour la 3e année ?
Exactement, c’est la stabilité, rentrer les postes dont on a besoin, un peu de turn-over aussi qu’il faut avoir pour garder cet enthousiasme. Je parlais encore tout à l’heure au téléphone et je suis très, très content du groupe que j’ai parce-que l’esprit est bon et, j’ai envie de dire, simple. Ça, ça fait plaisir, c’est aussi ce rugby-là qu’on aime entraîner et pratiquer avec Alex mais ce sont également les joueurs qui le véhiculent et le travaillent, j’avais fait beaucoup de turn-over l’été dernier et mon objectif n’est pas de faire du turn-over, même s’il y aura des changements. On va essayer aussi de minimiser ces changements pour travailler sur la continuité.

Tu es un homme de records et il y a un record d’invincibilité au Stadium. Est-ce que c’est quelque chose qui te motive en tant que manager et en tant qu’homme ?
Comme je le dis, quand tu es invaincu chez toi, c’est toujours quelque chose. Vous m’avez souvent parlé des matchs à l’extérieur mais je trouve que chez toi, ça donne une énergie à l’ensemble du club, aux supporters, aux bénévoles, aux gens qui regardent autour. On défend toujours plus fortement sa maison que celle du voisin et je trouve qu’aujourd’hui, s’approprier le Stadium et la connexion avec ce public, c’est hyper important à mes yeux. Après, il y en a qui font de grandes saisons en perdant chez eux donc il n’y a pas de vérité mais symboliquement, je trouve que la symbolique est belle.

Tu dis que tu es satisfait à 99% du parcours à la maison, ça veut dire qu’il ne faudra pas enlever un pourcentage supplémentaire ce week-end ?
Exactement, il faut remplir les objectifs et préparer ce match au Stadium pour que le résultat soit positif. On sait qu’il va falloir qu’on redouble d’efforts et d’intensité, on reste sur une perte de points à la 84e minute et ça, il faut savoir l’évacuer et attaquer de match de la meilleure des façons, c’est important. Je pense que, malgré le match pas bon qu’on avait fait il y a 15 jours, il y avait de quoi le gagner et avec tout le respect que j’ai pour cette équipe de Nice qui a fait un bon match il y a deux semaines et qui ne l’a pas volé, je pense qu’on avait les armes à 3 minutes de la fin pour le gagner. Ça, ça doit faire progresser notre jeune groupe, la déception doit tous nous avoir fait progresser y compris nous, le staff.

Cette territorialité est quand même un truc typiquement tarnais, on l’a vu ici à Albi et si on était mauvaise langue, on dirait qu’une défaite à domicile à Castres a provoqué l’éviction d’un entraîneur. Est-ce qu’il y a un truc particulier dans le public tarnais ou dans l’ADN tarnais qui fait qu’on est très territorial ici ?
C’est certain qu’on est très territorial, on aime notre territoire. Je suis né ici mais j’ai toujours eu personnellement des attaches fortes dans le Tarn et je défendrai toujours le Tarn, toutes les équipes du Tarn, certains peuvent en témoigner, je suis le premier supporter des équipes tarnaises. C’est vrai qu’on est ancré dans notre territoire car je crois aussi que nous sommes un territoire avec énormément de valeurs, d’entraide, de solidarité et on sait que le rugby dans notre coin fait vivre des gens et fait vivre des passions. Je crois que ça, ça nous aide à être encore plus fort chez nous et j’ai envie de dire qu’on se sert de ce lien qu’on a dans le Tarn pour renforcer ça. En tous cas, moi, j’y tiens particulièrement car je crois qu’on est plus fort ensemble que tous divisés. On a plein de clubs ici de niveaux différents et c’est ça qui fait notre force, je suis sûr qu’on peut tous s’aider à des niveaux différents, ne pas être là en concurrence mais, au contraire, s’armer les uns les autres, s’aider, se solidifier également par un état d’esprit exemplaire. Je pense que c’est important à nos yeux de coach, du moins ici et même ailleurs, on parlait de Castres, tous ces matchs gagnés à la maison. C’est difficile, ce n’est pas rien ce qu’ils ont fait, voire même exceptionnel, et on voit que c’est de plus en plus dur de garder invaincu sa maison.

C’est arrivé à Castres mais ça devient légion et monnaie courante dans le rugby que de se retrouver en finale du Top 14 en Juin au Stade de France à un pas du Brennus et d’être limogé en Février. Il ne fait pas bon être manager maintenant ?
Oui (rires). On en avait un peu parlé, on s’est mis à la mode du foot et je trouve que maintenant, ça va vite, peut-être que ça allait vite avant mais j’étais du côté joueur et je ne le voyais pas. Je trouve que c’est de plus en plus dur de rester en place sur des années, il faut savoir façonner son groupe et se renouveler, ce sont des choses pas faciles. Sur les clubs qui prennent des décisions comme ça, je dis toujours qu’ils ont sûrement des raisons et je ne me permettrais pas de juger du tout mais je dis aussi souvent que ça n’est pas la faute d’un seul homme. Forcément, quand tu es dans ces postes-là à responsabilité, il faut parfois par moment assumer ses choix mais je trouve ça par moment difficile et que maintenant, dès qu’il n’y a plus trop de résultats, on pointe un seul homme. Je ne commente pas du tout l’actualité de dernièrement ni ce qu’il s’est passé car ça ne me regarde pas et que je n’y suis pas mais je trouve qu’en général, dans le rugby, on laisse peu de temps aux personnes pour remodeler l’équipe. Une saison, ça n’est jamais plat, il y a toujours un peu de dents de scie et je trouve que, jusqu’à maintenant, on était épargné dans le rugby. Là, cette année, on n’est plus épargné et que ça y est, c’est devenu monnaie courante, c’est quelque chose qui me perturbe dans les valeurs de notre sport mais ça doit être le professionnalisme qui a fait ça. Il faut l’accepter, c’est notre job donc, forcément, il faut l’accepter.

Quel sera le mot d’ordre samedi ?
C’est être investi avec beaucoup de plaisir sur le terrain. J’ai envie que les joueurs prennent du plaisir et attaquent le match de la meilleure des façons et le mot pour moi sera vraiment concentré de la 1ère à la 80e minute.

Quand on regarde le contexte, Suresnes c’est 5 défaites d’affilée, 30 points de moyenne encaissés tandis que pour vous, il y a deux gros déplacements qui s’annoncent. Est-ce que ce n’est pas l’une des rares occasions que l’on coche dans un calendrier en se disant » là, c’est 5 points ou rien » ?
Non, on ne peut parler comme ça en tant qu’entraîneurs, c’est impossible. Moi, je ne vise qu’une chose et c’est la victoire, maintenant, il va falloir être concentré de bout en bout, si ça sourit, tant mieux mais je crois qu’il faut faire les choses dans l’ordre. Il faut faire preuve de beaucoup d’humilité au rugby, il n’y a qu’une chose que je répète et qui est vraie, c’est qu’on a perdu contre Suresnes à l’aller. C’est une équipe qui nous a battus donc on n’est pas meilleur qu’eux et samedi, il va falloir prouver que, comme on a perdu là-bas, c’est maintenant à nous de renverser la vapeur.
Propos recueillis par Loïc Colombié

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