Direction la Saône-et-Loire et l’AS Mâcon Rugby avec son manager, Julien Véniat qui après un début de saison délicat en mode sinusoïdal dans les résultats sportifs voit l’horizon s’éclaircir avec un bloc bien appréhendé en février. Les victoires à domicile face au CS Beaune dans le derby de bourgogne et en terre nordiste à l’Olympique Marcquois ont redonné des espérances à l’ASM. Les taureaux mâconnais sont désormais 6eme ex æquo de la poule 1 de Nationale 2 mais dans cette loterie générale qu’est ce nouveau championnat haletant, Julien Veniat appréhende la dernière ligne droite avec humilité mais ambition.

C’est une première année en terre saône-et-loirienne qui a débuté de façon compliquée mais on a l’impression qu’à Mâcon, on est en train de redresser la barre, qui plus est lors des dernières journées où vous avez cumulé deux victoires d’affilée ?
De toute façon, c’est quelque chose que j’avais mesuré en arrivant à Mâcon car il y avait 25 nouveaux joueurs et un nouveau staff, un nouveau fonctionnement à assimiler et un nouveau projet de jeu. J’avais dit à certains journalistes » pas avant Noël » car on avait fait trois matchs amicaux plutôt intéressants et je ne m’étais pas trompé. Il y avait pas mal de repères à prendre, pas mal de choses à assimiler qui prennent beaucoup de temps et c’est vrai que ça en a pris. Les résultats sont de plus en plus encourageants, on reste extrêmement prudents car la poule est dure et relevée, elle est excitante et, en deux semaines, on peut passer d’une qualification potentielle à une charrette et à une descente. On est extrêmement prudents, on est sur le qui-vive mais c’est vrai que la dynamique est globalement plutôt intéressante depuis mi-Décembre.

Tu nous parles de ce yo-yo émotionnel et, après la victoire contre Graulhet et celle au Stade Métropolitain, il y a eu le coup de bambou face à Rumilly ?
Absolument et c’est pour ça que, d’un week-end sur l’autre, on peut gagner chez le leader et perdre ensuite à domicile en prenant 0 point face à un concurrent direct. C’est le quotidien de cette poule depuis le début de l’année donc le maître mot est humilité, la poule est vraiment relevée, tout le monde peut gagner chez tout le monde, on le voit tous les week-end. Il faut surtout valoriser les bons résultats comme l’autre jour quand on a pris le bonus contre Beaune, je n’ai pas arrêté de le valoriser car Beaune est une équipe ultra accrocheuse qui a failli gagner le week-end dernier contre Nîmes, qui fait d’excellents résultats et qui est une belle équipe. Il n’y a personne de largué, on ne peut pas jamais trop faire tourner, on ne peut jamais lâcher un match donc les maîtres mots sont vraiment travail, rigueur et humilité dans cette poule et surtout ne pas se voir beaux ni s’enflammer parce qu’on peut passer d’un très beau week-end à l’enfer la semaine d’après. Il faut vraiment faire attention mais ce match de Rumilly était particulier, c’est déjà une très belle équipe de Rumilly et puis, c’était le 4e match du bloc après une victoire chez le premier, il n’y a pas du tout eu de relâchement mais je pense qu’il y a eu une usure physique car j’avais des joueurs qui venaient de faire 3 x 80 minutes chez les deux premiers à Nîmes et au Stade Métropolitain plus la réception de Graulhet qui est toujours difficile à manœuvrer. On a donc eu un petit coup de mou physique sur ce match, on a réussi à bien redresser la barre pour finalement faire un bloc de 6 matchs plutôt très intéressant avec deux victoires à l’extérieur et une victoire bonifiée à domicile ce qui est donc plutôt encourageant.

Tu nous parlais d’équipes accrocheuses et la prochaine qui se présente à Émile Vanier, à Mâcon, dans une semaine, c’est Bédarrides-Châteauneuf du Pape et là aussi, il y a de la grinta. Niveau accrocheur, ce n’est pas mal ?
Oui, mais comme tous les week-end. Il y en certains qui ont plus cette caractéristique que d’autres mais là, en plus, on va recevoir le premier qui a un rugby extrêmement attrayant et attractif, porté sur l’offensive. On sait qu’on a un énorme rendez-vous mais ça va sans dire, cette année, ce sont de gros rendez-vous tous les week-end. Là, on a une belle réception et surtout, on va garder tout le monde en éveil pour éviter de faire l’ascenseur émotionnel comme tu l’as dit et comme on l’a vécu après la victoire au Stade Métropolitain en perdant à domicile contre Rumilly. On vient de gagner à Marcq-en-Barœul, on ne veut surtout pas tout gâcher, on veut confirmer le bel état d’esprit et le contenu vraiment intéressant affiché à l’OMR.

S’il y a de bons résultats derrière, est-ce qu’on pourra parler de ce match à Marcq-en-Barœul comme d’un match déclic ou de match fondateur de la saison ?
Il est sûr que, de par le déplacement très long, de par la victoire et de par l’état d’esprit affiché par le groupe, ce sont des choses sur lesquelles on s’appuie. Comme on le disait au début, il y a eu un gros turn-over de joueurs, un nouveau staff et tout ce qui est bénéfique comme ça pour la vie de groupe, on le prend. Ce sont des moments de cohésion qui sont ultra importants, nous, le staff, on est plutôt ouvert là-dessus et on ne bride pas les mecs, je ne te cache pas que le retour dans le bus a été plutôt festif et c’est une très bonne chose. On ne veut pas du tout casser du sucre là-dessus car on a connu assez de moments difficiles depuis le début de l’année pour cracher sur ces bons moments. Oui, c’est vrai que ça peut être un moment déclic mais qui ne le sera vraiment que si on confirme contre Bédarrides-Châteauneuf du Pape à domicile, si on retombe dans nos travers et qu’on perd à domicile, il faudra encore une fois tout remettre en question. C’est vrai que ça, c’est assez usant à la longue donc tout le monde est en éveil pour essayer de faire au mieux à domicile et valider le bon résultat à Marcq-en-Barœul.

Si on suit tes propos, le maître mot pour la fin de saison est être sur les appuis et vigilance ?
Ah oui, vigilance et humilité. De toute façon, on n’a jamais lâché un match et si on les a lâchés et qu’on les a perdus, c’est que l’adversaire nous les a fait lâcher. On ne s’est jamais vu trop beaux, on n’a jamais manqué d’intensité, il y a cette rencontre contre Rumilly où il y a des faits de match mais Rumilly fait un très beau match et mérite amplement sa victoire. On avait surtout une certaine baisse physique sur certains joueurs cadres de l’équipe et on était tombé sur un os ce week-end-là. Depuis le début de l’année, si on arrive à basculer dans le positif, on pourra dire qu’on aura bien galéré parce-que la saison a été longue, ça a été long à mettre en place, on a pris pas mal de gros coups de bambou derrière la tête et il a fallu se relever. Encore une fois, on est toujours en éveil et on regarde vraiment derrière avant d’être trop ambitieux. On sait que ça se joue dans un mouchoir de poche et qu’en un week-end, on peut se retrouver dans la charrette vu comme c’est serré. On ne crache absolument pas sur les derniers bons résultats, ils étaient primordiaux et ils font un bien énorme au mental mais on sait qu’en deux défaites, on est dans la charrette donc éveil, humilité, travail, tout ce qu’on fait depuis le début de l’année en silence, sans faire de bruit, sans claironner. On savait que ça allait mettre du temps à se mettre en place, ce n’est pas encore en place, on bosse dur mais surtout humilité car on peut vite se faire taper sur les doigts et prendre un grand coup de bambou sur la tête du jour au lendemain.

Si on voit le verre à moitié plein et si vous arrivez en play-off, ces moments de galère que vous avez connus au cœur de la saison peuvent aussi être du carburant et quelque chose qui vous donne un état d’âme supplémentaire ?
Clairement, ça peut être un supplément d’âme mais, avant toute chose et c’est ce que je dis aux joueurs, on ne va pas s’interdire d’être ambitieux mais ça sera un supplément d’âme pour d’abord aller chercher le maintien. De toute façon, si on est cohérent et consistant dans ce qu’on fait pour aller chercher le maintien, on aura une bonne surprise. Ce n’est pas en se disant qu’il y aura le supplément d’âme en allant chercher les play-off pour se casser la gueule et ensuite ne plus savoir où se mettre et se prendre les pieds dans le tapis pour le maintien. Je pense que c’est dans l’autre sens et quand on voit comme c’est resserré même avec les premiers où il n’y a pas une différence monumentale comptablement et sur le terrain mais ça peut aller vite du fait des matchs, des blessures, une indiscipline, un carton rouge sur un match. Il ne reste que 5 matchs, ça va aller très, très vite et il ne faut pas se tromper. Je te rejoins sur le fait que ces moments de galère suivis de ces moments de cohésion que l’on vient de vivre sur le dernier bloc peuvent être des suppléments d’âme mais il faut d’abord mettre les choses dans l’ordre, c’est d’abord aller chercher le maintien et on aura peut-être une bonne surprise mais pour le moment, on reste vraiment focus sur la charrette.

Tous les coaches, tous les présidents, tous les suiveurs, tous les joueurs sont unanimes sur une chose, et tu viens d’en parler dans tes propos, c’est l’homogénéité de cette Nationale 2, que ce soit dans la poule 1 ou dans la poule 2. Par contre, est-ce qu’il y a pour toi dans les deux poules des clubs qui t’ont impressionné et qui sortiront du lot en play-off ?
Pour le coup, franchement, et même si là on faisait des play-off 1er contre 9e de notre poule, par exemple, je ne pourrais pas dire qui sortirait vainqueur. En toute honnêteté, si on faisait un Bédarrides-Châteauneuf du Pape / Rumilly, je ne pourrais pas dire qui gagnerait et Beaune peut encore gagner partout. J’ai aussi suivi l’autre poule mais je n’ai pas assez de recul sur les fonctionnements et autres, apparemment Périgueux survole un petit peu la poule mais c’est pareil, Marmande peut aller gagner à Saint-Jean de Luz, ce qui s’est passé à il y a deux semaines. Ce que je peux dire, c’est que les poules sont ultra homogènes et que c’est un championnat qui est très excitant, je suis aussi la Nationale de très près donc bravo à la Fédé d’avoir mis ça en place parce-que c’est ultra intéressant et je pense qu’à suivre pour le public et les spectateurs, c’est une excellente chose. Pour le moment, te dire que quelqu’un survole … Je peux surtout te dire que les premiers peuvent perdre contre les derniers et qu’on peut tomber de haut d’un week-end sur l’autre et surtout, la marche est encore énorme pour monter en Nationale. Je suis le championnat de Nationale de très près, j’habite à Bourg et pour voir Bourg régulièrement et regarder tous les matchs, il y a une marche qui est énorme entre la Nationale 2 et la Nationale, même sur les deux poules, sur les 24 équipes, il n’y a pas beaucoup, beaucoup d’équipes totalement pros, des budgets cohérents pour la Nationale. En Nationale, ils enchaînent des blocs tout le temps, il faut au moins 6 ou 7 2es lignes de très haut niveau, les piliers je ne t’en parle même pas. Notre poule est homogène mais hormis gros, gros recrutements, je ne vois pas. L’année dernière, on était confronté à Hyères-Carqueiranne La Crau qui est antépénultième, juste devant la charrette et je les ai vus le week-end dernier contre Bourg-en-Bresse, c’est une usine à gaz. Ils ont une équipe magnifique, ça joue bien, c’est huilé, ils ont une cohérence depuis plusieurs années, on les a tapés avec Vienne mais c’était sur un match, ils font une saison l’année dernière qui est extraordinaire mais là, ils sont antépénultième donc tu te dis » waouh, il y a un fossé qui est monstrueux « . Ils avaient survolé la poule l’an dernier et cette année, ils me semblent qu’ils sortent de 9 défaites de rang, ils viennent de mettre 40 points contre Bourg alors qu’ils bossent bien, qu’ils ont une super équipe et qu’ils ont de la profondeur. Eux étaient prêts mais le fossé me paraît assez abyssal.

Ça fait 9 mois que tu découvres la Saône-et-Loire et ce club de Mâcon, même si tu avais des attaches pas loin. Quel est ton regard périphérique sur ce club de l’ASM ?
C’est un club avec de vraies, vraies ambitions et puis surtout de vraies belles infrastructures. C’est vraiment confortable avec ce fonctionnement professionnel, pas mal de joueurs bossent ou vont bosser à côté mais on gardera ce fonctionnement professionnel où on a les infrastructures de niveau Pro D2 entre la salle vidéo, le club-house pour nos petits-déjeuners ou nos repas collectifs, il y a un réceptif et une salle de muscu dignes de la Pro D2 aussi tout comme l’éclairage. On a tout pour bien faire, il y a beaucoup, beaucoup de personnes de bonne volonté, un énorme réseau de partenaires, je crois qu’il y en a 400 ou 450. Il y a un énorme boulot qui a été fait en amont et du coup, c’est très confortable de bosser dans ces conditions et il y a des ambitions qui sont légitimes. On a fait le pari cette année de ne pas claironner et on a bien fait quand on voit la galère de la saison, on fera le bilan d’ici 5 matchs mais pour le moment, à l’heure d’aujourd’hui, il est quand même un peu moins négatif qu’il y a 6 matchs. On est à un point de la qualif mais on n’est pas encore sauvé donc c’est un bilan qui est relativement mitigé pour le moment mais qui, je l’espère, sur la dynamique actuelle, pourrait être positif en fin de saison. C’est un nouveau projet, un nouveau staff, de nouveaux joueurs, une nouvelle méthode de travail, un nouvel état d’esprit donc ça met du temps à prendre mais on va croiser les doigts pour avoir une bonne surprise à la fin de la saison.

Qu’il y ait play-off, maintien ou pas maintien, quels seront les grands axes de l’an II de Julien Véniat à l’ASM ?
Ça dépendra évidemment de la fin de saison qui va se profiler. On a eu des marqueurs mais, encore une fois, d’une semaine à l’autre, on peut dégringoler, il y a eu des marqueurs super intéressants à Marcq-en-Barœul à confirmer ce week-end. L’idée pour l’an II à Mâcon est vraiment de stabiliser l’effectif, l’un des gros défauts qu’il y a eu ces dernières années. Il y a toujours eu de très bons mecs et de très bons joueurs mais c’est vrai qu’il faut stabiliser l’effectif, je ne veux pas revivre les 6 derniers mois que je viens de vivre à devoir tout refaire et tout réassimiler. Surtout, c’est mettre l’accent sur cet aspect humain, je ne parle pas des joueurs mais vraiment des hommes qui commencent à se connaître, à s’apprécier et à bien bosser ensemble et ça, c’est quelque chose qui n’a pas de prix. C’est long à mettre en place, encore plus dans le rugby que dans d’autres sports et c’est le plus important pour moi, ce sur quoi je veux appuyer. Je veux stabiliser l’effectif dans la mesure du possible, si certains ont des propositions au niveau au-dessus et qu’ils veulent y aller, on ne fera pas de barrage mais je veux que les mecs se sentent bien à Mâcon et qu’ils adhèrent au projet pour pérenniser un effectif. Ce sera beaucoup plus simple et on évitera surtout tout ce début de saison où on a galéré parce-que dans des moments où c’est compliqué, il manque ce supplément d’âme parce qu’on ne se connaît pas assez et qu’on a un manque de repère avec le mec et l’homme d’à côté. Je veux vraiment stabiliser l’effectif, continuer à bosser sur notre fonctionnement et sur l’ensemble du club, sur la transversalité dans le club où y a un énorme boulot qui est fait sur la formation. Ce n’est pas juste une coquille vide, il y a beaucoup, beaucoup de boulot avec le CEL et Nicolas Pommerel qui en est le responsable et avec Maxime Musikas sur la formation. On avance sur l’ensemble du club et ce serait bien de rapidement valider le maintien pour pouvoir mettre en valeur et valoriser tout le boulot qui est fait au quotidien.

Merci pour ce bilan aux 3/4 de la saison de cette première année en Nationale 2
Merci beaucoup
Propos recueillis par Loïc Colombié

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