Focus sur un passionné de rugby, un entrepreneur qui donne beaucoup au sport tarnais mais aussi agent de joueurs et, bien sûr, dirigeant au Sporting Club Graulhetois. Romaric Maurel est de ces personnages qui ne font pas dans la demi mesure tant quand il donne son amitié que lorsqu’il s’investit dans un projet sportif ou professionnel. Mordu de rugby par filiation depuis sa plus tendre enfance, celui qui dirige le Groupe Maurel est un entrepreneur accompli, mais aussi un acteur prépondérant du rugby graulhetois. Membre de la jeune garde dirigeante (Montbroussous, J.Pauthe, J.Montels, les frères Poujade, Renaud Martinet) qui amène un vent de fraîcheur chez les mégissiers de l’ovalie, cet ancien joueur de la B du SCG a aussi une corde supplémentaire à son arc en pratiquant à côté de ses nombreuses activités la profession d’agent de joueurs. Rencontre avec une figure du rugby graulhetois qui n’en oublie pas ses racines Lisloises et Gaillacoises mais dont le coeur bat au gré des aventure de la grande famille des rouges et noirs graulhetois.

Pour toi, le rugby est une histoire de passion, une histoire d’enfance et, quasiment, une histoire d’amour ?
J’ai connu le rugby grâce à mon papa qui n’était pas pratiquant mais passionné, on regardait les matchs sur le canapé. J’ai commencé par le judo avec mon meilleur pote François Da Ros et on a été au rugby ensemble, comme une évidence, à Gaillac. Comme Graulhet jouait à un niveau supérieur, on a fait le choix d’aller à Graulhet, un petit peu en terre ennemie, pour y passer de très, très belles saisons. C’est donc un club qui m’a particulièrement marqué, j’ai surtout joué en B, je n’avais pas le niveau de l’équipe première mais en tous cas, j’y ai trouvé des potes, une ambiance, un club qui m’a formé et qui, je pense, m’a permis d’être l’homme que je suis aujourd’hui, du moins en grande partie. Après, on a fini à Lisle sur Tarn avec des potes de Gaillac ou de Graulhet car on s’était toujours promis de finir notre carrière ensemble. On est donc parti dans un club de série pour remonter le club avec tous les potes et, bien sûr, les joueurs qui étaient là, on s’est aussi bien régalé et la boucle était bouclée, du moins en tant que joueur.

Petite parenthèse, quand tu es parti de Gaillac pour Graulhet, tu as dû, comme on dit dans le jargon, » prendre quelques pièces » ?
On en a pris quelques-unes et le premier était mon père qui est Gaillacois pur sang et qui m’a dit » ce n’est pas possible, ce n’est pas possible « . C’était un défi, à Gaillac, j’étais chez moi, j’étais le fils de, mais là, personne ne me connaissait donc c’était vraiment le but de voir si, avec mes valeurs, je pouvais jouer plus haut ou pas sans qu’il y ait du copinage ou des gens qui me connaissent et ça, ça m’a fait beaucoup de bien.

Tu as mené de front ta vie sportive et ta passion à Graulhet dans le rugby mais tu as en même temps développé le groupe familial, le groupe Maurel. Ce groupe Maurel est bien sûr un acteur du sport tarnais puisqu’on le voit en bord de terrains de nombreux stades ?
J’ai repris la société à 21 ans quand j’étais à Graulhet, mon frère Gaëtan m’a rejoint deux ans après. On a essayé d’avancer, c’est un peu comme le sport, à un moment donné, il faut essayer d’être compétiteur, se donner des objectifs et avancer car, si tu n’avances pas, tu recules. C’est pour nous normal de rendre un petit peu au rugby ce qu’il nous a donné donc nous sommes sponsors des trois clubs où nous avons joué : Graulhet, où mon frère a joué aussi, Gaillac, qu’il ne faut pas non plus oublier, et Lisle-sur-Tarn. On aide aussi un petit peu les copains de Saint-Juery et de Marssac tout en étant partenaires du club de l’Effigie du Castres Olympique car je pense que c’est aussi important pour nous de soutenir le rugby tarnais. En tant qu’entrepreneurs, on a un rôle social et sociétal et pour nous, ça fait partie de l’ADN.

On voit aussi qu’il y a pas mal de joueurs de rugby qui viennent faire des stages ou travailler dans le groupe Maurel. C’est également important d’imprégner ces joueurs de rugby dans le corps économique tarnais ?
Tout à fait car je pense qu’il ne faut pas se leurrer, tu n’es pas invité pour avoir des professionnels au niveau amateur, ce n’est ni bon pour le joueur ni bon pour le club car ce n’est pas pérenne. Comme je le disais, le rugby doit aussi être un élément d’intégration au niveau professionnel donc ça a du sens de prendre des joueurs dans nos entreprises. Et puis, encore une fois, c’est un sport de combat où tu n’as pas le droit de tricher car si tu triches, ça se voit tout de suite et aujourd’hui, tu n’as pas le droit non plus de tricher dans une entreprise, ce n’est pas possible. On attache beaucoup d’importance à ces valeurs de dévouement, de loyauté et d’engagement et c’est donc un parallèle que d’avoir un joueur de rugby chez nous, enfin des joueurs car on en a plusieurs chez nous.

Tu es un grand passionné de ballon ovale mais tu n’es pas sectaire car on a vu aussi que tu soutenais le foot avec Albi Marssac TFA ?
C’est un client qui est dirigeant et en plus, le fils de ma compagne joue au foot donc il faut aussi aider les clubs de foot environnants. On aide le sport un petit peu partout, on ne peut malheureusement pas donner à tout le monde parce qu’on a quand même des budgets qui restent limités mais je crois que c’est important de soutenir. Le partenariat et le mécénat sont des leviers pour les clubs et c’est ce qui permet d’exister, c’est la seule économie qu’ils ont.

On va aussi parler de ton rôle de dirigeant au Sporting Club Graulhetois car, bien entendu, après avoir raccroché les crampons, tu as continué à être dans la mêlée rouge et noir. Pour toi, c’était quelque chose qui allait de bon sens de continuer à soutenir ce club, et bien sûr, à t’investir en tant que dirigeant ?
Ce qui s’est passé, c’est que Pierre Cathalau, qui était le fervent et qui nous a fait venir à l’époque, a commencé à nous mettre le pied à l’étrier. On a commencé à rentrer à l’époque via « les 8nes » , une association qui permettait de faire des soirées et de vendre des T-shirts, de faire un petit peu une vie autour du club mais également une économie pour le club. C’était Guy Laporte qui était président et qui a fait monter le club là où il en est et son décès brutal nous a tous touchés. On s’est regardé avec des copains et on s’est dit » On fait quoi ? Si on n’y va pas et si ça casse, on va regretter » et du coup, on y est allé. Donc, on s’est retroussé les manches en se disant » allez, on rend à ce club ce qu’il nous a donné » et on participe avec notre potentiel et notre investissement, c’est le pourquoi du comment on est revenu pour donner la main à la pâte à ce club. Ça nous tenait à cœur.

Le Sporting Club Graulhetois est un club avec un passé riche et un grand héritage. Quand on s’investit dans le club, ça doit quand même un peu peser sur les épaules en se disant » il faut en être digne » ?
Exactement, ça pèse beaucoup et puis je pense qu’il y avait beaucoup de détracteurs. Beaucoup de joueurs voulaient rester en Fédérale 1, beaucoup de dirigeants ont dit » on n’y arrivera pas » donc je pense qu’on n’était pas beaucoup à y croire au début. On a souvent gagné sur tapis vert à Graulhet, on s’est souvent maintenu sur tapis vert et pour une fois qu’on monte en le gagnant sur le terrain, tu n’as pas le droit de le refuser quand tu es sportif. A nous de mettre les moyens et de trouver les solutions pour maintenir le club, ce n’est pas encore chose faite mais je pense qu’on a prouvé à tout le monde qu’avec de petits moyens, un gros cœur et des joueurs de qualité, parce qu’il y a des joueurs de qualité, tout en étant novateurs sur d’autres projets et des choses comme ça, on peut arriver à faire quelque chose.

Quel est ton regard sur cette première saison en Nationale 2 ? Pour l’instant, on va dire que c’est le verre à moitié plein ?
Tout à fait. Il y a un petit peu eu l’euphorie de ce match amical qui ne voulait pas trop dire grand-chose contre Albi mais qui a plutôt été très, très bon. Derrière, on perd contre La Seyne et je pense que ce match nous a fait mal car on s’est vu un peu beaux donc ça a remis l’église au centre du village et nous a montré que le niveau de Nationale 2 était quand même très relevé. A partir de là, on a vraiment mouillé le maillot, on a fait de gros matchs à la maison, on a fait un bon match à l’extérieur à Nîmes où on peut l’emporter, c’est d’ailleurs dommage, c’est un regret de la saison. Là, c’est en train de s’étouffer un petit peu donc il faut faire attention, on est en train de ronronner un peu, on fait des prestations à l’extérieur plus que moyennes. On reçoit Beaune qui va tout faire pour sauver sa peau jusqu’au dernier moment et on sait qu’ils vont batailler. Il va donc falloir que l’on bataille jusqu’à la fin et on va justement voir si cet esprit graulhetois est vraiment là mais je n’ai pas de doute.

On sait que Jérôme Montbroussous a mis en place avec tous les copains que vous êtes un projet de club et que vous avez tous des rôles précis. Quelle est ta mission à Graulhet ?
Moi, c’est plutôt la mission économique. En tant qu’entrepreneur et partenaire, ça a du sens, on a aussi des fournisseurs qui peuvent nous aider ainsi que des amis donc on essaye de rassembler un peu les copains entrepreneurs autour du projet. C’est un peu mon domaine de prédilection, c’est vraiment cette partie-là.

On va maintenant parler de ta troisième casquette : tu es passionné de rugby, dirigeant d’une entreprise et dirigeant du Sporting Club Graulhetois mais tu es aussi agent de joueurs avec un modèle de fonctionnement assez atypique dans le monde des agents où l’on voit de grosses écuries. Toi, tu es plutôt sur une écurie restreinte avec quasiment du cousu main, de la haute couture, du sur mesure ?
Haute-couture, je ne sais pas mais du sur mesure, ça, c’est certain (rires). En lisant cette interview, je pense que les gens vont se dire » mais ce mec est un couteau suisse, il fait tout ! » mais il faut quand même savoir pourquoi je suis devenu agent. Ça part d’un apéro avec François, mon meilleur ami, qui, à l’époque était à Graulhet et va signer à l’Aviron Bayonnais, on est en vacances, il reçoit un coup de fil de Richard Dourthe et il s’en va. Il me dit » il faut des agents, c’est compliqué » donc je lui réponds, » si ce n’est que ça, je vais être votre agent » car on était en coloc à l’époque avec François Da Ros et Nicolas Kwarazfelia, qui a aussi fait une belle carrière à Auch et autres (Pilier droit de Graulhet Auch, Albi, Blagnac, Saint Jean de Luz). Donc, c’est parti de là, on s’est tapé dans la main et le lendemain, j’ai regardé ce qu’il fallait pour être agent, j’étais un peu malade car il faut quand même passer des examens avec des notions de droit mais je l’ai passé à Marcoussis et me voilà parti. Le premier ca se trouve à la bière, me présente Jean-Marc Palis qui me dit » je veux mettre mon fils au Castres Olympique » et c’est parti comme ça. Quand j’ai arrêté le rugby, je m’étais fait deux fois les ligaments croisés, l’entreprise me prenait beaucoup de temps et je bossais quand même dans ma boîte, je ne pouvais pas me permettre d’être blessé donc j’ai été obligé d’arrêter et c’était vraiment une petite mort, c’est vrai en pro mais c’est aussi vrai en amateur. Le fait d’être agent m’a donné un équilibre qui m’a permis de rester dans ce milieu donc j’ai pu encore vraiment vivre ma passion. Je me suis donné des règles en me disant que je ne voulais pas plus de 10 / 15 joueurs, je ne veux pas deux joueurs du même niveau ni du même poste pour rester dans l’éthique. Le but est vraiment de faire de l’accompagnement humain, sportif mais également sur l’après-carrière. Il y a aujourd’hui Antoine Tichit ou Geoffrey Palis, Antoine est sur la fin de carrière et on parle beaucoup de la boîte qu’il a monté, je le conseille donc c’est vraiment un accompagnement sur la durée. C’est ça qui me passionne et c’est ça qui me plaît mais tu as raison en disant que je suis atypique car je n’ai pas besoin de ça pour vivre et c’est un défaut de la qualité car aujourd’hui, je peux me permettre de me froisser avec un président car je défends le joueur. Il faut savoir que là-dessus, je n’ai pas de langue de bois et ça ne plaira pas à tout le monde mais il faut savoir que c’est le club qui paye l’agent donc il y a souvent du copinage qui se fait, il ne faut pas se leurrer. Aujourd’hui, c’est vraiment défendre le joueur et aller au bout, défendre le joueur de manière objective avec ses qualités et son niveau. Comme je le dis souvent, je ne suis pas Majax à savoir que je ne ferai pas jouer un mec de série en Top 14 sinon, ça se saurait mais néanmoins, c’est faire jouer le joueur au meilleur niveau et dans le club qui correspond le plus à ses valeurs pour qu’ils puissent s’y épanouir.

Tu as des têtes d’affiche comme Nemo Roelofse (voir photo d’illustration), Geoffrey Palis ou Antoine Tichit mais tu as aussi des joueurs en Pro D2, en Nationale, et en Fédérale 1 ?
Tout à fait, il y a de petits espoirs comme Baptiste Cope qui fait de très belles parties à Castres et qui est en train de monter en puissance, Joris Dupont aussi à Castres, Jules Martinez à Carcassonne, Jean-Marc Aué qui devient manager. C’est beaucoup local mais ce sont des mecs avec qui un truc est passé et on essaye de les accompagner au mieux.

Si on peut faire une boutade, pour devenir agent, il faut faire des apéros avec François Da Ros ?
Peut-être, c’est peut-être la solution mais pas trop souvent car ça peut quand même être dangereux pour la santé (rires).

Qu’est-ce qu’on peut souhaiter au Sporting Club Graulhetois pour cette fin de saison même si j’imagine connaître la réponse à savoir un maintien et une belle fête à Pélissou ?
Exactement, un maintien pour qu’on puisse préparer sereinement la saison prochaine.

On te remercie et on te souhaite plein de belles choses dans ton entreprise, dans ton agence de joueurs et bien sûr, en tant que dirigeant des rouge et noir
Je voudrais juste me permettre une dernière chose, passer le bonjour à Vincent Carbou qui est un bel entraîneur et un bel éducateur. C’est quelqu’un qui m’a aussi fait découvrir le rugby au niveau des jeunes, en espoirs, il a entraîné les espoirs du Stade Français puis Suresnes. C’est un catalan qui développe le rugby à Paris, on s’aperçoit que c’est monnaie courante, Semperé, peut-être que Carbou sera le prochain Catalan à développer le rugby à Paris, on ne sait pas (rires). En tous cas, je lui donne un défi !

Vincent Carbou, un Catalan qui, bien sûr, ne fait pas l’apéro à Paris ou à la rue de la soif ?
Joker (rires).

On te remercie à nouveau et on te souhaite une belle fin de saison avec le Sporting Club Graulhetois
Merci.
Propos recueillis par Loïc Colombié

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