Direction la Côte d’Or et ce pays de vignobles avec le Cercle Sportif Nuiton et son président Vincent Lécheneaut qui enchaînent une 3eme saison en Fédérale 1 dans une mouture a l’ancienne permettant au club bourguignon d’y trouver une juste place et un haut niveau de compétitivité. A Nuits Saint Georges, une nouvelle page est en train de s’écrire avec un nouveau staff ayant pris le relais d’Eddy Joliveau, tout en conservant l’ADN de ce « club village » et formateur. Alors que les nuitons sont en position de participer aux playoffs d’accession en Nationale 2, Vincent Lécheneaut garde la tête froide et raison gardée tout en ne s’interdisant pas de voir le CSN passer un nouveau cap sportif. Rencontre avec un dirigeant qui a l’image des vignes qu’il cultive, tente de façonner une entité pérenne et stable dans ce pays de l’orfèvrerie viticole française.

Comme je le disais, on est revenu sur une Fédérale 1 ancienne version, aux recettes ancestrales de la Fédérale 1 et j’ai l’impression que Nuits-Saint-Georges se plaît beaucoup dans cette nouvelle Fédérale 1 ?
Effectivement, cette nouvelle Fédérale 1 convient parfaitement au CSN. Le costume est plutôt taillé pour nous puisqu’aujourd’hui, on a trouvé notre place dans cette nouvelle Fédérale 1 sachant que l’année dernière a été une année beaucoup plus compliquée avec des équipes qui dominaient le championnat comme Hyères-Carqueiranne La Crau, La Seyne-sur-Mer, Vienne, Mâcon et les autres. Là, on est dans un schéma et un profil plus adaptés à notre structure et, de ce fait, on se retrouve en position de qualifiés, ce qui nous convient beaucoup mieux.

Malgré cela, il y a quand même deux grosses écuries dans votre poule, Chartres et le Servette Genève ?
La Fédérale 1 aujourd’hui est en effet une belle division, elle sert de tremplin d’accession à la nouvelle Nationale 2 et certains clubs comme Chartres et Genève font partie des prétendants et se structurent pour accéder à cette Nationale 2. On se retrouve avec eux ce qui est bien car ça permet d’apporter un peu plus de piment à la compétition avec de gros matchs, des matchs plus denses, plus en rapport avec ce que l’on avait l’an passé dans l’ancienne poule de Fédérale 1. Après, il y a tous les autres clubs, les nouveaux promus, essentiellement de la région parisienne car on a quand même une poule à connotation parisienne, des promus qui, pour la plupart sont des clubs qui se sont bien structurés et qui se sont bien équipés pour la Fédérale 1. Tout ça débouche sur une compétition assez homogène, intéressante et qui, je le répète, convient très bien au club de Nuits-Saint-Georges.

Quelle est l’ambition cette année pour Nuits-Saint-Georges ?
L’ambition est toujours la même, je crois que, quand on est compétiteur et joueur, c’est de gagner le maximum de matchs. On a parlé d’objectif tout à l’heure et c’est vrai que l’objectif était d’accrocher une place qualificative sachant que cette année, les 2 premiers de la poule sont qualifiés direct pour les 8es et du 3e au 6e, ça passe par un barrage. Pour nous, les deux premières places commencent à être un petit peu plus difficiles à atteindre mais on va s’accrocher à notre 3e place qui signifie un barrage à domicile, match sec mais à domicile. Si tout va bien, en terminant 3e ou 4e, on croiserait un 5e ou 6e de la poule 4. Mais restons mesuré car à l heure où on parle rien n’est fait et il reste des matchs à jouer.

On le sait, une aventure humaine et sportive peut parfois aller très loin, surtout avec les play-offs. Si d’aventure Nuits arrive en finale des play-offs et peut accéder à la Nationale 2, est-ce que vous l’accepterez ?
Depuis 7 ans maintenant, alors que le club était en Fédérale 3, nous ne nous sommes jamais posé la question de savoir ce qu’il deviendrait si on montait. On a toujours fait les choses dans l’ordre, qualification / montée, qualification / montée et on est passé de la Fédérale 3 à la Fédérale 1. C’est vrai que ces étapes ont été franchies toujours dans la même politique, avec le même état d’esprit en se disant » on ne peut pas refuser, il faut vraiment que le club continue sa progression « . On en est toujours là aujourd’hui, on va continuer notre progression mais on n’ira pas où on ne peut pas, on sait très bien que l’accession en Nationale 2 engendre des conséquences et des difficultés supplémentaires en termes sportives, organisationnelles, budgétaires. C’est là que nous devrons regarder de beaucoup plus près cet aspect financier en particulier si on devait accéder à la Nationale 2. Aujourd’hui, je dirais qu’on ne veut rien se refuser tout en étant toujours très prudent et jamais, en aucun cas, on ne mettra en danger le CSN par une accession mal préparée ou pas préparée du tout.

Quand on voit les parcours de Graulhet, Lannemezan ou Saint-Jean de Luz qui n’ont pas de budgets stratosphériques, ça donne quand même de l’espérance pour Nuits-Saint-Georges ?
Oui, bien sûr mais la seule différence avec ces clubs-là est que nous sommes dans une zone géographique un petit peu différente en termes de joueurs. Je pense qu’il est bien plus facile pour des clubs comme Lannemezan ou Graulhet de recruter » local » alors que nous, pour attirer des joueurs à Nuits-Saint-Georges, en Fédérale 1, c’est plus compliqué. On a toujours beaucoup misé sur notre formation mais je crois que pour la Nationale 2, on en verrait les limites même si ce serait toujours notre leitmotiv et notre politique. On serait arrivé à des limites qui nous obligeraient à aller chercher des joueurs ailleurs et c’est là où ça compliquerait un petit peu la donne en cas d’accession. On est donc en réflexion mais, je le répète, en aucun cas on ne fera n’importe quoi en allant là où on n’est pas capable d’aller.

Du côté de Nuits-Saint-Georges, on sait que vous êtes le seul sport du village à avoir une résonance telle. J’imagine que les collectivités doivent être au soutien et pourraient vous aider en cas d’accession à la Nationale 2 ?
C’est un petit peu là où le bât blesse puisque de la Fédérale 3 à la Fédérale 1, il y a quand même une évolution très importante pour notre club qui n’a jamais été reconnue par la ville de Nuits. Aujourd’hui, c’est un petit peu la difficulté que l’on a sur le plan budgétaire à savoir avoir un accompagnement plus important de la municipalité. J’ose imaginer que, si on accédait à la Nationale 2, la politique ne changerait pas et c’est pour ça que l’accession est quelque chose qui, sans nous poser problème, doit prendre en compte cette donnée c’est à dire le soutien de la ville de Nuits qui là, en cas d’accession, devrait vraiment être total et beaucoup plus important en tous les cas que ce qu’il n’est actuellement.

L’un des grands changements qui a aussi eu lieu cet été à Nuits fut la fin d’une page, une page heureuse, avec la fin du mandat d’Eddy Joliveau. Comment vous êtes-vous réorganisés dans l’encadrement sportif du CS Nuiton ?
Avec le départ d’Eddy, c’était en effet une page de l’histoire du CSN qui a été tournée mais je pense que, comme dans tous clubs, on doit observer le moment où il faut justement tourner cette page. Pour le CSN, l’année précédente était vraiment le moment de tourner cette page, il fallait passer à autre chose, à un autre discours, les joueurs avaient besoin de connaître autre chose. Ça a été fait d’un commun accord avec Eddy, l’ancien staff et les responsables du club, ce changement s’est plutôt fait dans de très, très bonnes conditions, vraiment en travaillant tous les uns avec les autres pour amener quelque chose de nouveau. Aujourd’hui, on a un nouveau staff qui, même s’il n’a pas été renouvelé à 100% puisque Régis Parot, qui était dans l’ancien staff, a gardé ses prérogatives et est toujours là, il l’a été en partie puisqu’on a remplacé le staff et Eddy Joliveau. Je l’avoue pour Eddy et moi c’était un moment assez difficile a traversé, mais nous l’avons traversé ensemble puisque Eddy a su trouver ses remplaçants, en la personne Julien Loreau et Mathieu Tassin.

J’imagine que même si vous avez été obligé de ramener des » pièces rapportées » hors de Bourgogne pour arriver au niveau de compétitivité que demande la Fédérale 1, on a gardé l’ADN nuiton au CSN et qu’on s’appuie sur ce qui est votre sécurité sociale, la formation ?
De toute façon, quelle que soit l’évolution du club et quel que soit le niveau auquel évoluera le club, ça restera notre ADN. Comme je l’ai dit tout à l’heure, nous ne sommes pas du tout dans les mêmes régions rugbystiques que Graulhet ou d’autres clubs où il y a un bassin beaucoup plus important de joueurs, on est beaucoup plus limité ici dans l’attraction des joueurs. Avec notre petit budget et notre environnement, nous devons faire avec notre formation et c’est pour cela que l’on continue à s’attacher à cette formation et à faire beaucoup d’efforts. On continue à structurer davantage avec des éducateurs de mieux en mieux formés pour alimenter notre future équipe senior. Pour exemple, hors de l’école de rugby, on a un centre d’entraînement qui n’est pas encore labellisé mais qui a été mis en place l’année dernière, on va le faire labelliser très prochainement, et nous avons aujourd’hui des jeunes qui intègrent l’équipe senior. La preuve est que la semaine dernière à Genève, nous avions trois joueurs de 18 ans qui ont commencé la rencontre, nos deux équipes cadets / juniors sont engagées dans les championnats nationaux et vu les résultats actuels, devraient vraisemblablement se qualifier pour les phases finales du championnat de France. Tout ça prouve que la formation est vraiment quelque chose sur laquelle on s’appuie et on fait beaucoup d’efforts car le salut du CSN passe essentiellement par nos jeunes.

On a vu qu’en Bourgogne, et surtout en Côte d’Or, il y a un grand changement à la tête des clubs puisque Philippe Verney s’en va de Dijon à la fin de la saison, tout comme André Goichot. Rassurez-nous, Vincent Lécheneaut reste au CS Nuiton l’année prochaine ?
Ça, c’est la question Ardisson (rires). On a parlé d’Eddy Joliveau et je crois que, dans tout engagement et dans tout contrat, il y a une usure qui peut apparaître et il ne faut pas que le discours s’émousse et que la dynamique d’un club se sente cassée à cause d’une baisse de régime. Quand je sentirais cela, ça sera le moment de partir, rien n’est acté pour l’instant mais dans tous les cas, le CSN continuera toujours d’être là avec ou sans Vincent Lecheneaut les années prochaines sans problème. Par contre c’est avec regrets que je vous partir mes deux collègues de Côté d’Or : André Goichot (Beaune) et Philippe Verney (Dijon).

Merci de nous avoir fait un tour d’horizon sur le CSN. On vous souhaite une belle fin de saison émaillé de play-off, de ferveur et de joies sportives
Merci.
Propos recueillis par Loïc Colombié

Revoir l’interview grand format vidéo de Vincent Lécheneaut de Mars 2021, ci dessous :
Article en partenariat avec






















