Direction le cœur de la Haute-Garonne, à la frontière de l’Ariège, à Saint-Sulpice sur Lèze avec le manager Victor Labat pour faire un bilan de cette saison 2022-2023 qui arrive dans sa dernière ligne droite. L’USSS qui a fait le choix de rester dans le monde amateur malgré sa possibilité d’accéder à la Nationale 2, a retrouvé une Fédérale 1 à l’ancienne tout en prenant un virage sociologique. Retour avec celui qui depuis 5 saison coache les hauts garonnais sur cette saison charnière dans l’ histoire du club.

L’année dernière, Saint-Sulpice sur Lèze a refusé une accession en Nationale 2. Vous êtes maintenant en Fédérale 1 et après coup, quand vous voyez des clubs de votre ancienne poule qui s’en sortent très, très bien, est-ce qu’il n’y a pas une pointe ou une once de regret ?
A titre personnel, oui, il y a une pointe de regret mais pour le club et ses dirigeants, je pense que la décision était légitime et qu’elle l’est encore aujourd’hui. Mais il est certain que, quand je vois certaines structures comme Graulhet qui a été en difficulté, je leur tire aujourd’hui mon chapeau car le travail qu’ils font est exemplaire face à des écuries d’un autre calibre financier et structurel.

On va parler de cette saison en Fédérale 1 où on pensait que Saint-Sulpice serait vraiment au-dessus du panier en étant une équipe potentiellement qualifiable à la Nationale 2 mais que nenni ?
Oui, c’est ça, peut-être qu’on l’a tous cru et qu’au bout d’un moment, on s’est tous trompé. C’est possible, ça fait partie de la vie de groupe et de la vie des clubs. Aujourd’hui, on avait une étiquette en ayant gagné le droit à l’accession en Nationale 2 et puis, il y a une réalité. Des décisions ont été prises tardivement, il y a aussi eu des repositionnements dans la structure, un recrutement qui, à ce jour en Fédérale 1, n’est plus du tout comme il l’était les années précédentes avec d’autres profils de joueurs donc il a fallu un peu de temps mais en tous cas, on s’accroche aujourd’hui pour y être.

J’imagine qu’avec ce repositionnement en Fédérale 1, il a aussi fallu que tu changes ton fusil d’épaule en changeant de discours ou de management ?
J’ai un statut de coach ou peu importe comment on appelle ça, je n’ai personnellement pas de problème d’ego. L’avantage est que Stéphane Doussaint est venu entraîner avec moi donc le discours a été naturellement renouvelé. Le mien peut un peu s’effilocher car ça fait quand même quelques années que je suis sur la structure et du coup, Stéphane a amené un peu de nouvelle énergie donc c’était bien. Il y a aussi le travail avec la structure espoirs qui s’est dynamisé ce qui fait que tu trouves des ressources supplémentaires. Ton management n’est plus le même, la réalité d’aujourd’hui est que tu es sur l’élite amateur, tu n’ambitionnes plus le monde professionnel comme ça l’était avant, c’est autre chose donc oui, ton discours et tes leviers sont peut-être un peu différents.

Doussaint qui passe de l’autre côté de la barrière, Roquebert qui approche de la fin, est-ce que ce n’est peut-être pas aussi une page ou un cycle de l’USSS qui est en train de se tourner avec derrière, dans le rétro, la belle aventure en Fédérale où vous avez fait trembler de grosses écuries comme Albi ou Narbonne ?
Tu en as cité deux mais je pourrais en citer bien plus. Aujourd’hui, Stéphane a pris un rôle et a très, très vite basculé sur la partie entraîneur, il n’est pas du tout resté dans ce schéma joueur et, personnellement, j’estime que c’est une vraie valeur ajoutée au club pour la structure USSS. Tu as nommé Benjamin Roquebert qui est la figure iconique du club, élu joueur de la Haute-Garonne 2022 mais, pour le moment, il ne s’est pas positionné pour la suite. Il est sûr qu’il est plus proche de la fin que du début au même titre que des joueurs comme Yohan Menegel ou autres qui, depuis des dizaines d’années, ont toujours fièrement porté les valeurs du club. Maintenant, cela fait partie de la vie d’une structure à savoir qu’avant eux, il y en a eu d’autres, il y en aura après aussi et c’est comme ça que se construisent les structures et les associations sportives. Il est sûr que le jour où ces joueurs-là ne seront plus là, ça laissera un vide mais on avait quand même un petit peu anticipé et des personnes prendront leur succession. Je pense aussi qu’ils ne seront toujours pas très loin non plus pour accompagner donc on pourra toujours s’appuyer sur eux autour de la talanquère ou autour de la salle Marci après les matchs.

Tu nous parles d’une saison qui est en-deçà ou en-dessous des objectifs initiaux. Quand arrive une saison comme ça, ce sont souvent des carrefours qui sont loupés ou mal appréhendés donc, selon toi, où sont ces carrefours cette saison ?
Beaucoup de choses se sont dites et nous, depuis le début, on a parlé de qualification. On terminera avec un budget autour des 500 000€ et si tu prends le classement des poules, les clubs les mieux armés en termes de structures et de moyens financiers sont quand même au-dessus. Nous, on a quand même un budget confortable pour la Fédérale 1 mais pas non plus un budget de top de poule donc il faut aussi prendre ça en considération. Il a également fallu switcher, prendre connaissance de ce nouveau groupe qui arrivait, que chacun trouve un peu son équilibre donc il ne faut pas parler que d’échec et aujourd’hui, le constat fait qu’on est toujours sur une place de qualifiable donc il n’y a pas de raison de parler encore d’échec. En tous cas, il a fallu repenser les choses, se repositionner notamment après un mois de Décembre un peu compliqué en termes de résultats et ce sont des choses que l’on a faites. Les joueurs ont aussi pris les choses en main, ils ont écouté leurs difficultés et avec le staff, on a repensé et fait évoluer certaines choses peut-être plus adaptées au profil de joueurs que l’on avait. C’est arrivé comme ça et c’est souvent dans les difficultés, quand tu n’enchaînes pas les résultats, que tu te repenses un peu.

Quel est le mot d’ordre à Saint-Sulpice sur Lèze pour cette dernière ligne droite ?
Le mot d’ordre n’a jamais changé à Saint-Sulpice, ce n’est que plaisir. Comme tu l’as dit, il y en a qui arrêteront, d’autres qui ont peut-être d’autres ambitions, peut-être que des choses changeront aussi dans les structures, ça, on ne le sait pas, l’avenir nous le dira rapidement. Aujourd’hui, tu es en élite amateur, si tu ne prends pas un maximum de plaisir dans ce que tu fais, on se trompe complètement. L’objectif est la qualification pour pouvoir passer des moments forts tous ensemble et aussi pouvoir les faire vivre à tous ces bénévoles de club qui n’attendent que ça tous les ans. Ensuite, si on peut aller plus loin, tant mieux et si jamais ça s’arrête sans qualification, le club sera toujours là et il y aura toujours des gens qui l’accompagneront. Il faut redimensionner les choses, la Fédérale 1 aujourd’hui, c’est avant tout du plaisir et ce sont les valeurs premières du monde amateur.

Cela fait un quinquennat que tu es à la tête de Saint-Sulpice. A l’heure où on parle, qu’est-ce que tu retiens de ces 5 ans, quelle est l’image forte ou le moment ou le fil conducteur ?
J’ai eu la chance de finir de jouer, si on peut parler de carrière, peu importe, 3 années à Saint-Sul avant de basculer sur l’ancienne Nationale B qui a été une année humaine extraordinaire et en plus accomplie en termes de résultats puis de passer 5 ans sur l’équipe première avec différents entraîneurs. Ce que je retiens, c’est que c’est un club qui a la force de ses inconvénients, un club qui est attachant avec des personnes qui sont vraiment investies. Bien sûr qu’on n’a pas les structures ni les budgets de tout le monde mais je pense qu’aujourd’hui, Saint-Sulpice est gage de certaines valeurs du rugby amateur et j’espère que les clubs comme Saint-Sulpice continueront à toujours véhiculer cela même si le rugby se professionnalise et que moi aussi je comprends tous les schémas. J’espère qu’il y aura d’autres souvenirs à Saint-Sul, comme je te l’ai dit, la saison n’est pas finie et on verra après pour la suite mais ce qui te marque à Saint-Sulpice, ce sont les personnes et pas forcément les résultats. Moi, je m’attache beaucoup plus sur les personnes que j’ai pu rencontrer et avec qui j’ai pu aussi entraîner parce-que tu apprends de chacun et même les joueurs tu apprends d’eux. Ce qui est attachant dans cette structure, ce sont avant tout les personnes qui sont dedans.

Merci pour nous avoir donné un tour d’horizon sur l’actualité de l’US Saint-Sulpicienne et sur cette saison en Fédérale 1
Merci beaucoup
Propos recueillis par Loïc Colombié

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