Du côté du stade Noël Pélissou, les rouges et noirs préparent avec sérieux et application le double déplacement à Rumilly et à Villeurbanne lors des 16 et 17 eme journée de Nationale 2. Le petit Poucet budgétaire de la division, actuellement 6eme du championnat est en recherche effrénée d’un premier succès à l’extérieur . A l’aube de voir les mégissiers partir défier en Haute Savoie le RCSR, nous sommes allés à la rencontre d’un des facteurs X du Sporting Graulhetois, l’ouvreur/arrière Kevin Boulogne qui après avoir loupé (pour cause de blessure) les 3 premières rencontres de l’année 2023, attend avec impatience le feu vert médical du staff. Mais celui qui est un des cadres du vestiaire, tout comme des joueurs les plus expérimentés du SCG ne veut pas griller les étapes avant de faire son retour sur les terrains, car un printemps copieux attend les tarnais entre lutte au maintien et envisageable qualification en playoffs. En clair dans la capitale du cuir, on sait le chemin long voire tortueux jusqu’à l’épilogue des phases régulières, à commencer par l’étape alpestre de ce dimanche .

Depuis le début de l’année 2023, on ne t’a pas beaucoup vu sur les terrains graulhetois ni sous les couleurs rouge et noir. Explique nous un peu ce qu’il se passe
Tout simplement, j’ai une blessure à la cheville que j’avais contractée il y a deux ans et demi au Sporting Club Albigeois, j’ai de l’arthrose due à mon âge avancé. J’avais été tranquille pendant deux ans et demi et là, c’est revenu et avec le froid et l’humidité, ça arrive beaucoup plus vite que prévu. J’avais comme des coups de poignard tout le temps dès que je marchais ou que je courais ce qui m’a contraint à prendre du repos forcé.

Malgré cela, tu vis encore une magnifique saison avec le Sporting Club Graulhetois. L’année dernière, pour ta première saison, vous êtes montés de Fédérale 1 à Nationale 2 avec une véritable aventure humaine et cette année, sportivement, c’est aussi un régal pour toi ?
Bien sûr que c’est un régal ! Tout le monde sait que j’avais continué l’année dernière car tant ma famille que moi nous étions épanouis auprès de ce groupe et de ce club, avec le staff, les présidents, les bénévoles, les joueurs, c’était une année magique pour moi et assez particulière. Je voulais donc surfer sur cette dynamique et on voit cette saison que, même s’il y a eu du recrutement, des changements et de la structuration dans le club, le club a su garder ses valeurs, le groupe est resté fidèle à lui-même et on voit que cette année, ça se passe encore très bien pour nous.

Il y a cependant quelques petits regrets à l’extérieur car, pour l’instant, vous n’avez pas réussi à faire » quine « , comme on dit dans le jargon, en déplacements ?
Certes mais je pense que c’est aussi de l’apprentissage. L’année dernière, on ne pensait pas se qualifier pour monter en Nationale 2 et on l’a fait donc on a tout simplement appris à re-gagner car Graulhet a eu des années compliquées et cette année, on a fait coup double en montant directement en Nationale 2 donc je pense aussi que c’est de l’apprentissage. A domicile, on voit qu’avec les valeurs du groupe, la qualité du groupe que l’on a et l’ensemble du staff et du public, on arrive à se transcender et à être largement au niveau mais peut-être qu’on appréhende un peu plus les choses à l’extérieur et qu’on a peut-être un peu plus de pression alors que ça devrait être l’inverse. C’est tout simplement de l’apprentissage d’avoir évolué comme ça dans une poule aussi relevée par rapport à celle de l’année dernière, sans faire offense à personne.

Focus sur deux matchs dont le premier est celui à domicile contre La Seyne que vous perdez de 3 points et où les Seynois vous battent à l’expérience. Le 2e focus est sur le dernier match à Nîmes, et même si tu n’étais pas sur le terrain, tu l’as vu dans les tribunes, dans la douleur où l’équipe s’est resserrée et a réussi à arracher une victoire de prestige contre une équipe qui était un peu son chat noir. On voit la progression ?
Tout à fait. Ce n’est pas jouer les pleureuses que de faire un constat sur ce championnat mais aujourd’hui, il y a des équipes qui s’entraînent 3 à 4 fois plus que nous la semaine avec des joueurs mieux préparés physiquement. Ils ont la qualité de jeu ainsi que l’effectif donc si nous, pour clairement compenser ce manque, on ne met pas l’état d’esprit irréprochable que l’on a cette année, cet investissement et ces valeurs que l’on garde du rugby sur le terrain avec notre groupe qui est vraiment très soudé et qui vit bien, on ne pourrait pas se permettre de faire ces résultats. Aujourd’hui, on équilibre les débats avec un état d’esprit irréprochable, si on ne met pas ça, ce qui est la moindre des choses, on ne pourrait même pas rivaliser avec des gros budgets, des charges d’entraînements et des effectifs si étoffés que certains clubs de cette poule.

Ce week-end, déplacement à Rumilly face à une très belle équipe qui n’est pas classée là où elle devrait l’être puisque, on ne s’en cache pas, le RCSR a joué les phases finales l’année dernière et faisait partie des plus grosses équipes de Fédérale 1. Est-ce qu’on aura peut-être la chance de voir Kevin Boulogne sur le terrain ? Est-ce qu’Highlander va reprendre du galon ?
Je ne sais pas si ça sera bon pour ce week-end ou pas. J’ai repris la course mardi et j’ai encore une petite gêne, on va tester toute cette semaine et on décidera seulement vendredi soir au dernier moment. On ne prendra aucun risque sur la participation, on ne va pas essayer de faire gagner un match pour peut-être en perdre 7 derrière et que je ne puisse pas rejouer donc, je ne sais pas pour la participation, peut-être que oui, peut-être que non, à voir vendredi selon l’évolution. Pour en revenir sur cette équipe de Rumilly, tu as tout à fait résumé la chose, c’est une équipe qui joue le haut de tableau de Fédérale 1 depuis des années, elle monte en Nationale 2, elle ne doit rien à personne. Ils ont un effectif très complet, un pack d’avants vraiment ultra solide, je crois que depuis le début de la saison, c’est le pack qui m’a le plus surpris quand on les avait joués chez nous, très dense. Franchement, ils ont une qualité de 3/4 qui sont capables d’alterner le bon et le moins bon mais dès qu’ils se trouvent, on voit que c’est une équipe très dense. Je pense que leur début de saison avec beaucoup de défaites les a impacté psychologiquement et que c’est pour ça qu’ils ont eu du mal à mettre la marche en avant mais, au jour d’aujourd’hui, on voit qu’ils sont capables d’enchaîner de grosses performances, de gagner à domicile et à l’extérieur. C’est donc bien sûr un gros test pour nous mais on y va carrément sans pression.

On va aussi parler de tes journées qui sont bien remplies et qui sont emplies de rugby. Tu vis rugby du matin jusqu’au soir puisque la journée, tu es coordinateur sportif et administratif de l’Association Sporting Club Albigeois, de l’école de rugby jusqu’aux espoirs ?
Si je peux te reprendre, je suis même responsable général puisque je m’occupe aussi du sponsoring et du budget du club pour qu’on ait une bonne tenue et pas de mauvaises surprises à la fin de la saison ainsi que de garder une cohérence et une cohésion des plus petits aux plus grands dans notre association. On a toujours eu un club qui vivait bien avec des structures vraiment intéressantes mais on a eu du mal à avoir de la cohésion entre les sections, chaque section vivait très bien grâce au travail des bénévoles, des entraîneurs et des administratifs mais le but lors de mon arrivée il y a trois ans était d’harmoniser tout le monde ensemble et de faire évoluer tout ça ensemble afin de communiquer sur une image plus de club que de sections.

Est-ce que tu arrives à faire des passerelles entre Albi et Graulhet ?
Bien sûr, on a quelques relations avec Graulhet, la preuve, ils viennent encore ce week-end chez nous faire un plateau amical le samedi 11 en compagnie d’autres clubs. Ça a été une démarche qu’on a faite la semaine dernière et je remercie la SASP avec le président Roumegoux et Jean-Jacques Veyrac pour l’accord qu’ils nous ont donné sur les places de match. Samedi, on a invité les clubs de Saint-Juery, Alban, Carmaux, Graulhet et nous-mêmes à faire un plateau amical samedi après-midi à Albi et dans la foulée, tous les petits seront invités avec leurs staffs de l’équipe une pour venir encourager l’équipe d’Albi parce-que nous ne sommes pas qu’un club, on est un bassin. Il y a aussi le Castres Olympique qui doit marcher en bassin, on est un peu les deux clubs phares avec un petit plus sur le Castres Olympique en Top 14 mais sans nos clubs partenaires, nos bassins et le reste, on ne peut pas fonctionner. Aujourd’hui, ça marche et on est très fier de les recevoir ce week-end pour cette journée de convivialité.

Question plus personnelle : on sait que tu es l’un des tauliers avec Vakhtang Maisuradze ou encore Olivier Regnier et, à Dijon, on t’a vu prendre le capitanat du Sporting Club Graulhetois, preuve que tu es arrivé à l’âge de raison. Du ciel, de là-haut, du Panthéon, il y en a un qui a dû sauter de sa chaise, c’est Eric Béchu ?
Bien sûr, je pense qu’il n’aurait jamais pensé ça de moi parce-que ce n’était pas du tout mon caractère d’être un peu le leader du groupe. Moi, je suis bien sur le terrain, je suis bien avec mes partenaires mais le capitanat était juste provisoire et, clairement, je ne le veux pas. Je pense qu’un capitaine est un joueur d’exemple et de devoir, un joueur qui a aussi un peu d’ancienneté au club, c’est super important d’avoir ces valeurs et de les faire conserver tous les ans. Et puis, vu mon âge, le capitanat ne me sert à rien car, clairement, je ne serai pas sur du long terme et un capitaine doit aussi se projeter et faire projeter son équipe à travers lui. J’ai été très content et flatté mais je pense qu’on a assez de très bons joueurs et jeunes et leaders et charismatiques dans cette équipe pour avoir des capitaines largement avant moi.

Pour terminer le clin d’œil à Eric Béchu, tu étais un peu son enfant terrible mais comme tous les enfants terribles, il devait quand même beaucoup t’aimer ?
Clairement, je n’en serais pas là sans lui, c’est un constat et tout le monde le sait. On va dire qu’il a su aller chercher les qualités que j’avais en moi avant de voir mes défauts, il m’a toujours laissé une chance, deux chances, trois chances, comme à un gamin à qui on pardonne tout parce qu’on sait qu’il avait de l’attachement pour tous ses joueurs. C’est grâce à lui que j’en suis là aujourd’hui, je pense que si j’étais arrivé dans l’industrie d’une équipe de Top 14, je n’aurai pas fait de vieux os et au jour d’aujourd’hui, il s’est projeté à travers moi et d’autres joueurs. Ça m’a réussi, je pense que ma carrière est belle, elle n’est pas parfaite, elle n’est pas nulle, elle est belle, je suis content et je le remercierai toujours pour ça.

Merci pour cette interview et on te souhaite une belle fin de saison avec les Graulhetois et, qui sait, peut-être des play-off
Merci beaucoup.
Propos recueillis par Loïc Colombié

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