#Rugby – Nationale 2 / Arnaud Mignardi (Auch) : «Je vais comme un vieux qui gère ses efforts et les matchs à l’expérience!»

Arnaud Mignardi après une pause de 2 saisons comme coach des 3/4 de l’US Dax, a rechaussé les crampons dans son Gers Natal, terre bénie du rugby. Avec les Rugby Club Auscitain, le bison découvre un nouveau championnat, la Nationale 2 où l’ex international français a dû piocher dans ses réserves physiques pour se remettre au niveau. Ce papy de 36 ans qui fait de la résistance sur le pré, nous a accordé un entretien tant pour parler de la saison du RC Auch, que du récent derby face à Fleurance ou encore de son titre automnal de champion du monde des « anciens combattants » avec France Classic. Bon pied, bon œil, une pointe d’humour et d’ironie toujours glissé au bord des lèvres, Arnaud Mignardi nous a parlé de ce flash-back sur les terrains à bâtons rompus, sans oublier, bien entendu, d’avoir une pensée pour son club de cœur : le CA Brive Corrèze qui lutte pour le maintien en Top 14.

On va commencer par ce titre de champion du monde avec France Classic, tu as été champion du monde en – de 21 ans et là, tu boucles la boucle en étant champion du monde avec les anciens. Est-ce que tu peux nous parler de cette aventure aux Bermudes avec cette équipe de France Classic ?

C’est une aventure fantastique. J’ai eu la chance d’y participer aux Bermudes, un mois plus tôt que d’habitude donc sur une fin d’été où il faisait à peu près entre 25° et 30°. Pour une fois, le Covid n’a pas empêché les équipes de venir donc ça a vraiment été un tournoi complet, je crois qu’il ne manquait que les Sud-Afs. On a eu affaire à de grosses équipes, on a battu l’Italie, les Anglais, enfin les Lions qui sont un peu un mélange de tout le monde, et en finale, on a battu les Argentins qui étaient venus avec quasiment 15 anciens internationaux donc une belle petite équipe en face de nous. J’ai été surpris par le niveau et l’engagement mais bien sûr, ce qui fait le plaisir du rugby, ce sont les à-côtés donc on en a bien profité, c’est vraiment un tournoi où il n’y a pas de prise de tête et où la part humaine est la première des choses. C’était vraiment une très bonne expérience.

C’était quasiment les Barbarians cette histoire ?

C’est exactement ça, ce sont les Barbarians des vieux. On arrive, on ne se connaissait quasiment pas ou on se côtoyait et au bout de 10 jours ensemble, on ressort les meilleurs amis du monde donc c’est vraiment sympa.

On va aussi parler de ton retour sur les terrains à Auch. On t’avait eu juste avant le début de saison, 6 mois ont maintenant coulé sous les ponts, comment se passe ce come-back sur les terrains ?

Ça va comme un vieux. Je gère mes efforts et je gère les matchs un petit peu à l’expérience, j’ai quand même eu un petit peu de difficultés à revenir au niveau au début notamment physiquement. J’avais quand même arrêté pendant deux ans donc c’était un peu compliqué, mon corps ne comprenait pas trop où je voulais arriver mais je m’y suis remis petit à petit. En plus de ça, on a une bonne petite équipe, on a enchaîné pas mal de victoires, on s’est retrouvé premier de championnat sur la phase aller et là, sur la phase retour, on est 2e ex-aequo avec 4 victoires à l’extérieur. On n’est pas trop mal positionné pour se qualifier donc pour l’instant, tout va bien.

Et puis, il y a eu la victoire face à Fleurance dans le derby qui a dû égayer tout Auch ?

Ah oui, c’était vraiment le match coché depuis un petit moment ! Le match aller avait déjà été coché, ils étaient venus nous faire un match nul à la maison, c’était quand j’étais aux Bermudes donc je n’étais pas là mais je l’avais suivi sur internet. On avait un petit côté revanchard donc on avait à cœur d’aller faire un résultat chez eux, ça a été un match très rude et très engagé où on a pris le score très rapidement. On a mené 3 essais à 0 avec le bonus offensif quasiment à la 50e et Fleurance est revenu dans la partie pour nous passer devant à la 80e, il restait 2 minutes de jeu, on est repassé devant à la 83e sur un essai miraculeux entre les poteaux et on gagne sur le fil.

Comme on dit, vous êtes passés entre le mur et la tapisserie ?

Tout à fait (rires).

Tu avais découvert la Nationale en tant que coach avec Dax et là, tu découvres la Nationale 2 comme joueur avec Auch. Que penses-tu de ce championnat ?

Pareil que la Nationale, c’est vraiment un championnat très intéressant, relevé qui laisse la place à de jeunes joueurs pour s’exprimer, des joueurs français. C’est vraiment un tremplin pour le rugby comme, je le répète, la Nationale, ce sont deux beaux championnats, le niveau est vraiment à l’équilibre, il n’y a pas de petite équipe ou de monstre de la poule. Tous les matchs se tiennent, il y a des surprises tous les week-end donc c’est vraiment très intéressant.

On fait un peu de fiction : Auch monte en Nationale l’année prochaine, est-ce que tu rempiles pour une année de plus ?

Non, je ne pense pas. Je crois que mon corps ne subira pas les impacts physiques de la Nationale parce-que c’est vraiment costaud et puis, faire 10 heures de bus tous les week-end, je crois que j’ai perdu la foi.

On va parler de Brive, ton club de cœur qui, pour l’instant est en difficulté et c’est en plus Arnaud Méla, un ami à toi, qui en est l’entraîneur principal. Que penses-tu de la situation à Brive ?

Je suis déjà très déçu pour eux parce qu’ils avaient fait un beau come-back depuis deux ou trois journées. Ils avaient réussi à gagner à l’extérieur, à regagner à la maison et à réussir à reprendre un petit peu de confiance, à mettre le doute sur Perpignan et ils avaient un petit peu la balle de match le week-end dernier pour être quasiment sûrs d’être 13e en gagnant à la maison contre Perpignan. Malheureusement, ils ont trébuché mais j’ai toujours confiance en eux, je sais qu’il reste encore 10 journées, ça va être un maintien acharné et ça va se jouer à peu grand-chose, à un ou deux points. En fait, le premier qui craquera descendra malheureusement en Pro D2 mais Méloche est habitué à ces combats-là, je pense qu’il va essayer de faire véhiculer son expérience tout comme Péjoine. Je pense que l’arrivée de Collazo a fait du bien mentalement surtout au niveau de l’organisation des semaines brivistes, de la stratégie et du reste donc moi, je n’y vois que du positif. Maintenant, il faut que ça paye, ce faux pas va malheureusement leur faire mal mais ils sont capables de relever la tête, j’en suis certain.

Et puis, on peut faire confiance à Arnaud Méla avec son esprit de chasseur pour aller chasser quelques points de ci de là du Top 14 ?

C’est ça, ils vont être amenés à grappiller tout ce qu’ils peuvent grappiller. Je sais qu’ils vont au Racing ce week-end et un point serait génial, ils vont aussi à La Rochelle le week-end d’après, c’est aussi pendant le tournoi je crois, donc pourquoi pas prendre encore un point. Leur statut passera par des grattages de points un petit peu partout et surtout par la volonté de ne rien lâcher jusqu’à la dernière journée.