En amont de ce match en retard de la 11e journée entre Mâcon et Rumilly, Pierre Birembaut, le bicentenaire des Saône et Loiriens nous a accordé un entretien grand format pour nous parler de ses 13 saisons sous les couleurs mâconnaises. Ce dromois devenu l’un des piliers et des tauliers du vestiaire de l’AS Mâcon Rugby, nous a narré son épopée sportive au long court ayant débuté sous les ordres de Jean Henri Tubert et l’ayant vu participé à une finale de Jean Prat où encore décrocher un challenge Yves Du Manoir. Ce seconde ligne de devoir nous a aussi donné son sentiment sur la nouvelle division Nationale 2, tout comme sur la saison des taureaux mâconnais, sans oublier de nous narrer l’évolution de ce club qui est devenu sa seconde famille. Focus sur un guerrier qui au crépuscule de sa carrière jette un regard dans le rétro avec passion et sincérité.

Pour toi, le dernier match face au Stade Métropolitain, au-delà d’être une victoire qui a fait du bien au club, était un match avec une forte symbolique puisque tu as passé les 200 caps sous le maillot de l’AS Mâcon Rugby ?
Effectivement, c’était ma 200e cap sous les couleurs de l’ASM donc ça fait forcément un match particulier. En plus, c’était aussi ma reprise puisque j’ai été blessé pendant quasiment deux mois et demi, c’était un retour pour moi sur ce match-là donc c’était en effet symbolique. Il en reste maintenant quelques-uns pour finir la saison.

Est-ce que tu peux nous parler de ta longue histoire d’amour avec l’ASM ?
Je suis arrivé des espoirs du LOU en 2010, on était quelques joueurs du LOU à avoir signé à Mâcon sous l’ère Jean-Henri Tubert. Depuis 13 ans maintenant, je suis bourguignon en ayant rencontré de supers personnes ce qui, je pense, fait aussi qu’on est là depuis aussi longtemps. Je suis arrivé ici avec ma femme en 2010 et la petite vie mâconnaise s’est faite, j’ai deux enfants.

On peut dire que désormais toi, le drômois et homme de Montélimar, est un véritable bourguignon d’adoption ?
C’est ça, oui (rires). Quand on est arrivé en 2010, on avait 23 ans, je ne pensais pas rester aussi longtemps à Mâcon et puis finalement, de fil en aiguille, tu fais des rencontres, la ville est super sympa, les joueurs avec qui tu es et avec qui tu crées de l’amitié te font rester dans la région. C’est vrai que l’on peut dire que je suis un peu un jeune Mâconnais depuis toutes ces années.

Pour toi, quel est le point d’orgue de cette grosse décennie sous les couleurs de l’AS Mâcon Rugby ? Le titre en Du Manoir ou est-ce qu’il y a un autre match ou une autre période qui te saute aux yeux ?
Franchement, il y a beaucoup de saisons. Au début, quand on est arrivé à Mâcon, le club venait de monter en Fédérale 1, il y avait eu beaucoup, beaucoup de turn-over cette année-là donc on est arrivé avec un groupe assez jeune dans l’état d’esprit mâconnais. Il y avait d’anciens Mâconnais purs, Alex Verri, Thomas Huet, Romain Payan, Millon, j’en passe encore et je vais en oublier, qui nous un peu créé cette identité mâconnaise. Ensuite, petit à petit, on a passé les saisons les unes après les autres, on est monté assez crescendo en commençant par un maintien avant de commencer à se qualifier en Jean Prat à l’époque en Fédérale 1. J’ai bien sûr cette année où on est champion en Yves Du Manoir où tu soulèves un trophée avec ton club donc c’est quand même super mais il y a aussi eu deux ans avant où on avait disputé une finale Jean Prat perdue contre Rouen. J’ai beaucoup de souvenirs dans ce club et il n’y en a pas vraiment un en particulier, je les ai tous en tête et puis, il y a beaucoup de joueurs qui sont passés. J’ai beaucoup de copains, des amitiés qui ont été créées par ces années à Mâcon donc ce ne sont que de bons souvenirs.

Tu nous parlais de Jean-Henri Tubert qui était l’entraîneur de Mâcon quand tu es arrivé et tous les joueurs qui l’ont eu disent que, quand tu l’as comme entraîneur une fois dans ta vie, il te marque. Est-ce que tu corrobores ?
Effectivement (rires). Moi, c’est un entraîneur qui m’a mis le pied à l’étrier à l’époque quand je suis arrivé à 23 ans, il faut gagner sa place mais c’est un entraîneur qui apporte beaucoup et qui m’a fait grandir sur plein de secteurs. Il marque forcément car c’est un personnage du rugby et, je pense, pas que de la région Rhône-Alpes / Bourgogne, c’est quelqu’un qui a une sacrée identité et qui retranscrit un peu sa passion du rugby à tout le monde. Donc oui, c’est un entraîneur qui marque.

Depuis 13 ans que tu es au club, tu as dû voir grandir le club pas à pas. Quel est l’AS Mâcon de nos jours en quelques mots ?
C’est vrai que ça a beaucoup évolué depuis que l’on est arrivé. On a de supers infrastructures, on a des dirigeants et des bénévoles qui sont présents et c’est vrai que maintenant, il faut que l’on arrive à lier le sportif de la structure club. Je pense que, pendant des années, on a sportivement été un peu au-dessus par rapport à tout ce qui est administratif et là, depuis quelques années, il y a justement eu un gros accent mis sur cette évolution administrative et sportivement, on n’a pas donné au niveau des attentes. Donc, je pense qu’il y a un petit décalage entre les infrastructures et le potentiel économique de Mâcon avec le sportif mais c’est quelque chose qui va s’amener avec la continuité de l’effectif et je ne vois que de belles années devant ce club.

Il y a aussi le présent avec une nouvelle aventure dans un nouveau championnat avec la Nationale 2. Maintenant qu’on a quasiment joué les 2/3 des rencontres, que penses-tu de ce championnat ?
Je vieillis peut-être un peu mais je trouve que ce championnat a monté d’un niveau. Cette Nationale 2 est une poule qui est beaucoup plus homogène, tu as forcément des équipes qui sont devant et elles le méritent mais je trouve que c’est quand même un championnat très homogène comparé à l’époque où c’était peut-être un peu plus hétérogène dans le sens où tu avais des équipes promues. Elles étaient là pour se tester en Fédérale et si ça marchait, ça marchait, si ça ne marchait pas, ça ne marchait pas. Là, cette année, tu sens que tout le monde est là pour se maintenir en Nationale 2 et on le voit par rapport aux résultats et par rapport au classement, c’est assez serré. Tu as 2 / 3 équipes qui se démarquent un peu de la poule mais le reste est assez serré donc, pour moi, cette Nationale 2 a monté de niveau par rapport à la Fédérale 1. Ce sont des équipes que l’on rencontre depuis un certain nombre d’années et on voit l’évolution comme, par exemple, Bédarrides-Châteauneuf du Pape dont on sait très bien qu’ils ont une très bonne équipe mais personne ne les voyait forcément à cette place et c’est ce qui rend agréable ce championnat de Nationale 2, le fait que ce soit assez homogène. En suivant un peu la Nationale 1, je pense qu’il y a encore une marche et que ça a encore créé une grosse marche entre chaque division, que ce soit de Fédérale 1 à Nationale 2 ou de Nationale 2 à Nationale 1. Ça a peut-être recréé un petit fossé entre toutes ces divisions-là mais je pense que chaque championnat reste très intéressant.

On va parler de la saison de Mâcon, une saison où, au début de l’été, on vous mettait dans les favoris notamment grâce à l’armada que vous avez car vous avez un super effectif. Ça a été un peu compliqué avec un démarrage diesel ?
Oui, en effet. Un peu comme chaque année, on a toujours ce mois de Septembre un peu compliqué et cette année, ça a un peu plus traîné dû, pour moi et dans l’analyse des années précédentes et aux autres championnats, au fait qu’en Nationale 2, tu te rends compte que toutes les équipes étaient quand même prêtes. Tu avais très peu d’équipes qui se cherchaient encore alors que nous, on s’est un peu cherché tout le début de saison et, effectivement, on a toujours un peu ce démarrage diesel. Cette année, on a démarré un peu plus tard que d’habitude mais mieux vaut démarrer tard que jamais et, pour moi, on a lancé notre saison sur ce mois de Janvier mais il faut maintenant confirmer tous ces résultats que l’on a depuis un ou deux mois ainsi que l’état d’esprit. On est sur une bonne lancée et, en tous cas, on a envie d’avancer avec cette équipe.

On va revenir sur ce mois de Janvier avec une victoire contre Graulhet mais un contenu un peu moyen suivi d’une belle victoire à l’extérieur chez le leader, au Stade Métropolitain. Ça, c’est peut-être un match charnière et référence qui va vous faire basculer du bon côté du karma ?
Il y a même Nîmes où on est allé avant de recevoir Graulhet. On fait un très, très gros match à Nîmes, on perd 14-10, on arrive à grappiller un bonus défensif mais jusqu’à la 65e / 70e, je pense que les Nîmois serraient un peu les fesses. C’est un match sur lequel on fait un bon contenu et sur l’état d’esprit, on avait eu très peu de matchs en début de saison avec cet état d’esprit-là, je parle collectivement. Derrière, il y a la réception de Graulhet, une équipe du Sud-Ouest avec les valeurs du Sud-Ouest donc on craignait aussi ce match-là et une réception alors que l’on n’était pas encore très bien en place sur les matchs à domicile. J’ai regardé cette rencontre des tribunes et c’est toujours différent mais je pense qu’on a l’occasion de tuer cette rencontre en 1ère mi-temps mais tu prends un essai dans une mêlée sur tes 5 mètres, un essai un peu bête. Derrière, tu prends un carton jaune donc, à la mi-temps, alors que pour moi tu avais tout pour faire une belle victoire, tu te remets un peu une balle dans le pied tout seul. C’est toujours un peu compliqué, tu fais la reprise de la 2e période à 14, tu te cherches un peu et tu sais que Graulhet ne lâche rien jusqu’au bout donc on savait que ce serait un match difficile jusqu’à la fin. Ensuite, on se déplace à Villeurbanne contre le Stade Métropolitain et vu notre place, puisqu’on était premier relégable, on s’est dit qu’on n’avait plus rien à perdre, qu’il fallait aller chercher des points, chaque match est un peu un match commando et on les prend les uns après les autres. Cette fin de match au Stade Métro où tu défends sur tes 22 mètres pendant 5 / 10 minutes pour ne pas prendre une pénalité ou un drop et où tu gagnes d’un point à la fin, c’est super pour le groupe, pour le club et pour les supporters qui se déplacent. Pour moi, on va dire que ces 3 premiers matchs du mois de Janvier lancent un peu notre saison et ce que veut vraiment l’équipe.

Ce dimanche, il y a la réception de Rumilly, l’ancien club de ton manager Julien Véniat mais surtout un match qui peut vraiment vous permettre de rebasculer » du bon côté de la force « . En cas de victoire, vous reviendriez à quelques encablures des 6 premières places qui est l’objectif initial ?
On reçoit Rumilly qui est aussi sur une dynamique assez ascendante. Ils ont également fait un début de saison assez compliqué, ils avaient de la casse et petit à petit, ils se remettent en route un peu sur la même dynamique qu’ils avaient la saison dernière. Tu reçois une grosse équipe de Rumilly mais j’ai envie de te dire que nous, on sait où on était il y a un ou deux mois, dans les relégables de la Fédérale 1 donc en fait, on a qu’un objectif qui est déjà de gagner les matchs les uns après les autres pour se sortir de ce danger et on comptera les points à la fin de la saison. Là, l’objectif premier est déjà de se rassurer et de se sortir de cette zone et comme on le disait tout à l’heure, tout le monde peut y être car le classement est assez serré. On va jouer Rumilly et on verra ensuite mais il est sûr que ça peut être un match charnière, surtout à domicile et pour confirmer un peu notre mois de Janvier.

Si d’aventure vous vous qualifiez en play-off, d’avoir galéré en début de saison pourrait vous avoir mis du carburant et vous avoir soudé pour vivre une aventure humaine et sportive ?
Je pense que bien sûr, ça crée un petit truc de se retrouver, de travailler quand tu es un peu dans la galère. Quand tu bosses bien à l’entraînement mais que tu n’arrives pas à retranscrire ça en match, c’est frustrant donc ça crée forcément un petit truc dans l’équipe, ça resserre mais on n’en est pas encore là. Il reste encore quelques matchs et, comme je le disais, on va déjà se rassurer sur le maintien et on verra après.

On va revenir sur toi, Pierre Birembaut, 200 matchs, bientôt 36 ans. L’horloge tourne, jusqu’à quel âge va-t-on voir Pierre Birembaut sur les terrains ?
Je ne sais pas (rires), on va déjà finir la saison.

Le cap des 300 fait quand même loin ?
300, je pense que ça ne serait pas forcément très raisonnable, pour moi et pour mon corps. Même pour le club, je ne pense pas que ça serait bénéfique de me garder jusqu’à 300 matchs. Je suis en fin de contrat cette année, je ne me prends pas la tête, j’ai 36 ans, j’ai une reconversion à préparer. Je me suis blessé mais je me sens en forme, j’ai repris assez rapidement donc je ne me mets pas de pression par rapport à ça, j’ai déjà envie de finir la saison et qu’on la finisse de la plus belle des manières, toute l’équipe ensemble, que ce soit pour mes coéquipiers, pour moi ou pour tout le monde, pour le club, dirigeants, partenaires, bénévoles. On verra après mais pour le moment, ça reste du second plan, on va essayer de faire une belle saison, de finir cette saison en beauté.

Parle-nous de ta reconversion car on sait que dans cette Nationale 2, la pluriactivité et la reconversion sont quelque chose de très important. Quelle va être ta reconversion ?
J’ai repris des études dans le bâtiment il y a 3 ou 4 ans et depuis deux ans, je suis dans une entreprise qui est partenaire du club, ID Home. On fait tout ce qui est suivi dans le bâtiment, suivi de chantiers, gestion de chantiers avec des prestations de service sur des projets de rénovation. Quand j’ai eu terminé mes études, j’ai forcément cherché une entreprise pour me mettre le pied à l’étrier sur la suite du rugby et l’un des dirigeants, Maxime Villebière qui est le gérant de l’entreprise, a accepté assez rapidement le projet de reconversion. On s’entraîne tous les jours donc il fallait trouver une entreprise capable de s’adapter un peu à ces contraintes d’emploi du temps sportif et ils jouent le jeu encore maintenant, ça me conforte dans l’idée de continuer dans cette voie-là et dans cette entreprise-là. C’est important car à ce niveau-là qui est semi-professionnel car, du jour au lendemain, ça peut tourner assez vite des deux côtés, la reconversion est importante à anticiper. Il faut l’anticiper car ça passe vite, j’ai 35 ans, bientôt 36 et on ne voit pas passer les années donc, à un moment donné, quand on y voit assez clair, il faut essayer de se projeter sur le futur. C’est vrai que c’est important.

Tu sais qu’au #MagSport, on a une idole, c’est Dédé Hough, l’entraîneur des 3/4. On a vu que, sur le bord du terrain, il avait quelques vieux restes, est-ce que tu penses qu’il est capable de rentrer dans les 10 dernières minutes d’un match et de claquer un drop des 40 mètres ?
Oui, je pense, il faudrait qu’il fasse gaffe à ne pas se claquer un ischio mais bien sûr, il en est capable. Il s’entraîne un petit peu à l’entraînement, on le voit parfois prendre le ballon et il en tente, il fait des coups d’envoi, des drops entre les perches donc oui, il en est capable.

On te remercie pour ce beau focus sur l’AS Mâcon Rugby et sur ta belle carrière avec 200 matchs au compteur et, on l’espère, encore beaucoup derrière
Merci pour ce petit moment sympa et on se dit à bientôt.
Propos recueillis par Loïc Colombié

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