Petit focus sur la Nationale 2 et sur un club au cœur des Alpes et de la Haute-Savoie, le RC Rumilly. Le président du club haut-savoyard, Frédéric Moine nous a livré un éclairage exhaustif sur le début de saison du RCSR ponctué de 5 défaites inaugurales avant de voir les rouges et blancs redresser la barre pour revenir à quelques encablures du top 6 de la poule 1 (8eme à 2 point de Dijon le sixième) . Objectifs, joie de participer à cette naissante Nationale 2, dynamique sportive, populaire et partenariale tout comme son point de vue sur la situation actuelle à la FFR, le président Moine n’a éludé aucunes de nos questions.
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Une nouvelle aventure s’est lancée pour Rumilly en début de saison, la Nationale 2. On sait que le RCSR avait été l’un des fers de lance pour la création de cette division, vous aviez poussé auprès de la Fédé pour que cette Nationale 2 sorte de terre et soit l’antichambre de la Nationale. Après quasiment six mois d’exercice, est-ce qu’on peut dire que c’est une réussite ?
Oui, je crois que la Nationale 2 répond parfaitement à ce qu’on avait imaginé et ce pourquoi nous et un certain nombre de clubs avions poussé en ce sens à savoir créer un palier intermédiaire entre la Fédérale 1 et la Nationale. Sur le premier aspect, le côté sportif, quand on voit les résultats de la poule, c’est globalement plus que réussi puisque tout le monde peut battre tout le monde ce qui crée beaucoup d’incertitude et c’est un championnat qui est plutôt passionnant. Sur le deuxième aspect, la Nationale 2 avait pour vocation d’aider les clubs qui le veulent ou, du moins, se donner les moyens d’essayer d’aller voir un petit peu plus haut, de se structurer sur la partie développement partenaires, partenariats privés, sur la partie administrative et infrastructures. Elle permet donc d’avoir une étape intermédiaire et de faire que la marche entre la Fédérale 1 et la Nationale soit un petit peu moins haute. Moi, je pense donc que cette création de Nationale 2 est un vrai succès, elle répond parfaitement aux enjeux aussi bien sportifs que structuration des clubs.

Ça sera un succès total s’il y a une passerelle qui se fait entre la Fédérale 1 et la Nationale 2 avec les accessions et les descentes, si les clubs de Fédérale 1 acceptent de monter ?
Il est certain que, comme à chaque fois quand on monte d’un étage, ce sont souvent de gros changements et de gros paliers. Je crois que c’était aussi un peu l’objectif, certains clubs se trouvent très bien en Fédérale 1, c’est leur place, il faut que chacun trouve le bon niveau par rapport à ses ambitions, à ses souhaits et à ses moyens. Je pense qu’il y aura toujours des clubs de Fédérale 1 qui voudront aller voir un petit peu plus haut au même titre qu’il y aura des clubs qui voudront rester en Fédérale 1 car c’est leur niveau. Je ne suis pas trop inquiet par rapport à ça, je pense que c’est l’histoire du sport et qu’à un moment donné, on atteint tous l’étage sur lequel on ne peut pas aller plus haut. Là, je trouve que ça permet d’avoir une étape intermédiaire avant la Nationale et oui, je pense que c’est plutôt bien.

Les détracteurs et les mauvaises langues de cette Nationale 2 disaient que cette nouvelle division allait mettre les clubs en surrégime financièrement. Est-ce le cas à Rumilly et avez-vous l’impression que c’est le cas en Nationale 2 dans son ensemble ?
Non, je ne pense pas. A mon avis, c’est un faux problème, avec cette Nationale 2, ça mettra moins les clubs en danger avec un niveau intermédiaire qui permet d’avoir un palier intermédiaire que certains clubs qui pourraient passer de Fédérale 1 à Nationale où là, la marche est encore plus haute. Cette Nationale 2 a pour volonté de réduire un peu la hauteur de la marche donc je pense que c’est plutôt positif et qu’au contraire, ça évite de mettre les clubs dans le rouge en leur donnant plus de temps et en ayant une étape intermédiaire pour se structurer. Maintenant, c’est aux dirigeants des clubs d’être cohérents et si aujourd’hui, vous avez les moyens d’être en Fédérale 1 mais que vous n’avez pas préparé votre projet pour aller en Nationale 2, oui, vous vous mettrez dans le rouge mais ce n’est pas la Nationale 2 qui fait ça. C’est l’histoire du sport, il faut que l’atteinte d’un projet sportif se fasse en cohérence avec son projet de club, avec la façon dont on le développe et la capacité à le développer. Il faut que tout soit en cohérence sinon, et même si vous faîtes une Nationale 3 et une Nationale 4, vous aurez toujours des clubs qui vont se mettre en danger. Je pense donc que c’est un faux problème, c’est aux dirigeants de clubs de se fixer un objectif d’ambitions sportives en cohérence avec leurs moyens et leur capacité à développer les partenariats privés et publics ainsi que la dynamique du club avec les infrastructures. C’est un projet global donc, si vous n’avez pas aujourd’hui les moyens d’aller en Nationale 2, il ne faut pas y aller mais ce n’est pas la Nationale 2 en tant que telle qui va mettre les clubs dans le rouge, je crois que ça, c’est un faux problème.

Parlons maintenant de Rumilly et de son début de saison en Nationale 2 et on va commencer par la première moitié de ce début de saison où ça a été très compliqué avec 5 défaites de rang. Quelles ont été les causes de ce début de championnat difficile ? Est-ce que venait des » restes » de la saison dernière où vous aviez laissé beaucoup de forces dans la bataille pour aller loin en play-off ou peut-être aviez-vous mal jaugé le niveau de cette Nationale 2 ou encore le fait qu’il y ait un peu eu un effet de surprise ?
Je crois qu’il y a un mélange de plusieurs choses. Déjà, c’est vrai qu’on avait beaucoup de blessés car la plupart de nos joueurs ont signé sur deux saisons donc on avait un certain nombre de joueurs blessés en début de saison suite à l’enchaînement qu’on a fait la saison dernière. Je rappelle que nous, l’année dernière, on a absolument voulu gagner notre montée sur le terrain donc on a refusé les péréquations mais le revers de la médaille est qu’on a enchaîné 9 matchs de suite avant d’avoir un week-end de repos pour réenchaîner sur les phases finales. Donc, c’est vrai qu’on a enchaîné beaucoup, beaucoup de matchs, chose qui a fatigué les joueurs, on a eu beaucoup de blessures notamment sur les phases finales contre Nîmes où on a blessé beaucoup de joueurs sur le match aller et le match retour. Je crois qu’il y avait un peu une fatigue, sans doute un épuisement ce qui fait qu’on a rattaqué le championnat avec beaucoup de blessés, notamment sur la ligne arrière où il nous manquait 4 titulaires, ça a permis de lancer des jeunes mais c’est vrai que ces jeunes n’étaient peut-être pas tout à fait prêts pour ce niveau-là, on a d’ailleurs vu que ça leur a permis de progresser et de prendre confiance, ce qui a été le bon côté. Et puis, les joueurs qui étaient sur le terrain étaient sans doute encore fatigués de la saison dernière donc oui, on a conjugué tout ça avec en plus un petit manque de réussite, je pense notamment au match de Bédarrides-Châteauneuf du Pape où on mène dans les arrêts de jeu et où on ne gère pas très bien la fin de match, on prend une pénalité et on perd vraiment dans les dernières secondes. Tout ça combiné fait qu’on a eu un début de saison délicat à gérer mais moi, j’en retire surtout du positif et je n’étais pas plus inquiet de ça. J’étais un peu inquiet à Graulhet et je crois que tu l’as vu (rires) car j’attendais vraiment une réaction qu’il y a d’ailleurs eu sur le terrain mais on n’a pas su gagner ce match. Je pense que Graulhet est une belle équipe qui sera difficile à battre chez elle mais j’aurais aimé que Rumilly soit capable de l’emporter car on en avait vraiment besoin donc c’est un peu le match où j’ai eu une petite défaillance mais sur le reste, j’étais plutôt confiant car je savais que des joueurs allaient revenir. J’ai une confiance totale dans les coaches qui bossent, qui travaillent, qui sont dans la remise en question, qui sont toujours dans la volonté d’avancer et je pense que la bonne cohérence entre les joueurs, le staff et les dirigeants font que tout ça est solide. Ça allait forcément tourner à un moment donné et c’est aussi le rôle d’un dirigeant dans ces cas-là de prendre un petit peu de recul car, dans les périodes difficiles, tout le monde vous explique ce qu’il faut faire et ce qu’il faut changer mais je crois qu’il faut surtout prendre un peu de recul et préserver le groupe, faire en sorte qu’il soit bien préservé et qu’il garde confiance, qu’il n’y ait pas de tiraillement ou de démotivation, qu’on reste sûr de nos forces et ce n’est pas évident quand on perd 5 matchs de suite. On l’a bien fait et c’est grâce aux joueurs qui confirment qu’il y a un groupe solide, c’est aussi grâce à la cohérence entre les coaches et les joueurs et je pense que c’est également la conviction des dirigeants de Rumilly de ne pas tout de suite tirer des conclusions hâtives quand il y a un problème mais plutôt de travailler sur du moyen voire du long terme et de ne pas se désunir quand il y a des passages difficiles car on sait que, de toute façon, dans le sport comme dans d’autres domaines, il y a des passages difficiles, on ne peut pas avoir que des hauts. C’est plus facile à dire après avec le recul mais c’était aussi intéressant de gérer ce passage-là car ça fait également partie de la vie d’un dirigeant et je pense qu’on en ressort encore plus fort qu’on ne l’était en début de saison. Il y a ensuite eu la bascule donc sans doute que cette période-là nous a servi.

Après ce match de Graulhet, qui a sans doute été le point d’orgue de la spirale négative de Rumilly, vous avez enclenché une remontada qui vous a permis de sortir de la zone de relégation et maintenant, de tenir la bonne corde pour réintégrer le Top 6 ?
Au même titre qu’il ne fallait pas trop s’affoler quand on perdait, il ne faut pas non plus s’emballer maintenant qu’on gagne. Je pense qu’il y a eu des retours de blessure qui nous ont fait beaucoup de bien, il ne nous manquait pas grand-chose, partout où on passait, les présidents d’en face me disaient » vous n’allez pas rester à cette place, ce n’est pas votre place » ce à quoi je répondais » oui, sans doute mais en attendant, on y est « . C’est vrai qu’on n’était pas très, très loin, on a souvent perdu de peu, on a pris beaucoup de bonus défensifs, il ne manquait pas grand-chose donc les retours de joueurs nous ont fait du bien et ensuite, progressivement, le jeu s’est mis en place, les jeunes du début de saison étaient un petit peu moins jeunes et avaient gagné en expérience. On a commencé à reprendre confiance et je crois qu’aujourd’hui, en phases de conquête, c’est plutôt excellent que ce soit en touche ou en mêlée, on a dominé un certain nombre de matchs récemment donc on a pris confiance en nous, on joue plus libéré et c’est vrai que, quand vous commencez un peu à enchaîner les victoires, c’est plus simple d’oser des choses et de tenter. Progressivement, on reconstruit une dynamique positive qui se ressent d’ailleurs sur l’ensemble du club et sur le terrain.

Parlons d’une sphère autre que le sportif, l’adhésion populaire car, on le sait, Rumilly = terre de rugby. On sait aussi que les play-offs sont fédérateurs auprès des supporters, est-ce que vous avez réussi à capitaliser pour que les Grangettes retrouvent leur lustre ?
En restant humble, je crois qu’on l’a démontré, même je ne sais pas si c’était nécessaire de le démontrer car, comme tu le dis, Rumilly est vraiment une terre de rugby, et qu’on a vu sur les phases finales l’année dernière, notamment sur les réceptions de Marmande et de Nîmes, avec 3 500 personnes. Il y a un rayonnement du club qui va bien au-delà de Rumilly et c’est vraiment ce que l’on souhaite, que l’on fasse un club à dimension départementale. Et puis moi, quand je regarde un petit peu la trajectoire de ces dernières saisons et les chiffres, on avait un budget de 800 000 il y a 4 ans et 4 ans plus tard, on est à 1M7, on avait 80 partenaires, on en a aujourd’hui 180. Je crois qu’il y a un rayonnement du club très fort, il y a une adhésion au club très forte, que ce soit de toutes les composantes, les supporters, les partenaires, les bénévoles aussi puisqu’on a nos bénévoles historiques mais aussi de nouveaux qui nous rejoignent. Il y a donc une dynamique au sein de ce club qui est assez fabuleuse et qui confirme que le rugby à Rumilly, ça n’est pas que l’histoire mais que c’est également le présent mais surtout l’avenir que l’on a envie d’écrire et qu’on a envie de porter. Cet avenir est plutôt dans l’ambition et dans l’ambition sportive avant tout car, quand on performe sportivement, on est obligé de structurer le club derrière. Il y a une volonté de vraiment structurer ce club à tous les étages, que ce soit sur la formation, sur le développement des budgets, le développement des partenaires ou sur le centre labellisé qui va être homologué au mois de Janvier. Il y a donc encore beaucoup de projets au sein du club et on a une trajectoire qui est forte et intéressante.

A propos des partenaires, est-ce qu’il y en a qui ne seraient pas venus si vous n’étiez pas montés en Nationale 2, si vous étiez restés en Fédérale 1 ou si la Nationale 2 n’avait pas existé ?
On a vu à l’intersaison que beaucoup de partenaires fidèles avaient augmenté leurs adhésions et leurs cotisations et on a aussi un certain nombre de nouveaux partenaires, à peu près une trentaine depuis le début de saison. Donc, forcément, cette Nationale 2 et ces phases finales ont donné un rayonnement supplémentaire et oui, je crois que ça a en tout cas contribué à développer notre budget et, encore une fois, c’était un peu le rôle de cette division intermédiaire à savoir ne pas limiter le développement des clubs à ceux qui montent en Nationale, c’est plus restrictif. Alors que là, la Nationale 2 reste malgré tout une montée car c’est resserré et je crois qu’incontestablement, cette Nationale 2 nous a en tous cas aidé à continuer à développer le club sur les partenaires mais pas que, également sur l’ensemble des composantes du club. Oui, ça nous aide.

Je sais que vous allez me répondre » step by step, pour l’instant, on est en Nationale 2 » mais est-ce qu’un jour, et on va se projeter, on peut imaginer Rumilly grimper en Nationale ?
Pas de langue de bois, c’est l’objectif (rires). Il faut faire les choses dans l’ordre et ne pas aller trop vite, on en revient à la question que tu me posais avant, car il ne faut pas que le club se mette dans le rouge. Il faut donc appréhender ce qu’est la Nationale, ce que ça nécessite et, à horizon trois ans, ce qui est très clairement l’objectif qu’on se met au sein du club, se donner la chance d’y accéder. Je ne dis pas qu’on sera en Nationale dans trois ans, je dis que, pour les sportifs, les joueurs, le staff, ça doit être l’objectif d’aller chercher cette Nationale et que nous, au sein du club, en termes de structuration, de budget, d’emplois car ce sont aussi des emplois dans un club pour absorber tout ça, on soit prêt. Donc, la feuille de route est de se dire » si on monte dans trois ans en Nationale, ce n’est pas la panique au sein du club » mais on se sera préparé et structuré pour cette division-là. C’est notre cap et, encore une fois, je ne dis pas qu’on sera en Nationale dans 3 ans mais que ce qui nous guide, c’est d’être prêt sur toutes les composantes du club d’ici trois ans pour monter en Nationale.

On va maintenant aussi parler du rugby français en général et des instances de ce dernier. On a vu que Bernard Laporte va bien sûr se mettre en retrait de la présidence du fait des soubresauts judiciaires qui l’entourent et que Patrick Buisson va être nommé président délégué de la Fédération Française de Rugby avec bien sûr un aval et un vote a posteriori des clubs. Que pensez-vous de cette situation ainsi que du fait que Patrick Buisson devienne le président délégué de la FFR ?
C’est un sujet épineux (rires). Tout d’abord, on regrette forcément cette situation parce-que 2023 est la fête du rugby en France, c’est la Coupe du Monde, on a une équipe nationale en France qui rayonne donc c’est déjà dommage qu’il y ait toutes ces histoires. On peut le regretter car je crois qu’on œuvre tous pour le développement du rugby et les gens regrettent cette situation. Quand il y a cette situation, il faut prendre une position ce qui n’est pas forcément le plus simple, il y a une opposition qui souhaite prendre le pouvoir sans délai, tout de suite, il y a un bureau en place qui propose une solution donc moi, aujourd’hui, j’aurai tendance à dire qu’il n’y a pas de bonne solution par rapport à ce contexte. Je pense que la moins mauvaise des solutions doit être dictée par l’intérêt du rugby car l’intérêt du rugby doit passer avant tout avant les intérêts individuels et personnels. Donc, dans ce contexte-là, moi, je pense que la proposition de mettre Patrick Buisson ne me semble pas être une mauvaise solution, je sais que je vais peut-être surprendre car j’avais trouvé que ce que proposait Florian sur les dernières élections était intéressant mais dans le contexte actuel, je pense qu’il faut surtout retrouver de l’apaisement et de la continuité. Je pense aussi qu’il y a aussi le succès sportif, et pour le vivre au sein du club, j’imagine que c’est la même chose en équipe nationale et je lis également les déclarations de Fabien Galthié qui est quand même plutôt aligné avec Bernard Laporte et qui est bien aligné avec l’équipe en place, ce qui me paraît très important. Le succès d’un club dépend des joueurs, du staff et de la direction et j’imagine que c’est la même chose en équipe nationale à savoir qu’il faut qu’il y ait une vraie cohérence à tous les niveaux entre les sportifs, le staff et la direction. Je ne pense pas que, sur une année de Coupe du Monde, de renverser aujourd’hui l’équipe en place, de tout changer et de repartir dans des élections à quelques mois d’une Coupe du Monde soit une bonne chose. Je pense qu’aujourd’hui, il faut partir sur de l’apaisement, travailler dans l’objectif de cette Coupe du Monde, tout faire pour que l’on soit champions du Monde en France, ce serait magnifique, ça serait vraiment une belle fête mais ça serait surtout un gros coup d’accélérateur pour le développement du rugby français et je pense que ce qui doit tous nous guider et tous nous porter, c’est ça. Concernant Patrick Buisson, je ne le connais pas très bien, je lis beaucoup de choses sur les pour et les contre, mais je l’ai pas mal côtoyé sur la période de pandémie car on organisait beaucoup de visio-conférences entre tous les clubs de Fédérale 1. Quand il y avait la pandémie, certains clubs de Fédérale 1 voulaient reprendre, d’autres ne le voulaient pas et ça a été beaucoup de discussions, toutes menées par Patrick et moi, je l’ai trouvé très à l’écoute des clubs. Je pense qu’il a compris les problématiques des uns et des autres et ça a conduit à cette Nationale 2 qui a répondu aux attentes des uns et qui a permis aux autres d’évoluer en Fédérale 1 donc je pense que ça a été une bonne issue, une issue de concertations, de consensus, quelque chose qui a plutôt fédéré l’ensemble des clubs de Fédérale 1, la preuve en est que ça a été voté à la grande majorité, je crois que tout le monde a accepté. Je ne peux juger que sur ce que je connais mais en tous cas, sur cette épreuve-là, je trouve qu’il a bien géré les choses, il n’a pas été dans la brutalité, il a été dans l’écoute, il n’a pas imposé les choses, il a plutôt travaillé sur la compréhension et essayé de proposer quelque chose qui réponde au plus grand nombre. Je crois donc que c’est ce dont on a besoin à très court terme et je pense que cette solution est une solution qui peut apaiser un peu les choses et qui peut nous permettre d’aller sur cette Coupe du Monde avec un peu plus de sérénité. Je ne dis bien sûr pas que Florian Grill et sa liste ne proposent pas de bonnes choses, il y a de très bonnes choses, sans doute que le tour de Florian Grill viendra, il y aura des élections l’année prochaine et Ovale Ensemble a de grandes chances d’être élue et Florian sera sans doute un bon président mais faisons les choses dans l’ordre, ne grillons pas les étapes et réfléchissons ensemble pour la meilleure solution pour le rugby français. En ce sens, je pense que ce qui est proposé avec Patrick me semble être plutôt une bonne chose dans le contexte actuel.

Pour reprendre le terme durant la guerre 14-18, on va parler d’union sacrée ?
Oui, je crois qu’aujourd’hui, c’est l’union sacrée du rugby. Faisons consensus autour de cette Coupe du Monde 2023, ne mettons pas à feu et à sang tout à quelques mois d’une Coupe du Monde, je pense que c’est beaucoup trop risqué pour le rugby français. On a aujourd’hui tout pour faire quelque chose de beau en France, pour faire une belle fête populaire, pareil, je lis beaucoup de choses, il faut arrêter d’opposer systématiquement l’argent, les chefs d’entreprises et les bénévoles. Il y a des investisseurs qui viennent dans le rugby, c’est une bonne chose, il faut bien utiliser l’argent après mais on est aujourd’hui dans un monde où le rugby est un modèle économique. On parle beaucoup de formation, on a tous envie qu’il y ait de la formation en France, je trouve que c’est très bien et vertueux mais la formation, ça coûte et pour le vivre au sein du club, je vois un peu tout ça. N’opposons pas toutes les parties, on a besoin de bénévoles et bien sûr qu’il faut un rugby qui se développe avec du bénévolat et toutes ces valeurs de bénévoles mais on a aussi besoin de chefs d’entreprises qui s’intéressent au rugby et qui viennent investir dans le rugby, on a besoin de tout le monde. Il ne faut pas opposer systématiquement les choses, il y a des chefs d’entreprises qui s’intéressent au rugby aujourd’hui et bien, ça n’est pas une mauvaise chose, au contraire, c’est plutôt une bonne chose. Parfois, je lis des articles où on veut systématiquement opposer les chefs d’entreprises, l’argent, les bénévoles, non, on a besoin de toutes les composantes et pour développer les clubs et pour développer les choses de façon cohérente, il faut aussi des budgets. Donc, arrêtons d’opposer toutes les parties systématiquement et essayons plutôt de nous rassembler pour justement donner une bonne image du rugby, faire que des investisseurs ont envie de venir, que les clubs puissent se développer et se structurer, sans vouloir tous forcément atteindre Pro D2 / Top 14. Même un club au niveau amateur aujourd’hui a besoin de moyens pour se développer et se structurer pour ses jeunes donc travaillons pour l’image de notre rugby, essayons de donner une image de rassemblement positif et il y aura de nouvelles élections en 2024, il y aura une nouvelle étape. Je pense qu’en 2024, et quelle que soit l’équipe qui sera en place, ce sera plus simple pour elle de travailler après une belle fête en 023 que plutôt de travailler après une fête gâchée. Attention à ne pas gâcher la fête, ça serait vraiment trop bête, il y a une équipe en place qui nous permet quand même d’avoir la Coupe du Monde en 2023, qui a mis un staff qui fonctionne bien, même si on a une belle génération de joueurs, encore fallait-il la révéler, donc ne gâchons pas tout ça.

En cette période des vœux, qu’est-ce qu’on peut souhaiter au rugby français et à Rumilly pour 2023 ? J’imagine que pour le rugby français, c’est une Coupe du Monde
Pour le rugby français, c’est comme ce que je te disais, retrouver un peu d’apaisement, une belle Coupe du Monde et derrière, une prochaine étape qui s’écrira en 2024 mais une belle fête populaire en 2023, surtout une fête qui permet aux clubs de participer, beaucoup de joie pour nos enfants. Je pense que c’est aussi ça une Coupe du Monde, que tous nos jeunes licenciés apprécient les performances de l’équipe de France jusqu’au titre final, c’est indéniable et je pense que c’est vraiment l’objectif que l’on peut se fixer. Pour Rumilly, sans hésiter, c’est d’atteindre les phases finales, je crois que, quand on a vécu les phases finales, à tous les niveaux, que ce soient joueurs, dirigeants, supporters ou partenaires, on a envie de revivre ça car ces phases finales sont vraiment des moments à part. C’est un moment de rassemblement et de joie, c’est la réflexion que je me faisais la saison dernière à l’issue des matchs que l’on gagnait des phases finales, je ne voyais que des gens heureux. Je peux vous dire que le meilleur salaire d’un dirigeant, c’est de se dire qu’on contribue à ça et c’est ce qu’il y a de chouette dans le sport, de rassembler des gens et de faire qu’ils soient heureux. Dans la société actuelle, c’est une vraie pépite de pouvoir générer ça donc je souhaite pour Rumilly de revivre ça cette saison. Ce ne sera pas simple car on n’est pas très loin de la 6e place mais on n’est pas très loin non plus du bas, c’est une poule qui est très, très serrée, il faut toujours regarder vers le haut mais c’est vrai que c’est une poule où il n’y a pas beaucoup d’écart entre le 6e et les relégables. C’est donc un défi chaque dimanche, on n’a pas le droit aux faux-pas.

Merci pour cet entretien grand format qui fait un peu le bilan de la première partie de saison de Rumilly
Merci.
Propos recueillis par Loïc Colombié

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