Tour d’horizon sur le début de saison du Niort Rugby Club qui appréhende pour la nouvelle division Nationale 2 avec appétit et ambition. Le président du club phare des Deux Sèvres, Gilbert Nasarre, a donc décliné le bilan de cette année 2022 tout en nous dévoilant les perspectives de développement du NRC et en donnant au passage son avis sur la situation dans les instances du rugby français . Focus sur un club qui avec 32 contrats pros et 2,6 millions de budget, compte bien continuer de grimper dans l’échiquier du rugby français .

Comme tous les clubs, Niort a découvert pour la première année cette Nationale 2. Est-ce qu’on peut dire que cette division est une belle réussite pour Niort et pour l’ensemble du rugby français ?
Oui, je crois que c’était vraiment la bonne option à prendre. On voit que les clubs qui sont dans ce championnat-là se sont équipés, il y a des niveaux de jeu bien supérieurs à celui de Fédérale 1, il y a plus d’homogénéité. On voit dans les classements que c’est quand même globalement assez serré et ce n’est pas fini car la 2e phase qui arrive ressert déjà naturellement les oppositions. C’est vraiment un très, très bon choix et nous, avec une pseudo montée, ça nous génère davantage de public, d’avantage de partenaires et ça attire davantage les jeunes vers notre club.

Le format actuel avec deux poules de 12 établies entre l’Est et l’Ouest, voire peut-être dans le futur entre le Nord et le Sud, est-il pour vous le format optimum ?
Oui, je pense. Dès l’instant où il a été décidé de faire cette division, je trouve ça très bien par rapport aux coûts de fonctionnement, et notamment des frais de déplacement, de faire deux poules de 12 qui organisent bien la pyramide. Je pense que cette décomposition Est / Ouest est bien, il y a des clubs qui se situent entre les deux pour qui c’est sans doute un peu compliqué. Pour Nord / Sud, il faut voir, pourquoi pas, mais je trouve que deux poules de 12, c’est bien.

Alterner une année Est / Ouest et une année Nord / Sud pourrait être bien pour diversifier les adversaires et qu’il n’y ait pas un ronron qui se fasse à avoir tout le temps les mêmes adversaires ?
C’est certain et puis, on a aussi besoin de générer un peu d’intérêt au-delà de la poule. Je pense que ce championnat doit susciter de l’intérêt parce qu’on est en économie réelle, il faut que l’on ait déjà dans les caisses le premier euro que l’on dépense donc c’est nous qui allons le chercher. La diversification par un changement de poules peut être très intéressante.

Pour Niort, combien y a-t-il de budget et contrats pros cette année ?
Il y a exactement 32 contrats pros, 40 joueurs susceptibles de jouer en équipe une puisqu’on a des espoirs qui sont versés dans le groupe de l’équipe une, il y en a 8 ce qui donne une quarantaine de joueurs. On va avoir un budget autour de 2M5 / 2M6.

On peut dire que vous êtes l’une des grosses écuries de la Nationale 2 donc imaginer dans l’avenir Niort en Nationale n’est pas une chimère ?
Ce n’est pas une chimère. Je pense que c’est, à plusieurs titres, réaliste, d’une part parce-que nous avons un écosystème ici qui peut en tous cas le permettre, deuxièmement car, finalement, nos résultats nous confortent dans l’idée qu’on peut se situer dans les hauts de tableau et troisièmement parce qu’on a une dynamique club qui est importante. Je crois que c’est le journal Sud-Ouest qui a regardé ça de près et on est le club qui a eu le plus de spectateurs sur la phase aller, nous avons désormais plus de 400 partenaires donc il y a une dynamique qui s’installe et qui, comme toute dynamique forcément, demande à être maintenue et pour maintenir une dynamique, il ne faut pas trop rester dans une division ou dans un championnat certes intéressant mais il faut aller chercher l’intérêt à l’étage supérieur. C’est déjà une belle aventure car y monter est une chose mais y rester en est encore une autre.

En parlant de dynamique, on ne va pas se mentir, vous êtes la locomotive du rugby dans les Deux-Sèvres et même au-delà du département. En tant que locomotive, est ce qu’il y a des wagons, des clubs, qui s’accrochent à votre aventure et à votre dynamique ?
Oui, on a une zone d’intervention qui est assez large, qui va sur le nord du département et au-delà dans le Maine-et-Loire. Nous sommes aussi pas très loin de Poitiers qui n’a pas l’aura, ou en tous cas le positionnement, du club de Niort et donc, on draine également des jeunes de la Vienne. On est en partenariat avec Fontenay-le-Comte qui draine aussi dans le sud Vendée donc oui, on a une zone d’influence plus large que les Deux-Sèvres et, a fortiori, plus large que le sud des Deux-Sèvres.

Sportivement, est-ce que vous êtes un président heureux de ce bilan de mi-saison ?
Je suis comme la mi-saison, à moitié heureux et je considère qu’on peut encore faire mieux (rires). Heureux par le classement puisqu’on était en tête de poule à l’issue des matchs aller, on aurait bien sûr signé des deux mains pour en être là. Ce qui m’interroge, c’est qu’on est capable sur un match, et a fortiori sur plusieurs matchs, d’être assez irréguliers donc il faut que l’on aille chercher cette régularité-là si on veut véritablement atteindre nos objectifs et notamment occuper les premières places de cette poule.

Dans un monde de l’immédiateté où on switche et où on change très souvent, l’une des réussites de Niort est d’avoir pris le contrepied avec le staff et d’avoir fait de la durée puisque la réussite actuelle vient aussi de la durée du staff ?
Moi, je crois beaucoup à la fidélité et à l’intelligence des gens qui, finalement, comprennent quel est le niveau d’exigence et qui acceptent d’être accompagnés, d’être à l’écoute. C’est essentiellement l’humain qui est au cœur de cette conviction-là et il faut reconnaître que ça nous réussit pas mal pour le moment, bien sûr.

A Niort, au-delà du sportif, on fait des choses qui détonnent un peu entre autres avec la RSE qui est l’un de vos fers de lance ?
Comme je le dis souvent, on a pris le parti de fonctionner sur deux jambes, la jambe sportive et la jambe citoyenne. A ce titre-là, nous servons les valeurs du rugby, nous les appliquons et les mettons en œuvre au quotidien pour qu’elles puissent être déversées dans la société en général. Beaucoup de clubs le font, nous l’avons affirmé, nous avons beaucoup d’engagements sociétaux et environnementaux, une raison d’être qui est assise sur l’inclusion sociale, nous avons des feuilles de route de 25 actions et nous menons des actions vraiment très significatives dans ce domaine. L’une des dernières qui est emblématique, c’est la création dans le cadre environnemental d’un espace de biodiversité de 2 ha du Niort Rugby Club que nous mettons en place pour défendre la cause climatique mais aussi pour amener nos jeunes de l’école de rugby ou tous ceux qui sont dans les quartiers ou dans les écoles dans lesquelles nous intervenons à prendre conscience de la nécessité de se pencher sur cette cause climatique pour l’avenir puisque ce seront surtout ces jeunes-là qui auront à la traiter. On amène notre pierre à l’édifice citoyen.

Pour faire une boutade et un calembour, en compensant votre empreinte carbone comme ça, vous n’aurez pas besoin de vous déplacer en char à voile ?
(rires). C’est vrai mais nous sommes l’équipe qui est la plus au nord de notre poule donc on a notre dépense en carbone qui est quand même un peu plus élevée que les autres.

Question sur l’avenir : quels sont les grands projets et les grands axes de développement pour Niort ?
Niort est structuré, j’ai parlé de la citoyenneté avec notre feuille de route de 25 actions, on crée un environnement qui est réceptif à cet aspect-là de notre projet et sur le plan sportif, même si on ne le voit pas trop, Niort est avant tout une école de formation au rugby. Nous avons pratiquement 500 licenciés et 250 gamins à l’école de rugby, peut-être que ce n’est pas beaucoup par rapport à certains clubs du Sud-Ouest mais à l’échelle niortaise, ça commence à être important. Nous avons 3 équipes de moins de 14, deux équipes de moins de 16 et de moins de 18 et également une équipe espoir de 40 gamins. Nous avons notre école de rugby qui est labellisée 3 étoiles, un centre d’entraînement labellisé donc nous faisons un maximum de choses pour cette formation de manière à ce que les meilleurs puissent jouer en équipe une ici après que les vraiment meilleurs joueurs aient fait un parcours au Stade Rochelais (rires). Les accords et les conventions avec le Stade Rochelais, avec lequel on s’entend, oriente les meilleurs jeunes dans cette voie chez nous. Ça, c’est le premier point et l’autre axe qu’il faut aussi densifier sur le plan sportif, c’est le rugby pour tous donc nous avons une équipe de rugby fauteuil, deux équipes féminines, nous sommes présents dans les écoles et les quartiers, nous sommes dans le sport santé. Ce rugby pour tous doit donc encore être développé, nous sommes présents dans le rugby loisir mais on doit encore le développer. Nous avons aidé une équipe qui est devenue une équipe 3 d’un club de Niort qui était en difficulté et tout ça pour des raisons à la fois de partenariat mais aussi pour que le club puisse avoir le moins de joueurs qui ne jouent pas en première qui quittent le club et donc, pour les garder au maximum, nous avons maintenant une équipe 3. Ce sujet-là est aussi dans nos objectifs de très court terme parce qu’il est important que l’on redonne sur le territoire niortais mais aussi au-delà dans le département. Nous sommes en partenariat avec la majorité des clubs du département pour que le rugby se développe aussi chez les jeunes dans le département. Ce sont les deux grands axes sportifs qui nous tiennent à cœur à court terme et sur lesquels on focalise un maximum de ressources et bien sûr avec une équipe première qui soit au meilleur niveau car c’est la courroie d’entraînement de l’ensemble de notre projet.

Une question d’actualité : on a vu que Bernard Laporte allait se mettre en retrait du rugby français. La Fédération Française de Rugby va proposer un président délégué, des noms se supputent avec entre autres Patrick Buisson, l’actuel vice-président du rugby amateur ou Serge Simon. Etes-vous pour cette solution d’un président délégué pour finir le mandat ou, comme l’équipe d’Ovale Ensemble, êtes-vous pour des élections générales anticipées ?
Moi, je souhaiterai dire une chose là-dessus en préambule à la réponse à votre question. D’abord, je ne suis pas dans le dossier qui a fait que Bernard Laporte a été condamné en première instance mais ce que je peux dire, c’est de un que le rugby français a bien bougé avec Bernard Laporte et de deux, Bernard Laporte et Patrick Buisson ont été très à l’écoute de nos préoccupations et notamment dans la refonte des pyramides du championnat amateur. Au plan de leur engagement au niveau de la Fédération Française de Rugby, en ce qui me concerne ou, en tous cas, en ce qui concerne le championnat qu’on a connu, je n’ai qu’à me satisfaire des relations que l’on a connues avec Bernard Laporte et Patrick Buisson. Pour répondre directement à votre question, je ne pense qu’à une chose à ce moment-là, c’est à l’intérêt du rugby français et pense qu’aujourd’hui, l’intérêt du rugby français passe par la Coupe du Monde et par la réussite à la Coupe du Monde. Ça ne sera pas facile, on a vu lors de la tournée d’Automne que l’équipe de France a certes tout gagné mais qu’elle aurait pu perdre quelques matchs donc on va voir comment se déroule le Tournoi et moi, je suis bien entendu à fond derrière l’équipe de France. Je suis pour une solution qui amène de la sérénité avant cette Coupe du Monde. Est-ce que c’est un président délégué ? Pourquoi pas. Est-ce que c’est autre chose ? En fait, je n’en sais rien mais à un moment donné, si on doit être solidaire une seule fois dans notre vie au niveau rugby, c’est maintenant pour aider à faire en sorte qu’on vive cette Coupe du Monde ainsi que sa préparation dans la plus grande sérénité possible et qu’on fasse confiance à ceux qui dirigent la Fédération Française de Rugby ou à ceux qui seront désignés et surtout que Fabien Galthié et son équipe soient aussi un staff qui soit dans la plus grande liberté d’action possible et dans la plus grande sérénité possible. Je suis très clair là-dessus, il ne faut pas penser guerre des clans, il faut resserrer, être solidaires et donner la possibilité qu’enfin, on remporte la Coupe du Monde qui, qui plus est, se déroule en France.

C’est un message fédérateur qui fait du bien à entendre. Comme d’habitude, on va vous poser la question décalée : vous savez que le #MagSport traite de la Nationale 2 et de la Nationale sur tout l’hexagone mais est basé à Albi. A Niort, vous avez eu un petit paquet de joueurs qui sont arrivés dans les Deux-Sèvres, Jérémy Russel, Leka Tagotago et Quentin Pilet : est-ce que ces trois Albigeois se sont bien intégrés dans les Deux-Sèvres ?
Ils se sont très bien intégrés et ce sont trois supers garçons avant d’être de très bons joueurs de rugby. Donc, si Albi peut nous en céder encore d’autres, on les prend avec plaisir (rires) !

On vous donnera le numéro de Mathieu Bonello
D’accord (rires). Non, très, très bien, très bonne intégration et vraiment trois supers garçons.

On vous remercie pour cette interview de mi-saison et et on vous souhaite le meilleur avec votre club du Niort Rugby Club
Merci beaucoup et très bonne année à tous.
Propos recueillis par Loïc Colombié

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