Pour la 13e et dernière journée des phases aller de Nationale, le Sporting Club Albigeois va recevoir l’Union Cognac-Saint-Jean d’Angély la lanterne rouge de la division qui vit actuellement des moments difficiles et une quête effrénée d’un premier succès cette saison. Le Capitaine de l’UCS a répondu à nos sollicitations pour nous parler avec tact et sincérité de ce match, mais aussi d’une situation brûlante qui place les joueurs charentais dos au mur.

On peut dire que cette année, Cognac-Saint-Jean d’Angély mange vraiment son pain noir, pour l’instant, vous en êtes à 12 matchs et aucune victoire. Le temps doit être long du côté des Charentes ?
Oui, ça commence à être long. On n’a pas encore connu notre première victoire donc on a le sentiment de ne pas avoir démarré notre saison, ça commence à être long et on nourrit énormément de regrets. Quand on voit ce premier bloc où on vient mourir à 1 point de Bourg-en-Bresse, à 2 points de Valence-Romans et le week-end dernier, encore une fois, on vient mourir pas loin en ayant été dominateur et en ayant mené toute la partie donc ça commence à être compliqué. On paye notre manque de constance sur 80 minutes qui ne nous permet pas de lever les bras à la fin.

On dit souvent que, quand une saison commence mal et qu’il y a de petits détails qui font que ça part mal, c’est souvent très difficile de redresser la barre. J’imagine que tu le confirmes ?
C’est difficile parce qu’on est forcément tombé dans une spirale négative avec une confiance qui est au plus bas auquel se mêle un manque de réussite. C’est forcément compliqué de décoller, il faut remobiliser le moral des troupes chaque lundi en repartant à l’entraînement et donc essayer de trouver tous les leviers et les indicateurs de performance à modifier pour, chaque week-end, essayer de faire mieux que le week-end d’avant.

Honnêtement, et même si c’est très subjectif, est-ce que tu penses que si vous aviez fait retomber la pièce du bon côté lors de ce match face à un Bourg-en-Bresse encore en rodage et que vous aviez gagné, la teneur de votre saison aurait été toute autre ?
Je ne sais pas mais ce que je sais en revanche, c’est que si on avait réussi à planter une banderille à ce moment-là, si dès le 3e match de la saison, on avait été capable de faire tomber un gros qui descend de Pro D2, ça aurait changé quelque chose ne serait-ce qu’au niveau mental et on aurait pris confiance d’entrée avec la pleine conscience de notre potentiel. Ça aurait pu changer un petit peu les choses mais, malheureusement, on n’a pas su convertir nos points et finir les matchs, autant contre eux que contre Valence-Romans et c’est dommage car si on avait débuté en faisant tomber deux gros, on aurait pris confiance et ça aurait peut-être été plus facile pour la suite.

On va maintenant parler du présent avec Yannick Vignette. Ce n’est pas une mission aisée pour lui que de reprendre l’Union Cognac-Saint-Jean d’Angély dans cette situation-là ?
Non, ça n’est pas facile puisqu’il a pris l’équipe au plus bas et que, comme je l’ai dit, la confiance n’est pas là, l’effectif est un petit peu restreint avec un nombre de blessures conséquent. C’est donc forcément une mission qui s’avérait pas facile mais il a essayé d’entrée de mettre le doigt sur les points qui étaient défaillants chez nous. Il a une manière de travailler qui est un peu différente et il essaye de nous faire redresser la barre mais, de toute façon, on sait très bien que nous sommes les acteurs sur le terrain, lui nous donne les clés et les points à travailler sur ce qu’il estime mais ça ne passera bien sûr que par nous.

Tu nous parles d’une manière de travailler différente. Quelle est sa marque de fabrique, la » Yannick Vignette Touch » ?
On a repris un petit peu les fondamentaux vraiment sur la base avec quelques principes pour être sûr que tout le monde parle même rugby. On a repris un petit peu le bas de la pyramide en essayant de faire les choses les plus simples le plus proprement possible et on commence un petit peu à étoffer de semaine en semaine. C’est déjà notamment au niveau de la défense puisqu’on a bien vu qu’on était capable de mettre en difficulté beaucoup d’équipes et de marquer beaucoup d’essais, car si on prend le classement au niveau des essais, on est plutôt bien situé mais, pour un essai marqué, on en encaisse deux donc c’est ce qui fait aussi qu’on se trouve à notre place aujourd’hui. Dans ce rugby moderne et de haut niveau, on sait très bien que la défense est la clé donc il a fallu mettre un point d’honneur là-dessus et travailler collectivement pour essayer de gommer toutes les lacunes qui font qu’on encaisse aujourd’hui beaucoup trop de points et ça, depuis le début.

Pour un cadre du vestiaire comme toi, le plus dur est sûrement d’essayer que le vestiaire ne vole pas en éclat pendant cette spirale négative ?
C’est ça mais, honnêtement, on a la chance d’avoir un très bon groupe et un groupe qui reste soudé et solidaire alors que les temps ne sont pas faciles. De toute façon, on sait très bien que la seule solution est de rester bien ensemble, un petit groupe restreint, soudé, de faire face et d’assumer cette situation car, pour l’instant, on est les responsables de cette place au classement. Il faut donc que l’on reste ensemble, qu’on continue d’avancer, de travailler, de ne pas forcément trop calculer non plus au niveau mathématique mais plutôt de travailler déjà de semaine en semaine sur le contenu qu’on va être capable de proposer. Il n’y a que comme ça qu’on arrivera à surmonter cette année compliquée.

Comme un malheur n’arrive jamais seul, on a appris la semaine dernière ce qui était arrivé à Mickaël Hygonnet qui, après être revenu d’un protocole commotion cérébrale, a fait deux crises d’épilepsie et qui, pour l’instant, est hospitalisé dans le coma artificiel. J’imagine que ça a été un électrochoc pour tout le groupe, surtout que vous avez vécu la première crise à ses côtés. Ça a dû vous prendre aux tripes car ça montre que parfois, même dans la défaite, il y a des choses bien plus importantes que le rugby ?
Ça a bien sûr été compliqué pour tout le groupe, c’est bien évidemment plus important que tous les classements et que tout ce qui peut se passer sportivement à l’heure actuelle. On ne va pas non plus en discuter car Micka est un mec discret mais aujourd’hui, on pense très, très fort à lui, on pense aussi très fort à sa famille et on sait qu’avec toute la force qu’il a, il va revenir parmi nous. De retrouver notre Micka, ce sera déjà une très belle victoire et on a hâte de le retrouver.

Ce week-end, vous arrivez sur ses terres, à Albi, dans sa ville. On a va dire que vous avez un honneur à relever, celui de faire une belle prestation face à Albi sur les terres de Mickaël ?
Bien sûr, surtout que c’est chez lui, ça fait partie des seuls clubs qu’il a connu dans sa carrière donc on se doit de faire une belle prestation. Et puis, au-delà de ça, on sait très bien que sur ces matchs de gala-là, les équipes comme Albi veulent nous croquer, on connaît cette équipe d’Albi, ça fait maintenant trois ans qu’on la joue. C’est une équipe qui est très rude et très solide, il faudra que tout le monde soit à 300% et mettre les ingrédients de la 1ère à la 80e car c’est une équipe qui est plutôt difficile à manœuvrer. On avait eu la chance de créer la surprise il y a deux ans lors de la première année et il faut que l’on croit en nous et qu’on se dise qu’on est capable de recréer la chance même si les conditions climatiques et l’horaire du match seront différent et que donc, ça va forcément amener des stratégies différentes.

On sait que les séries sont faites pour s’arrêter. Albi, 4e, se voit plutôt bien au classement tandis que vous, vous êtes au fond du trou mais c’est peut-être le bon moment pour faire la surprise et le match piège, être l’outsider qui sort de la boîte ?
Oui, c’est ça. De toute façon, on n’a pas encore gagné et aujourd’hui, je sais qu’on est capable d’embêter les grosses équipes si on est tous dans le même état d’esprit, que tout le monde va de l’avant et ose jouer les coups. Quoi qu’il arrive, c’est ce qu’il faut se dire, on est à une place qui, d’un côté, nous enlève une petite pression et, de se dire qu’il faut tout tenter en allant chez une équipe de ce calibre. Je crois que ça passera par là si on veut les surprendre, si on joue timoré avec un jeu bridé et qu’on joue petits bras, on ne s’en sortira pas alors que si on prend conscience de nos qualités, qu’on se libère et qu’on commence à jouer un peu notre vrai rugby en déplaçant le ballon et autre, c’est peut-être comme ça qu’on arrivera à les surprendre. Ce qui est sûr, c’est qu’il faudra vraiment qu’on soit prêt au combat ce samedi soircar on a vu cette équipe joue un rugby très total. C’est solide, ça va vite, ça fait partie des équipes cadors de ce championnat.

Selon toi, où est le talon d’Achille d’Albi ?
Peut-être justement sur leur position c’est à dire le fait qu’ils soient très bien classés et que, justement, ils ne nous attendent pas trop. Et après, peut-être sur le fait que, si on sort 2 / 3 blagues à Dospi pendant le match, ça le fera peut-être sortir et qu’il pourra louper une ou deux chandelles.

On va aussi parler du match face à Suresnes. Vous étiez menés 14 à 0 au bout de 20 minutes de jeu, vous revenez, vous menez 18 à 14 mais on a l’impression qu’il vous manque un peu de coffre ou de mental dans les dernières minutes pour tuer le match et vous vous faites doubler par cette équipe de Suresnes ?
On prend deux essais casquettes en début de match sur une interception et un contre ce qui fait que, très tôt dans le match, on est à 14-0. On trouve derrière les ressources pour revenir et on arrive à mettre notre jeu en place avec beaucoup de possession pour revenir à leur hauteur et les dépasser. Et puis, le mal constant de notre équipe qui est qu’on n’arrive pas à rester régulier sur 80 minutes fait qu’on craque encore dans les 10 dernières minutes et qu’on encaisse un essai qui ne nous permet pas de lever les bras à la fin. C’est rageant car, sur les statistiques, c’est un match où on avait été plutôt complet : on a été très bon en conquête, on a fait 100% en touche, on a eu une bonne mêlée dominatrice, on a eu la possession et on a été plutôt propre sur notre jeu au pied. Mais voilà, on a fini par craquer juste avant le coup de sifflet final et c’est d’autant plus rageant mais, d’un autre côté, ça donne confiance et on se dit qu’on est pas si loin sur le contenu. Le jour où on arrivera à faire un match de 80 minutes avec cette intensité-là, je sais qu’on pourra lever les bras au ciel, ça finira de toute façon par payer.

Quel est le mot d’ordre pour ces deux derniers matchs avant la trêve de Noël ?
C’est tout lâcher. Derrière, on aura la chance d’avoir deux semaines de congés donc le mot est vraiment tout envoyer pour ne pas avoir de regret et aller se ressourcer en famille en se disant qu’on a tout donné. On doit sortir haché de ces deux derniers matchs car ce sont deux équipes qui sont très, très, très solides.

On regardera avec attention le match dans le match, Mathieu Billou qui met des pièces à Téo Dospital
Voilà, c’est ça (rires).
Propos recueillis par Loïc Colombié

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