À l’aube du déplacement en Savoie, le manager du Sporting Club Albigeois, Mathieu Bonello a posé le contexte de ce déplacement qui pourrait ouvrir le compteur victoire des jaunes et noirs à l’extérieur. Après la victoire 15-9 face à Bourg qui est venu faire perdurer l’invincibilité à domicile, l’ex coach de Lavaur et Massy a aussi fait un point sur les axes de progression de ce jeune groupe ainsi que sur l’évolution de son management.

Tu dis que le résultat contre Bourg est derrière donc maintenant, c’est forcément toujours cap sur l’avenir, sur la construction et le futur donc on se projette sur Chambéry. Comment est-ce que vous voyez ce déplacement qui est avant tout long ?
Il est long et difficile et derrière, on va recevoir deux matchs et c’est important de bien finir l’année au Stadium donc l’objectif sera de bien finir. Chambéry est une étape mais l’objectif est dans les matchs suivants.

Avec une obligation de gagner à l’extérieur sinon vous feriez l’ensemble des matchs aller sans avoir gagné à l’extérieur. Ce serait une petite » tâche » sur le beau parcours que vous avez fait à domicile ?
Non, je ne vois pas ça comme une tâche, on a ramené un match nul. Il nous manque juste peut-être quelques points à l’extérieur mais si tu restes invaincu chez toi, tu as moins de points à aller chercher à l’extérieur même si tout le monde bien sûr, et moi le premier, serait preneur d’aller gagner à l’extérieur. Je crois qu’il faut aussi savoir construire les saisons et, pour l’instant, ça ne sourit pas à l’extérieur pour plein de raisons mais chez nous, on ne voit pas ça comme une tâche.

Chambéry est une équipe qu’on n’attendait finalement pas là cette saison, l’année dernière, ils perdent ici en barrages mais là, ils sont un peu au fond du classement. Est-ce que ça rend l’équipe plus difficile à manœuvrer ?
C’est certain, quand tu as plus besoin de points, tu es plus sous pression que quand tu as un petit matelas. Je ne me permettrai pas de parler des autres, on fait focus sur nous, sur Albi, on fait comme ça depuis le début de la saison et ça nous a quand même plus donner raison que moins. Aujourd’hui, on veut continuer dans cette dynamique-là donc on se regarde nous et que nous, on sait qu’on va chez une équipe très difficile à manier et ce sera un match compliqué.

Selon toi, quels sont les points forts de cette équipe de Chambéry ?
Pour l’instant, je n’ai pas trop, trop travaillé sur Chambéry car on a 8 jours pour le faire donc on est en plein dedans. Je pense que les deux équipes se connaissent, elles se sont jouées une fois de plus que les autres l’année dernière mais on sait qu’ils sont très dangereux avec leurs individualités et le jeu qu’ils ont. Pour moi, ce sera la capacité qu’on aura à tout donner pour faire un bon match de rugby et de continuer à avancer.

Justement, qu’est-ce qu’il manque pour qu’on ait des prestations aussi abouties à l’extérieur qu’à domicile ?
Si je prends le dernier, c’est l’implication, le rugby, c’est d’abord l’enthousiasme et l’envie de se surpasser les uns pour les autres. Aujourd’hui, on est dans cette analyse-là à savoir que c’est un groupe assez jeune mais aussi nouveau, il se construit également dans ces matchs-là à l’extérieur et dans ces défaites, même si je préférerai gagner. Ça va amener un bon groupe et vous me parlez beaucoup de ce match à l’extérieur mais je suis convaincu que la saison ne se jouera pas dimanche.

Cette année, il y a quand même beaucoup de blessés. Comment est-ce que tu l’assimiles, par le fait que ça tape plus fort que l’année dernière en Nationale ?
L’année dernière, on a passé une période d’un mois et demi où on a eu beaucoup de blessés mais quasiment rien avant et après, sinon dans les standards. Là, on était très bien dans une période mais ça fait 2 / 3 semaines qu’on a pas mal de casse, pas forcément de gros trucs mais un peu tous en même temps. Je pense que oui, le niveau a augmenté.

Ajouté au fait que tu aies croisé tous les gros quand même ?
Oui mais je trouve que le niveau s’est élevé, ce sont peut-être de gros matchs que l’on a joués ces derniers temps mais le niveau a monté. Ensuite, la 2e des choses qui se passe, c’est qu’on a décidé avec Alex de ne prendre aucun risque sur qui que ce soit à cette période-là donc on préfère prendre du temps, une semaine voire deux semaines de plus. Il y a des mecs qui auraient pu postuler dès samedi et d’autres qui pourraient postuler dès dimanche mais en tous cas, on ne prendra aucun risque car, comme je vous l’ai dit, je ne me trompe pas d’objectif qui sont les deux matchs à la maison qui vont arriver.

Ce mode de fonctionnement-là te permet aussi d’avoir plus de joueurs concernés par rotations ?
Bien sûr mais, comme je le dis aussi, on l’a eu fait et, quand on donne le maillot avec Alex, prend-le. Je ne suis pas tellement dans l’analyse rugbystique quand tu joues peu car, quand tu joues moins, tu es un peu timoré, timide et tu manques de confiance, ce qui est normal et je sais de quoi je parle mais je veux que ce soit en termes de comportement. Que tu joues ou que tu ne joues pas, quand tu mets un maillot, tu dois te défoncer et moi, je donnerai toujours sa chance à quelqu’un qui s’envoie et qui donne le meilleur de lui-même. Après, qu’il soit moins bon que les autres ou moins habitué à jouer, je ne suis pas bête non plus mais par contre, c’est aux joueurs qui les remplacent de prendre le maillot et de le garder. On tourne à des postes et certains ont gagné des points, le maillot, ils l’ont et ils le garderont, ce sont les autres qui iront le récupérer. Ça ne me pose pas de problème, que ce soit un jeune ou quelqu’un qui n’était pas trop invité depuis le début de la saison, s’il fait de bons matchs, il reste et il joue.

Est-ce que cette situation dont tu parles avec ces blessures, même légères, ont conduit à, par exemple, cette expérimentation avec Charly Trussardi sur l’aile, de le tester sur cette position-là ?
Oui, bien sûr. Dans tout démarrage, quand tu changes un joueur de poste, tu ne le sors pas du chapeau du jour au lendemain, tu le prépares déjà et la 2e chose, c’est que la blessure te pousse peut-être à le faire plus tôt que prévu. Sur les changements de postes qu’on a fait cette année, et je pense qu’on est un peu adepte de ça avec Alex, on essaye de le faire mesuré et parce qu’on pense que c’est le bon choix pour le joueur mais surtout pour l’équipe c’est à dire que c’est le choix qui va permettre à l’équipe de performer. Pour l’instant, ça se passe plutôt bien et je suis aussi content pour les joueurs car ça leur permet d’avoir du temps de jeu qu’ils n’auraient peut-être pas à certains postes et ça leur redonne confiance donc je suis très content qu’ils puissent ensuite performer. Par contre, c’est toujours également validé par le joueur car, quand tu changes de poste, il faut que ce soit validé par le joueur.

Dans ce registre, on a l’impression que ton approche a un peu évolué, on va dire que tu étais un peu plus frileux sur l’expérimentation l’année dernière, plus classique et conservateur. C’est pareil sur les premières lignes que tu faisais tourner très tard l’an passé, souvent à la 70e contre 50 / 55e cette saison. C’est une évolution dans ton management ?
Oui, c’est une évolution. Lors de ma première année de management, j’ai besoin de voir donc je suis parfois un peu timoré car j’ai besoin de voir les joueurs mais là, c’est vrai que le fait d’avoir aussi pu adapter mon groupe à ce que je voulais en termes de joueurs et de profils me permet également de faire plus de rotations rapidement. En tous cas, ça permet aussi à tous les joueurs d’être concernés, j’ai vraiment, vraiment confiance en mes joueurs, en mon équipe ce qui me permet de parfois changer mon management et je trouve que c’est quand même bénéfique pour l’équipe.

Le fait d’avoir activé la clause +1 de ton contrat te permet aussi d’avoir l’esprit un peu plus libéré et un peu plus de sérénité ?
C’est certain. C’est ma 2e année mais je suis parti pour 3 ans et il est sûr que ça me donne la liberté de bien travailler avec ce groupe puisque mon objectif est de garder la grosse, grosse ossature pour l’année prochaine et n’amener que des ajustements. Bien sûr qu’à ce niveau, il y a toujours un peu d’ajustements ainsi que des départs et des arrivées mais le fait de travailler encore une année de plus ici à Albi avec Alex nous permet de voir un peu plus loin que cette année. Ça me permet aussi d’expérimenter des joueurs à d’autres postes afin d’avoir une vision sur du long terme peut-être différente que celle que j’aurai si j’avais gardé le joueur à son poste.

Les ajustements l’année prochaine seront peut-être aussi sur le staff car, on le voit, Bourg-en-Bresse est arrivé avec 5 entraîneurs, quasiment un staff de Pro D2, VRDR en a 4 et 3 ou 4 pour Dax. A Albi, vous êtes un peu les » parents pauvres » dans ce domaine-là ?
Le club fait le maximum qu’il peut faire et je ne leur fais pas de reproche du tout mais il est sûr qu’aujourd’hui, quand tu as une quarantaine de joueurs, n’avoir que deux entraîneurs rugby est quand même hyper limitant. On a un fonctionnement qui est optimal avec Alex, on est rodé tous les deux mais quand je vois ce qui se fait ailleurs, et de plus en plus, je me dis qu’on commence à être un peu en retard. Il ne faudra pas prendre de retard mais aujourd’hui, on fera avec le budget du club qui fait le maximum pour nous donner les moyens d’exister à ce niveau-là pour avoir mieux. Par contre, il est sûr que dans les mois qui arrivent, ça sera une question à se poser pour voir comment on peut faire pour améliorer mais aussi amener une plus-value dans le staff car on est quand même un peu juste en nombre.

Quel va être le mot d’ordre ?
C’est s’investir. Ce sera le comportement qui sera important et pas le résultat.
Propos recueillis par Loïc Colombié

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