On va faire un tour dans l’antre de Trélut, au Tarbes Pyrénées Rugby, avec le manager du club, Fabien Fortassin en amont de la 10eme journée de Nationale qui verra les ours tarbais recevoir les abeilles albigeoises.

Les saisons se suivent mais ne se ressemblent pas à Tarbes et on va dire que, cette année, vous êtes partis avec beaucoup plus de gaz que l’année dernière où vous aviez eu un trou d’air pendant l’hiver. Mais cette année, du côté de Tarbes, on peut quand même dire que les voyants sont plutôt au vert ?
Pour le moment oui même si on avait également un bon départ l’an passé puisque je crois qu’on était 5es à la 8e journée mais c’est vrai qu’on avait eu un gros trou durant l’hiver. Aujourd’hui, on est dans les clous de ce qu’on veut faire, nos performances sont plutôt intéressantes mais il nous a manqué un peu de victoires à l’extérieur pour récompenser ce groupe qui, vraiment, travaille bien. On n’est pas inquiet pour la suite et on sait qu’elle viendra à un moment donné.

Une question que se pose un peu tout le monde en Nationale : comment faîtes-vous à Tarbes pour faire un groupe aussi compétitif avec le plus petit budget ? On a vu de belles recrues et un groupe qui a beaucoup tourné avec des recrues qui ont amené de la plus-value, vous êtes un peu des magiciens ?
Ça nous oblige justement à être vraiment ambitieux et attentionnés au niveau du recrutement car, par rapport à nos moyens, on ne peut pas se permettre de faire n’importe quoi. Donc, on prend le temps de se renseigner et de négocier financièrement car on ne peut pas accepter de suite des offres de joueurs qui veulent toujours plus. On essaye de travailler là-dessus et d’être le plus efficient possible et c’est vrai que, pour l’instant, j’ai l’impression que c’est plutôt efficace et qu’on ne s’est pas trompé tant par les qualités rugbystiques que sur le plan humain.

Qu’est-ce qui a amené ce choix ? Vous sentiez que c’était le moment de réinjecter du sang neuf et que c’était la fin d’un cycle pour ce groupe ?
Un petit peu et puis, le profil d’équipe qu’on avait la saison passée ne correspondait pas forcément à ce qu’on voulait mettre en place en termes de jeu. On veut mettre en place un jeu de mouvement fait de vitesse où on demande aux garçons de beaucoup participer dans le jeu, d’être très actifs et l’an dernier, même si on a eu des garçons qui nous ont énormément apporté, on avait quelques anciens qui étaient vraiment sur leur fin de carrière et qui avaient beaucoup de mal à enchaîner les tâches, les matchs et à courir tout le long d’un match. Sur un terrain de rugby, si tu défends à 12 ou à 13 parce qu’il y en a deux ou trois qui ne font que marcher, tu es forcément en difficulté donc notre objectif cette année a été d’aller chercher des garçons avec un gros volume de jeu, qui se déplacent beaucoup et qui puissent enchaîner les tâches régulièrement. C’est ce qui, je pense, fait la différence en ce début de saison où vraiment, on attaque à 15 et on défend à 15 pendant 80 minutes chaque week-end.

En gardant aussi un art qui est séculaire en Bigorre et à Tarbes, celui de la mêlée ?
Ça, c’est l’inconscient culturel tarbais. Les Tarbais ont toujours été réputés pour leur jeu d’avants, c’est ce qui plaît aussi au public et le public tarbais est un public exigeant mais pas tant que ça, ce qu’il demande, ce sont des joueurs qui mouillent le maillot, qui se donnent. A Trélut, on sait très bien que pour réveiller un public, ce n’est pas un essai de 100 mètres avec 50 passes qui leur plaît mais une mêlée qui est chahutée ou un maul qui avance de 30 mètres et là, vous vous mettez le public dans la poche.

On a eu une petite indiscrétion et on a appris qu’au début de saison, avec tout le staff, vous avez passé à tous les joueurs un diaporama qui retraçait l’histoire de Tarbes. Est-ce que c’est important pour vous, staff et groupe, de savoir où on met les pieds et quelle est l’histoire de ce club ?
Oui, je pense, exactement. C’est vrai que maintenant, la nouvelle génération de joueurs, même si ce n’est pas le cas de tous, ne sont pas tous autant passionnés qu’on pouvait l’être nous, les anciens, on ne connaît pas toujours l’histoire d’un club ni l’histoire des joueurs. Ils viennent tous les jours à Trélut, ils vont croiser des gens et parfois même des internationaux et c’est important de savoir où on met les pieds, dans quel club on est, de savoir qu’il y a eu une histoire avant eux et qu’il y aura une histoire après eux. Je pense qu’est bien pour eux qu’ils sachent qu’ils sont dans une région où le rugby est très important, que Tarbes a un beau passé. De savoir ça, ça plante un peu le décor et ça permet tout simplement de pouvoir travailler dans un environnement un peu plus approprié.

Pour toi, quel a été le match déclic dans cette saison qui a fini de cimenter le groupe ?
Bizarrement, ce n’est pas un match mais une opposition amicale qu’on a faite avec la Section Paloise à une semaine de la reprise du championnat contre Chambéry. On sortait d’un match amical contre Blagnac où on avait vraiment été très triste tant dans le contenu que dans les attitudes et la semaine d’après, on s’est fait une opposition dirigée avec les joueurs de la Section Paloise et là, je pense que les garçons ont vraiment pris conscience de ce qu’était le haut niveau. Ils ont compris que ce n’était pas tant que ça physiquement ou techniquement mais que c’était toujours dans l’aspect mental, concentration, d’être toujours en éveil, de vouloir toujours aller plus vite que l’adversaire. Cette opposition a été un accélérateur monstrueux dans notre préparation et ça a vraiment été le lancement de notre saison car, en suivant, on est allé faire un bon match à Chambéry, même si on n’a pas ramené la victoire. Je pense que c’est vraiment ça qui a été un déclic pour notre groupe.

Le point noir de ce début de saison sont les matchs à l’extérieur avec, entre autres, deux gros regrets à Blagnac et Hyères-Carqueiranne où vous ne passez vraiment pas loin ?
On peut rajouter Suresnes. A Blagnac, on ne passe vraiment pas loin mais sur la physionomie du match, il n’y a pas grand-chose à dire non plus, Blagnac n’a pas volé sa victoire. C’est vrai que le scénario a été cruel avec une défaite à la dernière seconde mais sur l’ensemble du match, en jouant à 14 contre 15, on a passé beaucoup de temps dans notre camp par contre, on a fait preuve de beaucoup d’héroïsme et de générosité mais je veux dire par là que ça aurait pu être plus lourd aussi. A Hyères-Carqueiranne et à Suresnes, c’est vrai qu’on ne s’est pas donné les moyens de gagner le match alors que la victoire nous tendait les bras, il ne nous a pas vraiment manqué grand-chose et ce sont vraiment nos erreurs à nous qui nous ont coûté la victoire. Mais bon, on espère toujours que ces matchs vont nous servir pour plus tard, l’important est de ramener des points à chaque fois. C’était un gros défaut la saison passée puisque je crois que, sur l’ensemble de la saison, on avait ramené 4 bonus alors qu’on en est déjà à 5 aujourd’hui donc c’est en grappillant des points comme ça qu’on continuera à avancer au classement et puis, comme je te le disais tout à l’heure, je pense qu’on va apprendre de nos erreurs et que cette première victoire à l’extérieur viendra à un moment donné.

Depuis le début de la saison, vous êtes à fleur des places du Top 6. Comme on dit, l’appétit vient en mangeant et ce Top 6 commence à vous trotter dans la tête ?
Honnêtement, on est parti en début de saison sans se fixer d’objectif de résultat. On avait fonctionné un peu comme ça l’an dernier, on voulait se donner des objectifs de points par bloc, de classement et à l’arrivée, si tu fais une contre-performance sur les deux premiers matchs de bloc, tu sais que tu n’es plus dans les objectifs et derrière, tu peux te mettre une grosse pression et t’effondrer. Donc, cette année, on n’a pas du tout d’objectif de résultats, on veut vraiment accentuer nos objectifs sur nos contenus de match et sur le rendu qu’on va mettre sur le terrain. Si les objectifs de contenu sont remplis, il y a de grandes chances que l’on soit plus près du résultat que l’on veut, c’est ce qu’on fait depuis le début de saison et c’est ce qui fonctionne bien. En toute honnêteté, pour le moment, on ne parle vraiment pas de classement, on fait notre petit bonhomme de chemin semaine après semaine et dans notre discours d’entraîneurs avec Romain, c’est vraiment d’accentuer notre objectif sur le contenu, de ne pas lâcher les joueurs sur ça et sur ce qu’ils doivent mettre en place sur le terrain. Si ça, c’est atteint, normalement, en jouant mieux, tu as de plus grandes chances d’avoir de bons résultats et après, au fur et à mesure que la saison avancera, on verra ce que ça donne et où on en est. A partir de là, on aura largement le temps de se fixer d’autres objectifs et de regarder un peu plus où on en est, notamment à la trêve de Noël où on en saura un peu plus puisqu’on a un bloc avec 4 réceptions qui nous attend.

On va parler du match de ce week-end, c’est le derby d’Occitanie mais également le choc des packs entre Tarbes et Albi.
Si on arrive à obtenir le résultat que l’on souhaite, ce sera un petit exploit. Je trouve le petit Dospital particulièrement en forme donc oui, on a 5 monstres qui arrivent. On ne va pas trop se projeter, on va déjà voir comment on passe Albi, quels résultats on aura et ce qu’il y aura à négocier. De toute façon quand on joue au rugby et surtout dans cette Nationale tous les week-ends c’est la guerre.

Tu as fait marcher cet été ta connexion Rochelaise pour faire venir Fuertes et Alofa .
Il y aussi Enzo Mondon que j’avais négocié et que j’étais allé chercher à La Rochelle. Avec Romain Terrain, on a la chance d’être de jeunes entraîneurs et de ne pas avoir arrêté notre carrière il y a trop longtemps donc on croise encore et on voit encore sur les terrains beaucoup de joueurs avec lesquels on a joué. Si ce sont des joueurs qui peuvent nous apporter quelque chose et qu’en plus, on sait que ce sont de bons mecs humainement, on saute sur l’occasion. Comme tu l’as dit, ça a été le cas avec Anthony qui m’a un peu poussé à ma retraite rochelaise puisqu’il est devenu le 3e ouvreur puisqu’ils voulaient un petit jeune à l’époque et qu’ils ont pris Antho, ce que j’ai tout à fait compris, il n’y a pas de souci. Quand j’ai vu qu’il était dispo pour cette saison, ça a été très vite l’un de mes premiers choix et je suis très content de lui. Pareil pour Alofa, il avait quitté Bayonne, il était en Australie, je ne savais pas trop ce qu’il devenait et j’ai tenté le coup, j’ai envoyé quelques messages, j’ai discuté avec son agent et ça a réussi à se faire pour notre plus grand bonheur puisqu’il fait un très bon début de saison. Malheureusement, il est blessé et on ne l’aura pas pour ce week-end mais on est très content de son début de saison, à l’image de toutes les recrues comme on le disait au départ. On a un recrutement qui a été intéressant et, jusqu’à présent, toutes ces recrues répondent favorablement

Quel est le mot d’ordre pour ce derby contre Albi ainsi que pour ce dernier bloc 2022 ?
Le mot d’ordre va être abnégation, de ne pas lâcher et de ne rien lâcher car ce bloc va être très dur. On va compter sur nos valeurs de courage et de solidarité pour être le plus compétitif possible.

On te remercie et on te souhaite une bonne saison avec les Ours Tarbais
C’est gentil, merci.
Propos recueillis par Loïc Colombié

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