Retrouvez le verbatim intégral de la conférence de presse de Mathieu Bonello (Manager SCA) en amont de de la 10eme journée de Nationale à Tarbes.

Après cette pause de deux semaines qui a sûrement permis de régénérer les corps, comment est-ce que tu as retrouvé tes gars ? Prêts à affronter cette dernière ligne droite de l’année civile ?
Les joueurs ont eu quelques jours de repos, ça leur a fait du bien. Ils sont revenus avec la banane, contents de revenir à l’entraînement dans une bonne dynamique donc c’est intéressant.

Avec un match contre VRDR qui, actuellement, peut être jugé comme le match référence que vous avez fait depuis le début de la saison ?
On a joué une très grosse équipe et il est sûr que c’est une très belle performance de l’ensemble du groupe mais, encore une fois, je crois qu’on a gagné un match. C’est bien et je trouve qu’on grandit à chaque match, qu’on progresse, qu’on apprend des choses donc c’est une bonne chose. De là à dire que c’est un match référence, peut-être pas mais, en tous cas, en termes de résultat, c’est sûr que c’est une bonne opération pour nous.

Si tu regardes le bloc, 5 matchs, 3 victoires, 1 nul et 1 défaite, est-ce que c’est le combo parfait pour toi ?
Oui, quasiment, on ne va pas revenir sur un petit accroc, on en a assez parlé donc je ne vais pas y revenir même si j’ai du mal à l’avaler. C’est un bloc qui est ultra positif, qui était gros, énorme, tout le monde me l’a dit au démarrage de ce bloc donc beaucoup de gens nous attendaient au tournant. Je trouve que l’équipe est dans la construction, elle est bien, elle évolue, elle grandit, elle s’améliore et le bloc est positif en termes de résultats et de comportement.

En termes de résultats mais aussi au niveau de l’évolution du groupe sur le terrain ?
Oui, sur la production du rugby et sur pas mal de domaines du rugby mais aussi sur l’état d’esprit affiché. J’avais dit qu’on avait un groupe hyper sain depuis le premier jour que l’on a commencé l’année, je sais les joueurs qui le composent, on est toujours en construction mais avec de plus en plus de certitudes donc c’est une bonne chose. Chez moi, le rugby passe avant tout par un état d’esprit irréprochable, c’est important à mes yeux et les joueurs ont répondu présent là-dessus, ils s’éclatent, ils prennent du plaisir dans ce projet mais aussi entre eux et ça se voit.

Le dernier bloc a maintenu tes joueurs en éveil vu l’épaisseur et, même si on sait que chaque bloc en Nationale est compliqué, le plus dur maintenant va être de continuer à les maintenir en éveil car il peut y avoir une » décompression » naturelle ou inconsciente ?
En Nationale, comme dans les divisions au-dessus de nous ai-je envie de dire, c’est dur pour tout le monde tous les week-end. On sait les équipes qu’on va affronter et ça bien sûr être difficile, ce n’est pas le fait de dire » on a fait un bon bloc » et voilà, je pense que les joueurs décideront s’ils veulent confirmer les résultats qu’ils ont fait dans ce bloc-là ou non. Je trouve que l’état d’esprit est bon pour continuer à évoluer mais maintenant, on va jouer de gros matchs face à de grosses équipes à la maison comme à l’extérieur et ce sera à nous de nous remettre en question tous les week-end, réellement. Encore une fois, on n’a rien fait, on a gagné des matchs et il fallait les gagner à la maison, on est dans une bonne dynamique mais on a rien fait donc on a vraiment beaucoup d’humilité, on construit notre saison petit à petit.

Tu repars sur un bloc de 5 avec le premier match retour qui est à la fin de l’année avec trois réceptions pour deux déplacements. Comptablement, tu attends la même chose que sur le bloc précédent ?
Bien sûr, on attend de continuer sur les mêmes bases. Il y a déjà un match retour dans ce bloc-là, je dis bien déjà donc ça passe vite mais je serai hyper exigeant dans notre comportement, pas hyper exigeant en termes de résultats mais hyper exigeant dans le comportement de l’équipe car la saison passe vite et on a aura fait plus de la moitié du championnat. J’avais dit qu’on pourrait faire un vrai bilan à ce moment-là, même si on peut déjà en faire un à la fin de ces deux premiers blocs où j’avais dit qu’on se retrouverait après ces 5 matchs mais on fera vraiment le bilan de cette première partie de saison en Décembre. Donc, aujourd’hui, le bilan du début de saison est quand même très positif mais si tu ne dois pas confirmer derrière, ça ne sert pas à grand-chose.

Vous avez deux blocs de 5 avant de repartir sur du saucissonnage sur 2023. Comment est-ce que tu gères ton effectif en termes d’intensité ?
Là, on va faire bouger des lignes et remettre de la concurrence aux postes où on peut en mettre, il y a aussi des joueurs qui méritent de matcher. Il ne faut pas se cacher qu’on a trouvé l’ossature et, comme je le dis toujours, » quand tu as le maillot, fais tout pour le garder » et il y a des joueurs qui ont tout fait pour le garder donc on leur a donné et régulièrement. Maintenant, il y a eu une coupure, ça ne permet pas de repartir à zéro car il y a toujours un passé mais ça permet d’en relancer certains qui méritent peut-être d’avoir du temps de jeu et de montrer le bout du nez. En tous cas, parce qu’on avait fait beaucoup de changements au début, on a stabilisé l’équipe en faisant moins de roulements mais là, on va repartir dans notre fonctionnement habituel.

On se souvient que, l’année dernière, Tarbes vous avait chipé la demi-finale retour à domicile, ils se l’étaient gagné au courage. On a regardé les statistiques et, sur les 4 dernières années, vous n’avez gagné qu’une fois à Tarbes aux forceps ce qui donne 3 défaites pour 1 victoire. Et puis, c’est une équipe qui a l’air quasiment imbattable à domicile à Trélut, c’est un déplacement à haut risque et à haute tension ?
Evidemment. Tarbes est une excellente équipe avec de gros joueurs, un bon staff, c’est cohérent, on connaît les valeurs de ce club et de cette équipe et, même si je n’ai pas l’habitude d’y revenir mais c’est toi qui m’en parles, ils nous ont gagné l’année dernière et il n’y a rien à dire, ils ont été meilleurs que nous ce jour-là, pas de commentaire là-dessus, ils ont été meilleurs, point barre. C’est l’une des grosses équipes de la Nationale, ils ont fait un super recrutement et ça va être très dur pour nous samedi, on le sait, on y va avec beaucoup de craintes car aujourd’hui, ils sont dans les places qui comptent en Nationale et ils ont fait de bons matchs. Comme tu l’as dit, c’est très, très dur chez eux, je n’étais pas là les années précédentes mais, l’année dernière, on n’était pas invité donc là, on a vraiment une grosse équipe devant nous. On a aussi de gros matchs derrière donc, comme je l’ai dit, on va juger le comportement et on n’a pas la pression du résultat.

Et gare à l’indiscipline car derrière, ils ont un buteur, Anthony Fuertes, qui, pour l’instant, marche un peu sur l’eau ?
Il est sûr qu’ils ont recruté un gros joueur, quelqu’un qui a de grosses qualités et qui est aussi habitué à la Nationale. La discipline, c’est aussi le nerf de la guerre, on était mieux et là, je trouve qu’on est un peu moins bien et il faut que l’on fasse un focus là-dessus. En tous cas, ils ont de gros joueurs qui leur ont aussi changé l’équipe, ils avaient une belle équipe l’année dernière puisqu’ils nous ont battu et il n’y avait rien à dire, on n’avait pas été invité sur ce match-là, ils étaient les meilleurs mais cette année, ils ont quand même une grosse équipe donc on a un très gros match qui va arriver.

On a vu quelques temps de jeu face à Dax, c’était beaucoup mieux face à VRDR. Comment est-ce que vous allez travailler ça ?
On le travaille assez régulièrement mais la maîtrise, c’est toujours pareil, la maîtrise. Quand tu es un peu dans le rouge ou que tu n’es pas exigeant avec toi-même, car je pense qu’on a quand même perdu les pinceaux à un moment donné face à Dax même si on a fait preuve de solidarité et d’une forte cohésion d’équipe à la fin pour maintenir l’écart et pour rester devant, c’est la maîtrise et on la travaille beaucoup par les images ou sur le terrain. On met un focus là-dessus mais il ne faut pas le lâcher car dès qu’on le lâche, on s’aperçoit qu’on est en difficulté et, à l’extérieur, c’est encore plus vrai.

Il faut une prise de conscience collective ?
Une prise de conscience mais aussi le travail individuel de chacun de voir les fautes et de voir ce qu’on peut améliorer, c’est important.

Concernant les blessés, on a vu que Camille Jarreau avait une attelle. Est-ce que tu peux nous donner des nouvelles ?
On avait peur que ce soit les croisés, tout était réuni pour que ce soit ça. Je ne me faisais guère d’illusions et, en plus, Camille a peu de chance depuis le début de l’année, il n’arrête pas. Ça peut être un peu le changement, ça faisait deux ans qu’il ne jouait pas trop et là, avec le fait de rejouer et de se réhabituer, je pense qu’il faut une année un peu transitoire. Mais on a eu une bonne nouvelle, les croisés ne sont pas touchés, il en aura quand même pour deux gros mois voire trois mais entre 3 et 8 ou 9 …

Avant, c’était les épaules, maintenant, ce sont les genoux vu qu’il y a déjà eu Backhouse ?
Il va sûrement rentrer dans le bloc ou, au plus tard, après ce bloc.

Tu ne prendras pas de risques ?
Zéro risque, je n’en prendrai pas. Je pense que vous le voyez, au niveau des blessures, je n’ai jamais été un entraîneur qui m’apitoyais sur mon sort. Il y a plein de blessés, tout le monde en a, on en a mais ça permet aussi de faire matcher d’autres joueurs et on s’aperçoit que, même si on fait rentrer d’autres joueurs qui n’ont pas matché ou qui n’ont pas l’habitude, ils se mettent au diapason de l’équipe et ça, c’est bon pour nous, entraîneurs. Ça veut dire que tout le monde va revenir et qu’ils vont tous se tirer la bourre et plus on a de joueurs possibles qui postulent pour les matchs, mieux c’est pour nous et pour les joueurs car c’est l’émulation. Donc, on ne prendra aucun risque avec aucun des blessés, je ne gagnerai pas une ou deux semaines, on jouera avec les joueurs que l’on a et si parfois ça ne passe pas, et bien, ça ne passera pas et si ça passe, ça sera tant mieux. En tous cas, tout le monde doit être interchangeable.

Pour finir sur les blessés, est-ce que tu rentres presque tout tes blessés à l’épaules sur ce bloc ?
Oui, il n’y a que Luke (stringer) qui ne rentrera pas encore, c’est un peu plus long et ce sera pour le début d’année. Pour le reste, tout le monde va rentrer et c’est bien car ça veut dire aussi qu’on arrive à enchaîner les bonnes performances contre de grosses équipes, je trouve que le niveau s’est encore élevé cette année donc il y a de la casse. Même si on a rigolé parce qu’il y avait un nombre conséquent de 3es lignes et qu’on m’a dit » qu’est-ce qu’il fait, pourquoi il en prend autant ? « , je m’aperçois que tout le monde a son temps de jeu et on a besoin de tout le monde.

Sur la casse, on sait que, souvent, une saison réussie passe par un bon groupe et par la science du détail, et on connaît, la tienne mais ça passe aussi par la pièce qui retombe du bon côté. Concernant les blessés, on a l’impression que vous pensez souvent au pire mais que, pour l’instant, vous passez entre les gouttes ?
Oui, on peut dire qu’on passe entre les gouttes sur les grosses, grosses blessures mais on a quand même pris beaucoup de mecs à 3 / 4 mois. Je ne peux pas dire qu’on passe totalement entre les gouttes mais je vois ce que tu veux dire, on prévoit des trucs énormes mais, finalement, c’est un peu moindre donc tant mieux mais je trouve quand même qu’on a de gros blessés. Ce sont des 2, 3, 4 mois, on n’a pas une petite cheville où il fait deux semaines et qu’il revient, on a souvent le mec qui manque le bloc entier quand il est blessé mais je crois que ce sont les aléas de tout le monde. En plus, il y a certains joueurs qui n’avaient pas forcément beaucoup, beaucoup matché, Heath, par exemple, s’était déjà blessé et je pourrais dire que ce sont toujours les mêmes mais j’ai aussi eu ce cas-là dans mon passé de joueur. Parfois, plus tu joues moins tu te blesses parce-que tu es habitué et que ton corps s’habituent aux chocs donc il n’y a pas de vérité.

En parlant de 3e ligne, tu vas avoir une quasi recrue. Vincent Calas rentre de Capbreton et qui, petit à petit, va pouvoir re-postuler d’ici un mois ou deux ?
Voilà, un mois ou deux, je pense que, sans se mettre trop de pression, il reviendra début Janvier. Il est parti à Capbreton, il est à la fin de sa rééduc et on souhaite que Vincent se rétablisse du mieux qu’il peut. En tous cas, on compte sur lui et on va l’aider à revenir pour qu’il intègre le groupe et qu’il se remette dedans mais on ira aussi modérément dans sa reprise.

Ça va être une option supplémentaire en touche où on peut dire que vous avez retrouvé vos standards de la saison passée, ajoutés à la mêlée qui a grandement grandi cette année. Je dirais que la pression est presque sur les 3/4 cette année pour se mettre au niveau de la conquête car, sauf accident, tu arrives sur l’hiver en pouvant t’appuyer sur une conquête solide ?
C’est vrai que Vincent sera une arme de plus sur la touche mais ce n’est pas moi qui invente le rugby, je crois que ça commence quand même par des fondamentaux forts. On a aussi un bon turn-over des premières lignes et du 5 de devant et c’est vrai que les joueurs ont plaisir à jouer ensemble. Je trouve qu’on bosse bien depuis maintenant un an et demi et la mêlée est un travail de longue haleine donc on est content de ça mais, encore une fois, pour les avants en tous cas, je ne sais pas pour les 3/4 (rires), on est obligé de se remettre en question tous les week-end parce-que c’est dur et qu’on rencontre des joueurs différents tous les week-end avec des problématiques mais je suis aussi très content des 3/4.

Pour un revenir sur la question qui était un peu l’arlésienne il y a quelque temps de cela, où en es-tu avec le 10 et le centre ?
Je suis toujours à regarder mais c’est vrai que c’est difficile, j’ai vu que certains arrivaient à trouver des solutions, nous, un peu moins. Noël approche, j’ai espoir, je l’avais déjà dit l’année dernière, et j’espère vraiment qu’on en aura un au pied du sapin (rires).

Tu avais priorisé sur un 10, un centre et un 2e ligne. Est-ce qu’avec les blessures que tu as, tu vas peut-être changer ta liste au Père Noël en disant d’abord un 2e ou 3e ligne avant un 10 car finalement, ceux que tu as à ce poste-là derrière, ça va pour l’instant ?
Oui mais il faut quand même avoir un temps d’avance quand on manage ou qu’on entraîne, du moins, il faut essayer. La priorité, ce n’est plus qu’un mec derrière et c’est l’opportunité qui fera c’est à dire que, si j’ai une grosse opportunité devant, je la prendrai sans dire » putain, on ne pourra pas faire derrière « . C’est suivant, on regarde, on ne prendra pas pour prendre quelqu’un.

Quel est le mot d’ordre pour ce déplacement à Tarbes ?
C’est sérieux, soyons sérieux et appliqués.

Question décalée : ton mentor Christophe Urios, vient d’être limogé de l’UBB. Tu pourrais lui dire de venir faire un peu le consultant au Sporting pour amener sa science et sa patte du management ?
Je l’ai appris tout à l’heure mais ce sont les aléas du poste. C’est quelqu’un que j’ai côtoyé pendant un an lors de ma dernière année de joueur donc je connais son management. Je sais que ce sont des moments pas faciles à passer, j’ai suivi un peu de loin et c’est toujours compliqué de se retrouver dans ces situations-là mais il est sûr que, pour moi, c’est un grand entraîneur.

Est-ce que tu as un regard sur la précarité du poste ? On voit que Fabrice Landreau a sauté très vite à l’Union Cognac Saint Jean d’Angély, pareil pour Hugh Chalmers à Beaune. On a l’impression que, maintenant, être entraîneur de rugby est comme être entraîneur de foot, ça saute comme des bouchons de champagne ?
C’est vrai, tu as raison. Je trouve que ça s’est un peu banalisé, qu’on le faisait moins avant, qu’on attendait que la saison passe et qu’à l’intersaison, on voyait ce qu’on faisait. On le voyait à des niveaux un peu » moindres » et je m’aperçois qu’aujourd’hui, quand ça ne va pas, il y a un fusible et voilà. Ça fait partie du boulot et de ce métier-là, l’instabilité d’être en poste et de peut-être le perdre du jour au lendemain mais je pense que, quand tu choisis ce métier-là, tu le sais et que tu donc, par moment, tu sais aussi à quoi t’attendre. Par contre, ce sont toujours des moments pas faciles pour un entraîneur à quelque niveau que ce soit, ce n’est jamais facile à vivre même s’ils rebondissent souvent et j’espère qu’il rebondira très vite.
Propos recueillis par Loïc Colombié
