Quintuple vainqueur du Top 14 avec le stade Français, 2 grands chelems et vice Champion du monde en 41 sélections en équipe de France, David Auradou est un des monuments du rugby français moderne. Après avoir coaché le Stade Français (Top 14) et le Stade Montois (Pro D2), voilà que le natif d’Harfleur en Normandie a décidé de relever le défi du RC Suresnes en Nationale. Timonier du secteur sportif depuis cet été, celui que tout le monde surnomme « BIBI », nous a accordé un entretien grand format pour faire un bilan au crépuscule du second bloc du championnat. Sur le Mont Valérien, le RCS et son manager sont focus sur le projet de développement du club altosequanais et voient la réception de Tarbes comme une rencontre charnière pour rentrer dans « l’objectif de Top 6 ». Mais au gré de l’analyse de ce début de mandat dans les Hauts de Seine, David Auradou n’a pas oublié d’envoyer un magnifique clin d’œil à un club qui l’a façonné tant en tant qu’homme que joueur: le Sporting Club Graulhetois.

On déjà revenir à la genèse : comment se fait-il que David Auradou ait débarqué dans les Hauts-de-Seine, au RC Suresnes, cette année ?
Tout simplement parce qu’on m’a contacté et qu’on m’a proposé un projet qui était ambitieux et à taille humaine avec deux présidents qui ont mis des billes mais surtout beaucoup d’investissement autour de ce projet. Ça m’a donc parlé, ça m’a donné le goût de remonter dans la région parisienne et de partir sur un projet où, je pense, il y a des valeurs et une ambition derrière et c’est quelque chose qui m’a séduit.

Quelles ont été tes premières impressions quand tu as découvert ce club du RCS ?
Ça a été partagé. C’est vrai qu’on dispose de belles infrastructures, on a un très, très beau terrain synthétique, on en a même deux mais surtout un plus un terrain d’honneur dernière génération où on a fait toute la préparation cet été dessus. Si moi, je n’ai jamais joué sur un terrain synthétique, les joueurs, en tous cas, en sont satisfaits à un tel point d’ailleurs que nos adversaires aussi et que, du coup, ils viennent faire de belles perfs chez nous. On a un bel outil par rapport à ça, on domine Paris donc on a l’avantage d’être à Paris sans trop avoir les inconvénients de toute la vie intra-muros ultra polluée. Comme tu l’as dit, on est sur le haut du Mont Valérien à Suresnes donc il y a pas mal d’atouts dans ce club dont l’atout principal, même si on est un jeune club avec 50 ans d’histoire ce qui n’est rien par rapport à un paquet de clubs du Sud-Ouest ou même parisiens qui sont plus que centenaires, est d’avoir 350 licenciés dont beaucoup de jeunes franciliens et suresnois ce qui est important pour l’avenir.

Tu disais partagé, quels sont le ou les points négatifs à faire progresser ?
Comme tout jeune club, puisque c’est un club qui est monté en Nationale il y a deux ans seulement, on n’a pas l’historique d’un Albi, d’un Tarbes, d’un Dax, de toutes les équipes qui ont un glorieux passé sur le terrain donc il y a pas mal de choses à construire autour de ça. Il y a un intérêt par rapport à ça quand tu es entraîneur / manager car il faut bâtir et construire sur le côté sportif mais aussi sur tout l’extra-sportif. Il y a tout un projet par rapport aux vestiaires, à la circulation et à l’habitation au sein même d’un groupe et d’un club car on ne vit pas à Paris comme on vit en Province. Il y a donc pas mal de choses à penser, à cogiter pour faire en sorte de faire avancer le club. Il y a un vaste projet qui touche un petit peu à tout et c’est hyper intéressant.

Quand tu es arrivé, une chose était claire : l’objectif que t’ont fixé les deux présidents à savoir » objectif Top 6 » ?
Bien sûr car, quand on a des ambitions, il faut forcément être ambitieux. Ça a été annoncé et affiché et on n’est pas là pour avancer couvert donc l’objectif était de pouvoir boxer dans la cour des grands et pour ça, il faut pouvoir rivaliser avec les meilleurs et s’en donner les moyens. Les moyens ne sont pas que financiers, il faut des moyens humains au niveau de l’entraînement et du reste donc, cette année, la première des priorités me concernant a été de travailler sur l’équipe. Il y a un effectif réduit par rapport à la saison dernière puisqu’on avait 42 joueurs dont la plupart était pluriactif et de vrais pluriactifs à savoir qu’ils bossaient en journée et s’entraînaient le soir de 18h à 21h ce qui était incompatible avec le sport de haut niveau quand tu as des ambitions. L’effectif a été grandement réduit cette année puisqu’on est 32 joueurs » pros « , car ça reste de la Nationale, mais par contre avec des joueurs qui sont axés au cœur du rugby. Il y a beaucoup d’étudiants et de joueurs en reconversion professionnelle qui peuvent profiter du temps libre de l’après-midi pour se former ou envisager un job pour la suite. Il y a tout un double projet mais avec le rugby au cœur de la matrice et du logiciel et l’objectif de faire quelque chose.

Quelle est ton analyse sur ces deux premiers blocs ? Comment est-ce que tu les juges, êtes-vous dans les clous des objectifs qui ont été fixés ?
Comme je le disais tout à l’heure, on est une jeune équipe c’est à dire que l’effectif a été renouvelé de moitié à l’intersaison. On est un nouveau staff, on a de nouveaux joueurs, un nouveau cadre donc, déjà, on ne savait pas trop si la mayonnaise allait prendre. On a alterné du bon, du très bon et du pas bon, pour l’instant, on n’est pas dans les clous dans le sens où on n’est pas dans les 6 au tableau d’affichage mais par contre, on n’est pas loin derrière. Maintenant, on a la réception de Tarbes et on a dit qu’on ferait un point à la fin de ce 2e bloc, on savait très bien qu’on avait un très, très gros bloc où on a joué Dax, Albi, Tarbes, Bourgoin et VRDR donc que des gros, des mecs qui sont classés au-dessus. Donc, on y verra beaucoup plus clair ce soir à la fin du match si, j’espère, il y a victoire et qu’on est rentré dans les 6, on sera, pour l’instant, dans les clous de ce qu’on s’est fixé. Il y a toujours des choses à améliorer mais disons que, ce qui est hyper important quand on débute un projet comme ça, c’est de ne pas prendre trop, trop de retard à l’allumage et pour le moment, on est relativement dans les clous même s’il y a des choses où il faut être exigeant et améliorer tout ça.

Comment est-ce que tu juges et assimiles cette équipe de Tarbes ?
C’est solide (rires) ! Je pense que n’importe quel amateur de rugby apprécie ce genre d’équipe. Je les connais bien, et c’est ce que je disais aux joueurs, tu peux les voir jouer en minimes, en cadets, en espoirs ou en équipe première, c’est une équipe qui est formatée avec du caractère, qui a des joueurs denses. Je ne dirai pas qu’ils ont un jeu direct car c’est limitant pour certains alors que pas du tout, en tous cas pas dans ma bouche, mais c’est une équipe qui est très forte sur ses fondamentaux, sur la mêlée, les ballons portés, etc. Le milieu de terrain joue mais ils ont de l’expérience, ils ont des Fidjiens qui, avec leur densité et leur technique, sont capables de casser tous rideaux. S’ils sont 6es aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas trop de surprise et que c’est une belle équipe capable d’en mettre 30 / 35 à domicile et d’accrocher des matchs à l’extérieur. On va les affronter avec le plus grand des respects pour essayer de faire en sorte que ça se passe bien pour nous et espérer enfin avoir un match un petit peu référence à domicile car, actuellement, on a plus de difficultés à la piaule qu’à l’extérieur.

On va passer à la question polémique : après la victoire de Suresnes face à Albi, on a vu que le manager du SCA Mathieu Bonello a vilipendé l’arbitrage qu’il avait subi à Suresnes dans la presse régionale et nationale. Qu’en as-tu pensé ?
On a le droit de penser ce que l’on veut à chaud, le problème, c’est que c’est un peu con de continuer à vociférer après l’arbitre à froid. Mathieu Bonello dit ce qu’il veut, le match a un début et une fin, ils repartent avec un point de bonus défensif et, effectivement, ils auraient peut-être pu espérer un peu mieux mais je pense quand même que, sur l’ensemble du match, on a montré du cœur. Après, il peut râler autant qu’il veut, ça lui appartient, l’important est de bien figurer à la fin de la saison, c’est toujours pareil.

Question coup de cœur cette fois : tu sais qu’on est très proche du Sporting Club Graulhetois, un club qui te cause et te parle. Quel est le souvenir que tu gardes de l’année que tu as passé à Graulhet dans ta tendre jeunesse rugbystique ?
Je n’ai passé qu’une seule saison à Graulhet, l’année du bataillon de Joinville mais par contre, c’est une année qui m’a énormément marqué tant sur le côté sportif qu’humain. Je suis ravi qu’un mec comme Jauzi (Yannick Jauzion) revienne donner un coup de main, tous les anciens sont restés au club. C’est un club qui est famille et, dans ma bouche, c’est vraiment quelque chose de qualitatif. Ça fait plaisir de les voir évoluer avec sérénité, de prendre du plaisir, de les voir faire de belles perfs et de réussir un bon début de saison. Je les suis depuis Suresnes mais, en tous cas, c’est un club qui me fait plaisir pour y avoir passé de bons moments et qui continue à bien vivre donc félicitations à eux et bonne chance.

On peut imaginer qu’un jour, si les calendriers se percutent et que David Auradou soit en Occitanie le samedi et n’ait rien à faire le dimanche, il puisse venir faire un petit tour au stade Pélissou pour se rappeler au bon souvenir des Graulhetois ?
C’est vrai que ce n’est pas la porte à côté (rires). Mais si on descend dans les parages et qu’ils jouent le lendemain, pourquoi pas ? Si on descend sur Albi et que Graulhet joue dans les parages, je n’ai pas trop regardé les calendriers, pourquoi pas ? Ça serait avec grand plaisir.

On te remercie, on te souhaite un bon match face à Tarbes et de bien finir ce bloc 2 de Nationale
Merci.
Propos recueillis par Loïc Colombié

Article en partenariat avec :












