Dans la famille Martinet, le rugby est au delà de la passion, mais bel et bien un atavisme se transmettant de génération en génération au gré des décennies. Laure, la petite dernière du clan Martinet, ne déroge pas à l’adage. Dès son plus jeune âge, elle arpente les talenquères du Stade de La Chevalière, où évoluait son paternel sous les couleurs du Sporting Club Mazametain. Veritable berceau de son amour viscéral pour le rugby, la cité Sud Tarnaise est un véritable point d’ancrage, genèse d’un parcours protéiforme dans le monde du sport. De ses débuts en cadettes sous la tunique du SC Albi, à une aventure en sélection nationale de Belgique, l’originaire de Saint-Amans-Soult a vécu une courte mais intense carrière de joueuse, avant de décidé de faire du sport son sacerdoce professionnel. À tout juste 28 ans, c’est avec sa profession de Kinésithérapeute, que depuis 2 saisons, elle est la touche féminine du staff Graulhetois, vivant par procuration les vibrations de l’épopée de mégissiers du rugby, découvrant les rudiments de la Nationale 2. Véritable « pôle santé » à elle seule, Laure Martinet suit quasiment les rouges et noirs, au jour le jour, que ce soit en semaine dans son cabinet (bien entendu implanté dans la capitale du cuir) que, sur les bords de terrain le week-end. Cette albigeoise à la vie civile, native de Mazamet fait donc dorénavant partie intégrante de la grande famille du SCG, où elle côtoie de prime à bord ses deux frangins (L’un joueur et l’autre dirigeant). Focus sur une des chevilles ouvrières du petit Poucet de la Nationale 2, qui vit avec autant de ferveur et d’adrénaline une rencontre dans son nouveau rôle que, lorsqu’elle arpentait les pelouses tarnaises ou du plat pays.

Pour toi, le rugby est avant tout une affaire de famille avec un papa qui joue au rugby et des frères qui sont joueurs et dirigeants dans le rugby. C’est donc une passion viscérale ?
Tout à fait, j’ai grandi au bord des terrains et après, j’ai un petit peu pris la direction de jouer au rugby pendant mes années lycéennes et mes études supérieures. C’est donc tout naturellement que je me suis dirigée vers le jeu du ballon ovale.

Il y a quand même un petit paradoxe car tu es une mazamétaine et que tu as grandi au cœur de la Chevalière. Comment une enfant de la Chevalière arrive à Noël Pélissou ?
Ça aussi, c’est une affaire d’état chez moi (rires). Non, ce n’est pas vrai, même si mes parents me chambrent un peu. J’y suis venue par mes frères qui y jouent et qui sont revenus à Graulhet, ils cherchaient une kiné et pour moi, voulant exercer dans le milieu du rugby, c’était une opportunité de venir à ce moment-là au sein du Sporting Club Graulhetois.

C’était aussi l’occasion de partager des moments en fratrie ?
Exactement, on passe souvent des moments ensemble avec mes frères. C’est un plus pour nous de se retrouver au rugby donc c’est top, ça n’est que du bonus.

On va aussi parler de toi et du rugby car tu as quand même une carrière intéressante puisque tu as joué au Sporting Club Albigeois, tu es partie à Rodez et tu as même joué pour l’équipe de Belgique ?
C’est ça. J’ai commencé au lycée, en cadettes, à Albi puis j’ai fait mes premières sélections en équipe régionale avant de partir faire mes études supérieures en STAPS à Rodez où j’ai intégré l’équipe senior. J’ai continué mes études en Belgique où j’ai joué pour l’équipe nationale, ce qui était une belle expérience à vivre même si ce n’est pas la terre de rugby en elle-même mais il y avait de belles choses à retenir.

Aujourd’hui, tu es kiné et soigneuse du Sporting Club Graulhetois et j’imagine que tu ne peux plus pratiquer le rugby. Il n’y a pas un petit vide, un petit manque ?
Non, justement parce-que j’ai pu retrouver ce plaisir des terrains en étant soigneuse. Ce n’est pas non plus évident de faire tourner un cabinet tout en ayant une pratique avec des contacts, il faut être apte après à aller travailler le lundi donc j’ai trouvé un équilibre en étant soigneuse au bord des terrains et ça me va très bien.

Tu as ta dose d’adrénaline mais de l’autre côté de la ligne de touche ?
Tout à fait ! On retrouve l’adrénaline d’avant-match dans les vestiaires puis pendant le match et après, soit la victoire soit la déception donc, en fait, on vit comme si on jouait donc c’est chouette.

Quand tu as décidé de faire ce métier de kiné, tu avais déjà décidé dans ta tête de basculer sur la kiné du sport ? C’était quelque chose qui te tenait à cœur ?
Absolument. J’avais déjà dans le viseur de travailler dans le sport mais c’est vrai que je ne savais pas trop si j’allais continuer dans le milieu du rugby et puis, au final, c’est ce qui me correspond le mieux de par mon passé de joueuse. J’ai la chance de connaître la discipline; de connaître les avantages et les besoins des joueurs donc je me suis naturellement dirigée vers le rugby.

Kiné dans le rugby, c’est quand même quelque chose de très particulier car on sait qu’il y a des commotions et des chocs qui sont quand même assez intenses. Est-ce que tu as une appréhension par rapport à ça ?
Non, pas du tout. Bien sûr, je ne souhaite pas à un joueur de prendre des coups ou des chocs, d’autant plus que c’est de plus en plus important, mais c’est vrai que je me forme là-dessus. Je fais pas mal de séminaires, je repars encore une fois en formation en DU, pour essayer d’être de plus en plus performante vis à vis de ces chocs que l’on peut croiser les dimanches. On essaye de faire au mieux pour la prise en charge mais ça n’est jamais évident, ne serait-ce que de déceler une petite commotion, ce n’est pas évident à mettre en avant donc on fait au mieux.

Quelle est la semaine type d’un kiné dans une équipe de Nationale 2 ?
Le lundi, c’est souvent récup donc j’ai les joueurs qui viennent au cabinet et on soigne les petits bobos. Le mardi, je vais à l’entraînement pour gérer les joueurs, s’il y a besoin de strap mais aussi s’il y a des contacts et qu’ils ont besoin d’un diagnostic suite à un choc. Le mercredi est un peu plus intensif, ça nécessite un travail un peu plus en amont avec les straps, la gestion des bobos afin de pouvoir gérer l’intensité de l’entraînement du mercredi. Le jeudi et le vendredi sont en général un peu plus légers tout en soignant les blessures des joueurs mais je les ai normalement toute la semaine au cabinet donc ça peut aller d’une à deux fois par semaine voire à tous les jours pour tout ce qui est grosses blessures.

Quand il y a de gros déplacements comme la semaine dernière à Dijon où vous traversez toute la France, vous partez le vendredi et vous rentrez le dimanche. Comment est-ce que tu fais pour t’organiser et être de nouveau d’attaque le lundi ?
Ça va, on s’organise plutôt bien. Moi, personnellement, j’essaye de calquer un peu mon agenda et de le faire un peu plus léger en début de semaine car ça reste quand même du boulot le week-end. J’essaye de caler des soins aux joueurs pendant le week-end pour qu’ils aient le moins de répercussions possibles du match. On essaye de faire au mieux (rires).

J’imagine que tu vis pleinement cette aventure de Graulhet en Nationale 2. C’est un nouveau challenge pour toi ?
Bien sûr, c’est du haut niveau. On découvre de nouvelles équipes, de nouvelles infrastructures également, on monte d’un cran et c’est toujours bon à prendre de voir de nouvelles choses donc on profite à fond.

En ayant grandi dans le rugby, on parle parfois de la difficulté d’être une femme dans un milieu d’hommes. Tu n’as pas eu ce problème puisque tu baignes dedans depuis que tu es toute petite ?
Pas du tout, ça se passe vraiment très bien autant avec le staff qu’avec les joueurs. Là-aussi, j’ai la chance qu’ils me fassent confiance et c’est hyper important pour pouvoir assurer le bon suivi au quotidien. J’ai la chance d’être bien intégrée au groupe et c’est également hyper important pour une fille d’avoir sa place.
J’imagine que tu as quand même un regard sur le Sporting Club Mazamétain tous les week-end et sur leurs résultats ?
Oui, bien sûr, je suis toujours Mazamet, j’ai encore quelques connaissances qui jouent, je suis d’ailleurs allée les voir en match amical il n’y a pas longtemps. On suit effectivement Mazamet mais, en règle générale, on suit aussi tous les résultats du rugby du département, c’est assez emblématique.
Propos recueillis par Loïc Colombié

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