Les Charentais de l’Union Cognac Saint-Jean d’Angély, et leur manager Fabrice Landreau ont repris depuis 3 semaines le chemin de l’entraînement, après une seconde saison en Nationale qui les a vu décrocher leur maintien dans les ultimes secondes de la saison. L’UCS pour débuter son 3eme acte dans l’antichambre de la Pro D2, a opéré un large turn over dans son effectif tout en gardant certains cadres du vestiaire comme Praud, Hygonnet, Lotawa ou Billou. Du côté des arrivées on peut noter le retour de l’ailier Vincent Pageneau, l’arrivée du pilier Aliko Kaikatsishvili et du talonneur Bryan Bruno en provenance de Graulhet, mais aussi les expérimentés Tarbais Felipe Manu et Utu Maninoa avec leurs 35 printemps, sans oublier le Massicois Dany Antunes ailier et buteur international portugais. Pour agrémenter ce mercato de grande ampleur, le club unioniste a aussi fait confiance à des valeurs sûres de Nationale comme Paul Sauzaret d’Aubenas, mixées à de jeune pousse comme l’ex ouvreur de Dijon, Mathis Garnier, qui aura la lourde tâche de remplacer Quentin Lalarme ayant fait le chemin inverse. Mais à Cognac on a aussi pioché des joueurs rompus aux niveaux supérieurs comme l’international samoan Rhema Sagote et Ismeli Kuruibua (Aurillac/ProD2) , ainsi que Jone Tuva ex Carcassonne et Lou. Fort de ce recrutement intéressant, Fabrice Landreau espère voir son groupe exister dans cette Nationale qui s’arme de plus en plus chaque année. Entretien avec un manager qui avance avec humilité pour cette 3eme saison à l’UCS mais avec détermination, et qui nous dresse un bilan d’une année riche en emotions.

On va commencer par parler de la saison précédente qui a quand même été très riche en émotions avec un maintien accroché dans les dernières minutes de la dernière journée ?
C’est vrai que ça a été une dernière journée un peu folle puisqu’on se battait pour le maintien avec le club d’Aubenas, nous en accueillant Chambéry et Aubenas allant jouer à Dax. Effectivement, ça s’est joué dans les derniers instants et même à l’issue du match, on attendait toujours le résultat d’Aubenas qui menait sur la pelouse de Dax. Ça nous a souri, on a possibilité et la chance de poursuivre l’aventure en Nationale.

On dit souvent aussi qu’un maintien comme cela ne vaut pas un titre mais que ce sont des émotions un peu similaires et que ça peut souder un groupe dans l’adversité ?
On va dire qu’on a passé une saison très compliquée puisqu’on a gagné très peu de matchs, on a été lanterne rouge quasiment toute la saison. C’est vrai que l’issue est plutôt joyeuse mais c’est grâce à ce groupe de joueurs qui a su faire front et surtout, qui n’a jamais baissé les bras. On a su tenir et j’avoue que tout le monde était soulagé à l’issue du coup de sifflet final d’avoir au moins réussi ce coup de force de rester malgré tout, malgré nos échecs, malgré le manque de réussite de rester dans la course au maintien jusqu’à la dernière journée. Cette fois-ci, la pièce est tombée du bon côté donc il faut vraiment, vraiment tirer un coup de chapeau à ce jeune groupe qui à au moins réussi à maintenir le club en Nationale.

J’imagine que le manager que tu es a pointé des carences et des défauts qui vous ont amené à jouer le maintien et que, cette année, vous allez essayer de les gommer ?
C’est facile de faire les carences mais il faut plutôt faire un petit peu l’historique. Disons qu’on n’a pas su digérer l’après-Covid, c’est surtout ça, on s’est retrouvé dans une situation où on n’a pas pu investir comme on le souhaitait. On a eu un budget très limité donc il a fallu trouver des solutions et la solution était de donner leur chances à tous ces jeunes sacrifiés des centres de formation qui n’étaient pas tenus donc on a voulu leur donner cette chance et cette opportunité de s’exprimer pour pouvoir rebondir et trouver d’autres clubs. Malheureusement, je n’ai pas pu faire une équipe plus équilibrée ce qui fait qu’il manquait, en tout cas sur certains postes, des leaders qui rassurent, qui confortent et qui montrent le chemin. Donc, on a manqué d’expérience, d’aguerrissement, parfois un petit peu de créativité parce qu’on a été en difficulté dès le départ face à des équipes plus chevronnées. Mais ce qui a été bien malgré tout, et ce qui est plutôt rassurant pour eux, c’est qu’ils n’ont jamais lâché mentalement, ils ont toujours été compétitifs sur le terrain même si les victoires n’étaient pas là. On a réussi à ramener 10 bonus défensifs sur 26 matchs et ça, quelque part, c’est une petite victoire, on se contente de peu mais c’est une petite victoire et c’est probablement ces 10 bonus défensifs qui nous ont permis d’avoir la possibilité à la fin, dans cette dernière journée, de se maintenir.

Est-ce qu’on peut parler de la victoire d’Aubenas à Cognac comme match tournant ? Elle vous a peut-être un peu piqué au vif ?
Non, la victoire d’Aubenas à Cognac nous a complètement effondrés et nous a moralement très atteints. Cette défaite a été très difficile à digérer mentalement, il nous a fallu au moins trois jours pour se relever et peu d’entre nous pensaient que nous étions en mesure de créer l’exploit à Dax. Et puis, petit à petit, le groupe s’est à nouveau relevé et a essayé d’exister à Dax pour aller chercher une victoire dans les arrêts de jeu à Dax. Il faut aussi remercier nos voisins du SA XV qui eux, entre-temps, avaient été remporter une victoire très importante pour leur qualification sur le terrain d’Aubenas. Donc les compteurs étaient remis à zéro mais on a aussi eu ce petit coup de pouce de la part du SA XV.

On a vu chez nos confrères de la Charente Libre qu’une quinzaine de joueurs quittait l’aventure UCS. Quel va être le credo du recrutement ? Allier des jeunes un peu rejetés des centres de formation comme l’année dernière avec de la maturité ?
On s’est aperçu qu’avoir une équipe trop jeune par rapport à ce niveau de Nationale de plus en plus exigeant demande à avoir un groupe plus équilibré. Donc, on a laissé partir beaucoup de garçons qui se sont aussi aperçus que le niveau de Nationale était un petit peu élevé pour eux et qu’être taulier ne s’improvisait pas, qu’on ne devenait pas taulier ou patron comme ça mais que ça se construisait dans la durée. Donc, cette année, on va essayer d’avoir une équipe beaucoup plus mature avec des garçons expérimentés mais on gardera toujours cette petite touch formation pour essayer d’avoir quelques jeunes à différents postes qui pourront s’aguerrir sans avoir trop de responsabilités, progresser et surtout s’inscrire dans la durée avec le projet de l’UCS.

Quantitativement, combien de recrues va t’il y avoir ?
Si on arrive à boucler notre recrutement, il devrait y avoir 12 recrues.
On ne va pas se le cacher, la Nationale va encore monter d’un niveau cette saison car, quand on voit les recrutements, c’est du lourd et de l’épais un peu partout en France ?
La Nationale est une compétition de plus en plus attractive. Tout le monde ne pense qu’à une chose, c’est continuer dans cette compétition, les équipes sont renforcées, les joueurs sont de grande qualité ainsi que les staffs, les joueurs prennent beaucoup de plaisir chaque week-end et les spectateurs également. Elle est en train de trouver sa place, il faudra quelques ajustements mais on voit bien qu’aujourd’hui, il y a de vraies ambitions notamment de certains clubs qui sont en train de faire de gros efforts pour essayer de rester durablement dans cette compétition. C’est une super compétition qui est vraiment la compétition intermédiaire entre le rugby amateur et le rugby professionnel, elle a encore besoin d’un petit peu de maturité et de se construire mais ça va se faire dans les prochaines années. Et puis, il y a vraiment des fers de lance, des leaders et de grosses équipes très, très bien structurées qui guident un petit peu tout le monde et, dans leur sillage, toutes les autres équipes se construisent, progressent et, en tous cas, se structurent de mieux en mieux.

Et puis, avec la création de la Nationale 2, il va y avoir de l’émulation par le bas ?
C’est toujours pareil, c’est dans une politique d’essayer d’avoir le plus d’homogénéité possible dans les différentes compétitions. Le championnat fédéral était obsolète, c’est vrai qu’il y avait parfois des équipes extrêmement structurées contre des équipes extrêmement amateurs donc il y avait beaucoup de déséquilibres et de décalages. La chance aujourd’hui avec ces nouvelles compétitions est que tout le monde pourra jouer à son niveau en fonction de ses moyens financiers et surtout en fonction du niveau de ses joueurs donc ça permet à chaque club d’avoir au moins des projets pérennes avec une vraie vision et de pouvoir développer son club avec une économie réelle qui correspond au développement du club en fonction de son niveau de compétition.

Quel est ton regard sur les deux accédants, Rennes et Hyères-Carqueiranne La Crau ?
En tant qu’observateurs, les 4 équipes ciblées étaient Hyères-Carqueiranne La Crau, Rennes, Niort et Périgueux. Il se trouve que Périgueux et Niort ont manqué leur rendez-vous, Hyères-Carqueiranne sonnait comme une évidence et Rennes en outsider mais je trouve que c’est super que le rugby breton s’enrichisse de Rennes en Nationale avec Vannes en Pro D2. C’est très, très bien pour le rugby d’une manière générale et, quant à Hyères-Carqueiranne, ça fait plusieurs saisons que cette équipe se construit et existe au niveau de la fédérale et je pense qu’ils seront compétitifs pour la Nationale l’année prochaine.

Quel va être l’objectif de l’UCS pour cette saison ? Le maintien ou aller jouer un peu plus haut et titiller le milieu de tableau ?
Dans un premier temps, on va essayer d’exister. On a vu un petit peu ce que faisaient tous nos concurrents à l’intersaison, tout le monde se renforce beaucoup, il y a beaucoup de mouvements de joueurs, des clubs ont quasiment libéré la moitié de leur effectif pour se renforcer donc c’est bien montrer le niveau d’exigence de cette compétition. Pour nous, l’objectif est de rester d’une manière sereine et pérenne en Nationale donc, ce sera bien sûr le maintien dans un premier temps et puis, on est aussi en train de renouveler notre groupe donc il faudra que la mayonnaise prenne. Ce sera essayé de construire un groupe pour cette saison capable d’être compétitif et en tous cas, de faire en sorte d’essayer de se maintenir.

Ton ancien club, le SA XV, est monté en Pro D2. C’est aussi un bienfait pour la Charente ?
Oui, on est vraiment très chanceux pour notre région puisque entre les deux Charentes, il y a la Rochelle qui est champion d’Europe, le SA XV qui retrouve le niveau qu’il n’aurait jamais dû laissé à savoir la Pro D2, Cognac en Nationale, l’Union jeunes qui cherche aujourd’hui un niveau de compétition. Tout est bien regroupé au niveau des deux Charentes donc j’espère que notre territoire deviendra attractif, bien sûr pour les joueurs qui veulent progresser mais également pour les jeunes générations qui veulent chercher des débouchés rugbystiques.
On a vu une petite passe d’armes médiatique avec Vincent Etcheto. Maintenant que l’adrénaline est retombée, est-ce que vous avez fait la paix ?
Tu sais, il n’y a jamais eu d’adrénaline pour moi, j’ai simplement répondu à un journaliste. Je suis tombé dénu lorsqu’on m’a annoncé ce qu’avait dit Vincent Etcheto mais on le connaît, je me soucie peu de ces choses-là mais il ne faut pas me chercher quand même.

C’est un peu le rugby moderne avec parfois la guerre des petites phrases ?
Non, ce n’est pas la guerre des petites phrases. J’ai de très, très bonnes relations avec l’ensemble des staffs, il y a eu cette passe d’armes à laquelle j’ai simplement répondu. Sur ce match qui était une véritable fête pour nous, on nous a » accusé » d’avoir pourri le match alors qu’il y avait 6 000 spectateurs, que Soyaux-Angoulême a remporté la rencontre qui n’était pas si facile que ça pour eux mais il me semble qu’on n’a pas cherché, comme le disait Vincent, à tuer le match ou à faire un match à l’ancienne, un match de derby. Ce n’est absolument pas notre état d’esprit ni ce qu’on a montré ce jour-là, on est juste une équipe qui cherche son maintien et qui se bat sur chaque ballon à tous les matchs avec nos moyens et cette équipe un peu jeune. On n’a pas trop compris sa sortie donc il a pris une punchline dans la tête et il ne la digère toujours pas mais ça, c’est son problème.

Tu nous parlais des 6 000 personnes pour le derby. L’adhésion populaire et le soutien des supporters cognaçais et angériens vont aussi être des données pour appréhender au mieux ce challenge de la Nationale ?
Ça, c’est le défi dans la construction du club. C’est une union qui est toute jeune puisqu’elle entame sa 5e année, les choses se mettent en place mais l’adhésion du public, le fait d’avoir du soutien passera également par des résultats. Il faut dire que, depuis trois ans, on n’est pas gâté : deux années Covid, une année vraiment très difficile cette saison avec un maintien in extremis. Mais, on a envie d’être enthousiaste et d’y croire car lors du dernier match de maintien face à Chambéry, là, on a eu l’ensemble du club qui nous a soutenus, le public était venu en nombre et le fait d’avoir réussi à avoir ce maintien a été une véritable fête. Donc, on sent qu’il y a un engouement pour le rugby à Cognac, le défi maintenant est que notre équipe doit avoir de meilleurs résultats pour inciter les gens à venir nous supporter plus souvent.
Propos recueillis par Loïc Colombié

La liste des mutations 2022 Cognac-Saint Jean d’Angély :

Arrivées :
– Dany Antunes (arrière, Massy)
– Bryan Bruno (Talonneur, Graulhet)
– Sérafin Bordoli (1/2 d’ouverture, Sarlat)
– Bryan Bruno (talonneur, Graulhet)
– Mathis Garnier (1/2 d’ouverture, Dijon)
– Aliko Kaikatsishvili (pilier, Graulhet)
– Isimeli Kuruibua (3e ligne, Aurillac, prêt)
– Filipe Manu (3e ligne, Tarbes)
– Ratu Jone Naulunisai (2e ligne, Clermont)
– Vincent Pageneau (ailier, Sarlat)
– Rhéma Sagote (centre, Aurillac)
– Paul Sauzaret (talonneur, Aubenas)
– Jone Tuva (ailier, Beauvais)

Départs :
– Richard Aho (pilier, arrêt)
– Yon André (ailier, inconnue)
– Romain Avinens (ailier, inconnue)
– Julien Berger (1/2 de mêlée, Puilboreau)
– Célestin Berteaud (pilier, Marmande
– Mattin Bidegain (3e ligne, Marmande)
– Isikeli Davetawalu (ailier, Niort)
– Téo Dospital (arrière, Albi)
– Baptiste Drie (pilier, La Seyne sur Mer)
– Théo Duhourquet (centre, inconnue)
– Barrie Karea (centre, inconnue)
– Charlton Kerr (arrière, inconnue)
– Quentin Lalarme (1/2 d’ouverture, Dijon)
– Lucas Larré Larrouy (talonneur, Auch)
– Kemueli Lavetanakoroi (2e ligne, Bourgoin)
– Loïc Mioche (centre, Mâcon)
– Thomas Prudhon (talonneur, Chartres)
– Calum Randle (ailier, inconnue)
– Théo Sentucq (2e ligne, inconnue)
– Antoine Thomazeau (pilier, Chartres)
– Tunaï Ratu Vatubua (pilier, Niort)
– Yohann Villanove (1/2 d’ouverture, Berre l’Etang)
– Simon Zubizarreta (3e ligne, Fleurance)
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