C’est dans le Gers que vient de s’opérer le come-back de cet intersaison en Nationale 2. Arnaud Mignardi, qui avait interrompu sa carrière de joueur pour prendre le coaching de l’US Dacquoise durant deux saison en Nationale, voilà que le bison renfile les crampons pour revenir dans ses terres natales auscitaines. Entretien avec un homme qui va boucler la boucle de son parcours rugbystique par un petit cadrage débordement sentimental sur le destin, et qui va aborder ce retour sur l’ex terrains avec une philosophie différente du fait de son expérience récente de coach.

Après deux saisons en tant que coach des lignes arrières de l’US Dacquoise, on replonge dans le rugby comme joueur tout en retrouvant les premières amours à Auch ?
Tout à fait, c’est quelque chose que j’avais au fond de moi depuis un petit moment. J’ai toujours rêvé de terminer ma carrière à Auch vu que j’ai débuté là-bas, la vie a fait que je suis passé par pas mal de club puis comme entraîneur à Dax et le destin me ramène dans mon Gers natal. Avec ma femme, on a décidé de rentrer au bercail et je me voyais mal rentrer sans essayer de filer un petit coup de main au club soit au niveau de l’entraînement soit en tant que joueur. Comme le Covid est passé par là, j’ai eu une fin de carrière prématurée à cause de l’épidémie, j’ai arrêté sur ça et il me manquait quelque chose. J’ai encore un peu de jus dans les cannes et je me suis dit » pourquoi pas ne pas retenter un petit coup au club de mon cœur ? « .

Ça n’a pas été trop dur de réenclencher la mécanique de précision qu’est le corps d’un sportif de haut niveau ?
Je me suis quand même entretenu avec Dax assez régulièrement. Je faisais pas mal d’entraînements avec eux, j’étais de temps dans les oppositions ou, sur la minute de balle, j’étais avec eux tout comme pour le physique. Je suis quelqu’un d’assez sportif, je n’ai pas grossi ni morphologiquement donc je suis à peu près le même qu’il y a deux ans.

On peut maintenant dire que » le bison is back » ?
Oui, le bison is back, avec deux ans de plus mais il est de retour à Auch.
La Nationale 2 va aussi être une découverte ? Tu as découvert la Nationale en tant que coach mais la Nationale 2 est une toute nouvelle division dont il va falloir appréhender le niveau ?
Là, on va directement taper dans les meilleurs clubs de Fédérale 1 donc ça va être un niveau encore plus élevé que le championnat de l’an passé qui donne une accession directe à la Nationale, le championnat où j’ai eu la chance d’entraîner. Je m’attends vraiment à un très bon niveau.

Et puis, cerise sur le gâteau il y aura un Auch / Fleurance et un Fleurance / Auch. Un derby gersois, c’est un bonbon au miel ?
Depuis qu’Auch est redescendu, ça a toujours été le match à ne pas manquer et celui qui est suivi par des milliers de téléspectateurs … dans le Gers. Ça sera vraiment sympa de le vivre et, du moins, j’espère le vivre.

Est-ce que tu peux nous parler des ambitions d’Auch pour cette année ?
C’est déjà de stabiliser le club en Nationale 2. Auch a fait 4 montées en 4 ans, ils se rapprochent de plus en plus du monde pro, en quelque sorte, donc je pense que l’objectif N°1 est quand même le maintien en Nationale 2 et après, adviendra ce qu’il adviendra. Si on arrive à se qualifier, tant mieux, et on jouera notre carte à fond mais en premier lieu, ce sera vraiment le maintien et la stabilisation du club à un bon niveau.

Quand tu vas reprendre le chemin du couloir des vestiaires pour le premier match, ça risque quand même de te faire bizarre. Tu auras peut-être la tentation de t’asseoir dans la cahute ?
Je ne sais pas (rires). Je ne suis passé à Auch qu’en tant que joueur et même comme joueur adverse mais jamais en tant qu’entraîneur. Ça va me rappeler beaucoup de souvenirs, les souvenirs de mes débuts là-bas et ça va quand même être assez émotionnel.

On va aussi parler de ton expérience d’entraîneur de l’US Dacquoise pendant deux ans. Que vas-tu en retirer ?
Beaucoup de choses, j’ai pris pas mal de recul sur ma vision du jeu, sur la vision de l’entraînement et sur plein de choses. De voir comment les joueurs sont chiants dans la vie courante et face aux entraîneurs, je me suis rendu compte en passant de l’autre côté que j’étais quand même quelqu’un de, je pense, pénible en tant que joueur. Ça m’a permis de relativiser beaucoup de choses ainsi évidemment qu’une ouverture d’esprit autre que celle de joueur.

Après ce come-back en tant que joueur, est-ce que tu replongeras dans le coaching d’ici quelques années ? Est-ce que c’est quelque chose qui t’a plu ?
Ça m’a vraiment plu, je me suis régalé pendant ces deux ans avec Dax, j’avais vraiment un groupe en or. Des mecs très travailleurs, un staff avec qui je me suis entendu dès la première minute avec eux, des intendants qui étaient toujours là, des supers mecs, je me suis vraiment régalé. Ça a été super pendant deux ans, une belle aventure, dommage que cela ne se soit pas terminé par une qualification, on a échoué aux portes de ces 6 premières places, c’est dommage. Mais c’est quelque chose dont j’ai eu un avant-goût mais, en quelque sorte, je voulais juste boucler la boucle en tant que joueur pour pouvoir directement basculer de l’autre côté sans ne plus avoir aucun regret.
J’imagine que tu garderas quand même un œil cette saison sur le parcours de Dax en Nationale ?
Bien sûr. J’ai laissé des amis dans le staff et même chez les joueurs donc bien sûr que je vais les regarder attentivement, c’est certain.

A l’instar de la Nationale 2 en tant que joueur, tu as découvert la Nationale en y arrivant en tant qu’entraîneur. Quelle est maintenant ton analyse sur ce championnat ?
J’ai été hyper agréablement surpris du niveau de Nationale, je m’attendais à un niveau correct mais j’ai vraiment vu de sacrés joueurs avec vraiment des intentions de jeu. Ce n’est pas un championnat fermé, il y a vraiment pas mal de mouvements et de prises d’initiatives, c’était vraiment très intéressant. Et puis, toutes les rencontres se valent, on ne peut pas prévoir à l’avance qui va gagner chez qui ou dire que celui qui reçoit va obligatoirement gagner à la maison. Il y a des surprises tous les week-ends et on l’a encore vu cette année puisque la qualification s’est jouée quasiment sur les dernières journées.
Pour finir sur une note décalée, on dira que le Bud Spencer du rugby français est de retour sur les terrains ?
Non, pas le Bud Spencer (rires) ! On va dire que le bison vaillant est de retour sur les terrains avec le peu qui lui reste.
Propos recueillis par Loïc Colombié

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