Le cœur du Gers a battu à la chamade cette saison au grès du mano à mano qui a opposé l’AS Fleurance et le RC Auch dans une poule 4 de fédérale1 à la consonance très Sud Ouest. Arrivé en tête de phases régulières qui ont été le théâtre de passionnants derbys chaque week-end entre basques, béarnais, landais, girondins , gersois et Hauts- Pyrénéens, les fleurantin ont débarqué en playoffs avec l’accession en Nationale 2 en poche, tout comme un appétit féroce pour aller le plus loin dans la compétition finale. Mais les gersois sont sortis dès les 1/8 de finale, tombant face aux surprenants et redoutables futurs champions de France de fédérale1 : Le Rennes Etudiants Club. Le directeur sportif de l’ASF, Nicolas Dupouy, nous a donc dressé le bilan de cette saison qui a vu son club franchir une nouvelle étape dans sa progression sportive linéaire. Au stade Marius Lacoste entre recrutement qualitatif et humilité séculaire, on se prépare à vivre une nouvelle aventure dans le ruck géant que sera cette Nationale 2, sans oublier d’où l’on vient.

Pour Fleurance, et malgré l’échec face à Rennes en phases finales, on peut quand même parler d’une saison bougrement bien réussie puisque vous avez fini premiers de la poule 4 dans les phases régulières ?
C’est effectivement une très belle saison. Sur le moment, quand on est sorti face à Rennes, on était un petit peu frustré mais quand on voit les résultats de dimanche dernier, on peut se dire qu’on a perdu contre la plus grosse équipe de Fédérale 1 qui finit championne de France. On a eu une saison aboutie car on avait des objectifs de se qualifier qui ont été réalisés et on a fait une seconde partie de saison qui a vraiment été très positive ce qui nous a permis de finir à cette première place, qui est un petit peu anecdotique mais qui fait toujours plaisir.

Et puis, cerise sur le gâteau, vous finissez devant vos amis auscitains ?
Je ne vais pas te dire que ça ne fait pas plaisir sur le moment mais c’est anecdotique. Le plus important aurait été de faire plusieurs tours de phases finales mais malheureusement, on est sorti au 1er tour et la preuve en est que c’est le 4e d’une poule très sérieuse qui finit champion de France. Donc, parfois, il vaut mieux finir moins bien classé, être prêt pour les phases finales et aller plus loin, je ne dis pas ça parce qu’on n’était pas heureux de finir premiers mais que ce soit Auch ou un autre club derrière, ce n’est pas ça que l’on recherchait.

On va maintenant parler de ton groupe qui a vécu une belle saison. Pour appréhender ce défi et ce challenge de la Nationale 2, il va falloir capitaliser sur ce noyau dur ?
Il va surtout falloir garder tous les points positifs et continuer à travailler autour. On a un effectif de bon niveau, qu’on aime entraîner et c’est pour ça qu’on a voulu le fidéliser au maximum. On a quelques départs, certains pour partir plus haut, d’autres parce qu’ils veulent aller vers de nouveaux endroits mais on bâtit autour de cet effectif. On avait besoin de plus de profondeur car on était vraiment court à certains postes et ensuite, on a remplacé les joueurs qui partaient par des joueurs qui, je pense, vont nous amener de l’expérience. Notre objectif était de ramener de la qualité et aussi de la quantité car cette Nationale 2 va être une très grosse Fédérale 1 et il n’y aura pas de week-end où on pourra jouer tranquillement.

Cette Nationale 2 est quand même un gros challenge ?
C’est un gros challenge parce qu’il y a 4 ans, on était en Fédérale 2 on s’était maintenu dans une très grosse poule la première année. Celle d’après était l’année Covid mais elle était quand même bien entamée et on était 7e quand elle s’est terminée, il y a aussi eu une année où il ne s’est rien passé. Cette année est aboutie et maintenant, c’est la Nationale 2 à 24 clubs donc notre objectif est vraiment de se pérenniser dans cette division-là et de faire progresser l’équipe fanion mais aussi tout l’ensemble du club en partant de l’école de rugby, en passant par le pôle jeunes où on a énormément de travail et pour lequel on bosse toutes les semaines. Je suis sûr que d’ici une paire d’années, on sera un vrai club de Nationale 2, structuré de A à Z.

La Nationale 2 est un championnat semi-pro. Au-delà de la formation, quels sont les axes de progression pour Fleurance pour vraiment être calibré Nationale 2 ?
C’est un championnat semi-pro mais ça reste quand même un championnat amateur. Pour l’instant, nous n’avons aucune structure qui permette de dire que le club de Fleurance est semi-pro, on n’a pas les structures financières pour être semi-pros ou pros ni suffisamment de formation non plus ni les infrastructures qui suivraient pour être vraiment un club semi-pro ou professionnel. Il y a tous ces petits aspects qui font qu’on doit progresser, et on va travailler pour progresser, sur les structures , on va travailler et sur les jeunes et financièrement pour être un vrai club semi-pro. J’ai envie de dire que l’économie locale autour de Fleurance, qui est toujours une petite ville ou un grand village et on a la chance d’avoir Agen et Toulouse pas loin pour attirer des sponsors mais aussi certains joueurs. Il y a plein de petites missions et actions à mener pour que le club soit réellement installé à ce niveau-là sous deux ou trois ans.

On a vu que dans le recrutement, il y avait une petite filière bressanne en terre gersoise avec, entre autres, un défi pour toi à savoir coacher ton frère la saison prochaine ?
La filière bressanne, c’est surtout le retour de mon petit frère au club. C’est un sujet dont je ne me suis pas du tout occupé, j’ai laissé Micka Carré et mes présidents le faire. Derrière, tu échanges avec lui comme sur les autres joueurs et sur les postes qu’ils te manquent à finaliser, il nous manquait un talonneur et il m’a dit » regarde Ismaël Martin qui était avec moi et qui est vraiment un joueur en devenir « . On s’est mis en contact et j’ai envie de te dire que c’est le recrutement qui s’est fait le plus vite depuis que j’ai commencé à entraîner car je crois qu’il s’est fait en 24 ou 48h. Le discours est bien passé, je pense que ça a bien bossé de l’autre côté aussi et maintenant, c’est un jeune joueur qui va arriver, qui a quand même fait des matchs de Pro D2 l’an dernier, j’espère qu’on va finir sa formation et qu’on l’enverra plus haut plus tard. La filière bressanne s’est surtout faite grâce au passage de mon frère là-bas.

On va parler des départs car il y en a un qui quitte Fleurance, Simon Andreu pour aller à Albi en Nationale. Tu peux nous parler un peu de ce joueur ?
Je ne vais t’en parler qu’en bien car c’est un joueur que j’apprécie beaucoup, un joueur qui a le niveau de jouer en Nationale, qui a toujours voulu essayer d’être professionnel, il le sera l’année prochaine en Nationale et j’espère qu’il le sera plus haut les années suivantes. C’est un gros bosseur, d’énormes qualités, il sait ce qu’il a à bosser parce qu’on lui a dit, c’est un super gars dans un groupe. Sur le coup, lorsqu’il nous a dit qu’il partait, ça nous a mis un petit coup derrière la tête car c’est le joueur qu’on a le plus utilisé dans le groupe cette saison et un joueur qui a fait une grosse saison, une saison vraiment aboutie et ça ne m’étonne pas qu’il ait eu un coup de téléphone du dessus. Franchement, je suis très content pour lui, j’espère qu’il ira le plus loin possible et je pense que le SCA a fait une très bonne recrue.

Pour finir, et si on a bien compris ton propos, vous prenez ce défi de la Nationale 2 avec appétit mais sans envie de travestir l’ADN du rugby terroir du Gers qu’a Fleurance ?
On a deux philosophies. Quand on est sur le terrain d’entraînement ou sur le terrain d’honneur pour jouer, on essaye d’être le plus pro possible dans ce que nous proposons aux joueurs et dans ce que les joueurs font sur le terrain et après, dès qu’on est en-dehors, on essaye d’être le plus amateur possible pour vivre des moments dont on se rappellera le plus longtemps possible aussi.
Merci pour ce point de passage en terre fleurantine
Avec plaisir et merci à toi.
Propos recueillis par Loïc Colombié

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