#Football – D2F / Alain Benedet (Albi Marssac TFA) : «Pour ma première année, l’objectif est de maintenir les filles en 2e division!»

Alain Benedet, icône du football de la cité épiscopale, vient de faire son comeback dans le jardin de sa jeunesse : le stade Maurice Rigaud. Depuis mi-mai et sa nomination en tant que nouvel entraîneur principal des féminines de l’AMTF, cette une légende du foot tarnais que le club fanion du foot local vient d’intégrer à son organigramme. Auréolé d’une belle carrière en tant que joueur professionnel (Saint Etienne, Toulon, Metz, Le Havre et Nîmes) et en tant que coach adjoint de Francis Gillot à Bordeaux, Sochaux ou encore Auxerre, cet ex goleador vient auprès des « Isatis » avec l’ambition de faire basculer Albi Marssac Tarn Foot dans la nécessaire exigence du sport de haut niveau. Pour ce premier défi dans le monde du foot féminin, Alain Benedet voit se présenter devant lui, un appétissant challenge, lors d’une saison 2022/2023 qui verra la moitié des pensionnaires de D2F être relégués dans la renaissante D3F. Adossé à un staff ayant la connaissance du club, l’ex coach de Blagnac compte mettre en place une méthodologie et sa science du football pour maintenir les filles de l’AMTFA dans l’antichambre de la D1F. Entretien avec un technicien passionné qui au crépuscule de sa carrière souhaite dispenser son expérience glané aux 4 coins de l’hexagone à un territoire auquel il est viscéralement attaché.

 

Crédit photo AJ Auxerre

 

Après une belle carrière de joueur professionnel et une toute aussi belle carrière d’entraîneur et entraîneur adjoint dans le foot professionnel et amateur masculin, c’est maintenant un nouveau défi pour vous avec le foot féminin ?

 

Je n’avais pas ça à mon arc donc pour finir la boucle de mon CV, j’ai saisi l’opportunité du président Espié, qui m’avait sollicité deux ou trois fois. On a fait le point ensemble, il m’a un petit peu expliqué le challenge avec les filles et je me suis dit  » étant à Albi, ça peut être une bonne opportunité de faire connaissance avec le football féminin « . 

Il y avait déjà eu un rendez-vous qui avait failli se faire il y a 4 ans de cela où vous aviez failli prendre la direction sportive du club ? 

 

Tout à fait, c’était il y a 4 ou 5 ans de cela. J’avais rencontré Mr Espié deux ou trois fois mais il ne savait pas trop par rapport aux retombées télé ou autres et c’était un petit peu compliqué sur le plan financier. Entre temps, je suis reparti dans le monde professionnel et, comme quoi, les choses reviennent 4 / 5 ans après et je me suis dit  » l’opportunité se représente, pourquoi pas ? « 

 

Quel regard portez-vous sur le football féminin et en particulier sur la D2 féminine ?

Le football féminin est en plein développement, il est beaucoup mis en avant et on voit de très, très bons matchs au niveau du football féminin. J’ai été agréablement surpris par la qualité du jeu et la qualité technique, il y a peut-être moins de vitesse en D2 que par rapport à la D1 mais ça reste un jeu ouvert et plaisant et je trouve que les filles sont beaucoup plus à l’écoute sur les consignes données que les garçons. 

On parlait de nouveau défi en venant dans le foot féminin mais il y a aussi un beau challenge avec cette réforme de la D2F qui ne verra que les 6 premières équipes sur 12 rester en D2. Il faudra s’accrocher cette année avec l’AMTF ? 

 

C’est vrai que le challenge est intéressant mais il va falloir cravacher et prendre des points d’entrée, suivant la poule que l’on va avoir car il est possible que l’on ait la poule au niveau de Lille et Nantes, on le saura début Juillet. Il va y avoir des matchs costauds mais il faudra prendre des points d’entrée si on veut avoir un petit matelas de confort si jamais on est moins bien physiquement arrivé le creux de l’hiver. Il faudra faire le dos rond à cette période puis mettre les bouchées doubles à partir de Février / Mars pour bien finir le championnat. Si on arrive à faire étape par étape en engrangeant des points, il y aura déjà un capital confiance établi dans le groupe donc, ce que je vais rechercher avant tout, c’est d’établir une bonne cohésion et un bon état d’esprit du groupe d’entrée au niveau de la préparation ce qui pourra, par la suite, nous donner raison pour aller de l’avant dans ce championnat qui sera difficile. 

L’expérience emmagasinée aux côtés de Francis Gillot à Sochaux, Bordeaux, Shangaï ou Auxerre va t’elle vous servir dans ce projet AMTF foot féminin ? 

 

Même dans ma carrière de joueur, j’ai toujours pris des éléments d’un entraîneur à un autre. Ensuite, quand j’ai eu l’occasion de travailler avec Francis Gillot, j’ai acquis de l’expérience, notamment sur comment aborder les matchs avec beaucoup de pression et c’est vrai que cette expérience m’a beaucoup aidé pour approcher le football, même au niveau amateur des garçons, et j’espère m’en servir au niveau des filles. 

Ce club de l’AMTF est la récente fusion entre l’ASPTT Albi et le Marssac RSRDT. Qu’est-ce que ça vous inspire de voir ce conglomérat de clubs être en train de faire une locomotive pour le football tarnais ? 

 

Déjà, quand on voit le football dans le Tarn qui n’est pas de très bon niveau, cette fusion, que tout le monde a critiqué au départ, est forte. Je connais les deux présidents et que ce soit Mr Espié ou Mr Enguilabert, ce sont deux personnes très posées et très sages et cette fusion ne peut que bien marcher. Bien sûr, ce qui est important, ce sont surtout les résultats, même si la R1 de Marssac descend en R2 mais en sachant que la réserve de Marssac accède à la R3, cela donne la R2 et la R3 et donc, les deux clubs seront proches au niveau des garçons. J’espère qu’il en sera de même pour les filles pour que le club puisse grandir et peser sur le football tarnais. 

Dans votre projet auprès des filles, est-ce qu’il y a aussi cette volonté de ne pas vivre à côté du football masculin mais de vivre ensemble afin qu’il y ait des passerelles entre les équipes fanions ? 

 

J’œuvre beaucoup pour ouvrir les portes de part et d’autre car un club n’est pas qu’une équipe mais c’est un ensemble, ça va de l’école de foot jusqu’à l’équipe une. C’est vrai que cette dernière, que ce soit garçons ou filles, est toujours la locomotive mais ce qui est important, c’est aussi de faire suivre les wagons et pour y arriver, il faut avoir l’esprit ouvert à tous les niveaux, être très proche des éducateurs, voir un petit peu ce qu’il se passe et discuter ensemble de faire grandir le club en ayant des réunions de travail. 

On peut dire qu’en ayant été formateur à Castelmaurou, vous avez les chakras ouverts sur ce qui se fait un peu plus bas ? 

 

Je ne demande que ça. Dans un premier temps, je vais d’abord assoir l’équipe filles pour bien démarrer le championnat et ensuite, petit à petit, je vais voir comment tout cela fonctionne dans le club et surtout me rapprocher des éducateurs qui œuvrent en-dessous à tous les niveaux. A partir de là, on pourra instaurer une politique de travail ensemble. 

 

Le fait d’avoir un staff déjà rompu au foot féminin, je parle de Nicolas Castanier, Hervé Witas, Marion Malabry ou encore Hugo Boutin, a-t-il été un élément dans votre décision de plonger dans cette discipline ? C’était une manière de ne pas arriver en terre inconnue que d’avoir des gens autour de vous qui connaissent le foot féminin

 

Il est sûr que je me suis d’abord renseigné et, en tant qu’entraîneur, j’ai tendance à faire beaucoup confiance au staff. Je vais aussi incorporer Aïvi Mitchai dans le staff pour nous donner un coup de main sur le terrain et qui me fera aussi le tampon avec les filles. Je trouve que c’est important d’avoir des filles au contact des autres filles, ça nous amène également des informations. Il y a Dominique Pélissier, il y aura Marion qui s’occupe de la préparation athlétique et Aïvi qui sera aussi avec nous tout en travaillant en même temps avec Nicolas et Hervé ainsi qu’Hugo qui est également sur la partie athlétique. Donc, le staff est bien établi et bien en place et après, c’est aussi à moi de leur donner confiance dans leur travail et de partager toutes les tâches ensemble. 

Parlons un peu d’Hugo Boutin qui est un rugbyman professionnel du club d’à côté, le Sporting Club Albigeois, club fanion du sport tarnais avec le Castres Olympique. Est-ce que vous allez aussi l’utiliser pour amener les valeurs du rugby et les valeurs de combat ? 

 

Bien sûr, il faut se servir de tous les éléments du staff. J’ai démarré par le rugby quand j’étais jeune à Valence d’Albigeois, c’était ma première expérience dans le rugby, j’ai aussi eu l’occasion de côtoyer des joueurs à Toulon quand j’étais joueur professionnel, les Gallion, Champ, etc donc j’ai connu ce grand milieu du rugby. Et quand je suis revenu dans le giron toulousain, j’ai côtoyé les Ntamack, Soula, Cigagna qui sont des gens très simples qui ont beaucoup, beaucoup d’expérience du haut niveau et on a pu évoquer plein de choses. Donc, c’est pour ça que je vais aussi m’appuyer sur Hugo sur une approche athlétique du travail avec les filles mais également sur son expérience du rugby.

La transversalité du sport en règle générale est peut-être aussi l’avenir du foot pour se développer et grandir ? 

 

Tout à fait, je crois qu’il faut se servir un petit peu de tous les milieux sportifs, des approches, des coachs, de comment ils fonctionnent, etc. Je suis toujours friand des formations, de voir comment ça se passe dans d’autres disciplines et c’est aussi comme ça que l’on avance. Il faut s’enrichir, rien n’est acquis même si on a des années d’expérience, il faut toujours rester concentré et être à l’écoute, voir un peu ce qui se passe et toujours aller de l’avant. C’est également comme cela que l’on évolue avec la nouvelle génération et la société de maintenant, il faut rester ouvert et être attentif à tout ce qui se passe. 

Plus personnellement, vous avez émergé à l’US Albi en tant que joueur quand vous étiez jeunes. On sait qu’à l’époque, l’ASPTT, l’ancêtre de l’AMTF, était un peu le voisin rival de l’US Albi. Pour vous, ces vieilles rivalités n’ont plus lieu d’être et n’ont pas parasité votre décision ? 

 

Pas du tout. C’est vrai que de 17 ans à 20 ans, j’ai fait mes armes à l’US Albi et je pensais que la fusion se ferait beaucoup plus entre l’US Albi et l’ASPTT, même si on sait qu’il y a toujours des egos de part et d’autre de gens qui veulent garder leur propre identité. Dans beaucoup de villes où je suis passé, les fusions se sont faites pour grandir le club alors qu’il y en avait deux dans la même ville et donc, je pensais que fusion se ferait entre l’US Albi et l’ASPTT et c’est dommage. Quand je vois le niveau de l’US Albi à l’heure actuelle, c’est vrai que ça fait mal au cœur car c’est un club qui avait un très, très bon niveau régional et dans le Tarn, un club qui était bien considéré à tous les niveaux et qui a perdu beaucoup de crédibilité. C’est dommage parce-que c’était quand même le club phare du Tarn. 

Toujours dans le registre personnel, il y a un club du monde professionnel qui a beaucoup compté pour vous, c’est Toulon, vous y avez quasiment débuté votre carrière pro et c’est là que vous avez fini la boucle. Qu’est-ce que cela vous inspire de voir que Toulon n’est plus du tout dans le lustre d’antan ? 

 

J’ai toujours des amis au sein du club et notamment Luigi Alfano qui en est toujours l’entraîneur, c’est quelqu’un qui a toujours été présent soit en tant qu’entraîneur soit en tant qu’adjoint. J’ai vu que Marcel Dib, avec qui j’ai joué, est arrivé au club en tant que directeur sportif. Le club, qui était descendu jusqu’en R1, a réussi à remonter en Nationale 2 mais après, c’est très compliqué pour aller au-dessus. On voit l’exemple de Boudjellal qui a repris le club voisin d’Hyères en disant  » on monte en Ligue 1 dans 3 / 4 ans  » alors qu’il s’est sauvé de justesse cette année avec 33 contrats fédéraux. Le football ne fonctionne pas comme le rugby, c’est très, très compliqué de dire qu’on va monter en fin de saison. C’est vrai que Toulon a été une arme pour moi pour découvrir le milieu professionnel donc je garde toujours des contacts avec ce club-là qui reste à mes yeux un club mythique et un club où j’ai connu les grandes gloires du football avec des Delio Onnis, Olmeta, Ginola, Paganelli, Boissier.

Et Roland Courbis ? 

 

Et Courbis bien sûr. Donc, ça a quand même été quelque chose qui me tient toujours à cœur et qui reste à jamais gravé dans mon cœur. 

 

Quel va être le mot d’ordre de l’An I de l’ère Benedet à la tête de l’AMTF en D2F ? 

 

Le mot d’ordre sera de se battre et surtout, comme je le disais tout à l’heure, d’avoir un bon état d’esprit dans le groupe et que ce dernier vive bien, à nous le staff de déjà insuffler des valeurs au groupe. Ensuite, ce sera gagner des matchs à la maison et prendre des points à l’extérieur et après, amener mon expérience au club pour le faire grandir et, pour la première année, maintenir les filles en 2e division.

Propos recueillis par Loïc Colombié

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