Le capitaine du RC Massy Essonne, Andrew Chauveau va retrouver la Pro D2 pour la 3eme fois avec les Essonniens en 8 saisons au club. Celui qui a débuté sa carrière pro à l’UBB puis à Auch avant de débarquer en Île de France, resent une saveur particulière à l’evocation de cette saison 2021-2022 où les Massicois ont caracolé en tête du championnat avant d’aller accrocher la montée puis le titre de champion de France de Nationale. Le seconde ligne du RCME était grandement ému après l’ultime joute face à Soyaux Angoulême (Victoire 38-10) dans un stade Enerst Argeles qui a vu les bleus et noirs soulever le bouclier. Mais ce guerrier au grand cœur n’a pas oublié de saluer l’état d’esprit d’un groupe qui a su renverser des montagnes. Rencontre avec un des joueurs les plus expérimentés des pensionnaires de Ladoumègue, qui dédie ce sacre à de nombreuses personnes qui l’accompagnent depuis ses débuts dans le monde de l’ovalie.

Quand on est capitaine d’une équipe comme ça, une équipe de copains qui renverse l’établi et roule sur la Nationale, quels sont les sentiments et les émotions qui transpirent ?
C’est d’abord une énorme fierté car franchement, jamais je n’aurais imaginé faire ça un jour. Une bande de mecs, des mecs qui s’aiment, qui ont tous un grand cœur, ils se sont envoyés comme des clébards sur tous les matchs et là, ça s’est fini en apothéose avec la demi-finale retour et ce match-là. Les mecs jouent avec le cœur et mouillent le maillot alors qu’il y en a qui ne sont même pas là depuis un an mais qu’ils sont déjà imprégnés de l’état d’esprit massicois et franchement, c’est beau. C’est un gros sentiment de fierté.

Souvent, quand on entend parler des fondations de ce groupe, on se rapporte au Jura et au monastère. C’est vraiment là que c’est né ?
Honnêtement, on ne savait pas trop où on mettait les pieds parce qu’on n’a pas de grands noms dans l’équipe, on a que des mecs simples. On est arrivé dans le Jura où à part se mettre des soirées et encore des soirées, on n’a pas fait grand-chose mais on a vu qu’on s’entendait bien et que ça accrochait. On a continué au fil de l’année, les mecs passaient un peu plus de temps ensemble, on a fait cette série de victoires qui a soudé encore plus l’équipe puis encore des bringues, plein de moments passés ensemble et du coup, maintenant, on a un groupe fort, un vrai groupe d’amis. C’est grâce à ça, il n’y a pas de secret dans le rugby, quand tu fais des performances, quand tu vas loin dans le championnat, il faut qu’il y ait un groupe de mecs qui s’aiment, qui jouent pour le maillot et qui puent le maillot, il n’y a pas de secret.

Normalement, on se construit sur plusieurs années. Est-ce que pour toi, c’est le cas à Massy ?
Ça fait deux ans qu’on a à peu près le même groupe. Il y a deux ans, on était 2e du championnat, il y a le Covid et l’arrêt du championnat, l’année d’après, on passe de 6 qualifiés à 4 et on finit 5e donc ce groupe-là s’est construit sur plusieurs années. Cette année, il y a eu de belles arrivées, des mecs avec un grand cœur mais il y a aussi le travail depuis deux ou trois ans et des jeunes qui, cette année, ont, je pense, vraiment passé un cap. L’année dernière et celle d’avant, ils se considéraient comme jeunes et cette année, ils se sont considérés comme joueurs professionnels à part entière à Massy. Tout ce mélange-là fait que ça a explosé cette année au niveau des résultats donc c’est le travail de cette année mais aussi un travail de fond, y compris des années précédentes.

Pour toi, personnellement, c’est une apothéose aujourd’hui ?
Franchement, oui mais je ne réalise pas. Ce qu’on avait déjà vécu la semaine dernière en demi-finale à Massy était énorme avec le public et les jeunes, j’ai eu l’impression que, du coup de sifflet final à mardi matin, ça s’est passé en un claquement de doigts. On s’est réveillé mardi, on s’est entraîné trois fois et on est passé direct à la finale. Pareil pour ce soir, à mon avis, ça va passer très, très vite, il va me falloir un petit mois après les festivités pour être tranquille chez moi et réaliser le parcours parce-que là, on ne réalise pas. On essaye de profiter de chaque instant mais non, on ne réalise pas encore.

Dans une finale de Nationale, où les deux équipes savent déjà qu’elles sont en Pro D2, on appelle ça une finale » bulles de champagne « . Comment est-ce que vous avez switché pour vous remettre dedans car vous avez quand même fait une grosse prestation ?
Honnêtement, on s’était dit qu’une finale comme ça, c’est l’équipe qui a envie de la prendre qui la prend. On s’était dit aussi qu’on ne voulait pas faire un match où ça jouait pour jouer, on s’est dit » si on les agresse d’entrée, si on mouille le maillot, si on y va avec nos tripes, la finale, on va la prendre » et c’est vraiment ce qu’il s’est passé. Je pense qu’on leur a mis la tête au fond du seau à partir de la 20e, on s’était dit que c’était une finale et un titre à aller chercher donc on va aller les agresser, on va faire comme on sait faire avec une grosse entame. Je pense qu’ils ne s’attendaient pas à ça et c’est ce qui s’est passé, je crois qu’ils ont été surpris de l’agressivité que l’on a mis dès le départ mais il n’y a pas de secret dans le rugby, c’est avant tout l’agressivité, le jeu, ça passe par devant et, encore une fois ce soir, c’est passé par devant.

S’il y avait une personne à qui tu dédierais cette montée, ce serait qui ?
Je vais la dédier à toute ma famille, ma femme, ma fille, mes parents qui étaient là dans les tribunes. Je ne peux pas choisir qu’une personne, il y a les anciens et j’ai une très forte pensée pour Christophe Desassis qui est mon capitaine de toujours et qui a dû arrêter à cause de commotions, ces moments-là et ce bouclier, c’est aussi pour lui. J’ai également une pensée pour un proche disparu, Fred Vaudeville, ancien pilier droit de Limoges qui tenait un bar au Bassin d’Arcachon et avec qui je m’entendais super bien et qui est décédé cette année. J’ai une pensée pour lui, pour plein de monde et je suis très fier de ce qu’il s’est passé ce soir.
Propos recueillis par Loïc Colombié

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