L’international Portugais et ailier du RC Massy Essonne nous a accordé un entretien pour évoquer la fin de saison et le double access match face à Albi. Ce pur produit de la formation massicoise qui a pris ses responsabilités lors de la 1/2 finale aller en buttant, nous a éclairé sur les sensations perçues par les acteurs de ce match. Défait (21-9) dans une antre albigeoise incandescente, Dany Antunes et le RCNE sont totalement Focus sur le second round à Ladoumègue devant leur public qui déterminera l’ascendant à la Pro D2. Malgré un débours de 12 points et 2 essais , celui qui a fait ses premiers pas avec un ballon de rugby au Pays de Meaux, est convaincu que Massy arrivera à trouver la faille du verrou albigeois.

Avant de revenir sur cette demi-finale, on va parler de la genèse de ta carrière de rugbyman. Comme beaucoup de Massicois, tu es un produit de la formation francilienne ?
J’ai eu la chance d’intégrer ce club qui me tient à cœur depuis maintenant 10 ans. J’y ai fait toutes mes classes jusqu’à l’équipe première donc c’est un parcours dont je suis assez fier surtout avec la renommée du club et tous les produits qu’ils arrivent à sortir et à plus haut niveau encore et c’est vrai que c’est un peu une fierté d’en être là ?

Et puis, un petit clin d’œil au club du Pays de Meaux qui t’a fait faire tes premiers pas sur un terrain ?
Comme on dit, on n’oublie pas d’où l’on vient. C’est grâce à eux que j’ai réussi à intégrer le Rugby Club Massy Essonne et ça, je ne l’oublierai jamais.
On va revenir sur autre chose qui doit aussi te tenir beaucoup à cœur, c’est la sélection portugaise puisque tu es international portugais ?
Tout à fait. Ça a aussi été une grande fierté, avec ma famille qui vit là-bas, mes allers / retours pendant les vacances et mes étés là-bas. C’est vrai que de pouvoir porter ce maillot était quelque chose de super important, j’ai eu la chance de commencer il y a deux ans et là, pourquoi pas viser le championnat ultime à savoir la Coupe du Monde si on arrive à accéder à ces barrages officiellement et réussir à décrocher une place en Coupe du Monde.

On va maintenant parler de la saison du RC Massy Essonne, une saison régulière quasiment parfaite ?
Oui, quasiment parfaite. On a mal commencé les deux premiers matchs par manque d’automatismes et de confiance en nous et, en fait, on s’est tous rapproché, on s’est resserré et on s’est dit que, de toute façon, avec la bande de copains qu’on a réussi à créer et la solidarité qu’on a fait ressortir, on a vu que ça avait fait basculer plus d’un match en notre faveur à la fin. C’est vrai que la saison qu’on est en train de faire est incroyable, en tant que joueur, c’est impressionnant.

Une belle saison avec un ADN quasiment purement massicois, il y a très peu de joueurs qui n’ont pas été formés à Massy ?
C’est aussi une fierté. On est beaucoup de jeunes à avoir la chance de défendre ce maillot depuis beaucoup d’années et surtout, les nouveaux joueurs qui ont intégré le groupe, que ce soit cette année ou les années précédentes, ont vite adhéré à cet ADN. On en est fier, c’est notre marque de fabrique et c’est quelque chose d’important pour le groupe.

On va parler de cette demi-finale aller face à Albi avec une défaite 21 à 9. Pour toi, d’où viennent les éléments de la défaite ? La chaleur, le manque de rythme car pendant deux semaines, vous n’avez pas joué ?
Non, je ne pense pas. Je crois qu’on n’a pas joué notre rugby du fait, à mon avis, qu’on s’est mis la pression tout seul par moment. Ensuite, on a été pas mal indiscipliné avec des cartons jaunes qui nous font mal et quand on ne joue pas dans les bonnes zones, qu’on ne se facilite pas la tâche, qu’on court après le score et l’équipe adverse, c’est toujours compliqué de faire un bon match. Je pense qu’on s’est mis trop de pression, qu’on n’a pas joué notre rugby et que ça nous a un peu semé le doute.

Pourtant, vous étiez quand même dans les clous à la mi-temps. Vous meniez 9 à 8, à l’extérieur, dans une demi-finale aller, vous étiez dans le bon tempo ?
Oui, on est super bien sur la première mi-temps, on arrive à les contenir en touche, on a notre gros point fort qu’est la mêlée, même si je pense qu’on n’a pas assez appuyé dessus. On a récupéré pas mal de pénalités, on est bien à la mi-temps mais c’est vrai que cette indiscipline en seconde période nous fait très mal. On prend un essai casquette en première mi-temps donc compliqué.
Quand on est joueur et qu’on vit des phases finales, la première pour toi, et qu’on voit que le match vous file un peu entre les doigts en seconde période, comment est-ce qu’on vit ça ?
C’est un peu une frustration car on n’a pas réussi à mettre en place notre jeu. Donc, à partir du moment où on n’est pas dans notre plan de jeu alors qu’on a un système de jeu qui nous permet justement de bien déplacer le ballon de manière assez facile et fluide avec la chance d’avoir beaucoup de qualité derrière, c’est ça qui est assez frustrant. On savait qu’on était à l’extérieur avec un public d’Albi qui allait pousser de la 0e à la 80e, on était prêt à ça mais c’est vrai qu’on n’a pas réussi à imposer notre rythme et on s’est rendu la tâche compliquée.

Pour toi, c’étaient tes premiers play-offs en tant que senior, à l’extérieur avec, comme tu le disais, un public qui était » chaud patate « . Comment est-ce que tu l’as vécu ? Ça a dû te prendre aux tripes ?
Personnellement, c’était un peu spécial car première demi-finale avec un groupe de copains avec qui on a grandi et avec qui on a joué en équipes jeunes. C’est vrai qu’on était un peu pris par l’émotion de se retrouver là à ce moment-là mais au final, on a essayé de se rassurer sur nos bases, de rester solidaires et d’être une bande de copains avant tout ce qui a permis de mieux digérer et appréhender le match. Lorsqu’on s’est retrouvé le matin du match, on l’a assez bien pris mais quand on est rentré aux vestiaires après l’échauffement, le stade était vide et plein quand on est ressorti et ça a fait un petit coup de stress mais on a su gérer. On le met de côté, quand on est concentré sur notre match, on fait un peu moins attention à ça.

Les joueurs des équipes adverses qui viennent au Stadium Municipal ont souvent un souvenir marquant du tunnel qui dégage des ondes spéciales. Est-ce qu’à toi aussi, ça t’a fait quelque chose de traverser ce tunnel du Stadium ?
Je n’avais jamais traversé un tunnel aussi long (rires). Ça nous met directement dedans, on entend les mecs qui se motivent, que ce soit l’une ou l’autre des deux équipes, le couloir est assez long et c’est vrai que ça fait un peu monter la pression quand on se retrouve dans notre bulle les uns après les autres. C’était assez impressionnant mais une fois qu’on est sur le terrain, on met ça de côté et on y repense juste à la fin du match.

Quel est ton regard sur la performance de l’équipe d’Albi lors de cette demi-finale aller ? Qu’est-ce qui t’a impressionné et quels sont les points faibles que tu as pu déceler ?
On a vu une équipe qui a été rude dans le combat, surtout devant, comme ils l’ont été toute la saison, une équipe assez pénible dans les rucks et des joueurs assez costauds. Ça a été leur point fort ainsi que leur touche, on n’a pas eu de munitions parce qu’ils ont un très bon contre et la touche est leur point fort. Sur ces deux aspects-là, touche et rucks, on s’est fait un peu embêter mais au vu de nos qualités, je sais qu’on réussira à faire mieux le week-end prochain et à trouver la faille.

L’un des éléments de ce match a aussi été le contexte météorologique avec une chaleur étouffante. Comment vous, les joueurs sur le terrain, avez-vous vécu ça ? Ça a dû être dur car comme vous êtes une équipe qui mettez beaucoup de volume de jeu, les moteurs devaient tourner à plein et les capots étaient ouverts comme on dit ?
On a eu de la chance car, comme c’était un peu couvert, on ressentait un peu moins la chaleur. On a quand même l’habitude de s’entraîner avec beaucoup d’intensité pour justement nous rendre le match un peu plus facile le week-end donc c’est une question d’habitude. Il a fait chaud toute la semaine dernière à Paris, on s’est quand même entraîné en mettant du rythme donc ce n’est pas spécialement la chaleur qui nous a fatigué même s’il est vrai que les premières chaleurs sont toujours compliquées à assimiler.

Au #MagSport, on a eu une surprise. On suit Massy de près mais pas tous les week-ends et on est habitué à ce que ce soit Romain Clouté, Massimo Ortolan ou Jaun Kotze qui prennent les buts mais là, ce fut le tour d’un certain Dany Antunes. Comment est-ce que cela s’est fait ?
J’ai toujours été prêt à buter, je m’entraîne et du coup, s’il faut répondre présent, je ne suis pas le choix N°1 mais je peux assumer ce rôle. Massimo revenait après un petit week-end de repos, moi, j’étais plus frais et lui préférait s’occuper des pénaltouches. Il m’a fait totalement confiance sur les tirs au but, on en a discuté et ça s’est fait naturellement.

Sur l’Equipe 21, on a vu une bribe de causerie de Jordi Pleindoux, votre co-capitaine. Il a eu des mots forts et il vous a un peu secoué ?
C’est normal, le match que l’on fait dimanche ne reflète pas du tout ni notre état d’esprit ni notre façon de jouer. On était beaucoup frustré, on s’est un peu tous remis en question sur ce que l’on a fait en se disant qu’il fallait que l’on relève la tête, que chacun devait plus se concentrer sur ce qu’il avait à faire et qu’on arrête de se trouver des excuses. Je pense qu’on s’est un peu mis dans un fauteuil et, au final, on a pris le revers de la médaille et on a pris une bonne claque donc du coup, maintenant, il va falloir relever la tête, retourner au travail et se préparer. Les mots de Jordi ont été clairs, nets et précis mais de toute façon, on le savait, on s’est dit les choses entre nous. Ce mauvais match est à oublier sur notre façon de jouer et on a à cœur de montrer un autre visage ce week-end.
On a vu que l’appui du public à Albi a été prépondérant. J’imagine qu’il y aura la même à Ladoumègue ?
Oui, il n’y a pas de doute ! J’espère vraiment que tous les supporters seront derrière nous pour faire du bruit et qu’on enflamme le stade tout comme les Albigeois ont pu le faire pour leurs joueurs. J’espère que tout le monde sera au rendez-vous.

Quel est le mot d’ordre pour cette demi-finale retour ?
Montrer notre vrai visage, prendre énormément de plaisir et tout lâcher des 10 mois de travail, ne pas avoir de regret et se donner les moyens de gagner.
Propos recueillis par Loïc Colombié

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