Le président du RC Massy Essonne 91, François Guionnet, à quelques heures d’une demi-finale aller d’access-match en Pro D2 face à Albi nous a dressé le bilan de cette saison 2021/2022 et les perspectives futures quelque soit les résultats des prochaines semaines. Entretien grand format avec un président qui a battit pas à pas un club structuré pour évoluer en Pro D2.
Où en est-on du côté financier et structurel de Massy à quelques encablures d’une potentielle montée en Pro D2 ? Est-on déjà dans les starting-blocks, prêt à accueillir cette Pro D2 en cas de qualification ?
En termes de structures, il est clair qu’on est prêt, on est prêt depuis maintenant quelques années mais je dirais que les années qui viennent de passer nous ont permis de renforcer encore nos structures. Sur le plan financier, qui n’est pas un élément essentiel même s’il est important, on a des fonds propres qui se situent entre 800 000 et 1M d’euro donc on est largement au-delà des normes minimales requises en Pro D2. En termes de stade, on a un stade homologué catégorie A par la FFR et également homologué au niveau de la Ligue, on a pas mal investi avec un éclairage à 1 800 lux qu’on a depuis maintenant un an. On a refait pas mal de travaux au niveau des tribunes, de la maison du rugby, des vestiaires et de la salle de musculation. Je crois qu’on est parfaitement en phase en termes de structures et la bonne nouvelle du mois, puisqu’en ce moment on a de bonnes nouvelles tous les mois, c’est qu’on a trouvé un accord avec la mairie de Massy pour qu’à partir du 1er Juillet, on puisse récupérer concrètement les clés du stade ce qui veut dire qu’on sera totalement au pilotage de notre outil de travail que sont le stade et ses structures. Donc côté structures, côté Massy, tout va bien.
On a vu que vous aviez fait un appel aux partenaires pour ceux qui veulent rejoindre l’aventure massicoise et élargir ainsi la sphère économique ?
C’est ça. Ça va durer jusqu’à notre prochain conseil d’administration qui sera prévu le 29 Juinmais c’est d’ores et déjà un succès puisqu’on sait qu’on aura une augmentation de capital à 6 chiffres. Donc, c’est quelque chose qui est bien et qui veut dire que nos partenaires nous suivent et nous accompagnent et ça va consolider encore un petit peu notre structure financière.
Pour un président, la période actuelle où l’on finit une saison pour bientôt en démarrer une nouvelle doit être compliquée, qui plus est dans votre situation où vous ne savez pas encore si vous serez en Nationale ou en Pro D2 l’année prochaine. Il y a le recrutement, le maintien des joueurs car on sait que, concernant les joueurs étrangers, il y a pas mal d’arbitrages à faire selon que vous montiez en Pro D2 ou que vous restiez en Nationale. C’est une période un peu charnière où, si l’on peut dire, vous êtes un peu sur un chemin de crête ?
Quand on est président d’un club comme Massy, on a deux types de périodes, celles où l’on est très, très bien et celles où on est bien. Il faut être honnête, c’est quand même un club qui vit bien, un club qui a de bons résultats sur le plan financier et sur le plan sportif puisque nos deux équipes cadets sont qualifiées pour la finale du championnat de France, en Alamercery et Gaudermen. Notre équipe minime est qualifiée pour la finale du Super Challenge dont on est détenant du titre donc on a énormément de satisfactions chaque week-end. Et bien sûr, il y a l’équipe première qui va jouer la montée en Pro D2 sur les deux prochains week-ends contre Albi. Donc, c’est d’abord du plaisir et ensuite, oui, c’est une période où il y a un peu plus d’intensité en termes de négociations et d’échanges que les mois de Janvier / Février. Mais c’est aussi pour ça que l’on aime ce sport et que l’on partage cette passion.
J’imagine que vous avez un plan mercato Nationale et un plan mercato Pro D2 ?
Disons que, sur le plan mercato Nationale, on a une structure d’équipe qui nous convient bien et on a fidélisé beaucoup de joueurs cette année et notamment de jeunes joueurs qui étaient assez demandés par des clubs de Pro D2 et qui font confiance à l’aventure massicoise donc ce noyau est stable. Et, bien entendu, si on a la chance et la qualité pour gagner notre montée en Pro D2, on se renforcera par quelques joueurs un peu plus » seniors » qui viendront rejoindre le groupe. Mais le cœur de l’effectif de la saison prochaine est celui de cette année.
Vous avez aussi un avantage : si vous montez en Pro D2, vous allez, comme à chaque fois, attirer les convoitises des clubs mais vous avez votre sécurité sociale qu’est la formation ?
Ça, c’est clair. C’est peut-être un mécanisme un petit peu compliqué pour tout le monde mais avec la réforme des formations, la fameuse RIF, il est évident que le retour sur investissement de formations n’a rien de commun entre un club qui est en Nationale et un club qui est en Pro D2. Donc, le fait d’être en Pro D2 pourrait enfin nous permettre de récupérer une grande partie de l’investissement que l’on fait sur les jeunes. Je ne dis pas d’en faire une source de profitabilité car ce ne sera jamais le cas compte-tenu de l’investissement que l’on met à Massy, je vous rappelle qu’encore cette année à Massy, le budget de l’Association représente 1/3 du budget total du club. C’est donc une logique d’entreprise en même temps qu’une logique sportive mais c’est quelque chose auquel on croit et auquel on est attaché et c’est vrai que figurer en Pro D2 nous permettrait d’avoir accès à des indemnités de formation qui équilibreraient un petit peu plus ces dépenses de formation.
On va parler de l’équipe première et de cette saison qui a quand même été admirable. Je pense qu’au mois de Septembre, vous auriez payé pour faire une si belle saison avec des records de partout ?
Ce que j’avais dit aux joueurs dans mon discours de début de saison, c’est que je pensais qu’on avait le niveau et l’équipe pour être dans les 6 et qu’ensuite, le groupe obtiendrait le destin qu’il mériterait. Je dirai que ça nous a animés jusqu’à Décembre / Janvier, moment où on a recalibré l’objectif en disant » on veut être dans les 4 » et à partir de Mars / Avril, on a à nouveau recalibré l’objectif pour être dans les 2 donc, ça nous a déjà permis d’avoir un palier dans les objectifs. Ceci dit, l’année sera belle si on monte en Pro D2 car, si on a fait une belle année, qu’on a battu tous les records et qu’on vient échouer aux portes de la montée, on aura fait une année sympathique. La différence entre une année sympathique et une bonne année, c’est le résultat final.
Parlons de ce match, ce double-access match, le premier à Albi ce dimanche et le second à Massy dimanche prochain. Il y a quand même une ironie du sort, il y a deux ans de cela quasiment jour pour jour, Albi et Massy se battaient main dans la main pour essayer d’accéder à la Pro D2 pendant le confinement et là, l’un des deux passera à la trappe ?
C’est vrai qu’avec le président Roumégoux, avec qui nous avons une relation d’amitié particulière, on s’était dit que ce serait bien et que ce serait un beau clin d’œil à l’histoire de notre sport si on arrivait à monter tous les deux en regagnant une 2e fois sur le terrain ce droit qu’on avait déjà gagné une première fois. Il se trouve qu’il y a eu un ou deux matchs gagnés ou perdus de chaque côté qui font qu’on doive maintenant se retrouver sur cette demi-finale. Ce sont les aléas du sport mais, en tout cas, connaissant la façon dont Albi et Massy mènent respectivement leurs barques, je suis prêt à signer que dans deux / trois ans, on se retrouvera tous les deux en Pro D2.
Comment est-ce qu’on perçoit ce club d’Albi du côté de Massy et de l’Essonne ?
Aujourd’hui, on le perçoit avec beaucoup de respect, d’abord parce-que c’est un club qui a une histoire. C’est un club qui vit dans une région de rugby, un club qui est porté par une vraie ferveur populaire, un club qui a des valeurs et que l’on respecte sincèrement et profondément du côté de Massy. C’est très clairement le type de club qu’on a plaisir à rencontrer, affronter et, bien sûr, qu’on espère vaincre.
Autre clin d’œil du destin, le manager actuel du Sporting Club Albigeois est l’ancien coach des avants du RC Massy ?
Tout à fait, on aura sur le banc l’ancien coach des avants de Massy et le nouvel entraîneur des avants de Massy puisque Mathieu Bonello a été remplacé dans ce rôle par Julien Maréchal. Je crois que ce sont deux personnalités très différentes et deux visions différentes du rugby, j’apprécie, et ai apprécié, beaucoup les deux donc rien de plus par rapport à ça. Je dirais que ce sont les joies du rugby professionnel de voir que les gens vont dans un club, repartent, reviennent, etc. Julien Maréchal est un garçon qui est arrivé chez nous comme 2e ligne en provenance d’Aurillac après être passé par le Stade Français. Il a fait les beaux jours de Massy en tant que joueur, il a été ensuite été attiré par l’entraînement donc il est allé faire ses armes sur des clubs partenaires et voisins de Ris-Orangis et d’Orsay pour parfaire son management d’une équipe première car manager une équipe première n’est pas la même chose que de manager des jeunes. Petit à petit, il a acquis beaucoup de compétences et d’assurance et en même temps, il a gardé ce côté proche des joueurs et famille que l’on apprécie tant à Massy et qui nous permet aujourd’hui d’avoir ce rapport entre les joueurs et les entraîneurs qui est si particulier. Ça nous permet aussi de ressentir cette ambiance sans aucun filtre, chacun respecte sa position mais, en même temps, on sent bien que c’est un groupe qui vit, qui vit bien et les gars se battent tous ensemble. Notre slogan est » rêver fort » et je crois que ça symbolise parfaitement ce qui est en train de se passer cette année dans la symbiose entre les entraîneurs et les joueurs.
Autre anecdote autour de ce match : pour la première fois de la saison, une rencontre sera diffusée sur une chaîne hertzienne, vers un grand public et un grand audimat via la chaîne L’Equipe 21 qui télévisera les matchs aller et retour. Qu’est-ce que ce surplus de médiatisation amène à Massy ?
Je crois que tous les clubs de rugby se réjouissent de voir leurs matchs retransmis sur une grande chaîne hertzienne. Mais ce qu’on aurait apprécié, c’est que la chaîne L’Equipe 21 vienne accompagner le championnat de France de Nationale depuis la première journée car on a vu que c’était un championnat passionnant. On a vu que c’était un championnat qui intéressait beaucoup, qu’aucune place n’était gagnée jusqu’aux dernières journées, qu’il y a eu bagarre pour le maintien, pour la qualification et pour la qualification directe. C’était un championnat passionnant, qui a été passionnant du 6 Septembre au 6 Juin et c’est vrai qu’on aurait aimé qu’il s’intéresse un petit peu plus à nous. Maintenant, on ne va pas bouder, ils viennent nous voir pour le dernier match et on leur réservera le meilleur accueil en espérant qu’ils aient envie de revenir.
Si, par malheur, Massy trébuchait sur l’obstacle demi-finale, est-ce que ce serait un coup d’arrêt dans le projet ou est-ce que vous avez tout prévu et que ce sera absorbé de façon normale et régulière ?
On ne prévoit jamais un échec mais je dirai que j’ai organisé le club avec mon directeur général et mon conseil d’administration pour que la montée en Pro D2 soit vécue comme un plus au niveau du club et comme une récompense légitime obtenue d’une part par les efforts sur le terrain et d’autre part, par les efforts de structuration du club. Donc, je dirai que c’est quelque chose qu’on attend, qu’on a pour ambition et que j’espère bien qu’on va avoir. Ceci dit, comme on a toujours la même logique à Massy et qu’on ne dépense pas l’argent que l’on n’a pas, si on doit ne pas monter cette année et monter l’année prochaine, on attendra un an de plus.
Le chemin le plus court est le meilleur ?
La route est droite mais la pente est raide, on connaît tous l’expression (rires). Maintenant, je dirai que les joueurs ont à la fois fait le plus dur en se qualifiant directement mais surtout en mettant en place un jeu qui nous correspond car c’est ça le plus important, de trouver un jeu qui correspond aux joueurs qui ont envie de le jouer, ça compte des points et notamment en phases finales. Ensuite, on a gagné le droit de jouer le match retour à domicile, ce qui est souvent un élément intéressant dans le rugby. Aujourd’hui, on s’est donné tous les moyens de rêver fort, aux joueurs et à l’ensemble du club de réaliser leur rêve. Il se trouve que c’est face à Albi qui est une équipe qu’on respecte et qu’on apprécie mais c’est du rugby, il faut qu’il y ait une équipe qui gagne et une équipe qui perde. Je suis persuadé que mon ami Alain Roumégoux a fortement l’intention qu’Albi remporte cette double confrontation mais il ne m’en voudra absolument pas d’avoir une ambition inverse.
Quel est le mot d’ordre présidentiel pour ce double access-match à la Pro D2 ?
Il est comme d’habitude : Massy est un club où le président préside, le directeur général dirige, les entraîneurs entraînent et les joueurs jouent donc toute confiance au trio d’entraîneurs Jean-Baptiste Di Martino, Julien Maréchal et Benoît Denoyelle pour trouver les mots pour motiver les joueurs comme ils l’ont toujours fait. Moi, je me déplacerai ce week-end avec le groupe, je resterai tout le week-end avec eux pour les accompagner et les soutenir s’ils ont besoin de moi mais en termes de motivation et d’entraînement, les mieux placés au niveau du club de Massy sont bien sûr les entraîneurs.
Propos recueillis par Loïc Colombié
Article en partenariat avec :
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