En amont de ce match de barrage entre Albi et Chambéry, un véritable 1/4 de finale d’accession en Pro D2, on va faire un tour du côté de cluse de Chambéry et de la Savoie avec Cyril Villain, le manager du SOC Rugby.

On t’avait eu plusieurs fois dans la saison et tu l’avais martelé : l’objectif pour Chambéry était d’être dans les 6. Première chose, félicitations puisque l’objectif est rempli ?
Merci, on est très, très satisfait. Ce n’était pas gagné au début, l’objectif était élevé mais on a réussi ce premier objectif et on en est très satisfait.

Au vu de la saison dernière, où Chambéry bataillait dans le fond de tableau, quand vous avez annoncé cet objectif Top 6, certains vous ont pris pour des illuminés. Aujourd’hui, tu dois les regarder du coin de l’œil ceux-là ?
Oui (rires). Ce n’est pas grave, nous, de toute façon, on est concentré que sur nous et on savait qu’en travaillant bien, en ayant confiance et en sachant où on voulait aller, on serait capable de relever ce type d’objectif. Il est sûr que même nous n’en étions pas certains car avec tous les changements qu’il y a eu à l’intersaison au niveau du staff et de l’effectif et compte-tenu des résultats de la saison dernière, c’était loin d’être acquis. En tous cas, on a bien bossé et je pense qu’on s’est donné la possibilité sans rien voler à personne d’être dans le Top 6 de ce championnat très relevé.

A quel moment de la saison as-tu senti que l’histoire sentait bon, que vous l’aviez dans les jambes et que vous alliez le faire ?
Ça n’a malgré tout pas été une saison facile. On a fait un très bon début de saison puis un hiver compliqué avec des blessures et le départ à Agen de notre maître à jouer Danré Gerber qui nous a fait mal. C’est une équipe qui n’a rien lâché, on s’est battu pour aller chercher le Top 6 et on l’a aussi fait de façon assez intéressante. Le fait de se qualifier à deux journées de la fin nous a aussi permis de préparer les phases finales et ce 1/4 de finale sans lâcher toutes nos forces pour une qualification sur la dernière journée.

Il y a peut-être un ou deux regrets qui ressortent sur ces phases régulières ?
Oui, des regrets contre des équipes du haut de tableau. On a battu deux fois Soyaux-Angoulême par contre, on a perdu deux fois contre Albi, Valence-Romans et Massy. Il n’y a rien de honteux à ça car, à chaque fois, on a toujours été dans la capacité d’aller chercher une victoire, on a toujours été très, très proches, on a souvent eu la gagne en fin de match mais à chaque fois, les scénarios se sont reproduits. On n’a pas eu la capacité pour aller battre ces grosses équipes mais on apprend, l’équipe est très jeune et peu de joueurs avaient l’habitude de jouer des confrontations de ce niveau-là. J’espère qu’on a appris, on verra ça dimanche.

Maintenant, ce sont les barrages ou plutôt un véritable 1/4 de finale, appelons un chat un chat. On sait que l’appétit vient en mangeant, même du côté de la Savoie donc j’imagine que vous appréhendez ce match sans pression mais avec de l’ambition ?
Sans pression si ce n’est celle d’avoir envie de bien faire, de montrer qu’on a notre place. Et bien sûr de l’ambition car quand on prépare un match de ce niveau-là, on a forcément envie d’aller chercher quelque chose. On respecte beaucoup cette équipe d’Albi, elle est à sa place, elle a l’habitude de jouer le haut de tableau de cette compétition et l’ambition de monter en Pro D2. Elle a un effectif très, très qualitatif et quantitatif donc on y va en toute modestie mais en tous cas avec l’ambition de se faire plaisir comme on l’a fait toute la saison. Maintenant, ce n’est que du bonus et on va essayer d’aller les chahuter un petit peu.

Est-ce que tu as senti une excitation et une émulation monter dans le groupe ?
C’est un peu particulier car je crois que sur les 45 joueurs qu’on avait cette semaine à l’entraînement, blessés compris, il y a une petite poignée qui a l’habitude de jouer les phases finales. Pour tout le reste, c’est un peu nouveau donc c’était un sentiment un peu particulier de se dire » allez, on y va, on se lâche, on prend du plaisir « . On s’enlève la pression qu’on s’est un peu mise durant tout le championnat parce qu’il fallait ramener des points chaque week-end mais en tous cas, on a senti plus que d’habitude de la concentration et de l’application. Il est certain qu’on sent que c’est un match particulier.

Vous avez perdu deux fois contre Albi en phases régulières, une fois à domicile et une fois à l’extérieur en début de saison. A chaque fois, ça ne s’est jamais joué à grand-chose donc qu’est-ce qu’il a manqué à Chambéry pour faire basculer la pièce du bon côté ?
Sur les deux matchs, on a été en difficulté en conquête, on a été clairement dominés face à cette équipe qui est très puissante et très bien organisée dans ce domaine-là, surtout au match retour où je pense que ça a fait basculer le match sur la 2e mi-temps parce qu’on est devant à la sortie des vestiaires. Mais ce qu’il nous a surtout manqué, c’est la finition car on s’est créé des occasions à chaque fois mais on n’a pas su les mettre au fond contrairement à cette équipe d’Albi qui est très, très réaliste et qui a scoré quasiment à chaque fois qu’elle était rentrée dans notre camp. On sait qu’on a les moyens, de toute manière, on sait qu’on a les moyens de gagner contre toutes les équipes, mais on n’a pas su le faire contre cette équipe d’Albi. A nous de retenir la leçon sur ces deux premiers matchs, on les a bien identifiés et on les connaît quand même très bien donc essayer de trouver des solutions pour leur poser des problèmes.

On sait que l’une des données de ces play-off, surtout pour ce match de barrage, seront les premières chaleurs et les corps vont être mis à rude épreuve. Vous êtes allés faire un stage au milieu de la Drôme ou de l’Ardèche pour prendre un peu de chaleur ?
Non, mais j’aurai bien aimé. On n’a pas changé nos habitudes déjà parce qu’on n’a pas les moyens, ça coûte cher (rires). C’est la première explication et la seconde, c’est qu’on n’a pas voulu changer nos habitudes pour ne pas perturber donc on a fait une semaine très, très classique. On a juste demandé plus de concentration et plus d’application qu’à l’habitude mais ça s’est fait plutôt naturellement. Il n’y a eu aucun changement concernant notre semaine de travail, on travaille comme ça depuis le début de saison et on n’a pas voulu changer nos habitudes.

On a eu écho que des supporters allaient mettre en place des bus pour se déplacer à Albi. Ça montre qu’il y a toute une dynamique, une dynamique populaire, derrière le club et que vous êtes quand même suivis par un noyau dur de supporters ?
Ça sera quand même une très, très, très petite partie du stade. C’est vrai que le stade sera jaune et noir, acquis à nos couleurs mais pas spécialement pour Chambéry mais plutôt pour Albi (rires). Je pense que ce sera un atout important car on connaît la ferveur du public albigeois et je sais qu’il va venir en nombre dans ce stade qui permet d’accueillir un maximum de spectateurs. On sait qu’on va jouer à 16 contre 15, il faudra battre 15 bons joueurs d’Albi mais aussi un public qui va les pousser donc ça donne un challenge encore plus important et c’est encore plus important d’essayer de le relever.

Plus personnellement, avant un choc et un carrefour de la saison comme celui-là qui représente un moment fort dans une carrière de manager, comment appréhendes-tu ces deux jours de vendredi à dimanche, jusqu’à ce que tu traverses le tunnel avec tes joueurs ? Quelle est ta manière de gérer ce genre de choses ?
Je ne veux pas faire le prétentieux mais j’ai eu la chance dans ma jeune carrière d’entraîneur de connaître ces moments-là, plus qu’en tant que joueur. On a quand même fait deux finales d’accession avec Chambéry mais aussi deux titres de champion de France. A Grenoble, j’ai également eu la chance sur mes quatre ans dans le staff de faire des phases finales chaque année. L’expérience que je peux en avoir, c’est justement d’essayer de ne pas changer la routine et de ne rien faire d’exceptionnel pour ne pas déstabiliser. Donc, je vais faire comme je fais depuis le début de saison, on ne va rien changer, on est parti samedi, on a voyagé, mangé ensemble, préparé ensemble les dernières heures et dernières minutes du match. Mais on ne va rien changer par rapport à notre routine parce-que ce n’est pas ce qui fait gagner un match, ce qui est important, c’est la qualité technique, la capacité à être solidaires et à s’engager tous ensemble. Et ça, ça passe par rien d’exceptionnel mais plutôt par des choses qui, en tout cas, ne nous font pas aller dans l’inconnu.

Propos recueillis par Loïc Colombié

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