#SportStory – Rugby / La nouvelle vie de Matthieu Peluchon.

Mathieu Peluchon, après une carrière de rugbyman professionnel qui l’a vu arborer les tuniques d’Auch, du Sporting Club Albigeois et de Cognac Saint Jean d’Angely vient de plonger de plein pied dans la reconversion professionnelle. L’ex international espagnol, serial buteur et arrière racé a décidé de lancer un concept novateur dans le milieu du sport et de la récupération : Cryotank. Mais ce grand sentimental n’a pu s’empêcher d’ouvrir la boîte aux souvenirs et revenir sur ses années en jaune et noir . Car pour Mathieu Peluchon, Albi restera une parenthèse enchantée humainement, ponctuée de désillusions et de blessures mais qui, restera gravée à jamais dans son cœur.

 

Après une belle carrière, entre autres au Sporting Club Albigeois, il était pour toi temps de faire ta reconversion, ce qu’on appelle  » la petite mort du sportif « . Mais pour toi, elle n’a pas mis beaucoup de temps ?

 

C’est ça, comme tu le dis, c’est un peu  » une petite mort « . C’est vrai que l’on a vécu dans une bulle et un petit rêve mais, au bout d’un moment, il faut que ça s’arrête. En même temps que j’avais signé à Cognac, j’avais eu la chance de penser à un petit projet et la fin un peu précipitée de ma carrière de rugbyman m’a poussée à mettre les bouchées doubles sur cette idée. Aujourd’hui, ça fait plaisir car j’ai pu sortir mon bassin d’immersion et je suis capable de travailler eau froide et eau chaude, à la fois stationnaire et nomade, qui a pour objectif de favoriser la récupération et la performance chez les sportifs. Nous avons été classés  » innovation française  » et on a pu déposer un brevet donc, pour l’instant, c’est une aventure vraiment sympa où je m’éclate. 

 

Une nouvelle aventure qui reste quand même en corrélation avec le sport ? 

 

Exactement. C’est vrai que moi, j’ai toujours eu la chance d’avoir un bassin d’immersion dans les clubs où j’ai été, comme ce qu’ils ont dans les vestiaires à Albi où on a le bassin chaud, le jacuzzi et le bassin froid. Dans le dernier club dans lequel j’ai joué, à Cognac, on nous a mis dans des poubelles d’eau et de glaçons et un jour, alors que je faisais les allers-retours et en même temps, comme vous me connaissez, j’aime bien réfléchir à plein de choses et je suis un peu rêveur. Donc, je me suis intéressé à la place qu’occupait l’immersion en eau froide dans le monde semi-pro et amateur, je me suis dit  » ce n’est pas possible, il n’y a pas que ces poubelles  » et honnêtement, j’ai vu qu’il n’y avait pas grand-chose sur le marché à part du gonflable. Du coup, je me suis dit  » feu, on va commencer à réfléchir à un bassin qui réponde un peu aux attentes des clubs semi-pros et amateurs « . 

Avec un nom qui tape, Cryotank, et qui reste vite dans les têtes ? 

 

J’ai essayé de faire quelque chose de sympa avec Cryotank (rires). C’est un peu comme  » Ô vent d’anges  » à l’époque avec Andrea, on aime bien trouver des petits noms qui claquent. Et là, c’est vrai que Cryotank fait pour l’instant l’unanimité donc ça fait plaisir et tant mieux. 

 

Tu as beaucoup de clubs qui se sont équipés, surtout dans le milieu du rugby ? 

 

Ça commence dans le milieu du rugby. On est tout nouveau, on a fait nos premières ventes en Septembre avec le Mérignac Rugby puisque j’ai commencé à en parler autour de chez moi. On a aussi équipé Graulhet, on est en pourparlers avec l’équipe de France à 7, la Section Paloise, l’USAP et on vient de vendre un bassin à l’Académie LOU Rugby, le centre de formation de Lyon. Je suis aussi en relation avec l’Académie de Montauban donc ça commence à se savoir et on avance et pour une première année, ce n’est pas trop mal. Mais tu connais l’état d’âme des sportifs qui étaient de  » haut niveau « , on veut toujours plus donc j’essaye de faire le max pour que ça se passe bien pour la suite. 

Le  » toujours plus  » passe peut-être aussi par le ballon rond car la cryo n’est pas réservée qu’au rugby. Qu’on fasse du foot, du handball ou même du volley, on peut être intéressé par ce genre de produit ? 

 

Tu as tout dit, exactement. On a aussi vendu des bassins à Saint-Nazaire Volley, un club de Ligue 2, aux Boxers de Bordeaux en hockey sur glace et là, on doit livrer deux bassins à une salle de crossfit toulousaine. On est également en train de discuter des bassins avec la gendarmerie et l’armée nationale car ça pourrait les intéresser donc oui, comme tu dis, il y en a un peu pour tout le monde et il y a de la place. 

 

En regardant ta solution sur internet, on s’est aperçu qu’elle te permet d’avoir ton bassin à domicile, à la piaule, dans le vestiaire mais qu’elle est aussi facilement transportable pour les matchs à l’extérieur ? 

 

Tout à fait et c’est pour ça qu’aujourd’hui, les clubs professionnels sont finalement intéressés par cette solution nomade qui rentre dans les soutes de bus ou les coffres d’utilitaires. Les clubs amateurs, eux, vont plutôt utiliser le côté stationnaire, même s’ils peuvent se l’embarquer sur un stage ou sur un match où la récupération va être importante. Mais c’est vrai que cette double étiquette nous démarque de ce qui existe sur le marché. 

Pour un sportif de haut niveau, comme tu l’as été, quels sont les bénéfices de la cryo ? 

 

Aujourd’hui, je ne vends pas du rêve, l’immersion en eau froide, c’est simple : c’est un anti-inflammatoire. Tu vas lutter contre tous les microtraumatismes que tu crées pendant l’effort au niveau articulaire, tendineux, ligamentaire. C’est vrai que nous avons la chance d’avoir un groupe polyvalent capable de faire du froid ou du chaud donc, avec deux ensembles, tu peux aller chercher l’alternance chaud / froid où là, tu vas lutter contre l’engorgement musculaire. 

 

On va maintenant basculer sur la boîte aux souvenirs, celle de ta carrière, entre autres avec l’équipe d’Espagne qui vient d’obtenir une historique place pour la Coupe du Monde 2023. Ça doit te faire plaisir car tu avais participé à la dernière qualif qui avait été un peu houleuse ? 

 

Ça fait plaisir. Je les suis bien, je suis à fond et j’ai encore des potes qui jouent là-bas. Il leur restait un match pour aller au Mondial et honnêtement, je ne voyais pas comment ils pouvaient passer à travers même si, attention, il fallait se méfier de ces petits portugais et notamment du petit Samuel Marques. Je me disais qu’ils avaient tellement travaillé dur après cet échec qu’était le Mondial au Japon et c’est magnifique pour le rugby espagnol. 

Toujours dans la boîte aux souvenirs, il y a ces années en jaune et noir. Qu’en garderas-tu ? Beaucoup d’émotions j’imagine ? 

 

Ce que j’en garde déjà, ce sont des amis et ça, ça n’a pas de prix. Il n’y a pas longtemps, j’ai fait le bilan des clubs par lesquels je suis passé avec Bègles dont je suis parti à 21 ans puis Auch, Albi pour finir par Cognac et c’est incroyable mais mon noyau dur, c’est la bande albigeoise. Il y a Romain Barthélémy, Mathieu André, Cyriac Ponnau, Malik Djebabblah, Malik Hamadache Julien Raynaud qui sont des amis que je me suis fait et, je le répète, ça n’a pas de prix. Quant au terrain, qu’est-ce que j’en garde ? Un magnifique souvenir la première année où j’ai signé à Albi avec Henry Broncan où, je me rappelle, on était la bande de petits jeunes. Honnêtement, je pense qu’on avait peut-être une moyenne d’âge de 17 ans mais c’était magnifique, on se battait tous les week-ends et, à 4 journées de la fin, on était allé accrocher ce maintien. Je garde un super souvenir avec une victoire magnifique à Bourg-en-Bresse où à Bourgoin où j’ai encore l’image des parents de Julien Raynaud qui sont sur le terrain avec son papa que je prends dans mes bras. Et ce retour en bus où, avec Vincent Calas, on avait récupéré une guitare et qu’on chantait tous  » Aïcha  » dans le bus, je pense qu’il a encore les vidéos. Ce sont de très bons souvenirs suivis de la magnifique année Ugo Mola où on était un peu comme dans un rêve. Après, c’est vrai que ça a été un peu plus dur car, malheureusement, on a changé de staff et de manager à chaque saison, on a manqué de stabilité et c’est ce qui nous a coûté cher au final.

 

Ton départ d’Albi après la défaite à Rouen a été un crève-cœur pour toi mais tu es allé rebondir quasiment à côté de tes terres bordelaises, chez les voisins charentais ? 

 

Oui, ça a été dur. J’ai encore les images où je suis dans le bureau d’Arnaud avec Jérémy et Kéké où ils ne s’attendent pas à ça, car je suis encore sous contrat et où je leur dis que je quitte le club parce-que je dois rentrer vivre à Bordeaux. J’ai très, très mal vécu le fait de ne pas réussir à remonter et cette demi-finale perdue à la maison, ce match retour à domicile où on n’arrive pas à revenir, où on échoue à quelques centimètres de la ligne dans les dernières secondes plus ce dont on parlait tout à l’heure, à savoir l’échec de la Coupe du Monde au Japon où on perd en Belgique. Je l’ai hyper mal vécu et je me suis dit  » on arrête, on va rentrer vivre proche des siens  » et c’est là où j’ai signé à Cognac où je me suis d’ailleurs réorienté sur le poste d’ouvreur et où j’ai pris énormément de plaisir.

La fin à Cognac a été un peu triste puisque tu as dû mettre un terme à ta carrière un peu plus vite que prévu en raison de commotions ? 

 

C’est vrai que je ne m’y attendais pas du tout. Honnêtement, la première année se passe merveilleusement bien, je m’éclate avec Théo Entraygues en 9, on retrouve encore la famille albigeoise. A mes côtés, il y a Baptiste Bonnet, Thibaut Visensang, Mickaël Hygonnet, Conrad Marais, moi, je m’éclate sur ce poste d’ouvreur, on va finale de la Fédérale 1 contre Mâcon et l’équipe de Dédé Hough. On échoue à quelques points du Graal mais je m’éclate et l’année d’après, je suis justement dans cet état d’esprit d’avancer et de progresser sur ce poste d’ouvreur. Il me reste deux ans de contrat mais finalement, j’enchaîne trois commotions sur les trois premiers matchs de championnat où je ne veux pas forcément les signaler et où je les cache un peu. Après, ça a été une descente aux enfers et il n’y a pas longtemps, les neurologues m’ont dit qu’il valait mieux que je ne reprenne pas le rugby. 

 

Si tu étais resté un an de plus à Albi, tu aurais vécu la seconde manche face à Rouen avec la fameuse affaire Cardona. Quand on connaît ta fibre émotionnelle, je pense que tu aurais très, très mal vécu cette histoire ? 

 

C’est magique que tu dises ça parce-que j’étais devant le match, chez mes parents avec mon frère, mon père et ma mère et on gueulait dans les dernières minutes car on y croyait, ce match était de la folie. Et quand le match s’arrête, on ne parle plus pendant 10 minutes puis je regarde mes parents et je leur dis  » putain, heureusement que je suis parti parce-que là, vous m’auriez récupéré à la petite cuillère « . Honnêtement, j’ai pensé à tous mes potes qui vivaient ce que j’avais vécu l’année précédente et franchement, ils ont du mental et je leur tire mon chapeau. C’est aussi pour ça que j’espère de tout cœur qu’Albi retrouvera sa place en Pro D2. 

Pour l’instant, tu es sur Cryotank mais on sait que tu es un garçon plein d’idées comme tu nous l’as dit. Tu as peut-être encore quelques petits projets en tête pour t’éclater dans la vie ? 

 

Oui, plein de projets, les Malik Hamadache et Djebabblah sont en train de me chauffer pour ouvrir un kebab rue Saint-Catherine à Bordeaux, un kebab bio à Bordeaux (rires). Non, je plaisante, je déconne avec ça car je leur ai toujours dit  » les gars, plus tard, j’aurai mon kebab à Bordeaux « . J’ai encore plein d’idées mais pour être honnête, il y a encore beaucoup de choses à faire avec Cryotank, j’ai des idées pour faire évoluer mon produit et, pour l’instant, je ne vois pas d’autre chose que Cryotank donc c’est plutôt sympa, ça m’occupe bien l’esprit. 

 

On te souhaite autant de réussite dans ta vie professionnelle que celle que tu avais au pied

 

C’est adorable, merci beaucoup.

Propos recueillis par Loïc Colombié

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