#Rugby – Fed1 / Victor Labat (USSS) : «Aujourd’hui, on a un peu le cul entre deux chaises!»

Au cœur de la vallée de la Lèze, Victor Labat, l’entraîneur de l’USSS voit cette saison 2021/2022 comme un grand carrefour sportif et sociologique tant pour l’ensemble du rugby fédéral que pour son club. Tenant la bonne corde pour accéder en Nationale 2 actuellement dans cette poule 3 dite du midi toulousain, Saint-Sulpice sur Lèze va devoir se réinventer en cas de montée. Un défi qui risque de chambouler les uses et coutumes d’un club ayant fabriqué son ADN sur les ressort d’une ovalie amateur et son cortège de folklore. Mais avec la refonte de la pyramide des compétitions, le grand tournant du semi-professionnalisme fait des œillades aux hauts-garonnais. Pour celui qui a battit avec son compère Olivier Argentin, la réussite des vert et rouges dans une fédérale 1 «old scroll » brassant il y peu encore, écuries pros (Albi,Narbonne, Tarbes etc) et bastion amateur, les réflexions sont grandes quant aux perspectives qui se dégageront dans un futur proche. Mais Victor Labat n’en oublie pas la vérité du terrain, et l’ex pilier de Provence Rugby ou encore Dijon se focalise pour le moment, sur un championnat dont le resserrement est prégnant cette saison. Rencontre avec un technicien jetant un regard périphérique sur son sport et dont la passion transpire de chacun de ses mots.

Crédit photo USSS officiel

 

Cette année recommence quasiment avec un pas en arrière. On a l’impression de se retrouver comme l’année dernière, au même stade, avec le Covid qui vient percuter les compétitions ? 

 

Tout à fait, c’est compliqué, on a effectivement l’impression de se retrouver un an en arrière. Je ne suis pas là pour commenter les décisions de l’Etat et des Ministères mais il est sûr qu’au niveau sportif, on est au final dans les mêmes interrogations qu’il y a une saison, qu’il y a six mois, qu’il y a un an et demi. Tout est compliqué. 

 

On se retrouve aussi dans le même débat et la même fracture sociologique en Fédérale 1 entre les clubs qui ne veulent pas jouer sans recette de buvette et de réceptif et ceux qui veulent à tout prix jouer et aller chercher la montée en Nationale 2 ?

 

De toute façon, aujourd’hui, tu as deux logiques et c’est pour ça que la Fédé a pris une décision et a acté d’une division intermédiaire avec la Nationale 2. Il y a deux logiques sportives mais maintenant, je pense que même les clubs  » pros  » de Fédérale 1 sont quand même impactés par cela. Pour les petits, peut-être qu’il est intéressant de réfléchir à comment créer de nouvelles recettes, à comment compenser un peu ces matchs qui peuvent être annulés ou pas. Il y a une réflexion et une refonte à avoir au niveau des systèmes économiques et je pense que, peut-être, certains clubs tireront profit de cette réflexion. 

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D’après toi, quels sont ces leviers pour créer de nouvelles recettes ? 

 

Pour moi, c’est la communication extérieure des clubs c’est à dire qu’aujourd’hui, bien communiquer, bien cibler est quelque chose qui valorise l’image que tu peux avoir. C’est aussi bien définir les valeurs et le projet du club qui est en place et communiquer sur ce dernier. Pour moi, ce sont des leviers importants et après, en termes de communication et de nouvelle communication, on sait très bien qu’aujourd’hui, les boutiques en ligne, tous ces phénomènes un peu éphémères et rapides, attirent une nouvelle clientèle et de nouvelles cibles. 

 

En début d’interview, on parlait de sociologie de la Fédérale 1 et de cette fracture. Où se situe Saint-Sulpice ? Avec un peu un pied d’un côté et un pied de l’autre ? 

 

Oui, aujourd’hui, tu as un peu le cul entre deux chaises c’est à dire que sportivement, tes résultats te permettent d’espérer aller en Nationale 2 comme depuis quelques saisons puisqu’on est quand même dans le haut des classements. On a aussi nos espoirs qui performent et nos jeunes qui sont dans les divisions nationales donc c’est vrai qu’en termes de structures sportives, on est plutôt compétitifs. Maintenant, à proprement parler sur l’entraînement, l’équipe première ne s’entraîne que deux fois par semaine donc la première des choses est de réfléchir à comment optimiser nos temps de travail la semaine et puis, s’il y a accession, il faudra redéfinir un nouveau planning hebdomadaire, c’est certain. Concernant la structure club, c’est un club qui défend ses valeurs, un club purement amateur avec ses forces et ses faiblesses et le devenir principal est de savoir aujourd’hui comment le club ne sera pas mis en danger et vers quoi on peut tendre.

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On peut dire qu’à Saint-Sulpice, vous avez un œil dans le rétro, car il ne faut jamais oublier le passé et l’autre œil qui regarde droit vers l’horizon ? 

 

On est un peu comme certaines structures à savoir que, pour générer un projet, il faut voir devant, même en termes d’objectifs, il te faut créer des choses qui te donnent un point de mire. Donc le club, les joueurs, les entraîneurs, on a ça devant nous car on voit comment on évolue mais aussi comment on doit se structurer. Les nouveaux types de joueurs qui arrivent sont des joueurs qui sortent des centres de formation et autres donc c’est vrai qu’aujourd’hui, ils ont des ambitions différentes. Et après, tu dois effectivement faire le parallèle avec ce qui se passe derrière c’est à dire que, quand tu viens dans un club et c’est ce que j’expliquais aux joueurs, tu dois d’abord connaître l’essence et les fondamentaux qui ont créés ce club donc tu vas t’appuyer sur le passé pour développer ton futur. 

 

On va aussi faire maintenant un petit bilan de cette première partie de saison. Il est quand même plutôt positif pour Saint-Sulpice ? 

 

Oui, aujourd’hui, il est plutôt positif car on a quand même deux cadors qui sont en haut avec les clubs de Nîmes et de Pamiers qu’on attendait à ce niveau-là. On a une 3e partie qu’on n’attendait pas forcément qui est le club de Marmande, à moindre échelle, bien sûr en termes de budget, on voit que Graulhet est très compétitif, Castelsarrasin aussi. Donc au final, oui, on est dans un classement qui est plutôt favorable même si en tant qu’entraîneur, je pense qu’on pourrait avoir des points supplémentaires, notamment sur le match de Lavaur à l’extérieur qu’on perd d’un point. Sans enlever la victoire à Lavaur, je pense qu’on a très mal géré notre prestation et notre match donc on s’est mis en danger et après, il y a peut-être le match de Graulhet où on peut aussi prétendre à la victoire, même si ça aurait peut-être été un hold-up. Peut-être qu’on a perdu quelques points donc il y a énormément de positif mais il faut quand même mesurer un peu tout ça même si dans l’ensemble, oui, c’est plutôt positif. 

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On a l’impression que cette poule 3 du Midi-Toulousain est celle des clubs qui sont en pleine résurrection. On voit Graulhet, Mazamet, d’anciens bastions qui sont en train de renaître de leurs cendres ? 

 

Tout à fait mais c’est ce que je te disais, peut-être que ce sont des clubs qui ont réfléchi à un nouveau système avec ces années Covid, qui ont eu une réflexion autour de leurs échecs et qui se sont structurés pendant cette période-là, tout simplement. On voit Graulhet, Mazamet, des clubs qui ont été sauvés peut-être même administrativement mais qui performent aujourd’hui donc je pense que ce sont des clubs qui ont bien réfléchi à leurs nouveaux systèmes et actuellement, de par cet impact, le terrain parle de lui-même. 

 

Tu n’as pas l’impression que maintenant, on est sur quelque chose où le prisme de l’argent est en train de prendre le pas sur le prisme du sportif en Fédérale 1 et en Nationale ?

 

C’est aujourd’hui le danger de cette division intermédiaire et de ce système mais on reste dans un système qui suit la société c’est à dire qu’il est basé sur des systèmes économiques. On sait très bien qu’aujourd’hui, toutes les associations sont aussi basées sur des systèmes économiques d’entreprises donc je pense que ça va avec l’évolution de notre société. Est-ce que c’est un danger ? Comme je te l’ai dit sur ma structure par exemple, il faut que les choses soient mesurées, seul l’avenir nous dira si c’était une bonne chose ou pas. 

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On va parler du match de dimanche face à Lavaur à Saint-Sulpice sur Lèze. Ça risque de ne pas être facile et d’être une belle partie de manivelles ? (Itw réalisé avant la victoire de l’USSS 21-16)

 

Ça, je ne sais pas (rires). Il n’y a pas de contentieux particulier avec le club de Lavaur, nous, on sait qu’aujourd’hui, il y a beaucoup d’interrogations sur le maintien des matchs même à une semaine. En tant qu’entraîneurs, on a demandé au club de faire le maximum pour jouer, pourquoi ? Parce qu’on a des joueurs qui se sont très investis pendant la trêve de Noël ce qui est inédit à Saint-Sulpice (rires). Donc, jouer, c’est déjà les récompenser de leur investissement et après, on ne sait pas de quoi demain va être fait et engranger des points, c’est aussi important immédiatement. Nous, on veut jouer ce match, c’est Lavaur qui se présentera avec un statut de pas très bien classé mais on voit que c’est une équipe qui s’accroche sur tous les matchs, une équipe qui a du cœur. C’est une équipe qui est difficile à manœuvrer donc, si on joue, on maintient nos joueurs sous pression parce-que c’est une équipe qu’il faut respecter et qui nous donnera sûrement de grosses difficultés. 

 

Tu nous parlais de la gestion semaine par semaine liée au Covid. On voit que les clubs pros qui ont les joueurs tous les jours, qui les maternent quasiment ont déjà du mal à gérer et à endiguer le Covid. Comment fait-on dans un club amateur comme Saint-Sulpice sur Lèze pour arriver à freiner ce Covid ? 

 

Tu drives, tu casses les pieds à tout le monde au quotidien c’est à dire que dès que tu as un joueur malade, il ne vient pas et il se fait tester immédiatement. Il faut séparer les groupes au maximum dans les vestiaires, il faut couper la vie sociale, plus de repas, plein de petites choses qui font un peu les clubs amateurs mais tu es obligé de stopper un peu tout ça temporairement et de respecter au maximum les protocoles. C’est difficile mais pour moi, le plus difficile aujourd’hui, c’est que tu ne peux même pas basculer avec un objectif au mois, à la saison. Il faut se concentrer uniquement sur le match du dimanche s’il peut se faire et sur la semaine d’entraînement. Je pense que c’est difficile mentalement pour les entraîneurs avant tout, pour les clubs mais aussi pour les joueurs et pour tout le monde. 

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Malgré ce manque de visibilité du fait du contexte sanitaire, quel va être l’objectif de Saint-Sulpice sur les deux, trois prochains mois ? 

 

L’objectif aujourd’hui est clairement de rester dans le wagon très proche de la zone de la 4e place le plus longtemps possible. Je pense que comptablement, on a un petit matelas de points qui nous permet d’être dans les 8 donc nous donne cette position de barragiste. Aujourd’hui, clairement, on veut prétendre à cette 5e / 6e place qui nous permettra de recevoir au match retour pour espérer une accession éventuelle et peut-être à mieux, je ne sais pas. Donc, c’est engranger des points, rester au contact des plus gros mais la première des choses, c’est un peu comme tout le monde quand tu ne sais pas de quoi demain est fait, c’est de profiter de ce moment quand tu as la possibilité de jouer. 

 

En parlant de potentiel barrage, si vous étiez barragistes, vous tomberiez contre la poule de la mort, la poule 2, celle de la vallée du Rhône. C’est quelque chose qui doit quand même t’inquiéter ? 

 

Non, pas du tout, absolument pas. Ce sont des équipes que je connais car j’ai aussi joué de par là-bas il y a quelques années et honnêtement, non, je ne suis pas plus inquiet que ça. Oui, ce sont des équipes qui, pour certains, ont des pouvoirs financiers qui ne sont pas ceux de notre poule mais sur un match en aller / retour, ça se joue sur plein de choses donc il y a plein de facteurs qu’il faudra prendre en considération. Que ce soit Olivier Argentin avec qui j’entraîne ou moi, aujourd’hui, on n’a personnellement pas plus de prétentions que ça et on n’est pas plus inquiet par cette poule 2. 

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La pire chose qui pourrait vous arriver serait de faire des play-offs sans public ? 

 

Oui, ça, ça serait la pire des choses (rires). Déjà, comme tu le disais, pour le modèle économique des clubs pour commencer et après, c’est vrai que tu as une véritable valeur ajoutée. Aujourd’hui, quand tu joues dans un club comme Saint-Sulpice sur Lèze où tu as quand même un public qui est présent voire même un contexte autour car ce n’est même pas que Saint-Sulpice, c’est l’aura qu’inspire ce club sur ce territoire. Donc il est certain que pour nous, ce serait non pas dramatique car, encore une fois, ça n’est que du sport mais ça serait vraiment compliqué et on n’imagine pas ce genre de chose. 

 

Ce qu’on va te souhaiter, c’est que Saint-Sulpice se qualifie et fasse des play-offs, qu’il y ait l’odeur des merguez et ce petit côté guinguette qu’on aime dans le rugby amateur ? 

 

L’odeur de la merguez et quelques litres de bière qui coulent ce qui, même dans le sport professionnel, fait un peu la richesse de notre discipline.

Propos recueillis par Loïc Colombié

Article en partenariat avec

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