Autant en 2020 la victoire Tadej Pogacar avait été une surprise de dernière minute, ( victoire lors du contre la montre la veille de l’arrivée devant son compatriote Primoz Roglic), autant l’édition 2021 semblait écrite en faveur du jeune slovène depuis l’étape Oyonnax -Le Grand Bornand le samedi 3 juillet. Notre rédaction fait le choix de faire un bilan un peu décalé de l’édition 2021 de la plus grande et prestigieuse course cycliste du monde.

(crédit photo @l’internaute) La 108ème Grande Boucle ( 26 juin au 18 juillet 2021) vient de rendre son verdict.
Le bilan en quelques chiffres.
Les 124 coureurs représentants 23 équipes (19 WorldTeams) et 4 (ProTeams) avaient 3414 km à parcourir en 3 semaines entre Brest et Paris. Seulement 8 équipes ont connu les joies de la victoire soit 34 % des équipes engagées. Une seule des équipes ProTeam a été récompensée avec deux victoires d’étapes avec Tim Merlier et Mathieu Van der Poel, nouvelle coqueluche du public hexagonal, qui a su mettre une once de nostalgie en rendant le plus bel hommage à son grand père Raymond Poulidor.
71% des victoires d’étapes sont acquises par seulement 4 équipes avec Deceuninck Quick Step (5), Jumbo Visma (4), Bahrain Victorius (3) et Team Emirates UAE (3).

Wout Van Aert aura été le seul coureur en capacité de vaincre sur tous les terrains, et dans trois étapes mythiques. En Haute Montagne, avec le Mont Ventoux a gravir 2 fois lors de la 11ème étape, puis le contre la montre individuel la veille de l’arrivée en dominant des spécialistes du chrono, et le dernier jour dans un sprint massif de prestige sur les Champs-Élysées.
Le maillot jaune n’aura été porté que par 3 coureurs, tous issus de la « vieille Europe », représentants 3 formations différentes. Le français Julian Alaphilippe (Deceuninck Quick Step) 1 jour, le batave Mathieu Van der Poel (Alpecin Fénix) 6 jours et Tadej Pogacar, slovène durant 14 jours pour le Team Emirates UAE. Seuls deux coureurs non européens ont pu tirer leur épingle du jeu dans les étapes , l’australien Ben O’Connor et l’américain Sepp Kuss.
Trois des classements distinctifs sont glanés par le même homme Tadej Pogacar ( classement général final, le classement du meilleur jeune et celui du mailleur grimpeur), nouveau homme fort du cyclisme mondial.

Le maillot vert de meilleur sprinter est conquit par l’homme le plus célèbre de l’Ile de Man. Mark Cavendish pour la deuxième fois de sa carrière, obtient la tunique verte, 10 ans après sa première levée. Avec ses 4 succès d’étapes lors de cette édition, il devient le co-détenteur du plus grand nombre de victoires d’étapes dans le Tour, égalant le record détenu par Eddy Merckx (34 succès) depuis 1977.
A noter que le quadruple vainqueur (2013.2015.2016.2017), Chris Froome n’aura été que l’ombre de lui même.
L’équipe Bahrain-Mérida, remporte le classement général par équipes en plaçant 3 hommes dans les 20 premiers (Bilbao, Thuns et Poels).
L’équipe la plus riche est l’équipe du vainqueur avec 619580 € de gains , et la moins pourvue est Qhubeka avec 11650 € seulement.
Le classement des prix
1. UAE, 619 580 euros.
2. Jumbo, 359 520 euros.
3. Bahrain, 170 310 euros.
4. Deceuninck, 149 690 euros.
5. Ineos, 134 590 euros.
6. AG2R Citroën, 121 230 euros.
7. Bora, 109 370 euros.
8. Alpecin, 81 180 euros.
9. EF Education, 69 610 euros.
10. Trek, 62 390 euros.
11. Movistar, 50 140 euros.
12. BikeExchange, 44 610 euros.
13. BB Hôtels, 39 190 euros.
14. Groupama-FDJ, 36 000 euros.
15. Astana, 35 420 euros.
16. Cofidis, 34 390 euros.
17. Arkea-Samsic, 32 430 euros.
18. Israël SN, 24 870 euros.
19. Intermarché, 24 230 euros.
20. Lotto, 23 640 euros.
21. TotalEnergies, 21 960 euros.
22. DSM, 13 450 euros.
23. Qhubeka, 11 650 euros.
Le bilan des français.

Le champion du monde en titre, Julian Alaphilippe a crée la sensation en remportant dans son style caractéristique la première étape. Il endossait au passage le premier maillot jaune. C’est la seule victoire d’étapes française !
Le début du Tour semblait profitable aux sprinters et les tricolores misaient beaucoup sur Arnaud Démarre (vainqueur de 4 étapes et classement du meilleur sprinter lors du Giro 2020). Christophe Laporte (Cofidis) avait des ambitions légitimes. Mais c’est vers Nacer Bouhanni que les regards se sont tournés, lui qui avait déjà connu le succès au Tour d’Espagne et au Tour d’Italie.
Même s’il a connu l’abandon lors de la 15éme étape, il a été très présent dans les sprints massifs (3ème à Pontivy, 2ème à Fougères, 3ème à Châteauroux, 4ème à Valence). Que lui a t-il manqué pour l’emporter ? L’envie ? Surement pas. De force physique et de précision dans le placement ? peut être, mais assurément il lui a manqué une équipe plus puissante, plus structurée pour l’emmener dans les meilleures conditions dans les 300 derniers mètres.

Une seule équipe française, AG2R-Citroen a connu la victoire avec l’australien Ben O’Connor lors de l’étape Cluses-Tignes, et qui aura réussit a faire oublier Romain Bardet en terminant au pied du podium à Paris. Benoit Cosnefroy a été à la hauteur tout comme Aurélien Paret-Peintre. Vincent Lavenu est à la tête de la meilleure équipe française ce Tour de France.
Cofidis avait pour ambition de faire un Top 10 et pourquoi remporter une étape. Objectif atteint avec la 8ème place au classement général pour Guillaume Martin. Le leader de l’équipe passe a côté de la gagne (4éme lors de la 9éme étape) , tout comme Pierre-Luc Perrichon 4ème lors de la 16émé étape). Anthony Pérez a tout été le baroudeur attendu et l’équipier de luxe de son leader.
Groupama-Fdj orpheline de son leader charismatique Thibault Pinot, a soufflé le chaud et le froid. Dans les sprints Arnaud Démare a été en retrait, et à la différence de Bouhanni n’a jamais semblé pouvoir prétendre à la victoire. David Gaudu propulsé leader termine à la 11 ème place du général, après avoir obtenu 4 Top 10 dans des étapes de montagne.
Enfin Stefan Kung, champion d’Europe en titre du contre la montre est sorti frustré. 2ème du premier chrono derrière l’intouchable Pogacar, il a coincé dans les derniers kilomètres lors du 2ème chrono, alors que la victoire lui semblait promise, il termine 4 ème.

En revanche la grosse satisfaction de l’écurie provient (comme annoncé par notre site) du bigourdan Bruno Armirail pour son premier Tour. Travailleur de l’ombre, il a placé David Gaudu en montagne dans les meilleures conditions. A titre personnel il obtient, un belle 12 ème place dans le dernier chrono. Encore une fois la preuve que le garçon sait rouler vite, et qu’il termine une course de trois semaines en excellente condition, avec la fraicheur physique et mentale.
Artkéa-Samsic termine le Tour 2021, avec seulement 3 coureurs, avec Elie Gesbert, Connor Swift et Nairo Quintana. Ce dernier a essayé de gagner son étape dans la montagne. Il a mis tout en œuvre pour ramener le maillot blanc à pois rouge. Il est tombé sur plus fort que lui tout simplement, mais sa bravoure est à souligner.
L’équipe Total a manqué d’énergie, seul Pierre Latour a donné une impression d’envie par moment, mais souvent à contre courant.

Enfin notre coup de cœur ira à l’équipe B&B Hôtels p/oKTM. Si la victoire à fui les hommes de Jérôme Pineau et de Didier Rous, le public retiendra les offensives des Maxime Chevalier, Cyril Barthe, Quentin Pacher, et Pierre Rolland qu’on ne présenter plus . Ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais celui qui sort grandi de cette aventure humaine et sportive qu’est le Tour de France, sera sans contestation possible Franck Bonamour. Il obtient 4 Top 10, et est élu super combatif par un jury de spécialistes.
L’image : Mathieu Van der Poel

Pour son premier Tour de France, le hollandais Mathieu Van der Poel a marqué les esprits. Outre le sportif connu pour ses performances toutes disciplines confondues (Cyclo-cross, VTT, route), le personnage est attachant, au delà du palmarès éloquent avec 4 titres de champion du Monde de cyclo-cross, Strade Bianche, Amstel Gold Race, Tour des Flandres…
La veille du départ pour la présentation des équipes, celui-ci arborait, un maillot « New Look » de la formation Alpecin-Fénix.
D’ordinaire le maillot et le cuissard sont à dominante bleu marine. Sur le podium les couleurs moutarde et violine faisaient une apparition remarquée et émouvante. L’équipe avait purement et simplement fait le choix de rendre hommage au grand-père de Mathieu Van der Poel, un certain Raymond Poulidor qui avait alors porté ce maillot Mercier-Hutchinson-BP fièrement sur les routes du Tour lorsqu’il luttait contre Anquetil, Pingeon, Simpson, Janssen, Aymard, Merckx, Ocana…
Aussi lors de la première étape, entre Brest et Landerneau, la surprise fut encore plus grande, quant l’UCI décidait à titre exceptionnel et dérogatoire, de donner le droit à l’équipe Alpecin-Fenix de s’élancer avec cette tunique chargée d’histoire et d’émotion.
La romance aurait été parfaite si VDP était parvenu à remporter l’étape, et endosser le maillot jaune. C’est Julian Alaphilippe qui aura les honneurs de couper la ligne en premier et de revêtir le paletot.

Mais un champion de la trempe de Mathieu Van der Poel ne s’en laisse pas compter. Dès le lendemain, entre Perros-Guirrec et Mur de Bretagne, le fils d’Adrie Van der Poel et Corinne Poulidor fera chavirer le public, victoire d’étape et maillot jaune. L’émotion était immense , le public ne s’y trompait pas. Mathieu venait d’entrer par la grande porte au palmarès du Tour et dans le cœur du public. Durant 6 jours, il portera la tunique de Lorient à Pontivy, de Redon à Fougères, de Changé à Laval, de Tours à Châteauroux, de Vierzon au Creusot, pour abandonner le sésame sur les routes du Grand Bornand au vainqueur final. Dans ce laps de temps, il est devenu la coqueluche d’un public aimant et admiratif.
A la foi Dandy et séducteur, comme pouvait être un Coppi ou un Rivière, il peut être un « tueur » au sang froid sur le vélo et ne laisser aucune chance à ses adversaires à l’image d’un Merckx ou d’un Hinault.
Il sait tout simplement gagner avec panache dans la lignée des Bobet, Koblet ou Ocana.
S’il venait à l’idée, à l’avenir à Mathieu Van der Poel, de tout mettre en œuvre pour remporter le Tour de France, il aurait évidemment fort à faire face à une concurrence, connue et composée des Pogacar, Bernal, Carapaz, Ewenepoel, Gaudu, Vingegaard. Sans oublier son éternel rival des sous bois, tout aussi brillant et talentueux, le belge Wout Van Aert, qui a éclaboussé par sa classe cette édition2021, mais une chose est certaine, VDP partirait avec l’atout majeur dans la poche arrière du maillot : le public.
Le Borgne