#Rugby – Top 14 / Martin Doan (Albi / Montpellier) : «Je réalise à moitié ce qu’il m’arrive!»

Martin Doan, le futur ex-Albigeois qui va aller voguer vers le Top 14 et la région héraultaise, à Montpellier, nous a accordé un entretien a quelques heures de réaliser un rêve éveillé. Le demi de mêlée, formé depuis son plus jeune âge au Sporting Club Albigeois, va toucher du doigt le très haut niveau, en rejoignant le club de President Altrad. Heureux et fier de pouvoir intégrer le centre de formation du MHR, celui qui sera en outre partie prenante de l’effectif professionnel veut croquer à pleines dents cette » chance inouïe » . Cet enfant de la cité épiscopale tarnaise, n’en oublie de remercier ceux qui l’ont façonnés durant tout son parcours au SCA (Dirigeants, Bénévoles, éducateurs), bien conscient qu’une grande partie de sa réussite provient d’eux. Entretien avec un Martin Doan qui ne réalise encore qu’à moitié , qu’il évoluera dorénavant aux côtés des Haouas, Guirado, Ouedraogo Willemse, Rattez, Goosen, Bouthier et consorts.

 

 

On l’a appris il y a quelques semaines, ta carrière va connaître un rebond. Parfois, dans le rugby, il y a des rebonds capricieux mais aussi des heureux et là, pour toi, c’est un joli rebond. Tu vas aller à Montpellier et j’imagine que tu es empli de fierté de passer ce cap et d’un peu toucher du doigt le Top 14 ? 

 

Bien sûr, c’est une chance inouïe que j’ai eue. C’est un peu arrivé comme un cheveu sur la soupe et aujourd’hui, je réalise à moitié ce qu’il m’arrive. Je me prépare à 200% pour relever le défi, c’est une très belle expérience qui se profile et il me tarde de rejoindre Montpellier pour pouvoir attaquer ce début de saison.

 

Quand il y a une proposition comme ça qui se fait, comment cela se passe-t-il ? Tu as été directement contacté par Philippe Saint-André ou bien par quelqu’un d’autre de Montpellier en premier ? 

 

J’étais en vacances et j’ai été appelé par un agent qui s’appelle Jérôme Chabran qui m’a dit que Montpellier était intéressé par mon profil et que j’allais avoir Joan Cadullo, le directeur du centre de formation au téléphone pour faire un premier entretien. C’est ce qui s’est passé en fin d’après-midi mais c’était juste un premier contact avec lui et dans le week-end qui a suivi, j’ai reçu un message de Joan et de mon agent en me disant qu’ils souhaitaient faire une visio Zoom avec Philippe Saint-André et Jean-Baptiste Elissalde le lundi. Je me suis alors retrouvé avec mon Zoom devant eux et je ne pouvais pas rêver mieux, j’avais un peu d’appréhension mais ça s’est très bien passé et tant mieux. Donc, j’ai signé là-bas et franchement, c’est top. 

 

Comme tu nous le disais, tu feras partie des contrats Centre de Formation cependant, tu ne seras pas en espoir mais avec l’équipe première. Tu nous expliques comment tout ça va s’articuler ? 

 

Je suis de fin d’année 98 donc, j’ai encore l’âge de signer un contrat espoir au centre de formation mais je ne pourrai plus jouer en espoir puisque j’aurai 23 ans cette année. Donc, en fait, j’ai un contrat espoir pour un an à Montpellier mais je serai à part entière avec les pros, je m’entraînerai avec eux tout en bénéficiant des aides du centre de formation à côté, que ce soit pour le logement, la nourriture ou la formation. Je peux aussi aller aux entraînements du centre de formation car ce sera toujours un plus mais je ferai par contre complètement partie du groupe pro et ça, c’est vraiment une expérience incroyable car c’est la possibilité de m’entraîner avec des joueurs qui côtoient le haut-niveau et qui sont certainement, pour certains, des joueurs de classe mondiale qui vont me permettre de grandir et d’apprendre encore beaucoup de choses. 

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Le plus dur pour toi en arrivant au premier entraînement sera de ne pas trop avoir d’étoiles dans les yeux et de te concentrer sur le rugby ? 

 

C’est ça mais il va vite falloir faire la part des choses. J’aurai la chance de jouer à côté de joueurs de classe mondiale mais ce sera à moi de vite prendre le pli et de montrer ce que je sais faire sans non plus regarder les autres jouer et de contempler les gestes qu’ils peuvent mettre en place à l’entraînement. 

 

On va maintenant parler de ton club et de son cœur et formateur, Albi. J’imagine que ça a quand même dû être un peu un déchirement de quitter le cocon familial ? 

 

C’est toujours compliqué de prendre ces décisions-là quand tu es au sein d’un club. Je pense que cela faisait quatre ans que l’on essayait de vivre et de faire vivre une chose commune qui était la montée en Pro D2 et aujourd’hui, on n’y est pas arrivé. On a fait du bon boulot pendant 4 ans, on a travaillé dur, on a essayé de donner le maximum sur le terrain mais aujourd’hui, c’est un cycle qui est terminé. J’ai eu cette proposition-là et, pour moi, c’était l’occasion de tenter une nouvelle aventure et en plus, je suis encore jeune puisque j’aurai 23 ans en fin d’année donc, c’était le moment de le tenter. Je suis Albigeois, mon cœur restera jaune et noir, c’est une nouvelle expérience qui se profile mais j’aurai toujours un œil sur mes coéquipiers qui sont aujourd’hui devenus mes copains. Je serai toujours derrière le Sporting à 200%. 

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On est quasiment un mois après cette demi-finale perdue à Bourg-en-Bresse, on peut donc dire que la pression et la passion sont retombées. Est-ce que tu peux analyser cette dernière saison que tu as passé sous les couleurs jaune et noir avec cet épilogue malheureux où, une fois de plus, vous avez buté sur la dernière marche ? 

 

Cette saison est un peu une accumulation de tout, une saison un peu compliquée avec le Covid, avec une partie de championnat qui est gelée, un début de championnat où on a pris beaucoup de gros clubs d’entrée. On n’a pas su valider sur certains matchs ce qu’on avait pu faire auparavant et on est encore retombé dans nos travers comme on a pu le voir face à Cognac. Ce sont des matchs qui nous coûtent cher car, aujourd’hui, cette poule est tellement homogène et relevée qu’on n’a pas le droit à l’erreur. C’est ce qui nous a amenés à jouer une demi-finale à Bourg-en-Bresse et ce qu’on peut dire sur cette dernière, c’est que je pense que Bourg était prêt et sur ce match-là, ils ont été meilleurs que nous, je ne vais pas refaire la rencontre car c’est fait. La seule chose qu’il faut retenir, c’est qu’on a passé 4 très belles années où on a travaillé dur et aujourd’hui, je n’ai envie de retenir que les bons souvenirs et pour moi, ça en fera partie malgré la défaite qu’il y a pu avoir. Ça fera partie de souvenirs qui resteront gravés à jamais parce-que ce sont quand même des matchs de phases finales et ce sont des matchs que tout le monde rêve de jouer. Félicitations à Bourg qui monte en Pro D2, je pense qu’ils ont été meilleurs que nous sur le terrain, ils ont sûrement eu plus d’envie de gagner. Ce match-là ne se joue pas au rugby car toutes les équipes qui vont en demi-finale ont ce rugby mais c’est simplement l’envie de se dépasser et d’être le meilleur. Je pense qu’on a un peu pêché sur cet aspect et qu’on s’est trompé sur certaines choses mais c’est fait et aujourd’hui, il faut rebondir. 

 

Tu nous parlais des souvenirs en jaune et noir pendant 4 ans en équipe première. Quel est le meilleur pour toi, celui qui restera vraiment gravé ? 

 

C’est compliqué parce qu’il y a eu beaucoup de déceptions. Je pense que mon meilleur souvenir, c’est le groupe que j’ai rencontré en 4 ans, les copains que je me suis fait car je m’en suis fait de réels. C’est le manager que j’ai pu rencontrer qui est Arnaud Méla, qui m’a apporté énormément et qui m’a amené jusque-là où je suis aujourd’hui. C’est Jérémy Wanin qui a pu m’apporter des compétences que je n’avais pas et m’aiguiller sur beaucoup de choses. Franchement, le meilleur souvenir que je retiendrai, c’est ce groupe qui est extraordinaire et pour moi, ça restera à tout jamais comme une famille. 

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Un dernier mot pour les éducateurs, les supporters, les bénévoles qui t’ont formé tout au long de ta jeunesse en jaune et noir. Ils font partie des hommes de l’ombre mais ils sont pour beaucoup dans ta réussite ? 

 

Oui, ils y sont pour beaucoup car, comme on le dit, l’école de rugby, c’est l’école de la vie et si aujourd’hui, j’arrive à faire toutes ces choses-là, c’est en partie grâce à eux. Je prends notamment l’exemple de Christian Moroni qui m’a suivi depuis que je suis gamin et sans eux, le boulot que j’ai pu faire ne serait pas ici car ce sont eux qui m’ont formé, qui m’ont permis d’arriver jusqu’à cet échelon professionnel. Les bénévoles, ce sont ceux qui nous soutiennent malgré tout et qui sont derrière nous en permanence, dans la défaite comme dans la victoire. Ce sont aussi ceux qui nous permettent de manger le midi, ceux comme Alain et Maurice qui nous amènent les gourdes ou les boucliers. C’est tout un ensemble, une équipe, c’est un coach, des joueurs, des entraîneurs mais ce sont aussi des bénévoles et des supporters. Le mot que je pourrai leur dire, c’est  » merci beaucoup pour toutes ces années que j’ai passé au sein du club  » car ça permet de toujours garder la tête haute et de toujours avoir ce petit sourire en coin parce qu’ils savent nous faire rire quand ça ne va pas et ils ont toujours le petit mot juste. C’est un grand merci à toute cette grande famille.

 

 

Propos recueillis par Loïc Colombié

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