#Edito – Rugby : La Fed1 va-t-elle se faire piller par la Pro D2?

L’une de nos consultantes rugby, nous signe un édito sur la vague de départ en Pro D2 , de joueurs d‘une fédérale1 actuellement à l’arrêt. Un cri du coeur qui tente d’analyser tant la situation contextuelle actuelle , que la lente mais perpétuelle dérégulation du marché des transferts, avec une pointe de questionnement éthique et moral.

Attention, main sur le buzzer, c’est l’heure de « Question pour un rugbymaaaaaaaaan ! »

Vous êtes prêts ? 

Question : qu’ont en commun le talonneur du RC Hyères-Carqueiranne La Crau Killian Tripier, le 2e ligne de l’AS Mâcon Philip du Preez et le talonneur du CS Beaune Santiago Iglesias ? 

Tic, tac, tic, tic … temps écoulé et la réponse est : ils ont tous les trois commencé la saison en Fédérale 1 mais ils la termineront en Pro D2. 

Santiago Iglesias (CS Beaune /Fed1) s’est engagé comme joker médical à l’ASBH (Pro D2)

En effet, Montauban pour le premier, Nevers pour le second et Béziers pour le troisième sont venus faire leur marché dans une F1 à l’arrêt total depuis mi-Octobre pour recruter des jokers médicaux. Bien évidemment, c’est une superbe opportunité pour ces joueurs qui, malgré le fait de n’avoir pu se montrer que sur 5 ou 6 matchs au mieux, ont tous été repérés pour leurs indéniables qualités. Jouer en Pro D2 est bien sûr un rêve, ou parfois un objectif avoué, pour beaucoup de joueurs amateurs ou semi-professionnels évoluant dans les championnats Fédéraux. 

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Pourtant, ces recrutements peuvent légitimement interpellés. Doit-on y voir un signe que le championnat de Fédérale 1 ne reprendra pas ? S’il n’y avait pas eu cet arrêt Covid, ces mêmes clubs de Pro D2 seraient-ils quand même venus démarchés au plein cœur d’une saison qui battrait son plein ? Si la Nationale était-elle aussi suspendue, l’antichambre du Top 14 aurait -elle été regarder du côté de cette division ? Si la Fédérale 1 repart, est-ce juste pour les clubs qui ont perdu ces joueurs ? Autant de questions sans forcément de réponses. Bon, en ce qui concerne la dernière, elle peut légitimement être débattue, car s’il s’était agi d’une blessure, elle ne se poserait sans doute pas mais n’empêche … 

Il ne faut pas se mentir, la Fédérale 1 est exsangue. Aucune rentrée d’argent en termes de recettes depuis bientôt 4 mois, des petits partenaires (qui sont les plus nombreux au soutien des clubs de cette division) pris à la gorge par la crise économique et sanitaire, des joueurs qui ne peuvent s’entraîner que dans le respect du couvre-feu à 18h mais qui, surtout, s’entraînent pour ne pas jouer. Ils n’ont plus de défi à relever, plus de challenge à affronter, plus de qualifs à aller chercher, plus de trophée à décrocher. On dit que la retraite est la petite mort du sportif, il n’est pas certain que cette situation n’en soit pas une non plus. 

La crise du Covid a laissé un nombre incalculable de rugbymen sur le carreau, trop de joueurs se retrouvant sans club. Pourquoi aller chercher des joueurs qui sont « officiellement » en activité et ne pas attendre que la fin de saison soit décrétée ? S’ils sont bons aujourd’hui, ils le seront tout autant demain mais seuls les décideurs de la Pro D2 ont cette réponse. Il ne faudrait juste pas que les pros ne jettent un œil sur la Fédérale que lorsque ça les arrange. 

Si l’on voit le bon côté des choses et que l’on veut rester purement pragmatique, on peut parler d’un salaire économisé pour les clubs dans ces moments où chaque centime vaut un lingot d’or. L’opportunité sportive pour les joueurs concernés d’aller s’exprimer dans le monde professionnel de l’antichambre du Top 14 ne souffre bien évidemment d’aucune contestation. Et, une fois encore, on ne pourra que louer la Fédérale 1, dénicheuse de pépites, de joueurs de valeur qui feront le bonheur de la Pro D2. Preuve s’il en est que le monde pro a besoin du monde amateur même si les traitements sont différents et que jouer en F1, F2 ou F3 n’est en rien infâmant. 

Mais humainement, ça reste un coup dur. On se sent partagé entre la joie de voir ces joueurs de F1 réussir mais il va être dur de les voir partir comme ça, en cours de saison, alors que les clubs n’ont pu se revoir tous ensemble depuis le mois d’Octobre. Il avait déjà été très dur de vivre l’après Covid2020 avec bon nombre de joueurs partis dans d’autres clubs ou à la retraite sans avoir pu être fêtés comme il se devait. Là encore, on va dire au revoir à travers les réseaux sociaux sans même donner l’accolade du « good job, garçon, défonce tout sur ton passage et merci pour tout ce que tu nous as apportés ». Sans tomber dans le misérabilisme, sale période quand même. 

Il y a fort à parier que d’autres suivront le chemin de Philip De Preez, Killian Tripier et Santiago Iglésias, que ce soit aujourd’hui ou demain. Les supporters pourront toujours se réjouir de voir la Fédérale 1 sur les terrains de Pro D2. Mais grosse pensée à leurs potes, à leurs coéquipiers qui eux restent en galère sans aucune idée de ce que l’avenir sera fait et qui, pour certains, sont même en train de remettre le rugby en question. Grosse pensée aux clubs et aux dirigeants qui se battent jour après jour non plus pour vivre mais pour survivre. Grosse pensée au rugby amateur qui délivre des joies et des émotions aussi intenses que les joutes professionnelles. 

Allez, main sur le buzzer et dernière question : il va où, notre rugby ?

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S.M

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