Le retour de la Coupe de France au premier plan, c’est l’occasion de se rappeler les plus belles légendes de cette mythique compétition de football. Du Calais RUFC au Stade de France en 2000 aux Herbiers face à l’ogre Parisien, tout petit Poucet a écrit la légende de cette Coupe. De quoi raviver des souvenirs chez Frederic Marguet, aujourd’hui à Rouen, qui a pu frotter ses gants à ceux de José Luis Chilavert lors de la confrontation entre l’ASOA Valence et le RC Strasbourg il y a 20 ans de cela.

Revenons à cette affiche de mars 2001, vous affrontez le RC Strasbourg avec dans ses cages une légende du football, José Luis Chilavert. Comment on se sent au coup d’envoi ?
On a joué contre une légende du football c’est clair. C’est d’autant plus particulier pour moi qui étais gardien de but. C’était un peu particulier pour moi cette rencontre. A la base je ne devais pas jouer. Se retrouver contre Chilavert, c’était quelque chose d’exceptionnel. J’ai éprouvé un grand respect au vu de sa carrière, mais en même temps, il était très sympathique. Même après le match, nous avons bien parlé ensemble. J’étais jeune en ce temps là j’avais 20-21 ans. Il m’a donné toutes ses affaires à la fin du match. Je l’ai donné à mon fils maintenant, ça lui fait un beau souvenir. Le match reste un très bon souvenir, dommage que nous ayons été éliminés ce jour-là (rires).
Qu’avez-vous retenu de cette rencontre justement, contre le futur vainqueur de la compétition qui plus est ?
Avec Valence nous étions en National à l’époque donc déjà Strasbourg c’était affronter une Division 1. En 1/32èmes, nous avions déjà éliminé le Monaco de Giuly et Porato. C’était déjà une grosse performance. Même Strasbourg avait une grosse équipe avec Martins notamment, même s’ils sont descendus. Pendant le match, on fait abstraction du public. En jouant en National, il y a rarement 20 000 personnes au stade. Nous avions quand même en tête de passer. Strasbourg, ils nous ont respecté. Monaco à l’inverse, nous avait pris un peu de haut. Dès le coup d’envoi, Strasbourg a été très pressant et on voyait clairement l’écart entre une équipe de D1 et son adversaire de National.
Vous dites avoir un peu discuté avec Chilavert, il a pu vous glisser quelques conseils pour votre carrière ?
Non des conseils non. C’était bon enfant, on s’est retrouvé dans les vestiaires, on a bu un coup ensemble au club-house. Il ne parlait pas très bien le Français. Le gardien remplaçant de Valence était Espagnol donc il faisait un peu la traduction. C’était une bonne personne et très impressionnant physiquement. Quand je suis rentré dans le tunnel avant d’entrer sur le terrain, il m’a serré la main, il devait avoir une tête de plus que moi et 40 kg de plus aussi ! Là on se dit que c’est un autre niveau. Lui c’est un poids lourd et moi un poids plume.
José Luis Chilavert était également connu pour être un expert en coup-franc, vous avez pu vous y frotter ?
Je l’ai vu à l’échauffement. Je vais vous raconter une petite anecdote à ce sujet. Avant le match, j’avais eu une interview du journaliste de Valence, il m’a posé la question sur les coup-francs. Il m’a demandé si je n’avais pas peur qu’il m’en mette un et je lui ai répondu « J’espère que ça ne sera pas moi car si c’est moi, ça sera marqué que son premier en France c’était contre moi. » Je le voyais à l’échauffement tirer des coup-francs, et il ne mettait que des lucarnes ! Je me suis dis « ça c’est pour ma poire (rires). » On restait attentifs à son échauffement, ça reste une légende. Moi j’avais la vingtaine donc j’étais curieux de voir comment il abordait la compétition. Au niveau des coup-francs, quand on voyait la puissance qu’il mettait, je me suis dis que ça allait être chaud. Mais ça va, il n’a pas eu de coup-franc (rires). Nous sommes passés à travers.
Ça aurait été le but encaissé le plus historique de votre carrière !
Oui mais enfin (rires) quand on est gardien, on n’aime pas trop prendre de but. J’en avais déjà pris deux dans la casquettes ce soir-là.
Personnellement cette rencontre, cumulée à celle de Monaco, vous a-t-elle fait grandir sportivement parlant ?
Oui carrément. Grâce à ce match qui était retransmis sur Eurosport, j’ai eu plusieurs propositions en France et à l’étranger. Du coup je suis parti en Ligue 2 au Portugal. Ils avaient vu le match à la télé et l’entraîneur cherchait un gardien donc il s’est mis en relation avec mon agent. J’avais aussi d’autres clubs comme Châteauroux, Nancy, Montpellier. Mais partir à l’étranger me tentait. Au Portugal le foot, c’est quelque chose. Il y a deux choses là-bas, le foot et la religion. J’ai pu pratiquer les deux (rires).
Ce départ au Portugal ne vous a donc pas permis de vivre d’autre aventure Française similaire…
Non. Après j’ai fais des matchs de Ligue 2, comme à Saint-Etienne où le Stade était en ébullition. Je n’ai jamais connu la Ligue 1 sinon. Quand je suis parti en CFA à Avion, j’ai un peu reconnu ces sensations de la Coupe de France avec un beau parcours. Nous étions partis jouer à Mayotte, on a reçu Metz qui était en Ligue 1. La Coupe de France, c’est vraiment particulier. Ça permet d’avoir des souvenirs et des sensations que l’on n’a pas au quotidien.
Aimeriez-vous revivre de telles sensations avec le FC Rouen maintenant ?
Oui, on l’espère. L’année dernière ils avaient fait un super parcours en Coupe de France. Ils ont éliminé Metz 3-0 qui était en L1, Orléans qui était en L2 et ils ont perdu contre Angers. Cette année, on espère revivre ça un peu (déplacement au FC Flérien pensionnaire de R1 le 31 janvier).