#Rugby – Nationale / F.Parry (Dijon) : «Pour l’attractivité, on misait beaucoup sur de la retransmission TV.»

Lors de notre débat sur « la médiatisation de la division Nationale », le Vice Président du Stade Dijonnais, François Parry, est venu échanger avec nos invités : Jean Henry Tubert (Bourgoin), Michel Ringeval (Chambéry) et Jean Jacques Veyrac (Albi). Pour les bourguignons, qui ont mis à l’ouvrage les collectivités territoriales sur le dossier « modernisation du Stade Bourillot », l’apport de rencontres télévisées en clair, serait un joli retour sur investissement pour ses partenaires. En Côte d’Or, les perspectives de pouvoir drainer une image dynamique du club et la mise en valeurs de cette nouvelle compétition qu’ est la Division Nationale, sont une réjouissance. Pour Francois Parry, le développement des stadistes, comme de ce championnat, passe à court terme par une visibilité médiatique accrue, quelque en soit le diffuseur.

François, qu’avez-vous pensé de ce format de compétition et est-ce que, pour vous, la poule unique est le meilleur format pour vendre la Nationale ? 
F.Parry (Dijon) : C’est vrai que ça a fait l’objet de pas mal de débats, y avait deux lignes, celle de la poule de 7 et celle de la poule unique. Côté Stade Dijonnais, nous avons préféré continuer sur la poule unique ce qui, à mon avis, donnait avant tout plus de lisibilité car, plus c’est clair, plus c’est simple mieux c’est compris dans une année où rien n’est simple en termes de déroulement de championnat. La poule unique a l’avantage de garder le tracé qui avait été défini en début de saison, certaines journées vont effectivement être supprimées mais pour nous, on garde un déroulé qui est assez logique et surtout lisible, que ce soit vis à vis des partenaires ou des supporters. 
On va parler du contexte de médiatisation. Actuellement, mis à part quelques diffusions radios locales et quelques articles web, il n’y a pas de médiatisation par rapport à l’année dernière en Fédérale 1 où, tous les week-ends, un match était mis en exergue. A Dijon, comment avez-vous vécu le fait d’avoir un super produit sportif mais qui n’a quasiment pas de visibilité télévisuelle ? 
F.Parry (Dijon) : On a été un tout petit peu embêté et on a pu s’expliquer. Pourquoi je dis ça ? Parce-que nous avons  » vendu  » cette poule Nationale à la ville de Dijon et à la Métropole en disant que ça allait donner de la visibilité non seulement au Stade Dijonnais mais également à Dijon. Pendant l’été et l’intersaison, nous avons eu le remplacement de l’éclairage du terrain d’honneur pour être aux normes et qui a été réalisé par la Métropole et nous avons également complètement refait le terrain. Donc, nous avons amené deux outils en préparation de cette poule Nationale, par rapport au terrain, il est certes indéniable qu’il y a un confort de jeu pour les équipes mais c’est vrai que, pour de l’attractivité, on misait beaucoup sur de la retransmission TV. On a investi dans de l’éclairage, dans des tribunes car on a maintenant plus de 2 000 places assises et pas de diffusion TV plus l’impossibilité, mais ça, c’était historique, de diffuser des lives par nos propres moyens. De toute façon, le Covid est arrivé après donc, nous avons été bien occupés par ailleurs. Mais c’est vrai que c’est dommage qu’il n’y ait pas, pour le moment, d’accord trouvé sur des retransmissions de matchs. 
Surtout qu’à Dijon, vous êtes un club très porté sur le marketing et l’image. Vous essayez de beaucoup soigner votre image ? 
F. Parry : Oui, c’est vrai que c’est un axe que nous développons depuis plusieurs années avec beaucoup de réseaux sociaux. Historiquement, Dijon est une terre de rugby, il y a un passé mais ce n’est pas forcément une terre de supporters donc, il faut qu’on bosse vraiment là-dessus pour amener plus de monde les jours de matchs à Bourillot. Ce n’est pas propre au rugby, nous avons la chance à Dijon d’avoir énormément de sports en haut de championnat, que ce soit le DFCO en Ligue 1, la JDA qui est également en Jeep Elite et en Coupe d’Europe, le hand se porte bien. Nous avons beaucoup de sports mais il est vrai que nous n’avons pas un public de supporters donc, à nous de nous rendre attrayants pour qu’ils viennent nous voir. 
Est-ce que vous n’avez pas peur à Dijon qu’en médiatisant trop cette Nationale, on vide les stades ? 
F. Parry (Dijon) : Nous n’avons peut-être pas la même problématique qu’Albi car nous n’avons pas la même affluence les jours de matchs. Nous ne l’avons pas quantifié mais je ne suis pas sûr, de toute façon, nous n’avons jamais eu de retransmission à Bourillot donc on ne peut pas savoir. 
Ca arrivera …
F.Parry (Dijon) : On l’espère bien mais du coup, on ne peut pas dire si ça vide. Par contre, je voulais apporter un petit complément ; je pense qu’au-delà de l’intérêt de chacun des clubs de cette Nationale d’être retransmis à la télé, ça donne aussi vie à la Nationale. Ça sert tout ce championnat, ne serait-ce que par les réseaux sociaux et j’en reviens au Bourgoin / Dijon où nous avions fait plus de 400 000 vues, il est sûr que ça devient un argument marketing et commercial. Ça devient une visibilité et on n’est pas simplement retransmis avec quelques spectateurs parce-que ça donne de l’intérêt à ce championnat. Nos partenaires sont aussi essentiellement locaux donc, ce n’est pas leur vendre de la retransmission télé qui va forcément les intéresser par contre, 400 000 vues, cela veut dire qu’il y a de l’intérêt et de l’appétence, que les gens sont intéressés par ce type de match et donc, ça donne forcément de la crédibilité à cette Nationale. 
Il y a peut-être aussi la possibilité de faire des maillots avec des sponsors spéciaux pour les retransmissions télé ?
F. Parry (Dijon) : Oui, pourquoi pas. Et puis, il y a 18 mois, nous nous sommes équipés d’un écran géant et de bandeaux LED et là, par contre, il y a une très forte envie de la part des partenaires. Et si le bandeau LEDS est du bon côté des caméras, là, ça amène de l’argumentaire. Mais nous n’avons pas encore fait habiller Paul pour déshabiller Jacques. (Rires)
On va passer à un autre registre et à notre info Le Mag Sport. D’après nos sources, la chaîne L’Équipe va, à priori, diffuser 8 matchs sur la phase retour entre Janvier et Mai, elle va aussi donner l’autorisation et/ou aux clubs d’auto-diffuser les autres matchs. Qu’en pensez-vous à Dijon ? 

F.Parry (Dijon) : C’est une super nouvelle et c’est très bien. Après, on verra les matchs, on va bien entendu croiser les doigts pour au moins en avoir un, ce serait sympa de pouvoir utiliser le nouvel éclairage en mode télé. 
Pour rentabiliser l’investissement de la Mairie de Dijon ? 
F.Parry (Dijon) : Cela fait très longtemps que l’on ne demande plus à la Mairie d’être un apporteur de subventions mais d’être un partenaire. Donc, il est clair que la Métropole Dijon attend également ces retransmissions télé parce-que ça donne de la visibilité à la ville et ils trouvent aussi leur intérêt. Il est évident que l’on attend ce match-là mais, la bonne nouvelle aussi si on est retransmis à l’extérieur, c’est que les supporters du Stade pourront nous voir. Je n’ai pas encore fait Albi mais j’ai fait Dax, il y avait aussi de belles conditions marines, avec 16h de route sous la pluie, la voiture était très propre et on est ressorti très humides du stade. On ne peut pas demander à tout le monde de parcourir la France même si, sportivement, c’est vraiment super donc oui, ça a un intérêt d’avoir des matchs retransmis, c’est évident. 
En clair, vous entendez que, dans le Sud-Ouest, on est noyé sous l’eau ? 
F.Parry (Dijon) : Non, je pense que nous n’avons pas eu de chance ce jour-là, Dax est une ville thermale, ça doit être pour ça. (Rires) Le deuxième aspect, si on a effectivement la liberté de retransmettre, c’est qu’il est évident que l’on prévoira des directs. Par quel réseau social ou par quel média, on verra, mais c’est aussi une très belle nouvelle de liberté parce-que ça permet également de fidéliser le public. 
Au cas où L’Équipe diffuse ces matchs, on va voir un sujet apparaître sur la table. Le vendredi soir, il y a le Top 14 avec Canal +, L’Équipe faisait 500 000 téléspectateurs quand ils étaient seuls sur ce créneau-là et il y a donc des chances que les matchs ne soient plus diffusés le vendredi soir à 21h. Quel serait le créneau qui pourrait convenir aux clubs tant en termes de visibilité qu’en termes sportifs ? 
F.Parry (Dijon) : Avant l’épisode confinement / Covid, on avait demandé à tous les clubs de Nationale de faire des propositions de dates. A la base, on souhaitait sortir du créneau du dimanche à 15 heures et on proposait des vendredis soirs ou samedis soirs parce-que ça nous permet aussi de proposer une nouvelle offre à laquelle les partenaires et les supporters n’étaient pas habitués. On venait le dimanche au Stade Dijonnais, là, c’est de passer une soirée stade, au lieu de faire un repas d’avant-match, c’était le repas d’après-match. Je me mets vraiment dans un contexte hors-Covid mais un soir, ça peut être une bonne période. Vendredi, pas forcément mais le samedi, nous, on se cale. Sur Dijon, on a aussi l’avantage que la plupart des matchs du DFCO qui est en Ligue 1 se jouent maintenant le dimanche à 15 heures donc, aussi bien d’un point de vue affluence que retransmission, on n’a plus forcément intérêt non plus à jouer le dimanche à 15 heures. Mais nous en sommes un peu loin puisque, pour le moment, tout le monde est à huis-clos. 
On va parler un peu de gros sous. Certes, on sait bien que les droits TV de la Nationale n’atteindront jamais ceux du Top 14 ou de la Pro D2, avec les 1M7 qu’il y a en Pro D2. Mais quels chiffres commenceraient à être intéressants pour la Nationale ? 
F.Parry (Dijon) : Ce n’est pas un joker que je demande mais je ne sais pas. Honnêtement, et contrairement à d’autres clubs, nous n’avons jamais connu cette expérience télévisée donc forcément, nous n’avons pas de repère là-dessus. Maintenant, il est vrai que les 2 000€ qu’il y avait l’année dernière sont plus de l’aumône qu’autre chose. Ca doit participer aux budgets des clubs de Nationale et on doit aussi être assez malins agiles et intelligents pour justement se servir de ce média-là pour faire vivre cette Nationale parce-que, ce qu’il faut, c’est l’ancrer. Ca a été dit, elle a effectivement été créée pour faire face à la première crise Covid et je pense qu’il faut vraiment que la Fédé et les clubs l’installent dans le temps et qu’elle devienne vraiment une division à part entière comme peuvent l’être le Top 14 et la Pro D2. Je fais une réponse politique car je n’ai pas d’élément factuel sur ce qui serait bien donc, je dirai que le plus possible ne serait pas déraisonnable. 
C’est quasiment digne du Quai d’Orsay
F.Parry (Dijon) : Je n’ai que ça (rires). 
Il y a quelques mois sur nos ondes, on a aussi entendu Bernard Laporte parler de naming pour la Nationale. Là, on n’est plus sur le côté visible mais sur le côté économique avec une Nationale qui, par exemple, s’appellerait  » Nationale Heineken  » comme la Coupe d’Europe ou autre. Ça aurait de la gueule ? 
F. Parry (Dijon) : Oui, Heineken, ça aurait beaucoup de gueule et ils seraient très contents. Je pense que ce serait peut-être un peu compliqué en France. 
Oui, je prenais l’exemple de la H Cup en naming
F.Parry (Dijon) : La Nationale Champomy pourrait être bien (rires). Le naming est quelque chose qui se démocratise de plus en plus mais la vraie question est  » où va le chiffre d’affaires de naming, est-ce qu’il est réparti aux clubs, à la Fédé ? « . Je crois que c’est avant tout cette question-là qui doit être posée et après, je pense que l’on a toutes les compétences marketing pour choisir le bon partenaire qui amène une image positive à la Nationale, on va dire qu’il ne faut pas se tromper de marque. Mais, où va l’argent de ce naming ? Ça, je ne le sais pas. 
On va se projeter dans l’avenir. Dans 4 ou 5 ans, comment envisagez-vous et imaginez-vous cette Nationale ? 
F.Parry (Dijon) : Qu’elle se soit vraiment inscrite dans le paysage du rugby, que ce soit un tremplin entre le championnat de Fédérale 1 et les divisions vraiment pros. En Fédérale 1, les clubs deviennent de plus en plus professionnels et que ça serve effectivement de tremplin mais surtout, que ça offre aussi aux partenaires, aux supporters, aux collectivités un beau championnat. Dès qu’il y a eu la création de la poule Nationale, nous avons communiqué sur les affiches que nous allions recevoir à Dijon et ça n’a laissé personne indifférent. C’est sûr que l’on perd les derbys, dans le cadre de Dijon, on va perdre un Dijon / Beaune et un Dijon/ Nuits-Saint-Georges. Oui, certes mais à côté, les clubs que l’on reçoit évoquent quelque chose et donnent envie de venir voir. 
Quand il y a des gros matchs comme Dijon / Narbonne, le dernier que vous avez eu, est-ce qu’on voit des nuitons ou des beaunois arriver à Bourillot pour voir ce qui se passe en Nationale ? 
F.Parry (Dijon) : Oui, ils viennent quand ça ne se télescope pas. On jouait un samedi soir avec des contraintes et une jauge donc, on n’a pas forcément bien mesuré comment les gens auraient pu venir s’il n’y avait pas eu ça mais quand ça ne se télescope pas, oui, on va se voir. On ne va pas se voir pour faire de la veille concurrentielle mais parce qu’entre clubs, on se connaît tous, on a joué en Fédérale, on a surtout fait des 3es mi-temps et tant qu’il y aura cette possibilité-là, bien entendu que les gens viennent. Et puis, nous sommes dans un rayon de 40 km, ça n’est rien du tout. 

Propos recueillis par Loïc Colombié

https://hearthis.at/radio.albiges/magsport-20-novembre-2020/

Retrouvez l’intégralité du « Débat sur la médiatisation » lors de l’émission « Le #MagSport – RadioAlbiges » du 20 Novembre 2020.

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