Nous sommes partisà la découvertede Titouan Pouzoulic, une des jeunes pépites du Sporting Club Albigeois, arrivédurantle confinement en provenance des Espoirs du SU Agen. Ayant fait ses premiers pas au CA Castelsarrasin 82, ce jeune demi de mêlée (20 ans) à la vista déjà fort développée, a débarqué en terre tarnaise avec la ferme intention de goûter au haut niveau dans ce championnat de Nationale. En concurrence au poste avec Julien Menoret et Martin Doan, l’ex pensionnaire d’Armandie apprend aussi énormément aux côtés d’un des papas du groupe : Kevin Boulogne. Interview portrait avec un joueur en devenir qui vas’évertuer tout au long de la saison, d’essayer de bousculer l’ordre établi, tout en continuant de parfaire son apprentissage.
Crédit photo Pierre Bras
Tu t’es engagé avec le Sporting Club Albigeois il y a quelques mois, pendant le confinement. Tu as été repéré par Romain Lalliard, qu’est-ce qui t’a amené en terre tarnaise ?
J’ai goûté pour la première fois l’année dernière aux matches avec les professionnels et j’avais d’y goûter le plus possible la saison prochaine. Ce défi se présentait avec peut-être une opportunité de jouer des matches avec les plus grands et du coup, j’ai saisi l’occasion.
On sait qu’au centre de formation d’Agen, il y a un certain Julien Guiard, qui est très proche du SCA. Ca a participé au fait que Romain Lalliard soit venu te chercher ?
Un peu, oui. Le Sporting cherchait un profil un peu comme le mien assez urgemment, avec la période assez compliquée du confinement. Du coup, Julien Guiard a été important dans cette démarche, ils se sont mis en rapport avec Romain Lalliard qui m’a tout de suite contacté et après, tout s’est fait très, très vite.
Au Sporting Club Albigeois, tu as la chance d’arriver dans un groupe qui est assez bâti. Et puis, à ton poste de N°9, de demi de mêlée, il y a des joueurs qui sont de ta génération, il n’y a pas trop de marge d’écart avec Julien Menoret et Martin Doan. Ca doit être plus simple pour l’intégration ?
C’est vrai que, de prime abord, ça m’a un petit peu surpris. C’est hyper jeune à ce poste où, pourtant, on cherche souvent de l’expérience. Donc, c’est vrai que ça s’est bien passé, le feeling passe bien, on a que deux ans d’écart tous les trois. Même sur le terrain, on retrouve un peu les mêmes choses et on peut se filer des conseils donc, c’est bien.
Il y a de la jeunesse mais aussi un peu d’expérience parce qu’on a au Sporting Club Albigeois un demi d’ouverture qui s’appelle Kevin Boulogne, qui a commencé au poste de demi-de-mêlée. J’imagine qu’en bon » papa » du groupe, il doit parfois venir te donner quelques petits conseils ?
C’est clair. C’est un joueur que j’apprends à découvrir et qui a vraiment une super énergie. Il fait un peu le papa à l’entraînement, il fait parfois des passages en demi de mêlée et ça règle tout le monde. Il montre l’exemple, il vient toujours nous donner deux, trois petits conseils. Il est assez directif mais en même temps, il nous tire beaucoup et nous amène beaucoup. Pour les jeunes, c’est top d’avoir des mecs avec une expérience comme ça, c’est cool.
C’est un peu une source d’inspiration ?
Un peu. Surtout quand on voit la facilité qu’il a quand il est sur le terrain, ça donne envie de faire pareil. Et puis, je pense qu’il est dans une période de sa carrière où il n’a plus rien à prouver à personne donc, il est vachement dans l’échange et il est relâché. C’est du bonheur de s’entraîner avec lui.
On va aussi parler du staff, Arnaud Méla et Jérémy Wanin. Quels ont été leurs premiers mots quand tu es arrivé et quelle est la feuille de route qu’ils t’ont donnée ? Ils t’ont sûrement dit » petit, tente ta chance et croque à pleines dents dans cette aventure » ?
En fait ce qui m’a surtout étonné et fait du bien quand je suis arrivé, c’est qu’on a d’abord parlé humain et pas forcément du rugby. Ca, c’est cool quand tu arrives, ils m’ont demandé comment je me sentais, si j’allais bien, si j’avais trouvé un appart, des choses simples mais qui font plaisir. Après, Jérémy m’a pris pour aborder l’aspect stratégique et le projet de jeu du club et de l’équipe. On a ensuite discuté plus en détails mais c’est vrai que je me sens bien avec le staff parce qu’il est super équilibré. A eux deux, ils ont des compétences différentes et qui s’équilibrent vachement donc c’est une super ambiance de travail.
Cette année, le Sporting Club Albigeois va évoluer en Nationale, cette division passerelle entre la Fédérale 1 et la Pro D2. Quel est le regard que tu jettes sur cette division qui est quand même quelque chose qui ressemble de plus en plus à la Pro D2 ?
C’est ça. C’est un regard un peu nouveau, on ne sait pas, c’est ça qui à la fois excitant mais aussi un peu stressant. Même après ce match contre Aubenas, on se demande un peu ce qui nous attend. Et surtout, c’est tout nouveau pour moi qui n’ait jamais joué contre ces équipes donc je ne sais pas vraiment à quoi m’attendre. Il me tarde et en même temps, c’est un peu stressant.
En parlant de stressant et d’adrénaline, tu as fait tes premiers pas le week-end dernier avec le Sporting Club Albigeois face à Aubenas. Quand Arnaud Méla t’a appelé sur le bord de touche pour te dire » allez, maintenant, on rentre sur le pré « , alors que cela faisait cinq mois que tu n’avais pas gambadé sur une pelouse de rugby à balles réelles, même si c’était un match amical, ça a dû un peu te faire monter le palpitant ?
Ah oui, c’est clair ! En fait, le plus dur à appréhender sur ce match a été de gérer l’excitation et pas que pour moi, je pense, mais pour tout le groupe. Tout le monde n’avait qu’une seule envie qui était de jouer au rugby, de faire un vrai match et, du coup, tout le monde était hyper excité. C’était dur à gérer mais, une fois les premières minutes d’excitation passées, toute l’équipe m’a franchement mis dans de bonnes conditions et ça s’est très bien passé. Le plus dur, comme je vous le disais, ça a vraiment été d’appréhender le match : avant le match, j’étais excité comme pas possible, je marchais partout, je me faisais le match comme si je n’avais plus joué au rugby pendant six mois. Mais en fait, c’est ça, cela fait six mois qu’on n’avait pas joué donc, ça fait bizarre.
J’imagine que, vu que tu es jeune,ça n’a pas dû trop couiner physiquement ? Ca a peut-être été un peu plus compliqué pour les anciens mais, pour toi, avec des jambes de 20 ans, ça repart de suite ?
En fait, ça s’est bien passé mais il y a eu les deux, trois premières actions où on se dit » ah, ça pique quand même un petit peu » et puis le second souffle arrive. On peut s’entraîner autant qu’on veut, un match de rugby reste un match de rugby et les efforts que ça demande sont hyper spécifiques. Au final, il y a toujours le premier moment où l’on se dit » ouh là » et en fait, ça passe (rires).
Un petit regard, une petite analyse sur cette rencontre face à Aubenas ? Il y a eu du bon mais il y a eu aussi du moins bon avec un gros passage à vide pendant les 20 dernières minutes ?
C’est vrai que ces matches de reprise sont toujours un peu spéciaux. Il y a plusieurs facteurs et déjà, le fait que nous n’avions pas joué depuis très longtemps et il faut quand même le prendre en compte, c’était pareil pour l’équipe adverse. Le fait aussi que pour ces matches, on constitue des groupes avec beaucoup de joueurs, il me semble que là, nous étions 34 joueurs ce qui fait une revue d’effectif énorme. Quand il y a un gros turn-over, ça chamboule un peu tout et c’est très dur d’avoir des repères collectifs solides sur ce genre de match. Je pense que le but est aussi de voir un peu la tendance chez les joueurs, cerner les profils chez les nouveaux joueurs et autres. Après, franchement, nous avons réussi à contrôler notre excitation de jouer, on a quand même réussi à trouver des repères collectifs, on s’est donné ensemble. Et, comme vous le dîtes, sur les 20 dernières minutes, on a quand même réussi à ne pas encaisser beaucoup de points malgré le fait qu’on a presque eu aucun ballon. Donc, je pense qu’il y a quand même de bonnes choses à retenir, dès qu’on a réussi à mettre un peu de rythme, on a réussi à faire de belles choses qui font espérer de belles envolées pour les premiers matches.
On retiendra aussi surtout la victoire. Premier match amical depuis six mois sans jouer, c’est déjà bon à prendre. Déjà, de re-gambader sur le terrain avec une victoire au bout même si, bien sûr, on s’attendait à ça et qu’il y a des choses à réappointer ?
Oui, il est sûr qu’on a beau se dire que c’est un match amical et que la victoire n’est pas le Graal dans ce genre de match, ça fait quand même plaisir de finir ce premier match depuis si longtemps sur une victoire. Je pense que tout le monde était content de ça à la fin du match.
Quel ton objectif personnel pour cette saison 2020 / 2021 au Sporting Club Albigeois ? Essayer de vivre pleinement cette aventure et d’aller grappiller le maximum de temps ?
C’est marrant que vous le présentiez comme ça parce que c’est exactement l’état d’esprit. Je me dis qu’il y a peut-être une aventure géniale qui s’annonce avec une opportunité de peut-être jouer des phases finales, en tous cas, on essaie de s’en donner les moyens. Je me dis que, si je peux avoir le moindre rôle à jouer là-dedans, ça peut être vraiment génial à vivre pour moi et je vais croquer dans tout ce qu’on me donne, ça, c’est sûr.
Comme tu es joueur de rugby, j’imagine que tu es un passionné et que tu dois lire tout ce qui se fait à côté. Quelle équipe t’impressionne le plus dans cette Nationale ? Peut-être Bourgoin, Narbonne ou Bourg-en-Bresse ?
Ce sont des équipes qui sont très structurées. Je pense beaucoup à Narbonne ces derniers temps parce qu’on devait les jouer mais ça ne s’est finalement pas fait. C’est vrai que j’avais très envie de pouvoir jauger notre niveau par rapport à ces équipes-là. Il est clair que les noms que vous avez donnés sont les équipes les plus en place et les mieux structurées qui vont sûrement mener la danse cette année au classement.
En parlant d’équipe de nationale, si tu pouvais un peu juger cette équipe d’Aubenas, c’est quand même très épais devant et ils vont sûrement secouer quelques équipes ?
C’est ça mais, comme je le disais, je pense que c’est un peu dur de voir les tendances sur ce genre de match-là. Mais c’est vrai qu’ils ont proposé de belles choses en conquêtes, notamment sur les 20 dernières minutes. Si on a un passage à vide, c’est qu’ils font une très belle partition en mêlée et surtout en début de 2e période. Ils ont été très solides en mêlée, on se fait beaucoup pénaliser et c’est ce qui nous a un peu fait du mal donc oui, ils ont l’air assez solides devant.
Tu nous a parlé d’Agen d’où tu viens mais où as-tu commencé le rugby avant ? Parce qu’il y a toujours un port d’attache avant d’arriver dans un club professionnel
J’ai commencé tout petit dans le club de Castelsarrasin et je suis parti à Agen à l’âge de 13 ans où j’ai joué pendant six années, jusqu’à la saison dernière avant d’arriver au Sporting.
A Agen et au Sporting, il y a une personne en commun en plus de Julien Guiard, c’est Henry Broncan, le » sorcier gersois « . Est-ce que tu as eu la chance de le côtoyer ?
Non, je ne l’ai jamais côtoyé mais j’en ai beaucoup entendu parler, c’est certain.
C’est quelqu’un qui marqué les deux clubs. C’est quelqu’un qui doit quand même t’inspirer ?
C’est clair que, déjà, marquer un club comme il l’a fait de ce que j’ai connu à Agen, c’est quelque chose qui est réservé à peu de personnes. Mais marquer autant deux clubs, c’est presque un exploit.
On va te souhaiter une bonne saison 2020 / 2021 sous les couleurs du Sporting Club Albigeois. Et puis, on espère que tu pourras exprimer pleinement ton talent, on a déjà commencé à en voir un petit bout face à Aubenas samedi dernier