Le manager du RC Aubenas-Vals, Mariano Taverna, nous a accordé un entretien pour revenir sur cette saison tronquée par la pandémie, où les ardéchois tiraient leur épingle du jeu (4ème de la poule 2 de fédérale 1 à l’arrêt des compétitions). Mais pour celui qui enchaîne sa 3 eme saison sur le banc du RCAV, la perspective d’une ProD3/Nationale1 la saison prochaine, l’intéresse grandement sportivement. Aubenas ayant connu la fédérale 1 Élite et ses dérives jusqu’a son arrêt en 2018, le club et les dirigeants préfèrent attendre de voir le cahier des charges FFR, avant de motiver une réponse. Focus sur un club , réputé pour son bouillant public , mais qui sait prendre le temps de soupeser les choses avant de s’engager.

On est heureux de faire un éclairage sur Aubenas et sa magnifique saison, qui ne s’est malheureusement pas terminée, mais cette année, vous étiez lancés comme des frelons et c’était du grand Aubenas. Vous êtes allés chatouiller les gros calibres Narbonne Bourg-en-Bresse et j’imagine que le coach que tu es doit être ravi ?
Oui, on a beaucoup travaillé cette saison, on avait vraiment posé les bases au mois de Juillet. Le groupe était très jeune mais on a bien bossé avec un staff complet, je ne suis pas tout seul à travailler. Il y a Yann Rave pour les 3/4, Yvan Ducournau à la préparation physique, Fabien Bertrand avec mes avants à la mêlée, Régis Saunier pour les soins kinés, Jérôme Cassius qui s’occupe du centre de formation et de la performance. On a beaucoup bossé tous ensemble et je crois qu’on a fait une belle saison qui, malheureusement, s’est finie trop tôt et en plus, sur une note un peu amère. On était sur un bloc très dur avec la défaite à Bourgoin alors qu’on était plutôt sur une lancée positive et qu’on avait trouvé les bons réglages. On espère qu’on pourra le répéter l’année prochaine.
Est-ce que tu penses pouvoir conserver ce groupe en grande partie ? Il y a en effet une problématique récurrente qui fait qu’à chaque fois qu’une belle génération sort à Aubenas, les clubs d’à côté viennent souvent se servir
Malheureusement oui, depuis deux que j’ai pris l’entraînement, c’est un peu comme ça et on a perdu quelques joueurs. Cette année, c’est peu le cas aussi et on a des départs. Des clubs sont venus chercher des joueurs parce qu’ils ont des moyens économiques différents des autres, des projets différents à proposer. On conçoit qu’il y a une rotation et que c’est comme ça mais nous, on se prépare en amont. On est sur le début d’un projet et on espère pouvoir trouver la sérénité rapidement.
Pour toi, ce groupe n’est pas encore arrivé à maturité et il a encore une marge de progression ?
Oui, je pense qu’il a encore une marge de progression. Les joueurs qui vont rester sont dans leur 3e année et il y a encore de quoi progresser. On a de très, très jeunes joueurs qui sont arrivés il y a deux ans, date à laquelle on a mis en œuvre notre système de travail pour que les joueurs évoluent. C’est notre philosophie de travail, on a un staff qui bosse pour eux, on arrive à faire évoluer nos joueurs et à trouver les réglages qu’il faut pour cela. Bien sûr, on n’a rien inventé et on n’est pas plus intelligent que les autres, on reste en toute humilité. Mais, on travaille dans ce sens-là et les joueurs arrivent à évoluer chaque année.
On va laisser la saison passée de côté pour se projeter sur la future saison. Aubenas est actuellement au cœur de l’actualité puisqu’on avait eu des échos que le club ne voulait pas faire partie de cette future Nationale 1, la division intermédiaire entre Pro D2 et Fédérale 1. Maintenant, les échos s’inversent et finalement, tout compte fait, vous en seriez. Où en est-on exactement ?
Oui, le club a cette volonté d’y aller, Il a participé à la Poule Elite par le passé et les résultats ont été là. On attend d’avoir tous les éléments concis. Notre président est quelqu’un de très mesuré, il veut qu’on travaille dans la sérénité. On ne veut pas mettre le club en danger et ça, c’est le mot d’ordre. Nous sommes bien sûr très compétitifs, tout le monde voit l’intérêt d’y être mais il faut que tous les éléments soient bossés l’un derrière l’autre et avoir tous les tenants et les aboutissants de cette division-là. C’est intéressant et en étant joueur passé par la Poule Elite, c’est quelque chose de très bon. On espère que tous les éléments et tous les voyants soient au vert pour y être.
Il y a un élément sportif, il y a un élément financier mais il y a aussi un élément infrastructurel. On sait que Dugradus est un chaudron, bouillant comme la braise mais, le problème pour la Nationale 1 peut être que le stade ne sera pas aux normes pour la télé ?
On attend le cahier des charges et de savoir ce qu’il y a dedans pour voir comment ça va se passer. Il y a un projet de nouveau stade, c’est une entente publique / privée avec notre président. C’est un stade qui va se construire dans le long terme, sur deux ou trois ans. Nous, on a notre Dugradus qui nous est très cher et qui fait partie de l’histoire de notre rugby. Donc, on attend de savoir des choses comme cela mais, sportivement, on est convaincu qu’on peut y aller, on l’avait montré cette année. La poule 2 de Fédérale 1 ne se compare pas au National mais il y avait de très gros calibres et on a pu rivaliser. Sportivement, on a tout ce qu’il faut mais bien sûr, le mot d’ordre du président, je le répète est de ne pas mettre son club en danger. On est dans une période très particulière avec des incertitudes et tout doit être travaillé pour qu’on puisse être sereins. Dans certains cas, ça peut mettre le club en danger et ça, c’est chaud.
Si vous êtes en Nationale 1, vous aller faire de ce fief de Dugradus un levier à Aubenas pour que cela devienne un traquenard et un endroit qui fasse un peu » claquer des genoux » les adversaires ?
Certainement. Moi, en étant joueur d’Aubenas pendant 6 ans, j’ai pas mal vécu en Fédérale 1 et je n’ai pas vu beaucoup de stades comme Aubenas, un peu perdu dans la montagne, près de la rivière, avec 2 500 voire 3 000 ou même 4 000 personnes cette année. Ça fait partie de notre identité, on construit et on tient beaucoup compte de notre identité au rugby. Dugradusfait partie de notre manière de jouer et de notre identité donc, bien sûr qu’on compte sur notre public qui, je pense, sera là, derrière nous, avec la Nationale. Ce sera, comme on l’a fait par le passé, notre maison qu’il faudra défendre avec des mecs qui ont envie.
Si tu es en Nationale, l’objectif sera de vous positionner où dans ce championnat ? Dans le ventre mou ou bien, comme cette année, d’essayer d’aller titiller les gros ? Car l’année dernière, la poule 2, la » poule de la mort » ressemblait à une mini Fédérale 1 Elite avec Aubenas, Nice, Narbonne, Bourg, Bourgoin. Il y avait du lourd.
C’est difficile de se positionner maintenant alors qu’on n’a pas commencé les entraînements. Pour nous, ce sera de faire les meilleures performances possibles avec surtout l’objectif de rendre notre stade imprenable. Je le dis toujours à mes joueurs, je pense que c’est la limite que l’on se fixe et cette limite-là, on peut la repousser avec notre travail et notre investissement. Notre objectif sera de repousser les limites et d’aller le plus loin possible pour performer du mieux possible. Ça sera très dur et surtout, la question portera sur l’enchaînement des matches et des hautes performances. Mais, je pense qu’on en a eu un premier goût cette année et je suis convaincu qu’on peut arriver à conserver un haut-niveau sur plusieurs matches.
Si tu devais nous décrire le rugby ardéchois en quelques mots, quels seraient-ils ?
On a créé un projet depuis deux ans avec beaucoup de rigueur et d’investissement. On se base sur une défense très, très forte et agressive et on a essayé de créer et de prendre beaucoup d’initiatives en attaque. Ça fait partie de notre identité, on a un groupe jeune qui aime bien jouer et le jeu et ça aussi fait partie de l’identité des joueurs. Je suis maintenant un Argentin / Ardéchois qui garde ses racines, nous, on ne lâche rien et c’est ce qui fait notre marque de fabrique.
On te remercie, ne manque pas de passer le bonjour aux Castagnols et aux Marrons Chauds, les groupes de supporters de l’Ardèche et d’Aubenas et on te dit à très bientôt, si on arrive à t’avoir au téléphone
C’est compliqué mais on y arrive quand même (rires). Le bonjour sera passé et je pense que les supporters sont en manque de rugby comme nous tous. Merci pour ton appel, ça fait toujours plaisir car je suis sur ta radio et le site internet, le très gros boulot que tu fais pour notre division. Et merci pour être avec nous, continue comme ça.
Propos recueillis par Loïc Colombié

Retrouvez l’itw de Mariano Taverna lors de l’émission « Le #MagSport – RadioAlbiges » du 29 mai 2020.