#ExcluMagSport – Rugby / M.Buzy-Pucheu (FFR) : «On est tombé sur un système verrouillé!»

Lors d’une interview exclusive, ce vendredi 22 mai 2020, en début d’après-midi, Maurice Buzy Pucheu a balayé l’actualité de la fédérale 1. Du renoncement de la fédé à voir monter Albi et Massy en Pro D2, à l’isolement de la LNR et de clubs professionnels (Top 14 / Pro D2), en passant par la genèse de la future Nationale 1 ou encore la relégation administrative du Stade Nantais, le vice président FFR en charge du monde amateur n’a éludé aucune question. Alors que de nombreuses interrogations subsistent concernant le montage économique de la future Nationale1, et que la prochaine rencontre France Rugby/LNR du 28 mai 2020 devrait être déterminante, MBP vient porter médiatiquement le cap fédéral. Entretien avec un patron du rugby amateur, qui malgré un « système verrouillé » qu’il dénonce, scande haut et fort :  » Je ne veux pas être, le vice président qui enterre le lien entre rugby amateur et professionnels. ».

Maurice Buzy-Pucheu, depuis notre dernier entretien, de l’eau a coulé sous les ponts et pas mal de choses se sont passées, surtout en Fédérale 1. Du fait de cette crise du coronavirus qui est venue tout bousculer, vous étiez partis sur une première mouture pour la Fédérale 1 de l’année prochaine avec 5 poules de 12, que des montées et pas de descente. Et puis, chemin faisant, au gré des péripéties, du cas Albi / Massy, de la pression aussi de certains clubs du haut du panier de la Fédérale 1, il y a eu de l’évolution ? 

 

Oui, il y a eu la non-acceptation des deux équipes de Fédérale 1 Albi, Massy et Bourg, ça restait à définir, même si Albi était sûr. Après, suivant les phases d’acceptation, il pouvait y avoir discussion entre Massy et Bourg mais le problème n’est pas là. Les clubs de la LNR, qu’ils s’agissent de clubs de Top 14 et de Pro D2, ont voté et ont refusé l’acceptation de ces deux clubs aptes à monter de la Fédérale 1 vers la Pro D2. 

 

Est-ce qu’à la FFR, vous avez accepté cette décision et comment avez-vous appréhendé ce refus et ce blocage du monde professionnel envers le monde amateur ? 

 

Nous l’avons vécu difficilement. La preuve en est toute l’énergie qu’a déployée Bernard Laporte par rapport à la Ligue sachant que le point ultime, à savoir aller au crash juridique, a été écarté. On n’est pas là pour faire des dégâts dont on ne connaît pas les conséquences par anticipation. On a quand même fait des propositions, on a interpellé des clubs mais on est tombé sur un système très, très verrouillé et cette prise en compte nous a obligés en engager les réflexions qu’il y a eu dans les ultimes dont l’idée de créer cette poule. Elle a du sens mais elle arrive peut-être un peu tôt. 

 

Pour vous, c’est acté : il n’y a pas de montées d’Albi et Massy, il n’y aura pas de retournement de situation ? On a entendu parler d’une date en Juin mais, pour vous, il y a peu de chance qu’Albi et Massy montent ? 

 

Je ne l’ai pas senti et je pense que ce serait donné de faux espoirs de dire que la LNR va revenir sur sa décision. On pouvait peut-être compter sur le fait que le championnat démarre un peu plus tard ce qui obligerait à faire deux poules pour que ça rentre dans leur calendrier. Pourquoi pas mais je ne crois pas que le problème soit tellement la configuration de leur championnat, c’est plutôt  » partager le magot « . Tous les clubs sont dans la difficulté et ils ont donc des recettes qu’ils souhaitent partager à 30 et pas à 32. 

 

En parlant de difficultés, s’il y avait un club qui était relégué de Pro D2 à Fédérale 1, Albi, Massy et Bourg serait bien sûr les premiers à pouvoir candidater pour accéder à la Pro D2 ? 

 

Je pense que ce serait une possibilité mais est-ce que les clubs ne vont pas repartir ? Je pense qu’il y a un niveau de préparation qui est déjà assez avancé et s’il y avait eu des clubs en grandes difficultés financières comme certains le disent, je pense que la DNACG de la LNR aurait alerté. On a bien sûr des échos locaux sur des clubs de Pro D2, je ne parle pas du Top 14 parce-que ce n’est pas le sujet, dont on nous dit qu’ils sont en difficulté. S’ils ne redémarrent pas, et même s’ils ont refusé le principe de montées / descentes, ils seront quand même obligé, je suppose, de faire une Pro D2  à 16, pas à 15 ni à 14. 

 

Ces montées de chaque échelon et ces non-descentes, c’est une marque que vous vouliez imprimer sur un moment qui est historique, cette crise du coronavirus. C’est dommage que le monde professionnel ait cassé ce lien entre ces deux rugbys qui, normalement, ne font qu’un ? 

 

Oui, c’est dommage. Je me mets à la place des présidents de Perpignan et de Colomiers, même si ce dernier est partie prenante dans cette décision et je ne comprends pas. Nous, nous avons tout fait pour que le travail de toute une année d’un club ne soit pas réglé à zéro. On ne sait quelle est notre philosophie mais ce n’est pas celle de tout le monde et c’est dommage. 

 

On va maintenant parler du sujet d’actualité, c’est cette Nationale 1. On sait que vous tenez à la nomenclature Nationale 1 et pas Pro D3, pourquoi ? 

 

Pro D3, ça veut dire qu’elle est dans l’affiliation Top 14 et Pro D2 et ce ne sera pas une poule qui sera gérée par la LNR mais par la FFR. Il y aura bien sûr des passerelles, le but est que les clubs qui seront dans cette poule représentent un tout. Il y aura des clubs aptes à monter en Pro D2 mais également des clubs qui seront là en préparation. Donc, je ne sais pas si ça sera une poule Nationale mais, en tous cas, elle ne sera pas Fédérale. 

 

Pour le montage de cette poule, on sait que Bernard Laporte avait promis, en cas d’acceptation de la montée d’Albi et Massy, 3,5 / 4 millions pour aider ces clubs à monter. Si je comprends bien, ces 4 millions seront reversés sur la création de cette Nationale 1 ? 

 

Non, on n’a rien décidé. C’était une ouverture qu’avait donné Bernard pour voir si pour la LNR, c’était une question de finances ou non et ça ne l’était pas. Ce qui est certain, qu’ils s’agissent des clubs de Fédérale ou de la poule Nationale (même si ce ne sera pas son nom cette année), c’est que c’est pour les aider dans des moments compliqués à supporter les frais de déplacements et autres. Quant au montant, on vous le donnera en temps voulu. 

 

On sait aussi qu’il y a des discussions entre la Fédé et la LNR pour essayer de faire participer cette dernière à cette poule, qui serait une véritable passerelle entre monde amateur et monde professionnel. La participation de la LNR aurait quand même du sens ? 

 

Tout à fait, parce-que c’est nous qui amenons des équipes à la LNR, des équipes en état, des équipes qui font des efforts au niveau de la formation, en termes de fonctionnement et sur tous les niveaux. Tout ça est supporté par les compétitions FFR donc, il faut effectivement que la Ligue participe. Je sais qu’à l’heure actuelle, ils ont des soucis financiers que tout le monde connaît donc, on a eu une première réunion et une seconde aura lieu le 28 Mai. On met tout ça en phase mais ce ne sont pas que des aspects financiers, il faut qu’on comprenne le sens que l’on veut donner à cette poule. Jusqu’à maintenant, elle s’est appelée Poule Elite, Poule d’accession et ça a été des échecs donc, pour tout le monde, ça a une mauvaise image. Mais, c’est ce que j’ai dit à la dernière réunion, cette poule-là va être composée de clubs qui ont souhaité en faire partie et qui sont dans un schéma de progression. Si je prends Blagnac avec Benoit Trey, Bourgoin, Suresnes, eux nous disent  » nous sommes là pour travailler, augmenter notre niveau de jeu et être prêts. Nous ne serons pas prêts maintenant mais on le sera dans 3 ou 4 ans « ; 

 

Il est envisageable qu’il y ait un cahier des charges spécifiques pour les clubs qui sont en progression et un autre pour les clubs qui veulent monter en Pro D2 ? 

 

Il faut voir, ça fait partie des discussions. Il faut bien sûr des clubs en bonne santé, c’est la première des choses, au niveau sportif comme au niveau financier et ensuite sur le plan de la formation. Il est certain que, si on fait venir des clubs qui seront prêts artificiellement, c’est à dire qui vont bouffer leur budget et recruter pour se retrouver en cessation d’activité d’ici deux ou trois ans, ce n’est pas possible. Là, et la LNR doit aussi le comprendre, il faut qu’on ait des clubs en bonne santé et reconnaissent leurs progressions. 

 

Dans cette poule, il faut aussi leur donner les moyens avec un modèle économique pérenne ? Car ça a été la problématique de la Fédérale 1 Elite qui, sportivement, était très intéressante mais à chaque fois, en Décembre ou en Janvier, le côté financier venait écarter des clubs. Et du coup, la fin se saison se terminait un peu en  » roue libre  » ? 

 

Ça veut dire que les clubs qui arrivaient-là étaient déjà en mauvaise santé financière. La preuve, c’est que certains ont jeté l’éponge en cours de saison. Là-dessus, je pense qu’on ne sera pas dans la même situation et il faudra justement faire attention à amener des clubs qui sont en bonne santé financière. Mais, sur la Fédérale 1, on a quand même des clubs qui tiennent la route. Le gros travail qui a été fait ces dernières années est en train de payer, la DNACG a fait du bon boulot. 

 

Vous n’avez pas encore tous les clubs éligibles à cette poule Nationale, elle n’est pas encore bouclée ? 

 

Les poules de Fédérale seront présentées le 15 Juin et ensuite, cette poule sera automatiquement isolée et sera le National l’année prochaine. 

 

En Fédérale 1, avec les annonces que vous avez faîtes sur cette Nationale dès Septembre, les gros clubs comme Cognac, Dijon, Narbonne, Bourg sont ravis. Par contre, on entend aussi monter une grogne de certains clubs qui restent maintenant en Fédérale 1 Bis. Est-ce que vous l’avez entendue et qu’en avez-vous retenu ? On pense notamment à des clubs comme Saint-Jean-de-Luz, certains de la Vallée du Rhône qui râlent de perdre de la billetterie et des derbys. 

 

Ces clubs-là existent sportivement dans un contexte de Fédérale 1 où le derby, ce que je comprends tout à fait, est pour eux important. Je l’entends aussi avec des clubs de ma région, j’entends le président de Bagnères, j’entends Éric avec Saint-Jean-de-Luz. Eux sont dans ce système-là de derbys et de fonctionnement mais, il faut avouer que tous ces clubs-là qui sont dans l’optique de monter n’ont rien à faire en Fédérale 1. On peut rendre une compétition à la Fédérale 1 et on va lui donner une véritable autonomie. C’est à dire que ce sera une compétition propre à la Fédérale 1, il y aura un championnat de France qui sera un championnat de France des Fédérales 1. Il fallait isoler ces clubs, on avait un règlement commun avec des équipes dont certaines avaient des budgets supérieures à 2 / 3 millions et d’autres qui ont des budgets de 450 000€. C’est tout ça qu’il faut prendre en compte. Je suis respectueux des derbys mais si la compétition est intéressante, elle va attirer du public et il y aura quand même des poules régionales, c’est clair. 

 

Dans ces clubs que l’on avait appelé  » la Fédérale 1 d’en bas  » puisque, pour l’instant, il y a une fracture entre les professionnels et les amateurs / semi pros de Fédérale 1, certains présidents disent aussi que le tempo n’est peut-être pas le bon, qu’il aurait fallu attendre une année. C’était votre position au début car, chez nous confrères du Midol, vous aviez déclaré 2021 / 2022 ? 

 

C’est l’engagement que nous avions pris lors du séminaire. C’est personnellement ce qui me gênait le plus mais, l’élément déclenchant, c’est si on coupe le contact avec la LNR. Si cela se produit, pourquoi ne partiraient-ils pas vers un Top 14 et une Pro D2 fermés ? Et ça, il ne le faut absolument pas ! Je ne veux pas être le vice-président qui aura rompu ce lien, un lien qu’il faut recréer si cela intéresse quelques clubs. Mais, il faut que tout club de Fédérale 1, s’il travaille sur une progression, ait la possibilité d’accéder à la Pro D2. Pour moi, l’élément des non-montées de deux clubs de Fédérale 1 cette année est signal très, très dangereux. Je l’avais d’ailleurs dit aux clubs lors du séminaire de Novembre, j’avais dit  » attention, il faut aussi qu’on soit attentif à amener des équipes qui ont un bon niveau en Pro D2 pour éviter absolument de couper le lien « . 

 

Ça serait une catastrophe pour le rugby si ce lien se coupait ? 

 

Une catastrophe ! Ça voudrait dire à ce moment-là que les clubs amateurs n’auraient plus aucun espoir de travailler sur une progression et de monter. Quand j’ai cité tout à l’heure les trois clubs qui m’ont dit  » nous, on vient là pour progresser « , ça leur coupe cette progression et donc, on coupe tout. 

 

Ça part aussi de la sémantique. Il y a eu des mots malheureux de certains clubs qui veulent la Pro D3 en parlant de  » mouroir, d’ornières  » pour décrire cette Fédérale 1 actuelle. C’est peut-être un peu dévalorisant envers les petits clubs et il y a sûrement un discours à adapter pour ne pas non plus dénigrer et paraître hautains du côté de certains clubs ? 

 

On va dire que 5 / 6 clubs n’ont pas le même langage que la grande majorité des clubs de Fédérale 1. 

 

Le mot  » mouroir « , employé par un club que l’on ne va pas citer, est quand même violent quand on parle de clubs comme Bédarrides ou Châteaurenard. On peut comprendre que certains clubs l’aient mal pris et que ce ne soit pas la meilleure sémantique à avoir ? 

 

Ça aurait été un mouroir si, effectivement, on avait coupé le lien avec la Pro D2. Là, la Fédérale 1 serait un mouroir mais la Fédérale 1, avec la qualité des clubs qu’il y a ne sera pas un mouroir. Au contraire, cela va être une compétition qui va être beaucoup plus ouverte, régulière et homogène. 

 

On va aussi passer sur le registre des espoirs. Il y a une réforme qui était très attendue et à laquelle vous avez répondu, c’est à dire coupler les matches de Fédérale 1 avec ceux des espoirs. Ça a été apprécié par les clubs car c’est le moyen de mettre 60 gars dans un seul bus et de cultiver l’état d’esprit club. Avec cette réforme de la Nationale 1, ce n’est pas remis en question ? 

 

Non, la catégorie espoirs reste la catégorie espoir en Fédérale pour les équipes hors  » poule nationale  » et vont suivre les équipes unes. 

 

Eric Bonachera, le président de Saint-Jean-de-Luz, s’inquiétait à notre micro du fait que cette réforme ne voit pas le jour suite au changement de format de la Nationale 1. Pour un club comme eux, il est très important d’avoir une identité club 

 

Là-dessus, on a pris un engagement. Le seul petit problème se pose avec les espoirs de cette poule  » Nationale  » car 4 clubs ont leurs espoirs en catégorie supérieure. Donc, les espoirs vont jouer avec les 8 clubs soit les 12 équipes moins les 4 qui sont en catégorie supérieure. Ces 4 -là y restent puisqu’ils l’ont gagné sportivement et que cela fait aussi partie de leurs schémas de progression de clubs. Donc, ça jouera comme ça, c’est tout. 

 

Autre sujet d’actualité, on a vu que le Stade Nantais avait été rétrogradé en Fédérale 3. On entendait ce club parler de Pro D2 et de Nationale 1 et là, on les voit en Fédérale 3. Où en est-on sur ce dossier et qu’est-ce qui s’est passé ? 

 

Il s’est passé des choses bizarres car les présidents de ce club connaissaient la situation. Ils communiquaient dans la presse comme si rien n’allait arriver et ils parlaient de Pro D2 alors qu’ils étaient relégués en Fédérale 3. Nous, nous sommes restés absolument discrets et la preuve, c’est que rien n’a fuité avant la composition des poules. Ils se sont réveillés la veille, il y a des choses qui se passent là-bas, l’ancien président a démissionné et on va suivre les procédures judiciaires ou non qu’ils vont engager mais pour le moment, ils sont en Fédérale 3. 

 

Nantes est une grande ville de sports. Est-ce qu’il y a une chance de voir cette équipe du Stade Nantais en Fédérale 1 ? 

 

Je ne sais pas du tout, cela ne nous appartient pas, c’est une commission indépendante qui va examiner la situation actuelle. Il faut savoir qu’ils ont une très bonne formation donc, ce n’est pas tout blanc ou tout noir, c’est là le problème. Par contre, leur légèreté vis à vis des sanctions qu’ils connaissaient nous laisse quand même un petit peu pantois ou alors, c’est le président qui verrouillait tout, je ne sais pas. Je ne le connaissais pas, je n’ai jamais eu affaire à lui donc, c’est peut-être quelqu’un qui verrouillait tout et qui n’a pas tenu son encadrement sportif au courant. Ce sont des nouvelles qui sont arrivées il y a deux ou trois jours et la situation va être analysée par nos services compétents et une commission indépendante. 

 

Pour parler un peu géopolitique du rugby, vous avez une volonté à la Fédération Française de développer le rugby sur de nouveaux territoires, des territoires qui ne sont pas des bastions ou des places historiques du rugby. Ça passe par Rouen, Nantes et beaucoup d’endroits de France. Quand il arrive quelque chose comme ça à un club comme Nantes, cela doit vous peiner parce-que ça va ralentir le maillage de ce territoire français ? 

 

Ça peine mais c’est souvent une affaire d’hommes, de personnes. Il faut aussi que l’on soit sensible aux personnes qui développent dans ces cas-là. Nantes a eu des problèmes dans d’autres époques et on est un petit peu surpris par la récurrence, c’est la 3e fois qu’ils sont en grande difficulté. Après oui, développer le rugby est possible, on le voit en région parisienne. Il y a de tout, il y a des clubs qui fonctionnent avec un niveau de formation et qui sont compétitifs. Pour moi, c’est toujours une affaire d’hommes et c’est là qu’il faut que l’on soit vigilant, sur les personnes qui portent ces projets. 

 

Que pensez-vous de ce débat entre rugby de métropoles et rugby de bastions ou de villages à l’ancienne ? Vous n’avez pas l’impression que, petit à petit, c’est le rugby de métropole qui devient de plus en plus émergent dans cette Fédérale 1 et qui prend une place prépondérante ? Je pense à Nice, à Nantes, à Dijon où ce rugby de métropole est en train de frapper fort à la porte de la Pro D2. 

 

La Pro D2, c’est autre chose. Quand tu parles de rugby de villages, un club est quand même un endroit où l’on trouve du plaisir et de la qualité. Je vais revenir sur Mauléon qui ne se pose jamais de question, je ne les entends jamais sur des questions de réglementation. Ils ont une faculté d’adaptation qui est énorme, ils ont beaucoup de caractère mais ils ne vont jamais pleurer sur des trucs particuliers et ils fonctionnent. Je me rappelle l’an dernier, quand j’ai vu le derby contre Aramitsoù ils avaient la possibilité de monter car ils étaient premiers de poule, j’avais demandé à Benat comment ça se passait et il m’avait répondu  » il n’y a pas de problème, nous sommes prêts pour monter en Fédérale 1 « . S’ils redescendent en Fédérale 2, ils ne pleurent pas et ne contestent pas. Ils sont au niveau de compétition où ils doivent être avec une génération qui a le droit de jouer. 

 

Et avec beaucoup de valeurs et de vertus sur le terrain. On l’a vu lors du match Mauléon / Albi où ils ont livré une grande partie de bravoure

 

Ils ont du caractère et tout le village de Mauléon est derrière eux. Ils ont une forme de sagesse et c’est une aventure humaine. Je les connais depuis longtemps et, quand je vais à Mauléon, je retrouve des générations, des personnes qui étaient joueurs et qui sont derrière la buvette, c’est ça un club. 

 

On va terminer en parlant de quelque chose qui, aujourd’hui, est outil majeur pour le rugby de Fédérale : la médiatisation. Ça passe par la chaîne l’Equipe qui met en valeur la Fédérale 1 et qui est devenu un véritable produit de promotion du rugby amateur et semi-professionnel. Ce qui était bien avec la Fédérale 1 actuelle, c’est qu’il y avait un petit côté  » Coupe de France  » avec, tous les week-ends, un gros qui se déplaçaient chez un petit. Est-ce qu’il est envisageable la saison prochaine que, par exemple, la chaîne l’Equipe diffuse le vendredi soir un match de Nationale 1 et le lundi, à la place du créneau de la rediffusion, ils diffusent un match de Fédérale 1  » normale  » ? Est-ce que c’est quelque chose qui est dans les tuyaux ? 

 

Personnellement, j’y suis très attentif parce-que je ne voudrai pas que la Fédérale 1 classique perde justement ce lien avec l’Equipe et ces matches télévisés. Il faut savoir aussi que la configuration du stade fait que l’Equipe puisse aller téléviser un match ou pas. Ça aussi, c’est une règle qui est importante, qui est naturellement sélective et non sur des conditions de niveau. Mais bien sûr que l’on sera très, très attentif au fait que des matches de la Fédérale 1 classique soient diffusés sur la chaîne l’Equipe, c’est absolument indispensable. Il faut aussi que les clubs conservent ce lien et qu’ils aient la possibilité de se faire connaître. Là-dessus, vous pouvez me faire confiance, c’est quelque chose que l’on défendra. 

 

Concernant la Nationale 1, il y a possibilité d’un nouvel appel d’offre ou la première année sera une année  » cobaye  » ? 

 

Le contrat est renouvelable à la fin de la saison prochaine donc, jusque-là, on ne peut rien faire de nouveau. Je pense qu’on n’aura peut-être même pas le droit de l’ouvrir car on n’aura pas le droit de vendre la compétition en Juin 2021. Je ne connais pas les règles de concurrence donc, on est obligé de continuer avec les mêmes moyens financiers que la chaîne l’Equipe nous octroie. Je rappelle que l’on reverse l’intégralité de ces droits aux clubs. 

 

On parle de la partie financière mais la partie médiatique est fortement réussie puisqu’on a entendu des pics à un demi-million de téléspectateurs sur certains matches de Fédérale 1. C’est plus que sur des matches de Fédérale 1 en crypté et c’est donc une belle promotion de la Fédérale 1 et de cette élite Fédérale ? 

 

Pour moi, en-dehors de l’aspect financier, c’est hyper important que la Fédérale 1 se fasse connaître. J’ai connu la diffusion un peu accidentellement, ce sont des amis qui m’ont dit qu’il y avait de supers matches de Fédérale 1 sur la chaîne l’Equipe, je suis allé regarder et effectivement. Il y a aussi cet aspect-là, les clubs se font connaître et ils peuvent aussi valoriser les matches qui sont télévisés sur l’Equipe. C’est à dire que c’est un élément important vis à vis des clubs locaux et de la ville. Et c’est vrai qu’ils ont un succès d’audience qui est remarquable. 

 

Il nous tarde tous de reprendre et de revoir du rugby sur les terrains de France et de Navarre. Selon les échos et les informations que vous avez des Ministères des Sports et de la Santé, pensez-vous que l’on pourra reprendre la pratique du rugby en compétition le 13 Septembre ? 

 

Quand nous avons mis tout cela en place il y a un mois et que nous avons parlé de cette reprise des compétitions le 13 Septembre, on nous a dit  » vous êtes fous, vous n’y arriverez jamais « . Là, vu les dernières règles, je suis plutôt optimiste et pour preuve, j’habite la région de Pau et la Section Paloise a programmé des matches amicaux les deux derniers week-ends d’Août. Donc, je suppose que pour eux, ils seront prêts même si le problème qu’ils ont, c’est le public. Il semblerait qu’il y ait un palier à 5 000 spectateurs, est-ce qu’il sera tenu ou non ? Ça ne concerne pas la Fédérale 1 car, à ce que je sache, il ne doit pas y avoir des masses d’affiches à 5 000 spectateurs. 

 

Ca arrive très rarement, il faut qu’il y ait un gros derby ou une belle affiche du style Bourg / Bourgoin ou Albi / Narbonne. On vous remercie de nous avoir parlé de l’activité Fédérale, on voit que vous êtes sur le front face à cette crise du coronavirus qui a tout chamboulé. On vous donne sûrement rendez-vous pour le lancement de cette Nationale 1 si elle se fait, et on pense qu’elle va se faire vu comment vous êtes avancés sur la réflexion. 

 

Nous sommes sur des axes de travail mais on l’annoncera lors de la présentation des poules, c’est à dire au mois de Juin c’est à dire dans pas longtemps. 

 

On vous donne rendez-vous mi-Juin pour nous présenter ce nouveau fonctionnement de la Fédérale 1. 

 

Pour revenir sur cette histoire de mouroir, il y a des personnes qui s’évertuent à dire  » il ne fallait pas faire ci, il ne fallait pas faire ça, on n’aurait pas fait ça « . Mais, comme je le disais l’autre jour à un de vos confrères  » OK, mais dîtes moi ce que vous auriez fait « . Le plus facile était de tout geler mais à ce moment-là, qu’est-ce qu’on faisait de tous les clubs qui étaient en progression ? Je pense qu’on n’a pas le droit de ne pas respecter, même si c’est 15% ou 20%, ni de négliger et de pénaliser les clubs qui ont fait des efforts. 

 

Dans ce cas-là, malheureusement, et ce n’est pas du fait de la FFR mais de la Ligue et de l’UCPR, Albi et Massy se retrouvent les cocus de l’histoire et les dindons de la farce

 

Oui mais là, je pense qu’on a fait le maximum pour justement recréer ce lien et vous vous rendez compte que ça n’a pas été possible, sauf revirement de dernière minute. Comme on le disait tout à l’heure, si un club actuellement en Pro D2 est en mauvaise situation financière ou d’autres raisons mais, dans le contexte actuel, je ne vois pas un revirement de la part de la LNR. 

 

On va finir sur ces phrases qui, à Albi et à Massy, vont mettre un peu de chagrin dans le cœur des supporters mais ça a le mérite d’être franc et de poser la situation. 

 

Merci et à très bientôt

Propos recueillis par Loïc Colombié

https://hearthis.at/radio.albiges/magsport-22-mai-2020-vf/

Retrouvez l’intégralité de l’itw de Maurice Buzy Pucheu lors de l’émission « Le #MagSport – RadioAlbiges  » du 22 mai 2020.

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