#Cyclisme – SportStory / Laurent Jalabert : Une jeunesse dorée.

Revenir sur la carrière de Laurent Jalabert, ne présente guère d’intérêt. Tout a été dit, écrit, commenté sur ce champion cycliste. Sa carrière est monumentale et son talent éclaboussera le peloton. Nous faisons le choix de revenir sur la carrière du plus grand champion cycliste sur ces 30 dernières années. De ses débuts à l’UV Mazamet jusqu’à son passage chez les professionnels dans l’équipe TOSHIBA.

L’UV Mazamet et Claude Puech : « La Maison Idéale » 
Laurent Jalabert prend sa première licence en tant que pré-licencié à l’Union Vélocipédique Mazamétaine (UVM) en 1980. Comme tout jeune cycliste, il débute par l’école de cyclisme qui est la base de la formation. Maîtrise du vélo, souplesse, agilité, franchissement d’obstacles, surplace sont les gammes répétées inlassablement le mercredi et le samedi après midi. Il porte avec fierté le maillot vert cerclé de blanc, sponsorisé par le constructeur local de maisons individuelles : « La Maison Idéale »,  Yves Gutkin, ancien champion régional de cyclo-cross est l’équipementier cycles du club.
Georges et Arlette Jalabert confient Laurent à  Claude Puech qui deviendra l’entraîneur, le conseiller et  le pygmalion du futur champion. Claude Puech est un ancien très bon coureur régional, il est issu d’une famille de cyclistes, Bernard, Michel et Jacques, ce dernier porte encore les couleurs de l’UVM, lorsque Laurent débute sa carrière cycliste. Adepte de méthodes fondées sur le travail de l’endurance, Il est un ardent défenseur et adepte d’une formation basée sur le travail foncier, et surtout il demandait à ses coureurs de « faire tourner les jambes » sur de longues distances. Et des coureurs le regretté Claude Puech  en aura conseillé une ribambelle et non des moindres. Patrice Bergès, Thierry Barbié,  Laurent Deloye, Franck Szewe, Mustapha Mamou, Thierry Di Giacommo, Nicolas Jalabert, Christophe Bassons, Thibault Vassal….

Claude Puech premier entraîneur de Laurent Jalabert
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La première licence du « Panda »  en catégorie minime est souscrite en 1982. Dès ses premières apparitions, malgré un gabarit inférieur aux autres coureurs de son age, Laurent Jalabert ne laisse pas insensible. Il termine troisième du Championnat des Pyrénées de la catégorie à Sainte-Dode (32).
Premier maillot, premier bouquet.

En 1983, en cadet 1, il aligne deux victoires à Millau et sur ses terres à Mazamet, deux épreuves « test » comptant pour le Trophée des Pyrénées, il gagne aussi à Cagnac les Mines(81). Francis Vielet (VS Figeac) le devance dans le championnat régional qui se déroule à Caraman tout comme dans le Trophée Régional et par deux fois le sociétaire de l’UVM termine 3 ème. Il fait sa première apparition dans une épreuve nationale en terminant 8 ème du championnat de France UNSS (scolaire).
En 1984, toujours en catégorie cadet, il termine 2 ème du Championnat des Pyrénées à Mas-Grenier, 3 ème au Championnat de France UNSS, et remporte le Trophée des Pyrénées. Il empoche  5 victoires dont l’épreuve test de Millau, et est sacré champion régional sur le 2 km piste.
En 1985, alors seulement junior 1ère année, il écrase la catégorie junior. Il remporte 13 courses, le 14 avril 1985 il impressionne tous ses adversaires dans l’épreuve test junior qui se déroule à Saint-Amans Valtoret (voir plus bas). En mai 1985, Il remporte le Tour de la Vallée de Nohain (Nièvre). Remplaçant pour les championnats du Monde de Stuttgart, il termine 8 ème des Championnats de France et remporte le  classement général du Trophée des Pyrénées.
Après sa victoire au Tour de la Vallée de Nohain en mai 1985, entouré de Claude Puech, Georges Jalabert son père, et Nicolas son frère.
La carrière de Laurent Jalabert à l’UV Mazamet s’arrête au terme de cette saison 1985
De l’US Montauban au GSC Blagnac.

La saison 1986, marque un véritable tournant dans la carrière de Laurent Jalabert. Il quitte son club formateur, mais n’abandonnent pas les conseils avisés et éclairés de Claude Puech, pour rejoindre Max Carcy, l’homme fort de l’écurie de l’US Montauban dans laquelle figure des coureurs de classe comme Thomas Davy  qui deviendra Champion de France en 1991 et remportera le Tour de l’Avenir 1993 ou David Escudé, redoutable poursuiteur, et gros rouleur,  mais aussi les anciens Didier Guisseppin, Robert Zanon, Serge Poloni ou encore Jean-Pierre Filippa
19 victoires viennent concrétiser une saison  remarquable de constance dans la performance. Il remporte une étape au Trophée des Provinces, ainsi que la Route du Frontonnais. Au championnat de France, il échoue au pied du Podium (victoire d’Armand De Las Cuevas).
Laurent Jalabert aux Championnats du Monde Juniors à Casablanca. 
Sélectionné en équipe de France, il termine 17 ème du championnat du Monde à Casablanca. Au Tour de l’Abitibi au Canada, il termine deuxième du classement général, après avoir remporté 2 étapes. En Suisse, lors du Grand Prix de Ruebiland, il termine 7 ème du général, remporte une étape et enlève le classement du grand prix de la montagne.
Au terme de cette riche saison, il est classé troisième meilleur junior national derrière Armand De Las Cuevas et Christophe Faudot.
Une seule saison à l’USM,suffira à Laurent Jalabert pour convaincre , Georges Gay, l’autre homme fort du cyclisme occitan, président du GSC Blagnac de l’enrôler. Ancien coureur professionnel de 1953 à 1960, 10 ème du Tour d’Espagne 1955,  le lotois Georges Gay possède un excellent carnet d’adresse dans le milieu cycliste.  Il attire alors dans son équipe celui que tout le cyclisme pyrénéen convoite, pour faire un attelage de choix avec Frédéric Moncassin.
Pour sa première saison chez les seniors, Laurent Jalabert débute en 2 ème catégorie… il remporte 3 épreuves dont une en Autriche avec l’équipe de France, puis passe 1 ère catégorie pour pouvoir disputer le Tour International du Roussillon, dans lequel il gagnera une étape.Vainqueur à Limognes en Quercy, il termine 2 ème des Boucles du Tarn derrière son co-équipier Patrick Pregno, et devant un autre blagnacais Hervé Doueil.  Il termine 2ème des Boucles du Comminges, 5 ème du Tour du Parc du Haut Languedoc. Il remporte le classement général du Trophée des Pyrénées Espoirs et est appelé sous les drapeaux au sein du Bataillon de Joinville dans lequel il retrouvera Jacky Durand, Pascal Chanteur et son ami Frédéric Moncassin.
Sous le maillot du Bataillon de Joinville.
La saison 1988 est couronnée de 5 succès, un titre de champion de France Militaire, plusieurs sélections au Tour de Rhénanie, au Régio Tour, et au Tour de la CEE (appellation éphémère du Tour de l’Avenir)  dont il termine 8 ème avec le maillot vert de meilleur sprinteur. Il remporte le Tour du Parc Régional du Haut Languedoc, ainsi qu’une étape, il gagne les épreuves classiques  Carcassonne -Rennes les Bains, Clermont l’Hérault-Lodève et obtient de nombreux accessits dans des courses françaises majeures comme  Bordeaux- Saintes, le Circuit Berrichon, le Tour du Périgord, Créteil-Reims, Paris-Orléans. 
Il se mesure aux professionnels en participant au Trophée Sitram (8ème), Paris-Bourges (20 ème), le Grand Prix de Plouay et le Grand Prix des Amériques.
Laurent Jalabert champion de France Militaire.
20 ans et déjà professionnel…

Cyrille Guimard pour Système U, Pierre Bazzo pour Fagor, Roger Legeay et Serge Beucherie pour Z-Peugeot…. tous ne rêvent que d’une chose engager au plus vite  Laurent Jalabert. 
C’est finalement Yves Hézard qui fût son sélectionneur national, et qui est maintenant le directeur sportif de l’équipe Toshiba qui engagera Laurent Jalabert en tant que néo-professionnel. Yves Hézard  connait par cœur le mazamétain, aussi la signature se réalisera le 30 septembre 1988 à Blagnac chez Georges Gay. L’affaire avait été conclue à Montréal lors du Grand Prix des Amériques, après une discussion avec Jean-François Bernard le leader des Toshiba, lequel lui avait promis une place pour la fin de saison  1989…. Mais les performances de  Laurent Jalabert lors des mois d’août,  septembre et octobre  88 entraînera la signature du contrat professionnel un avant, soit à l’age de 19 ans et 11 mois jour pour jour (il est né le 30 novembre 1968 à Mazamet).
Ses détracteurs diront qu’il est trop jeune pour passer professionnel, qu’il n’a pas le bagage, ni le coffre pour franchir le Rubicon. D’autres voient déjà un futur très grand champion cycliste capable de remplacer dans le cœur du public les Thévenet ou Hinault.
Yves Hézard (à gauche) en discussion avec Mickael Hinault, premier directeur sportif de Laurent Jalabert. (crédit photo skyrock.com)


Dans un programme allégé pour ses débuts professionnel, en bon « winner »,  il remporte la première étape du Tour d’Armorique et le classement général final devant Jean Claude Colotti.  Son  futur équipier chez Once le belge Johann Bruynhel est 7 ème. Il remporte une étape du Tour du Limousin, et termine  3 ème du trophée Luis Puig battu par le batave Mathieu Hermans et le belge Eddy Planckaert qui avait remporté le Tour des Flandres en 1988 et allait remporter Paris Roubaix en 1990…

La première victoire de Laurent Jalabert chez les professionnels au Tour d’Armorique 1989.(crédit photo ouest France)

Saint-Amans-Valtoret (81)  – Dimanche 14 avril 1985 : Un champion est né !

Saint-Amans-Valtoret (crédit photo office du tourisme) 
La date peut paraître anodine. Mais en ce dimanche 14 avril 1985, l’épreuve « test » catégorie junior qui compte pour le classement général du Trophée des Pyrénées va accoucher du futur champion. 
Seulement 78 coureurs sont au départ du Tour de la  Vallée du Thoré, pour braver les conditions atmosphériques qui seront redoutables, avec le froid, le brouillard, la grêle et même la neige sur les sommets. Les cols du Fauredon, du Bez et du Conan sont au programme… Une échappée de deux coureurs se forme au bout d’un vingtaine de kilomètres, dans laquelle on retrouve l’ancien champion des Pyrénées minimes Jérôme Talagnon (UC Finhan)… L’avance des fuyards augmente lentement mais surement. 
Le tarbais Thierry Dupuy champion des Pyrénées en titre (futur vainqueur sous les couleurs de l’ASPTT Paris de Bordeaux-Saintes 1990, Paris-Troyes 1991, Tour de Normandie 1992 et 3 ème du circuit de la Sarthe derrière Jean-François Bernard),il rejoint les deux courageux à l’entrée de Castres. A trois, l’échappée augmente à nouveau pour compter jusqu’à 1’20 d’avance. Derrière, Jean Luc  Murcia (UC Albi), Michel Caparros (VC Graulhet) ,Pierre Chabbert (VSLL Castres) et Frédéric Moncassin (GSC Blagnac) essayent en vain de revenir sur l’avant de la course. Du côté de Labruguière, un nouveau groupe se forme dans lequel en plus de Murcia, Chabbert, Moncassin se joignent Laurent Deloye (VCV Thoré), Bruno François (VRC Albi), Laurent Brocque (ASPTT Montauban) , champion régional en titre de cyclo-cross, ainsi que Thierry Barbié et Laurent Jalabert représentants l’UV Mazamet.
Le col du Fauredon approche les 3 leaders abordent la difficulté avec 1’35 d’avance, Thierry Dupuy surpuissant , se pensant surement invincible, lâche ses deux compagnons d’infortune… sous un déluge de neige.
Le tarbais Thierry Dupuy alors sous le maillot de l’ASPPT Paris. (crédit photo le site du cyclisme)
Et c’est alors que le festival Jalabert va commencer !
Dans un premier temps il s’extirpe du groupe des contre attaquants, revient comme un boulet de canon sur les lâchés de l’échappée, et avale ensuite Thierry Dupuy.. Ce dernier est lâché à la pédale. Laurent Jalabert  franchit le sommet du col avec 40 secondes d’avance, Derrière c’est l’hécatombe, seul Jean Luc Murcia (futur champion des Pyrénées junior 1985 ) essaye de résister. il s’extirpe des poursuivants prend tous les risques dans la descente qui conduit les coureurs vers Lacabarède. Alors qu’on croit au retour de l’albigeois Jean Luc Murcia sur Laurent Jalabert, celui-ci chute dans un virage détrempé, se fracture deux doigts et termine à l’hôpital… Derrière, les tarbais Thierry Dupuy et Christophe Dupouey,  futur champion du Monde de VTT 1998, aidés par Pierre Chabbert, Bruno François et du muretain Guillaume Penza unissent leurs efforts… rien n’y fera !
Laurent Jalabert arrive en solitaire à Saint-Amans-Valtoret…
Le lundi 15 avril dans son édition sports régional , la Dépêche du Midi titrait sous la plume du regretté Jean Pierre Delgado, qui couvrait avec autant d’enthousiasme la rubrique cyclisme, que la rubrique rugby  » Laurent Jalabert, un champion est né »…Prémonitoire !
La suite est connue de tous…
Le Borgne.

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